Je n'ai pas personnellement travaillé dans ce cadre, par contre ma copine y a été confrontée dans le cadre d'un stage de 9 mois. C'est donc assez anecdotique, mais son expérience recoupe assez justement ce que j'avais pu lire précédemment sur le travail en ambassade et dans ses satellites (et comme toujours dans de tels cas, il faut imaginer que les témoignages visibles sont assez peu consensuels et que les gens à qui ce cadre de travail convient n'ont pas vraiment de raison d'en faire étalage... d'autres part on pourrait avec justesse me faire remarquer que c'est probablement un biais de confirmation). J'ai bien conscience que tu préférerais des avis de personnes qui occupent ou ont occupé directement les postes qui te questionnent, c'est pour ça que je n'ai pas voulu me précipiter pour donner ce témoignage mais faute de mieux...
J'emploie des généralités, mais ce n'est pas à prendre comme tel : encore une fois, c'est un témoignage. Mais la formulation m'est plus simple ainsi, et surtout ça m'évite de recontextualiser et de distribuer des détails d'une manière telle que ma copine serait identifiable.
L'impression générale c'est évidemment de travailler au service de la politique étrangère française. Dit comme ça c'est enfoncer une porte ouverte, mais ça implique notamment de se faire sans broncher la courroie de transmission de décisions qui peuvent grandement desservir les populations locales et qui parfois ne se font que dans l'intérêt de l’État français, pas de celui de la population française (les deux voire les trois peuvent se rejoindre bien entendu, mais c'est quand cette superposition n'est pas évidente que ça peut poser des problèmes de conscience). Globalement, la logique est celle d'un état à un autre, via ses représentants et l'arbitrage s'opère en fonction des rapports de force entre les deux pays (pays exportateur de matières premières notamment) mais aussi des intérêts de carrière des représentants.
Les cadres des ambassades (le personnel administratif est plus souvent recruté sur place j'ai l'impression) sont assez carriéristes, et croient tellement fort à leur mission civilisatrice via le "rayonnement culturel français" que ça en devient gênant. Le qualificatif de néocolonialisme m'est plusieurs fois venu en tête en lisant par-dessus son épaule des échanges par email, ou des appels à projets du MAE. J'ajoute que les personnes qui travaillent au contact de tels personnages ont parfois l'impression (et ça c'est pas que ma copine) de n'être que des outils pour les missions et les carrières de ces gens, et que le fait de ne pas se comporter comme des machines (maladie, émotions, avis personnel) semble beaucoup les ennuyer, pour rester poli.
Encore une fois c'est un témoignage assez ponctuel et situé, donc ça ne signifie pas que j'aie décrit l'ambiance dans toutes les ambassades du monde et de manière définitive, ni que ce soit la perception qu'en ont toutes les personnes qui y travaillent. Pour tout dire ça me redonnerait un peu d'espoir de lire des témoignages qui vont dans le sens contraire.
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