En cette période électorale les prospectus des divers candidats envahissent nos boîtes aux lettres; bien que je me considère apolitique - de fait et non par choix au vu de notre vertueux paysage politique - j'ai décidé de m'intéresser à cette campagne car, comme le dit l'adage, seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. C'est donc dans cette optique que j'ai suivi l'émission France Europe Express sur France 3 le soir du mardi 9 mars.
Je dois dire que j'ai été assez sidéré par la dextérité avec laquelle les personnalités présentes esquivaient voire occultaient certains points soulevés par les journalistes. Si l'on filtre les éternels qui-mieux -mieux et les tirs dans les pattes du voisin, si l'on passe sur l'agaçante manie de coller des "moi je", "nous nous avons" et autre "exemple concret" dont on ne connaît jamais le contexte exact, si l'on ne se laisse pas abuser par les tournures de phrase noyant le poisson, il apparaît au citoyen moyen que je suis que les mots employés sont en nombre restreints et qu'ils sont généralement les mêmes d'un intervenant à l'autre: il suffit d'en changer l'ordre dans la phrase.
Nous avons des politiques plutôt doués pour la forme mais sur le fond la vache est maigre. Ne comptons plus les retours durant les débats sur deux-trois sujets-écrans sur lesquels on cherche à nous focaliser, masquant ceux qui sont moins bien maîtrisés. Seul un intervenant, interpellé sur un domaine spécifique par un adversaire, a clairement avoué son manque d'information. Beaucoup de blabla et de critiques sur ce qui a été fait (en bien ou en mal), tout le monde s'accordant pour dire qu'il faut changer les choses, chacun rejetant la responsabilité de la situation actuelle l'autre. Ce doit être un consensus politique, sans doute. Il est malheureux, je dirais même alarmant, que les seuls à avancer des changements sur le fond soient les extrêmes, le danger étant qu'ils ne s'en servent que comme faire-valoir de leurs autres idées.
Quand furent abordés le sujet de l'âge des candidats et celui des mandats j'ai senti comme un pic de l'hypocrisie politique.
Une question d'un internaute transmise par M. Blier de France Info a rappelé que les candidats têtes de listes sont récurrents, en l'occurrence les présidents de région sortants ou bien leurs adversaires, tous vétérans de précédentes élections. Et l'un des intervenants d'ajouter avec fierté que sa formation présente 50 candidats de moins de 50 ans toute région confondue; "aucune tête de liste" corrige un journaliste, "éligibles" confirme l'autre ne s'étendant pas davantage que ses pairs. Très peu de femmes et pas de renouvellement de génération en vue...
Enfin, l'apogée de l'émission fut, pour moi, l'intervention de M. July de Libération sur la limitation à deux du nombre de mandats. La scène a quelque chose d'irréel. La question posée nous avons droit à plusieurs plans de caméra sur les personnalités. Flottement de quelques secondes accompagné de regards à droite et à gauche. Qui va prendre la parole ? Le silence, même de courte durée, est éloquent; les spectateurs l'auront à mon avis tous perçus. Tels des Patriciens avides sur leur banc de marbre, il ne doit pas leur être facile de laisser une place.
Béat devant une telle démonstration, aucun nouvel élément probant ne venant modifier mon opinion, je ne peux que rester, cette fois encore, un imbécile.
Et vous, quelle que soit votre tendance et sans faire de prosélytisme, que pensez-vous de notre Paysage Politique Français ?
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