La Chute de la Maison Blanchetoile

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[Une petite introduction à l'histoire de la Maison Blanchétoile... Notez qu'aucun des personnages présents ne sera en jeu, vu l'époque des événements. Par contre leurs descendants et les proches de ceux-ci comptent bien restaurer leur Maison...]

Duché de Norsel, quelques années après le début de l’Age des Lamentations.

Préparatifs

Du sommet de la Tour de Givre, le Duc Krell observait le défilé montagneux qui s’ouvrait en contrebas de la citadelle. Ses cheveux blancs étaient taillés courts, encadrant un visage aux traits fins et au nez aquilin. Ses yeux gris-bleu étaient emplis d’une froide détermination.

Son fils Ocycred se tenait à ses côtés, le portrait même de son père. Des cheveux noirs, des traits plus jeunes : voilà tout ce qui les distinguait. Un homme revêtu d’une simple armure de cuir passa les deux Gardes Loups en faction en haut de l’escalier de la tour et vint s’incliner devant son Duc.


- Monseigneur ?
- Oui, Ethryl ?
- Nous avons terminé la pose des pièges le long du défilé. Mes hommes ont fini leurs préparatifs et sont prêts à prendre leurs positions.

Un fin sourire se dessina sur le visage du Duc. Ses yeux exprimaient néanmoins une vague tristesse, car il savait que les Gardiens tiendraient une position des plus dangereuses. Ils risquaient fort de tomber dans les premiers…

- Parfait. Cela devrait freiner quelque peu l’avancée de l’ennemi. Vous féliciterez vos hommes.
- Je n’y manquerais pas, Ser. Autre chose ?
- Que vos hommes visent les meneurs. Abattez tous les nécromanciens que vous pourrez. Il faut s’en débarrasser coûte que coûte.
- A vos ordres. Et bonne chance, Ser.
- Merci, cher cousin. Que les dieux vous protègent…

L’homme se retira. Son pas était aussi léger que l’air. Bien des mages tomberaient bientôt sous les traits de ses hommes… et les siens.

Ocycred attendit que son cousin ne puisse plus l’entendre, puis il se tourna vers son père.


- Je vous en conjure, laissez moi être à vos côtés pour cette bataille. Ma place est avec nos hommes…
- Et vous le serez. Mais pas sur ce champ de bataille. Allons, Ocycred. La mission que je vous confie est capitale. Et s’il devait m’arriver malheur, je compte…
- Père !
- Ocycred, je suis Duc de Norsel. En tant que tel je me dois d’envisager toutes les possibilités. Nous devons penser à notre famille et à ceux que nous protégeons avant toute autre chose. Vous prendrez la moitié de la Garde Loup avec vous, et je vais demander à votre tante de vous confier une dizaine de Frères du Givre. Des hommes d’armes compléteront l’escorte. Vous devez emmener les civils loin d’ici. Tous les avant-postes et villages sont déjà tombés. Les morts ne se comptent plus. Les survivants sont venus chercher espoir ici. Si la citadelle tombe, il ne leur restera plus aucun chemin de repli.

Ocycred acquiesça lentement, conscient que l’armée qui venait ne ferait aucun prisonnier. Si la citadelle venait à tomber, et les rapports des éclaireurs laissaient entendre que cela était une éventualité à prendre en considération, rien n’empêcherait leur ennemi de poursuivre les fuyards pour les massacrer.

- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vaincre. Mais si nous devons tomber, nous tenterons de vous faire gagner le plus de temps possible. A vous de mener les survivants à l’abri.
- Bien, Père. Il en sera fait selon votre volonté.
- Je vous fais confiance. Mais j’ai une autre mission à vous confier…
- Oui, Père ?
- Si la Citadelle tombe et que je disparais, vous deviendrez le nouveau Duc. Rassemblez ceux qui nous serons demeurés fidèles, et partez au plus vite pour les forêts de la Feladan. Nos alliés ont demandé l’aide de notre royaume, et si nos terres sont perdues peut être pourrons nous les aider à résister.

Ocycred acquiesça une nouvelle fois. Ses yeux étaient voilés. Il savait au plus profond de lui-même qu’il s’agissait des derniers instants d’intimité qu’il partageait avec son père. Les mots se bousculaient dans sa gorge. Mais aucun son ne passait la barrière de ses lèvres. Son père lui sourit, le regard empreint d’un amour paternel.

- Soyez fidèle à notre devise, mon fils.
- Jusqu’à la mort, Père…
- Bien… Il est temps à présent que je vous conduise en des lieux de ce château que vous ignorez encore. Je ne vous ai pas encore tout dit sur ceux que vous deviez mener à l’abri. Venez…

C’est empli de curiosité que le jeune noble suivit son père dans l’escalier, tandis que les Gardes Loups qui s’apprêtaient à les escorter se voyaient envoyés au pied de la Tour de Givre, avec ordre de n’y laisser entrer personne…
Le Feu sous la Glace

Ocycred ignorait tout du mur nord de la Tour de Givre. Jamais il n’aurait imaginé que celui-ci pouvait coulisser, révélant un escalier. Son père et lui avaient commencé à gravir les marches depuis une bonne vingtaine de minutes. Les murs de pierre avaient fait place à des parois de glace. Ils s’éclairaient à l’aide d’une petite pierre de lumière, qui projetait une lueur bleutée dans les galeries.

La beauté de ces grottes était indescriptible. La pale lueur qui les guidait se reflétait sur les parois et sur les nombreuses stalactites. La glace était si pure, si resplendissante. Si froide. Les deux hommes ne devaient pas regretter les peaux de loup qui leur servaient de capes, les protégeant de la température ambiante. Ils étaient pourtant habitués, mais ces lieux étaient ceux de la neige éternelle, et le froid qui y régnait était beaucoup plus intense qu’au creux de la vallée où était nichée leur citadelle.

L’écho d’un grondement rauque se répercuta sur les parois. Ocycred ne put retenir un léger frisson. Etais ce le froid, ou la peur de ce qui se trouvait plus haut ? Les deux, peut être.

L’escalier débouchait dans une immense caverne. Un souffle d’air permit à Ocycred de deviner une ouverture à flanc de montagne. Il avait totalement perdu le sens de l’orientation à force de détours, mais il devinait que cela devait déboucher sur le flanc nord, de l’autre côté de la vallée où se trouvait la citadelle.

Il cherchait des yeux la sortie de ces cavernes, lorsqu’il entendit un raclement venant du fond de la grotte. Son père prit cette direction, et il le suivit. Il devina une ombre au fond, immense. Des reflets dorés scintillaient sur le sol, se mélangeant curieusement aux reflets bleutés de la glace.

A mesure qu’ils se rapprochaient, la silhouette de la créature se fit de plus en plus précise. Le Duc avançait sans peur. Ils semblait connaître ces lieux. Il n’y avait aucune hésitation dans sa démarche. Son fils faisait de son mieux pour ne pas laisser transparaître le mélange de peur et de curiosité qui l’habitait. La voix résonna dans la grotte, à la fois puissante et rauque.


- Vous voilà déjà, naka-duskael. Je ne pensais pas que vous viendriez si tôt.

Le Duc Krell afficha un sourire amusé. Décidément, les Dragons n’avaient pas la même échelle du temps.

- Salutations a toi, Noble Flammargent. Puissent ton souffle être toujours aussi vif que le vent de l’hiver, et tes pièces d’or aussi nombreuses que la neige de cette montagne.
- Et plus encore même ! Bienvenue à vous, Ser Krell. Je vois que vous êtes venu avec votre petit.

Le Dragon s’avança vers les hommes, ne s’arrêtant que lorsqu’il fut assez prêt pour qu’Ocycred puisse sentir son souffle sur son crâne.

Le jeune homme ne bougea pas d’un pouce. Il se tenait droit, sans trop savoir ce qui allait se passer. Son père semblait connaître l’antique créature, et le respect réciproque les liant était évident. La peur demeurait toujours au plus profond de lui, mais la curiosité et les valeurs familiales l’emportaient suffisamment pour qu’il ne quitte pas le Dragon des yeux.

Ses larges écailles rouge sombre étaient parcourues de reflets jaune et or. Il semblait littéralement fait de flammes rougeoyantes. Les écailles de son ventre étaient plus larges, et aussi blanches que la neige la plus pure. Ses crocs étaient immenses, chacun faisant la taille d’une bonne lame. Mais le plus impressionnant était sans nul doute ses yeux, qui étaient empli d’une sagesse séculaire. La voix du Dragon résonna une nouvelle fois dans la caverne.


- Décidément, chaque génération qui passe ressemble toujours autant à la précédente. Je croirais revoir votre aïeul Doran. Que ne l’ais-je croqué le jour où il vint me parler au nom de votre Ashlander Vandus…

Le Duc sourit. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait ce discours. Et il n’était pas sans savoir que, même à l’époque, le vieux Dragon limitait son régime aux animaux peuplant la montagne. A moins évidemment qu’un crét… courageux héros vienne le défier dans son antre.

- Enfin. Il est trop tard pour avoir des regrets désormais. Et puis, je me suis habitué à ce fourmillement au pied de ma montagne. Si vous êtes là tous les deux, je présume que l’heure est venue ?

Le Duc hocha lentement la tête, l’air grave. Le Dragon se retourna et s’enfonça dans une galerie, balayant le sol de sa longue queue.

- Suivez-moi alors.

Les deux hommes obtempérèrent. Le couloir déboucha rapidement dans une grotte plus petite. En son cœur, niché dans une bulle aux reflets rouge et or, flottait un œuf de taille respectable.

- A mon tour de vous présenter ma descendance…

Le Dragon se retourna vers les hommes.

- Krell, je sais pouvoir vous faire confiance. Que votre fils veille sur lui comme sur son propre frère. Qu’il le mette à l’abri…

Le jeune homme n’en revenait pas. C’était donc cela que son père attendait de lui. Mais une autre réalité, implacable, s’imposa dans le même temps à lui. Il savait que les chances de la citadelle face à l’armée qui s’approchait étaient minces. Mais il avait jusque là entretenu l’espoir que son Père emporterait la victoire. La Maison Blanchétoile et le Duché de Norsel ne pouvaient finir ainsi. Ils devaient vaincre, il le fallait…

Mais si le vénérable Dragon confiait à des humains son propre œuf…
Espoir

Le plus impressionnant était sans doute le silence irréel qui semblait planer sur la citadelle et aux alentours. Les animaux s’étaient tus. Les hommes attendaient. Seuls quelques cliquetis métalliques venaient troubler ce calme étrange.

Le Duc observait les remparts, qu’il surplombait du haut de la Tour de Givre. Des centaines d’hommes et de femmes allaient périr aujourd’hui, pour que d’autres puissent vivre. Tous savaient qu’ils n’avaient presque aucune chance. Mais tous étaient prêts à se battre jusqu’à la mort. L’heure était venue. Ils le sentaient au plus profond de leur coeur. Et tous se juraient de ne pas partir seuls.

Des faucons s’élevèrent dans les cieux au dessus de la passe. Ils arrivaient. L’heure n’était désormais plus aux longs discours. Des squelettes débouchèrent de la passe, marchant en direction de la citadelle.

Plissant les yeux, le Duc vit des silhouettes s’écrouler au sein des rangs ennemis. Des falaises jaillissaient les Gardiens, dont les traits mortels ne rataient que rarement leurs cibles. Mais les morts vivants ne s’arrêtèrent pas pour si peu.

Ils avançaient inexorablement vers les hauts murs de pierre, telle une déferlante se préparant à fondre sur l’armée de la Maison Blanchétoile. Les hommes d’armes attendaient la marée inhumaine de pied ferme. Pourtant, la peur qui enserrait à présent les cœurs de chacun était presque palpable.

Un chant s’éleva alors. La voix était pure, presque cristalline. Le Duc baissa les yeux et sourit à sa sœur, qui entonnait un chant à la gloire d’Istara, bientôt reprise par ses compagnons d’armes, les Frères de Givre. La peur fit lentement place à une résolution aussi froide que l’hiver…

Les colonnes ennemies semblaient innombrables. Ici et là, le Duc pouvait voir de lourdes machines de guerre. Il leva sa lame à la garde ornée du loup familial. Les servants dans la cour enflammèrent la poix puis, tandis que la lame de leur Seigneur s’abaissait, ils lâchèrent leurs projectiles sur l’ennemi. Les pierres s’abattirent dans les rangs des squelettes, décimant bon nombre d’entre eux. La poix se répandait, réduisant en cendres les sinistres créatures.

Mais le flot était innombrable. Les tirs continuèrent sans relâche. Les machines ennemies crachèrent à leur tour leurs pierres sur la citadelle. D’aucunes heurtaient violemment les remparts. D’autres s’écrasaient sur la montagne, n’occasionnant guère de dommages. Les cours et les remparts étaient pour l’heure encore relativement épargnées.

L’ennemi arrivait à portée de tir. Après un regard à son Duc, le capitaine des arbalétriers ordonna à ses ordres de tirer sur l’ennemi. Des traits enflammés éliminèrent des dizaines de créatures. Placés sur deux rangs, le premier faisait feu, avant de reculer pour recharger tandis que le second rang s’avançait pour tirer. Les squelettes se retrouvaient sous une pluie de flammes presque ininterrompue.

Mais les rangs des arbalétriers s’éclaircirent vite, à mesure que les flèches et les sorts de l’ennemi s’abattaient sur eux. Les Chevaliers des Arcanes entrèrent à leur tour dans le combat, tentant de protéger de leur mieux les arbalétriers. C’est alors que retentirent les sinistres explosions.

Des pans entiers des remparts s’effondrèrent, entraînant dans la mort nombre d’hommes d’armes. Deux brèches béantes s’ouvraient sur la citadelle. Trop tôt. Il était beaucoup trop tôt… Le Duc dévala les marches de l’escalier. Raenel, Capitaine de la Garde Loup était sur ses talons.

Tout comme son seigneur, il avait revêtu pour la circonstance une armure de plates de bataille presque totalement dépourvue d’ornements. La cape en peau de loup couvrant ses épaules était aussi blanche que les cheveux courts qui encadraient un visage aux traits durs. Son œil droit était couvert d’un bandeau, qui lui avait valu son surnom de vieux loup borgne. Souvenir d’une bataille parmi tant d’autres. L’œil bleu pâle qui lui restait n’en semblait que plus vif et acéré.

Arrivés au pied de la Tour de Givre, les deux hommes marchèrent d’un pas rapide en direction de la Cour Inférieure, où la bataille allait véritablement avoir lieu. Un simple geste de Raenel, et les Gardes Loups en faction se rangèrent autour de leur Duc…

Les morts vivants se pressaient vers les brèches. Ils heurtèrent un mur de pavois et de lance avec autant de force qu’une déferlante se brisant sur une falaise. Les hommes de la première brèche tinrent bon. Ils étaient néanmoins de reculer peu à peu, perdant à chaque seconde quelques pouces de terrain. La défense de la seconde brèche éclata dès le premier contact. Les créatures impies s’engouffrèrent dans la Cour.

Montés sur leurs hongres blancs, les Frères du Givre chargèrent les morts vivants qui venaient de pénétrer dans l’enceinte de la citadelle. Leur formation en flèche s’enfonça dans les rangs ennemis, où ils semèrent la destruction tout en chantant à la gloire d’Istara. Les morts-vivants refluèrent en masse…

Le Duc Krell et ses hommes vinrent renforcer la défense de la première brèche. Voyant leur Seigneur à leurs côtés, les hommes reprirent courage et les quelques pas perdus face à l’ennemi furent vite repris, les boutant hors de la limite des remparts.

Les hommes combattaient sans relâche. Le bruit était assourdissant. Le choc des lames. Les cris. Les hennissements. Les rugissements de certaines créatures, auxquels répondaient de nombreux « Pour le Duc ! » et « Pour la Maison Blanchétoile ! »… Et l’odeur. Plus nauséabonde encore que celle d’autres batailles. Car à celle du sang et des mourants se mêlait la puanteur des morts-vivants.

Une ombre parcourut le champ de bataille. Une pluie de boules de feu s’abattit sur les morts-vivants, réduisant bon nombre d’entre eux à leur état naturel : des tas d’ossements inanimés. Flammargent entrait enfin dans la bataille…

Jetant un regard autour de lui, le Duc vit les morts vivants reculer face à la détermination de ceux qui étaient surnommés les Loups du Nord, et il se prit à espérer. Finalement, l’heure n’était peut être pas encore venue pour la Citadelle du Donjon de Fer et, par la même, pour la Maison Blanchétoile…
(Merci et, pour répondre à ta question... aucun d'entre eux Ces personnages sont beaucoup trop expérimentés pour moi Le mien ne sera que l'un des descendants des survivants de la famille Blanchétoile... un parmi d'autres en fait. Il s'agit plus d'une partie de l'histoire de notre guilde que de celui d'un personnage en particulier)
Très très sympa ton histoire !! Elle prend bien le lecteur. Moi elle m'a bien intéressée en tout cas

Je vais bientôt me mettre à Horizons, le temps de quitter SWG. Je voulais savoir s'il y avait du monde dans ta guilde ?
Sacrifice

Seuls les gestes des bardes ou les récits lus auprès d’un feu vous feront croire qu’il peut y avoir ne serais-ce qu’une once de beauté dans une bataille. Bien des combattants tombés pour défendre la citadelle du Donjon de Fer en ce funeste jour sont aujourd’hui des héros, chantés et admirés par les descendants de ceux qui ont survécu. Mais il n’en demeure pas moins que cette journée fut des plus cruelles et des plus funestes pour la Maison Blanchétoile.

C’est à l’instant où l’espoir naissait dans les cœurs de chaque homme et chaque femme combattant pour le Duché de Norsel qu’ils durent affronter une horreur des plus indicibles. Leurs propres compagnons d’armes, tombés à leurs côtés, se relevaient pour livrer à nouveau bataille. Mais cette fois, ils combattaient avec l’ennemi.

Les soldats en étaient réduits à tailler en pièces les dépouilles de leurs anciens amis, voire des membres de leur propre famille. Le chaos se fit absolu, personne ne sachant plus vraiment si celui qui faisait face devait être affronté ou non. Le duc et son vieux compagnon Raenel combattaient dos à dos, leurs lames lancées dans un ballet mortel.

Dans la plaine s’étendant au pied de la citadelle, Flammargent faisait des ravages. A peine son souffle ardent avait il balayé les rangs ennemis qu’il les déchiquetait de ses griffes acérées. Un nuage sombre se rapprochait de lui. A mesure qu’il était plus proche, le Dragon réalisa la sinistre vérité : une nuée d’ombres à l’apparence de chauve-souris et aux yeux rougeoyants fondait sur lui.

Il se battit avec une férocité et une rage inégalables. Ses flammes et ses griffes provoquaient un carnage parmi les créatures volantes. Mais elles étaient en grand nombre, et à chaque blessure qu’elles lui infligeaient, le vénérable dragon se sentait un peu plus faible. Bientôt, il ne put lancer ses sortilèges qu’avec grande peine. En un dernier élan, il parvint à s’élever dans les airs, avant de s’écrouler finalement, écrasant sous sa masse nombre de morts-vivants…

Une vague de découragement parcouru les rangs de la Maison Blanchétoile. L’espoir avait cédé le pas à la résignation dans les cœurs de chacun. Mais tous savaient à quel point chaque minute gagnée pouvait se révéler cruciale. Les Frères du Givre, réduits à une poignée, encourageaient leurs compagnons d’armes par des chants à la mémoire des héros passés, tombés face aux morts-vivants.

Le Duc Krell distingua un faucon, s’élevant loin au dessus du champ de bataille. Le signal. Enfin… Balayant la vallée du regard, le Seigneur ne vit qu’une masse innombrable de créatures impies. A ses côtés, seules quelques dizaines d’hommes et de femmes combattaient encore. La bataille était perdue, la citadelle tomberait bientôt. Les fuyards étaient sans doute loin d’être à l’abri, mais au moins les morts-vivants se trouvaient-ils désormais tous dans la vallée.

La voix du Duc s’éleva par dessus le tumulte du champ de bataille. « Au cristal ! ». Aidé des gardes loups, il se replia en direction de la Tour de Givre. Les morts-vivants les pressaient, débordant leurs rangs et tentant de leur couper la route. Chaque pas en direction de la Tour devenait plus difficile que le précédent. Chaque seconde semblait une éternité. Mais il fallait réussir, coûte que coûte.

Arrivés à la tour, seuls deux Gardes Loups et leur capitaine étaient encore aux côtés du Duc. Ce dernier jeta un dernier regard au champ de bataille. Sa sœur, dernière parmi la Fraternité du Givre, fut engloutie par la horde des morts-vivants. Avec elle tombait le dernier défenseur du Donjon de Fer. Les yeux du Duc s’embuèrent. Le Duché de Norsel n’était plus. Sa famille était presque entièrement réduite à néant. Un instant d’hésitation…


- Monseigneur ! Allez-y nous allons essayer de tenir la porte le temps nécessaire…

La voix du vieux loup borgne ramena le Duc à la réalité.. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. La mort des siens ne devait pas rester inutile. Il le leur devait : en tant que Duc, il était autant à leur service qu’eux au sien. Un hochement de tête. Un échange de regards. Les deux hommes se connaissaient suffisamment pour qu’il n’y ait pas besoin d’autres mots. Tout était déjà dit.

Tandis que les derniers Gardes Loups tentaient désespérément de tenir les morts vivants hors de la Tour de Givre, le duc s’enfonça dans les profondeurs de celle-ci. Les Chevaliers des Arcanes avaient travaillé des jours durant à l’élaboration de ce cristal, constitué de glace élémentaire pure. Le Duc avait jusque là espéré ne pas avoir à se servir de l’artefact, mais c’était désormais le dernier espoir de ceux qui s’étaient échappé avant l’attaque.

Il arriva dans la salle, dont les murs étaient recouverts d’une fine couche de glace. Un épais tapis de neige crissait sous ses pas. Il entendit le choc de lames, plus hauts dans l’escalier. Raenel et ses hommes faisaient de leur mieux pour contenir l’ennemi, scandant le nom de la Maison Blanchétoile. Le Duc était désormais face au cristal, qui reposait sur une petite colonne de pierre.

Sa lame se leva. Un instant, il repensa à tous les instants merveilleux qu’il avait passé au sein du Duché de Norsel. Les images de sa femme, de son fils, mais aussi de ses frères, sœurs, cousins, amis… Tant d’instants merveilleux. Tant de vies qui s’étaient arrêtées si abruptement. Ses pensées se tournèrent vers ceux qui étaient désormais loin d’ici, que son geste mettrait à l’abri de leur bourreau. Son bras s’abaissa, au moment où le dernier Garde Loup était projeté dans la pièce par son adversaire… La lame familiale heurta le cristal… L’explosion fut assourdissante.

La terre trembla. Des pans entiers de la Citadelle s’effondrèrent. Les nécromants, sûrs de leur victoire, se regardèrent, inquiets. La montagne sur laquelle s’appuyait le Donjon de Fer vibra. Puis vint le froid. Une lueur bleutée émanait de la Tour de Givre, tandis qu’une vague glaciale balayait le vallée toute entière, anéantissant toute vie – ou non vie – sur son passage.

Quelques heures plus tard, un faucon se posait sur l’étrange tombeau de glace éternelle, qui avait immortalisé les vestiges de cette bataille. Le Val des Loups, nom donné en hommage au courage de ses défenseurs, était enfin en paix…

Fin

Ou plutôt... commencement, car c'est ici que débute l'histoire des survivants de la Maison Blanchétoile, et leur quête pour restaurer ce qui fut leur autrefois.
Message hors-roleplay
Voilà, je crois que ce dernier texte met un terme au récit de la chute de la Maison Blanchétoile.

Merci à ceux qui ont eu le courage de lire ces textes en entier, j'espère que l'histoire vous a plu

Si vous avez des questions sur la Maison Blanchétoile, n'hésitez pas à me contacter par mail ou message privé. Vous pouvez aussi visiter notre site en cliquant ici.

Nous espérons bien pouvoir un jour restaurer la Maison Blanchétoile, et vous nous croiserez sans doute en train d'oeuvrer dans ce sens A très bientôt donc,

Ludiquement vôtre,

Dariel Blanchétoile
__________________
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