Provient du message de Grenoussssillebleue
Le sujet sur le voile, ainsi que l'émission "cent minutes pour comprendre" dont j'ai vu quelques extraits voici une semaine, m'incitent à me poser une question simple, mais dont semblent dériver tous les problèmes pseudo-communautaristes actuels.
Pourquoi pseudo-communautariste : ils sont souvent des problèmes communautaristes, dans le sens où des groupes, plus ou moins larges, se sentent visés, par certaines lois.
Leur défense s'apparente donc à ce que l'on voit très souvent outre manche ainsi que dans les institutions européennes : du lobbying et des manifs plus ou moins foireuses.
La loi divine est-elle supérieure à la loi temporelle, ou bien est-ce le contraire ?
Tout dépend du poids de la religion, enfin du "spirituel", dans une société.
Si un consensus visant à établir la loi spirituelle comme étant la norme sociale s'établit, alors c'est bien celle-ci qui sera utilisée.
Et le contraire est vrai.
Il n'y a qu'à voir le renversement des attributions judiciaires en France des années 1200 à nos jours, et donc du choix des lois à appliquer ( puisque la loi applicable dépendait bien souvent de la juridiction saisie du litige ). C'est bien la "société" et ses acteurs qui ont totalement rejeté les prérogatives judiciaires et légales du pouvoir spirituel ( l'Eglise catholique française ). Et pourtant, les français étaient encore de fervents croyants dans leur immense majorité dans ces périodes.
On voit donc assez bien que souvent, la norme sociale voulue par une société d'un côté, et d'un autre côté ses croyances spirituelles ( et leur application en tant que loi ) peuvent être complètement scindées. Même si les unes influencent souvent l'autre.
Dans un cas de conflit entre ces deux lois, laquelle a la précédence ?
On a donc notre réponse : une personne croyante, à moins d'être
fanatique, et donc obstinément opposée à ce qu'on lui applique les lois voulues par une société, se verra
contrainte de se faire appliquer les lois temporelles, en cas de conflit.
Un exemple très concret et récurrent : un témoin de Jéhovah refuse une transfusion sanguine par conviction religieuse. Or elle est nécessaire pour lui sauver la vie.
Le docteur a une obligation légale de soigner tout malade ( schématiquement, hein ... ), d'un autre côté il se heurte à la loi spirituelle de l'individu.
Que faire ? Et bien une réponse comme une autre a été donnée : la loi temporelle a estimée que le médecin n'est pas responsable de la mort due à un refus de transfusion sanguine.
On voit ici que bien souvent, en cas de contradiction entre spirituel et temporel, ce n'est pas l'individu qui a la foi qui donne la réponse au conflit, mais bien la loi temporelle, donc la société elle-même.
On retrouve le même type de problème entre lois et coutumes d'inspiration religieuses en Nouvelle-Calédonie, où le problème est très aigu.
Bien souvent, l'institution judiciaire admet les statuts coutumiers, et entérine les décisions prises par des tribunaux coutumiers.
C'est bien parce que la société l'a voulue. Bref, ces conflits se règlent non pas au niveau des personnes, mais au niveau du groupe / de l'institution. On en revient bien là à un problème de communautarisme, et rien de "pseudo" ici ....
Je suis, bien évidemment, de l'avis que la loi spirituelle est totalement subordonnée à la loi temporelle, pour une raison bien simple: les lois humaines sont faites par les humains, pour les humains. En cela, elles permettent une évolution rapide et permanente des lois, pour le meilleur et pour le pire, pour accompagner l'évolution, tant spirituelle qu'intellectuelle ou matérielle, de la société humaine.
Les lois spirituelles peuvent aussi s'adapter en fonction de la société. Ton argument n'est pas pertinent. Si l'on en revient à l'exemple Calédonien donné au-dessus, on constate que nombre de coutumes religieuses font l'objet d'adaptation, et commencent à subir l'influence, plus ou moins forcée, de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme.
Toute loi, religieuse ou temporelle, est vouée à s'adapter, sinon elle finit par périr,souvent dans le sang ou l'émeute ( ou les deux ).
J'en conclus que les lois divines doivent, de facto, se plier à la loi humaine. Ceci permet par ailleurs de faire cohabiter dans un même endroit plusieurs religions totalement différentes.
J'en conclus pour ma part qu'on s'applique la norme sociale que le groupe "société" a voulu et établi comme telle.
Si l'une a la préférence de la majorité, tous devront s'y plier, quelles que soient ses croyances ou préférences.
Si la société estime que les dogmes chrétiens, ou que sais-je d'autres, sont les meilleurs, alors ils seront appliqués par préférence à toute autre norme existante, ou qui s'en donne le nom.
Je me permets ici d'insister sur un point qui me semble important.
Quand on parle de norme sociale admise par tous, ou appliquée par la contrainte de la majorité, on ne se focalise plus sur des notions de foi ou de croyances, mais bien sur un problème plus large et vaste : qui choisit les lois, qui les écrit, qui les vote, et qui les fait appliquer ( sanction / adaptation ) ?
Un exemple : si 100% des français étaient des chrétiens convaincus, ne penses-tu pas qu'à terme, notre droit civil et pénal, et par conséquent l'ensemble de nos structures juridiques, ne s'en trouveraient pas affectés ?
Ne verrait-on pas apparaitre des ecclésiastiques dans l'hémicycle ?
Et on ne parle pas de foi "privée" ici, au niveau de l'individu, mais bien du poids d'un groupe social donné par rapport au reste de la société.
Tu parlais justement d'adaptation des lois dans le temps, dès lors que 100% des gens pensent que le divorce " c'est mal ", je parie mon string léopard que dans les 5 ans qui suivent, une loi sera pondue sur les restrictions apportées au divorce.
Un tel fait ne peut provenir de l'individu, même croyant.
C'est comme se faire rencontrer un marteau et une enclume en balsa : le marteau qu'est la société s'occupe de faire comprendre à l'individu enclume en balsa que le groupe prime avant l'individu, peu importe ses choix de vie et ses croyances.
En conclusion, la solution retenue en France et qui semble fonctionner comme tu le précises juste en dessous : les croyances et système de valeurs individuels, doivent rester du domaine privé, domaine privé qui se plie lui-même à la norme sociale édictée par la majorité.
La France, malgré ce qu'en disent ses détracteurs, est la terre d'accueil de nombreuses religions, et on y trouve aussi bien des chrétiens que des juifs ou des musulmans, des bouddhistes, des animistes ou des athées, sans que cela ne pose le moindre problème.
Je suis d'accord, sauf que cela peut poser problème, mais la finalité est bien toujours la même : si conflit religieux il y a, il sera résolu par la norme sociale à laquelle tous doivent se soumettre.
En France, cette norme se veut neutre, laïque, ce qui présente un avantage conséquent : personne n'a l'impression d'être lésé, quelle que soit sa croyance.
Supposons maintenant qu'on admette pour les besoins de la thèse que la loi divine soit supérieure à la loi humaine. Dans ce cas, la loi humaine ne peut évoluer - puisqu'elle est restreinte aux commandements édictés des centaines d'années auparavant - que dans les limites de l'évolution des interprétations religieuses. Par ailleurs, la pluralité de religion est impossible. En effet, il ne peut y avoir qu'une seule loi absolue. Si la loi spirituelle est prépondérante, il ne peut donc y avoir qu'une seule loi spirituelle.
C'est presque une évidence ... Mais j'apporterai une nuance notable : si une loi divine est "supérieure" à toute autre loi, c'est parce que la société l'a voulue, ou alors nous sommes dans un régime fascisant, auquel cas la question devient sans objet.
Dans le cas où la société a voulu qu'une loi d'essence sacrée soit la référence, alors il n'y a pas de contradiction.
Quant à savoir si une loi d'essence divine peut évoluer ou non, je pense qu'elle le peut, et qu'elle le doit.
Non pas parce que les dirigeants d'une théocratie seraient enclins à de tels changements, mais parce que les besoins et les envies des personnes, évoluent dans le temps, et une loi sclérosée, est une loi qui se meurt.
Dès lors, si on considère le problème évolutif sous l'angle de l'accaparement du pouvoir, celle-ci doit s'adapter. Car dans tout jeu politique, même religieux, il faut aussi savoir répondre aux besoins de la société, voire la séduire si besoin est, dans une optique de perpétuation de conservation du pouvoir.
Evidemment, je prêche pour ma paroisse (humour décapant, vive la Grenouille) puisque je considère la religion comme une tare.
Alors les trois-quarts de l'humanité sont tarés ?
Il faut faire bien attention quand on lance ce genre de phrase toute faite.
La France et sa laïcité est une exception mondiale. Aucun pays ne connait la notion telle que nous l'appliquons et telle que nous l'entendons.
Très peu de pays reconnaissent d'ailleurs dans leurs lois fondamentales la notion même de laïcité telle que nous la connaissons.
Un intellectuel français donnait à ce sujet une position intéressantes : les français regardent le jeu politique mondial, l'évolution des sociétés et les pratiques culturelles avec le masque de la laïcité. Or cette notion est peu connue et peu répandue. Ce regard fausse toutes nos interprétations des sociétés étrangères, et notamment les plus "pieuses".
Certes dans les faits, l'Histoire et l'économie semblent nous donner raison, puisque nombre de pays "à religion obligatoire" sont des pays pauvres, rétrogrades, bafouant bien souvent les Droits de l'Homme.
Mais cette situation ne signifie en fait pas grand chose, puisque la plupart des lois religieuses contiennent des messages d'amour et de tolérance. Alors où est le problème ? Une mauvaise application des lois spirituelles sans doute ... Tout comme des lois temporelles pourraient être mal appliquées ...
Par ailleurs, on constate que ces pays n'ont bien souvent connu que peu de chose dans leur histoire moderne, et ces choses se résument bien souvent à cette caricature : colonisation / "révolution" / décolonisation / accaparement du pouvoir par un dictateur "soutenu" / pauvreté et épidémies / analphabétisme - illettrisme.
Il faut donc bien se garder de dire : la religion est une tare. La majorité des habitants de cette planète ne peut pas considérer la vie sans spiritualité. Est-ce que cela fait de ces gens des tarés ? Est-ce que nous pouvons prétendre à une supériorité ? Avons-nous raison ?
Si les réponses dans le monde actuel sont évidentes, il faut garder l'esprit ouvert et se dire que toute évolution est possible, et que la foi, le spirituel, nous sauvegarderons peut-être un jour ?
Mais je serais ravi de connaître le point de vue de quelqu'un de religieux sur ce sujet. Considère-t-il que les commandements de son dieu (quel que soit le dieu) sont supérieurs aux commandements divins, ou non ?
Pas compris là