Que ce monde soit un territoire à part ne faisant partie ni de notre intériorité, ni de la réalité extérieure est aussi une évidence.
Oui cela peut paraître évident aux premiers a-bords mais cela pose tout de même la question des espaces sliens et du rôle de l'avatar, qui je dois l'avouer me pose problème. Dans l'extrait que j'ai cité plus haut, Winnicott avance l'idée que l'utilisation d'un "objet transitionnel" informe à lui-seul l'existence d'une "aire intermédiaire". Des processus qui permettent une lente et relative différenciation entre "moi" et "non-moi". Pourtant j'ai coutume d'entendre ici et là "Mon avatar c'est moi", "Je suis l'avatar", "RL is SL". Donc, une volonté de rendre à cette place intermédiaire toute sa réalité.
Par conséquent, est-ce que l'avatar est un doudou offert par la mère matricielle Linden ? J'ai l'impression que c'est plus compliqué...
C'est à peu près la définition d'interface : "surface de contact entre deux milieux". Sauf que c'est dit d'une façon assez pédante, et le rapport au contenu-contenant n'est pas clair, du moins dans les limites de ta citation (même si je vois grosso-modo où il veut en venir).
SL est une interface, du moins je crois.
Une surface de contact, c'est déjà mieux que le terme "territoire" employé par Bestmomo qui fait plus penser aux parcelles de terre d'une sim qui délimite uniquement la surface d'action de son utilisateur (ou pilote).
"Contact entre deux milieux" : j'imagine très bien la scène ou l'utilisateur déposerait son pied dans une eau calme et pénétrante, donnant un mouvement ondulant, preuve de ce premier contact, entre l'utilisateur et l'avatar. Malgré tout, ce premier contact n'est pas à proprement parlé sensitif, il est exclusivement visuel/virtuel. Nous rejoignons l'idée de Bestmomo et de Fabrice sur la priorité de l'image (un visuel déjà transformée).
Publié par
Fabrice Tebaldi
En effet, et la seule validation, qui permettrait de s'extirper du seul simulacre est (comme en science) la validation par le réel. Enfin, c'est un peu exagéré, puisque le réel est un inaccessible ontologique, mais enfin la validation se fait par l'observation d'effets attendus et reproductibles sur ce que nous percevons être le réel.
SL ne peut s'affranchir du simulacre que par un retour au réel. Sinon, par nature il s'y enferme, s'y confine.
Une minorité, je ne suis pas sur. Ici même j'ai pu constater une partie non négligeable des utilisateurs adoptant cette pente. Certains ont même exprimé clairement que le réel était périlleux et que SL était un lieu de sureté pour exprimer ses aspirations (du coup refoulées dans ce territoire).
SL is SL, RL is RL est leur devise.
La limite de leur expérimentation sera celle de la simulation, du simulacre. La validation passera par le réel, comme dans un simulateur de vol.
Je ne nie pas que la consolation puisse être une bonne chose pour la personne sur le moment. Elle apporte du plaisir au même titre que n'importe quel psychotrope. On peut rester à baigner dans ce bain apaisant. Le tout est alors de faire son possible pour ne pas sortir de ce lac de constance.
Sinon l'étape finale de l'expérimentation restera la validation par le réel.
La caractéristique propre à Second Life pourrait être l'utilisation première de l'image. En réalité je ne pense même pas que l'on puisse parler d'image, car elle est pour moi une forme déjà transformée. Second Life utilise ce quelque chose qui n'est pas tout à fait une image ni une forme.
Vos messages respectifs soulignent un flou persistant, y-t-il possibilité d'apposer un sens aux contenus sliens ? La structure slienne permet-elle l'inscription de contenus sliens ?
J'aurai tendance à souligner les limites du système, les mots disparaissent, les liaisons avec eux.
D'ailleurs savez-vous si nos discussions sont sauvegardées ? Existe-t-il un stockage sémantique ?
Sans ruine j'ai bien peur qu'il soit difficile de remonter la trace d'une création et/ou d'un avatar, encore moins de lui donner un sens. Il existe tout de même la circulation du discours qui alimente les rumeurs et les légendes sliennes d'un autre temps. Je pense par exemple à la disparition de la sim Ecole SL, son "groupe" reste quand même là, il continue à propager la bonne parole...
A la limite il reste l'inventaire, les notifications, les scripts...
En effet, et la seule validation, qui permettrait de s'extirper du seul simulacre est (comme en science) la validation par le réel.
[B]Le tout est alors de faire son possible pour ne pas sortir de ce lac de constance.
Et pourtant comment considérer la rêverie "post Second Life" qui poursuit son utilisateur dans le réel et peut-être bien au-delà ? Une fois la connexion rompue ni le bot, ni l'avatar n'ont de rêverie, du moins j'en fais l'hypothèse. Je n'en suis pas sur !
Est-ce vraiment un lac de constance ? Lorsque deux contenants se rencontrent il y a un jeu de force entre les deux qui crée il me semble du mouvement.