Il y a plusieurs trucs qui me choquent dans ce thread.
-> D'abord, les personnes qui se permettent de taper sur les autres, en raison de leur idées, tout en clamant haut et fort que c'est au nom de l'ouverture d'esprit. On en a ici un des plus beaux exemples : celui des "non-croyants" ou "anti-religions" qui tapent sur la gueule des "cathos", et particulièrement du Pape.
Faudrait apprendre que la liberté d'expression marche dans les deux sens, et que ce n'est pas l'idée nouvelle, qui a pu se prévaloir de la liberté d'expression à la base, qui doit se croire le droit d'en priver l'autre quand elle est devenue majoritaire.
Avant, on se faisait taper dessus quand on n'appartenait pas à la religion d'Etat. C'était faire preuve d'une belle intolérance, à laquelle le laïcisme à mis fin. Mais ce n'est pas une raison pour entrer dans l'excès inverse, à savoir rejeter en bloc et sur un ton méprisant les opinions traditionnelles.
-> Ensuite, le manque d'humilité qui ressort des messages. Si je comprends bien l'idée, il faut toujours être d'accord avec les opinions nouvelles, les évolutions de la société, à savoir la libéralisation des moeurs, etc. Et on tape sur tout ce qui est "rétrograde". Evidemment, c'est beaucoup plus facile, lorsque ça justifie notre propre comportement
Par exemple, il est facile de critiquer la vision ancienne de "mère couveuse" de la femme, et d'oublier le problème actuel de la "femme-objet". Mais bon, comme on dirait que ça ne déplaît pas de voir des femmes à moitié à poil à tous les coins de rue sur les panneaux publicitaires, etc, on critique beaucoup moins.
Ainsi, qu'est-ce qui nous permet de mépriser tant les moeurs des personnes qui nous ont précédées ? Qui nous dit que nous détenons la vérité, et pas eux ? Est-on sûr de pouvoir parler de progrès, et non de décadence ? Quand je vois que la moitié des personnes qui postent affirment détester le monde qui les entoure et se sentir mal dans la société actuelle, alors pourquoi cracher sur celle qui nous a précédé et les idées qui la dirigeaient ? Autre aspect plus pragmatique, on se plaint du vieillissement de la population, mais on fait toujours mieux que les autres, d'avant
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Plus que du manque d'humilité, j'appellerai ça être borné. Parce qu'aujourd'hui, c'est bien d'être ouvert, d'être libéré, etc. On n'a fait que décaler la notion de bien et de mal, mais elles sont toujours fixées par la moyenne des comportements.
-> Enfin, sur la sexualité et la position que l'Eglise catholique prône à ce sujet. En gros, il s'agit de dire qu'il n'est pas bon de coucher dans tous les sens comme on veut et en avortant en cas "d'accident". Je simplifie beaucoup, d'accord. Ici les critiques portent sur le fait qu'on fait ce qu'on veut et que ça ne regarde pas le Pape, et en plus qu'il est en retard sur notre époque, surtout depuis Mai 68 et la libération sexuelle.
Je ne pense pas qu'il faille comprendre le message dans le sens d'une obligation que voudrait imposer l'Eglise (qui n'en n'a pas les moyens, comme cela a été rappelé d'ailleurs). Je ne vois pas dans le discours un passage où il est dit que ce comportement sera puni par un châtiment divin, et blablabla.
Je pense qu'il s'agit d'un avertissement, d'une mise en garde, qui consiste à dire que non, ce n'est pas forcément anodin d'avoir des relations sexuelles dans tous les sens, que cela peut entraîner des conséquences fâcheuses de considérer son corps uniquement comme un instrument de plaisir, etc.
C'est marrant, mais il y a un bouquin où j'ai retrouvé un peu la même idée. Ce qui est encore plus marrant, c'est qu'il n'a pas été écrit pas un catholique convaincu, puisqu'il s'agit de Houellebecq.
Je cite :
Du point de vue amoureux, Veronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d'amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n'était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l'amour ne peut s'épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté des moeurs qui caractérise l'époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d'amants ; un tel mode de vie appauvrit l'être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L'amour comme innocence et comme capacité d'illusion, comme aptitude à résumer l'ensemble de l'autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l'adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d'ordre sentimental et romanesque ; progressivement, on devient aussi capable d'amour qu'un vieux torchon ; en vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. On jalouse les jeunes, et de ce fait on les hait. Cette haine, condamnée à rester inavouable, s'envenime et devient de plus en plus ardente ; puis elle s'amortit et s'éteint, comme tout s'éteint. Il ne reste plus que l'amertume et le dégoût, la maladie et l'attente de la mort.
Enfin, pour donner mon opinion personnelle sur la chose, je pense qu'en toutes choses il faut un juste milieu. Je suis contre l'excès dans les deux sens. Et gros défaut, je crois encore à l'amour, et pour l'instant il ne m'a pas fait défaut
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En bref, selon moi le Pape, par sa position marquée dans un sens, joue ici le rôle d'une contre-balance à l'opinion qui est de plus en plus commune, et le discours qu'il tient prête à la réflexion sur notre mode de vie, même si on ne partage pas les idées qu'il contient (ce qui est mon cas sur pas mal de points, d'ailleurs).
Ce qui est une bonne raison de respecter et de réfléchir sur même ces allégations "rétrogrades", au lieu de balancer les discours conventionnels sur l'ouverture d'esprit et la liberté des moeurs, qui d'ailleurs déforment ces notions en leur faisant parfois justifier tout et n'importe quoi. Il y a eu de gros progrès, certes (je pense notamment à l'homosexualité, à la liberté dans certaines limites), mais il est toujours bon de se remettre en question par rapport à d'autres valeurs
Du moins est-ce mon humble opinion
[edit] à relecture, je me rends compte que mon post n'entre pas tout à fait dans le cadre du thread. C'est un peu trop général. Désolée :/