Mon prénom est Amarhante, je suis née dans une bourgade près de Camelot nommée Humberton. Mon père était officier dans la garde royale. Ma mère, douce créature était avalonnaise. J’étais leur seule enfant.
Au grand désarroi de mon père, j’étais une fille, il aurait voulu comme tout homme qui se respecte avoir un fils. La nature en décida autrement.
Ma mère qui elle souhaitait avoir une fille à son image fut bien déçue quant les années passèrent.
Petite fille intrépide, farouche avec une tignasse rousse, rien dans mon physique ne rappelait ses traits fins, sa peau délicate.
A bout de patience, ma mère me laissa au soin de la femme du tavernier qui venait souvent apporter à la demeure familiale des vivres.
C’est ainsi que j’entrais dans un autre monde ! Du haut de mes 8 années, je découvris une nouvelle vie. Adieu l’odeur de lys de mère, des bains parfumés à l’eau de rose !! Bonjour à l’odeur de la graisse, de l’alcool !!
La taverne était mon chez moi à présent. Mes parents tout de même pour avoir bonne conscience versaient chaque quinzaine un tribu pour mes besoins. Blanche, la femme du tavernier, était une femme économe, elle mit cet argent de côté à l’abri du regard de son mari.
Elle me laissa grandir comme de la mauvaise herbe. Je gambadais tant que je le souhaitais dans les collines verdoyantes. Je me lavais au ruisseau quand l’odeur devenait insupportable.
Je n’avais aucune idée de ce que pouvait-être une règle.
J’apprenais tout dans cette taverne, je passais des heures entière à regarder, à écouter les gens qui y venaient. J’apprenais tous les mots et les jurons, j’avais un faible pour ces derniers. Ralala !! Qu’est-ce que j’ai pu en débiter !! Blanche ne me disait rien, elle m’interdisait rien, aucune réprimande ! Je n’étais pas une mauvaise petite, je voulais l’imiter en tout, elle m’apprit la cuisine, à servir, à devenir utile dans cette maisonnée.
Les années passaient très vite à son côté, elle était toujours auprès de moi. Elle m’aimait à sa manière, jamais de cajolerie, je n’en demandais pas. Chaque fois que je n’arrivais pas à faire quelque chose qu’elle me demandait, je le refaisais ! Je ne m’avouais jamais vaincu, j’étais déterminée à réussir, à vaincre.
Les années passaient paisiblement, et alors que j’étais âgée d’une douzaine année, un soir d’hiver, des gardes ont défoncé la porte. Blanche et moi-même étions entrain de nettoyer de la vaisselle. Un homme de haute carrure s’avança et l’interpella en lui demanda où était son mari.
Elle lui fit signe qu’il était à l’étage. Des hommes montèrent, et on entendu le corps du tavernier roulait dans les escalier. Il arriva à terre comme un gros sac de farine.
L’homme le toisa de toute sa hauteur avec un sourire méprisant il lui demanda :
- C’est bien à toi la barque rouge ? !
Le tavernier répondit faiblement un oui.
Un des gardes lui envoya un coup de pied dans le flanc gauche. J’aurai voulu gifler ce gredin, Blanche me retint. Le sergent s’impatienta en tapant du point sur le comptoir.
- Tu veux taire aux tiens tes agissements ? Peut-être que les deux femmes sont au courant ?
- Non, elles ne savent rien sir, je vous jure !
- Bien alors, elle est bien à toi cette barque, nous avons fait une ronde cette nuit et qu’avons-nous vu ? Des hommes qui embarquaient de la marchandise sur ta barque !! Et quoi comme marchandise ? Des bouteilles !! L’église l’interdit !! Tu le sais n’est-ce pas ?
- Oui, sir !
Le même garde lui remit un coup dans les entrailles. Le tavernier cracha du sang.
L’homme fit signe aux gardes de l’emmener. Il posa sur nous son regard de rapace :
- Préparez vos affaires, demain vous serez dehors !
Il partit.
Blanche avait le visage défait, des larmes de rage coulaient sur ses joues rondes. J’étais en colère sans vraiment comprendre l’acte qu’avait pu accomplir son mari.
- Quel imbécile il a été !! Je lui avais dit que cela devenait dangereux !!
- Quoi donc ?
- Bah, petite ! Il faisait du marché au noir. Il vendait du tord boyau à d’autres tavernier dans la région à moitié prix.
- Pourquoi ?
- Pour ramener des sous, mon mari est idiot ! Il s’est mis à dos l’église en plus !! Pauvre de moi.
C’était la première fois de ma vie que je voyais une femme pleurait et surtout Banche. Je comprenais sa rage et son angoisse. Qu’allions-nous devenir ?
Elle se redressa et me prit la main, nous montâmes à l’étage. Nous entrâmes dans sa chambre, simple pièce, elle avait un lit de mauvaise facture et un grand coffre de bois de chêne. Elle me planta à l’entrée. Elle ouvra le coffre et jeta par-dessus sa tête trois besaces et des vêtements.
Elle m’invita à m’asseoir, je pris place sur le lit. Elle se baissa et extirpa de dessous le lit une petite boite de bois. Elle me la tendit, je la pris et l’ouvris. Mes yeux s’agrandirent quand je vis des pièces d’or s’emmêlaient à d’autres en argent. Je l’interrogeais du regard.
- Tu vois tes parents quand ils t’ont laissé à ma charge, ils me donnaient des sous pour toi, et je les ai gardé et à présent, ils sont tiens petite.
- Tu veux que j’en fasse quoi ?
- Tu dois aller ailleurs maintenant, j’ai plus de logis pour moi et non plus pour toi, petite.
- Mais tu veux que j’ailles où sans toi Blanche, je connais personne que toi ici. Et mes parents ne sont pas intéressés par mon sort.
- C’est malheureux, tu es une brave petite…
Je réfléchissais à la tournure des évènements, tout se chamboulait dans ma cervelle de simplette.
- On pourrait se servir de mes sous pour repartir à zéro Blanche ?
Un sourire triste aux lèvres
- Je suis plus jeune, petite pour qu’on me prenne dans une auberge, et encore moins comme catin, tu as vu mon tour de taille et mes rides ?
Je ne pus réprimer un sourire en imaginant Blanche en fille de joie peinturlurer.
- Je peux travailler moi ! Je suis forte !! Et tu m’as appris à cuisiner !!
- Tu es fille d’un officier, tu n’as rien à faire dans une cuisine et si quelqu’un connaissait ton père !
- Tu m’as bien élevée ici, et je n’ai jamais été reconnu par la populace. Et je préfère être une cuisinière qu’une gourgandine en dentelle !
- Tu pourrais rejoindre tes parents, et tu aurais de l’instruction…
Je serrais les poings en imaginant la situation. Ils m’avaient abandonnée, j’avais ma fierté !
- Hors de question Blanche !
- D’accord petite. Bon, réfléchissons un peu…
- Je ne veux pas les voir, les connaître Blanche !
- J’ai compris petite, on restera ensemble promis.
- Merci. Et pour ton mari ?
- Lui, on ira demain pour entendre la sentence mais à mon avis, il va payer cher cet affront qu’il a eu envers l’église.
Elle prépara nos affaires tandis que je comptais l’argent. J’avais pris à compter avec Blanche, j’avais été vite dans cet apprentissage. Elle n’en revenait pas. C’est ainsi que j’encaissais l’argent à la taverne, et tous les soirs on faisait les comptes toutes les deux.
Je comptais 400 pièces d’or et 50 pièces d’argent.
- Tu entends on est riche Blanche !!
- Non, petite, si on s’installe dans Camelot, l’argent partira vite
- Il faudra que je trouve très vite du travail alors et toi tu nous trouveras un lieu pour dormir.
- Oui, c’est bien décidé.
Elle fit le tour de la pièce en y prenant ses effets personnels. Je fis de même en me rendant dans la petite mansarde où était mon lit et un petit coffre. J’avais des braies propres dont je me vêtis et mis dans ma besace un caillou, un mouchoir de dentelle que j’avais trouvé au bord de la rivière, un peigne d’ivoire que ma mère avait eu l’idée saugrenue de me laisser. Tout était prêt à notre départ. Blanche avait cousu dans ses jupons des parties pour y loger les pièces de notre fortune.
Blanche et moi descendîmes le pas lourd, elle me prît la main pour se donner la force de quitter notre chez nous. J’avais le c½ur léger pour ma part de quitter ce lieu et l’envie d’en découvrir un autre était plus fort que tout.
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