[Concours] Le stylo d'or SLien de l'été.

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Publié par Just an Illusion
joli bestmomo
Les joliens sont courageux de bosser en été , en tout cas ça ravit mes p'tits neurones de vous lire tous .
Merci

Mais ce n'est pas du travail, juste du plaisir.
sans smiley la vie est triste ..... voici ce que ça m'inspire : Perplexité !

J'arrive pour la première fois dans une clairière ensoleillée entourée de forêts .

Une foule est immobile , en rangs serrés parmi les troncs moussus . Ils sont accompagnés par des cris flûtés d'oiseaux qu'on ne peut discerner . Nul animal n'est présent .

En tête des différentes colonnes on aperçoit des personnes asexuées toutes de gris vêtues . Impossible de les distinguer les unes des autres . En se rapprochant d'un zoom discret pour ne pas gâcher la quiétude de ce lieu , force est de constater que le gris est la couleur uniforme de l'ensemble des personnes présentes . On ne voit pas ou s'arrêtent les vêtements ni ou commencent les visages . Aucun d'entre eux n'a le moindre cheveu et leurs yeux semblent fixer le vide . Aucun ne semble avoir perçu ma présence et je commence à m'en inquiéter .

Ou suis-je ? Que dois-je faire ? Ces personnes immobiles font naître un frisson sur mon épiderme , elles sont déplacées dans ce lieu idyllique ou des oiseaux toujours invisibles continuent de chanter .

Je décide de déplacer mon curseur et d'avancer vers eux à petits pas en les surveillant d'un oeil pour déceler tout mouvement qui prouverait qu'il y a de la vie derrière ces entités . Je me force à taper sur mon clavier :
- Bonjour , y'a quelqu'un ? Vous faites quoi là ?

Seul le silence me répond . Je m'empresse de tourner autour de cette masse si terne et si compacte pour y déceler un changement de position quelconque , puis prise d'une impulsion subite ....... j'en pousse une . Celle-ci titube , avance et reprend son immobilité . Je décide d'en pousser une seconde . Elle oscille sur elle même avant de bousculer son voisin qui lui même en pousse d'autres . Amusée par cette réaction en chaîne , je continue à bousculer toutes ces "statues" qui ne réagissent pas . Ce jeu finit tout de même par me lasser à cause du manque de réaction que j'escomptais obtenir .

En soupirant et hochant les épaules devant mon écran , toujours perplexe et me questionnant sur la raison de la présence de cette foule inutile , je m'apprêtais à cliquer sur la croix rouge en haut à droite quand un nuage se matérialisa devant moi .................


et pis je vais au dodo et la suite je la posterai une autre fois , et pis là je me rattrape sur les smileys . S'pas drôle la vie sans smiley : c'est grisssssssssss
Ca démarre pas mal Tu vois que tu pouvais le faire.
Tu devrais faire comme Biou et Best, isoler ton texte dans un quote, histoire de bien le faire ressortir.
Comme Maxo tu sembles avoir choisi le feuilleton pour nous tenir en haleine.
Why not ...
Faudra juste prévoir un post final pour récapituler
Non Miam c'est trop long à taper et j'ai bobo les doigts quand y'a pas de smiley . alors comme y'a 3 parties je fais à la vitesse de mes p'tits doigts qui surchauffent .

Voilà la partie 2 appelée just an illusion ! (juste une illusion ! ) oui j'ai pompé mon pseudo .

Très joli ce nuage mouvant face à moi . On dirait qu'il respire . c'est la première chose que je vois animée d'un mouvement .
Je lis sur mon écran
-Bonjour , oh mais c'est plein de bots ici . Tu fais quoi parmi ces zombies ? Tu es nouvelle je parie .

Il m'explique que ce sont de faux personnages pendant que je l'examine . Je suis ravie de rencontrer enfin quelqu'un qui m'adresse la parole même si c'est un nuage ....... Etrange tout de même , je n'avais pas remarqué au point d'arrivée que ce modèle était disponible .

Le nuage disparaît peu à peu pour laisser la place à un animal énorme . sa tenue entièrement composée de poils a un noir plus profonds aux aisselles et à l'intérieur de ses cuisses musclées . Je l'admire et zoome discrètement en positionnant ma caméra dans son dos . Il a une queue joliment touffue animée d'un mouvement de va et vient qui fouette l'air . je fais glisser ma caméra le long de son corps . Ses oreilles bougent également , ainsi que ses yeux qui semblent réels . Il continue à me parler pendant que je l'inspecte .

-Tu aimes mon avatar de loup-garou ? Je l'ai fait moi-même et il m'a fallu longtemps pour aboutir à ce résultat .
Ses crocs sont énormes et débordent de sa gueule entrouverte mais son apparence me fascine et mon coeur bat plus vite . Je me sens devenir le petit chaperon rouge . Il continue :

-Je vais m'occuper de toi , fais moi confiance , je vais te faire découvrir les merveilles de ce monde . Les possibilités infinies de ce qu'on peut y faire vont te surprendre et je te ferai aimer ça .

A ce moment un panneau bleu apparaît sur mon écran :
"Big Wolf aimerait animer votre avatar . Acceptez-vous?"
J'hésite , regarde à nouveau cet imposant animal et je clique sur "oui" . Advienne que pourra .

Je me retrouve blottie entre ses larges pattes à l'embrasser passionnément .....

Dring , dring ........ mon téléphone sonne et me réveille sans douceur alors que j'ai encore des étoiles plein les yeux ............




Suite et dernier épisode quand j'aurai plus mal aux doigts , dur de taper sans smiley .
Citation :
Publié par bestmomo
Je me suis lancé aussi dans la rédaction mais je me suis vite rendu compte que 1000 mots ça fait peu . C'est un exercice de concision...
Ah ben oui ! Mais ça le fait, même si c'est étrange de lire un texte de bestmomo avec des paragraphes .

A force de venir sur ce sujet lire du SL, nous n'aurons plus la nécessité d'aller sur SL ...

Même Myst s'y colle et sans smileys.
yep suite et fin
3ème partie : la réalité

Je décroche en grommelant . Mais pourquoi je ne peux jamais dormir en paix le matin ? Etrange ce rêve si persistant sur ma rétine . Je m'en rappelle les moindres détails .

-Allô
-Salut c'est moi , tu sais celle qui te casse les pieds tout le temps . Je te réveille pas j'espère ?
-Bien sûr que non , dis-je en toute mauvaise foi , j'étais dans la salle de bains .
-Tu devinerais jamais ce que j'ai trouvé .........
-Hé ben avec un tel enthousiasme , je dirai une nouvelle boutique en ligne .
-Ha ha ha non même pas .... je sais que tu t'ennuies depuis que j'ai repris le boulot . On pourra se voir dans un jeu en ligne , je peux m'y connecter depuis le bureau .
-Tu plaisantes j'espère , et si tu te fais surprendre ?
-Non pas de risque . je t'ai envoyé l'adresse par mail . télécharges le jeu , inscris-toi et appelle moi pour me donner ton pseudo , je te rejoindrai . Ok ?
-Ok à tout à l'heure alors fofolle ......

Dubibative je raccroche et lève les yeux au ciel en soupirant . Bon j'ai pas le choix , quand elle a un truc derrière la tête , elle l'a pas ailleurs donc je vais m'y coller sinon elle va me harceler .

Après une douche , une douzaine de bâillements et une bonne dose de caféine , je m'assois devant l'ordinateur . Je le mets sous tension , ouvre mes mails et clique sur le lien qu'elle m'a envoyé . Cela ouvre une page de téléchargement : Second Life . D'office je n'aime pas le nom , mais il ne faut jamais se fier au contenant avant d'avoit goûté au contenu donc je télécharge .

Ceci fait , je soupire de nouveau pas motivée du tout et je me lance dans l'enregistrement d'un compte utilisateur . Je regarde les différents avatars sur mon écran et fronce les sourcils . Cet avatar là , on dirait que c'était moi dans mon rêve . Je souris de ma propre imagination . Allez zou je le choisis , après tout , celui-ci ou un autre , quelle importance ?

J'arrive dans le jeu . On dirait que c'est un endroit ou tout est expliqué . Je reçois un message sur l'écran , ne sachant que faire , je clique dessus . Mon écran devient noir . Je panique . Mince j'ai déjà fait une connerie . Ha peut être pas , une ligne se remplit sur l'écran , cela doit être un téléchargement . Ouff .

Je me retrouve dans une clairière ensoleillée , bordée de forêts avec une foule entièrement grise . Mon coeur s'emballe . J'avance , je tourne sur moi-même indécise . Oui c'est là mon rêve .......... Et si ............

A ce moment un nuage se matérialise près de moi . mon coeur fait un bond dans ma poitrine ........... c'est Lui .




merci de m'avoir lu sans smiley . Pour celui qui veut , je peux faire une version smileyesque . j'espère juste que ça vous a plu .
Pas mal du tout .
J'ai juste un "reproche" : pour moi les deux premières parties se passaient déjà dans SL vu la description. Mais un lecteur extérieur à SL et à JoL/SL serait sans doute "piégé" par ton histoire.
Merci.
Et perso, sans smileys, cela me va très bien
Citation :
Publié par Miam
Pas mal du tout .
J'ai juste un "reproche" : pour moi les deux premières parties se passaient déjà dans SL vu la description. Mais un lecteur extérieur à SL et à JoL/SL serait sans doute "piégé" par ton histoire.
Merci.
Et perso, sans smileys, cela me va très bien
tu peux juste expliquer le reproche stp . Il s'agit d'un rêve de SL dont le narrateur est réveillé par un coup de fil avant de réaliser ce rêve dans son futur . Me serai-je mal expliqué ?
Ha ok.
Disons que ce rêve prémonitoire de SL est vraiment très très très proche de SL. C'est Paul le Poulpe qui t'a aidé ?
J'aurais fait une description un peu moins calée sur SL.
Mais c'est ton texte et c'est un simple avis perso.
Cela n'enlève rien à la qualité du texte et je considère ma vision comme étant un rien biaisée .
Citation :
Publié par Miam
Ha ok.
Disons que ce rêve prémonitoire de SL est vraiment très très très proche de SL. C'est Paul le Poulpe qui t'a aidé ?
J'aurais fait une description un peu moins calée sur SL.
Mais c'est ton texte et c'est un simple avis perso.
Cela n'enlève rien à la qualité du texte et je considère ma vision comme étant un rien biaisée .
Pourquoi t'as pas de prémonition toi . Si je bosse pas c'est parce que toutes les semaines j'ai les numéros du loto en rêve .
Je n'ai pas dit que c'était loupé, juste que j'aurais essayé de rendre le rêve un peu moins similaire à SL histoire de garder une forme de suspense.
Mais dans la mesure où la nouvelle doit avoir pour sujet SL, il est clair que c'est un peu compliqué.

PS : fais moi suivre par MP ta prochaine prémonition de ce type sur le Loto stp
Citation :
Publié par Fredylajoie
ben moi j'aime bien et suis pas d'accord avec Miam ( si le rêve se réalise c'est donc la même scène qui précède )









http://agencefredypotin.over-blog.com/
Plus 1

Moi aussi j'aime.
A mon tour, je me jette à l'eau :

Citation :

Plein sud



Quelque part dans le monde, au XXIe siècle, alors que triomphe un peu partout une dictature d’un genre nouveau…

« On peut bien vivre sous les tropiques, ça n’y change rien, et c’est toujours Eux qui font la loi », lâcha Mitch, mettant un terme à cinq bonnes minutes de monologue.
Abby ne prêtait pas tellement attention aux lamentations de Mitch. Il connaissait son refrain par cœur, vraiment par cœur, et s’il avait accepté de passer un moment avec lui sur cette plage, à s’entendre rabâcher ses théories sur Leur façon d’exploiter le pauvre monde, c’était avant tout pour ne pas paraître avoir attendu genesis.
Avant-hier, c’était incompréhensible, elle lui avait dit : « à demain, on se voit dans la matinée, hein ? » Et depuis plus rien, plus un signe de vie.
« Avec genesis, ça va toujours ? »
Abby répondit d’une vague onomatopée. Ca allait, oui, aux dernières nouvelles du moins. Et puis son regard se fixa sur l’horizon : une simple ligne, abstraite et rachitique, qui séparait un ciel vide – vide de nuage et d’oiseau, d’une mer infinie, une mer d’huile dans laquelle son regard se perdait avec des idées de fuite. Un bateau ? C’était chose impossible, et Abby le savait bien. Ils avaient tout prévu, il ne pouvait nier que Mitch avait raison. Et aller où ? La liberté était une belle chose, mais il était du genre timoré, et il était tout à fait heureux avec genesis. Et cela, au moins, Ils le toléraient. Les mœurs étaient plutôt libres ici – franchement libres, même : genesis et lui s’étaient rassasiés de sexualité jusqu’au-delà ce qu’il aurait jamais imaginé. « Opium du peuple ! », répliquait toujours Mitch, péremptoire et résolument célibataire, même si genesis le soupçonnait.
Mitch devait d’ailleurs partir (il avait ses petites occupations à lui). Abby voulut rester à noyer encore un moment son regard dans la mer sans relief.
Un dernier mot de Mitch lui parvint : « ne t’en fais pas pour genesis, c’est une gentille fille, il n’y a pas de problème. »
Abby n’aurait jamais cru que ses pensées pussent ainsi transpirer, lui toujours si avare de ses émotions. Mitch avait deviné ? Et puis quelle importance ! Elle seule comptait pour lui, tous ceux qui le côtoyaient le savaient. Ils vivaient pour s’aimer, il l’avait tant de fois proclamé.
Que voulait dire Mitch : « pas de problème » ? – Il n’y avait pas de problème.

Il n’en pouvait plus de la plage et de la mer vides.
Il se mit à marcher. Une route déserte, entourée d’édifices somptueux, pimpants mais sans vie. « Totalitarisme », c’était le mot de Mitch, qui comparait toujours ici et Pyongyang. Mais pas de culte de la personnalité, non, pas besoin : Ils étaient invisibles mais omniprésents, insaisissables et sans visage.
La route semblait n’exister que pour longer la côte. Pas de poteau indicateur, pas de borne kilométrique. Elle n’allait nulle part ; rien à relier. Elle louvoyait seulement pour un effet pittoresque. Il n’y avait pas de ville, pas besoin. Partout un peu la ville et un peu la campagne. Aucun centre administratif, pas vraiment de fonctionnaires, à peine un Etat : Ils étaient le territoire dont chaque hectare était pareil à une sentinelle à Leurs ordres. Leur contrôle était absolu, c’était ce qu’avait asséné Mitch un peu plus tôt, et à présent ses mots raisonnaient dans l’esprit d’Abby.
Il n’y avait pas de problème. C’était une gentille fille, mais Ils pouvaient l’avoir supprimée. Il se demandait.
Quand il en eut assez de marcher, il retourna chez lui.

Abby était retourné chez lui par habitude, par réflexe, mais il n’avait rien à y faire. Peut-être un peu de rangement : le jardin était un vrai capharnaüm.
Voilà ! et c’était bien plus beau le soir, au soleil couchant. Il avait bien arrangé ses fleurs. Il aurait presque pu se sentir satisfait. Si genesis revenait, elle serait ravie de son jardin au crépuscule. Une partie de lui-même refusait encore de croire en l’idée que Mitch avait infiltrée dans son esprit.
Le temps de jardiner et une invitation lui était parvenue. Une fête, une partie de plaisir organisée par quelque vague connaissance. Abby irait. Ce genre de réjouissance avait lieu presque chaque jour chez l’un ou l’autre. On ne vivait que de fêtes, par ici. Même s’il préférait d’habitude s’isoler avec genesis pour s’étreindre encore et encore, ce soir-là, il avait le besoin de se changer les idées.
Ils toléraient les réunions publiques, toutes les fêtes, parfois orgiaques ; Ils les encourageaient, même, comme tous les débordements, malgré quelques touches de pruderie par-ci par-là pour paraître respectables. Mitch le lui avait déjà expliqué : « l’opium du peuple ». Et puis Ils se savaient intouchables.
Ecrasée sous la chape saturée et dense de musique synthétique vomie dans l’air ambiant par deux colossales enceintes d’anthracite, la fête battait déjà son plein. Une demi-douzaine de silhouettes dansaient vaguement sur la piste, et, un peu à l’écart, se tenaient trois ou quatre filles à demi nues et le corps couvert de tatouages comme des guerriers des mers du sud qui s’agitaient autour d’eux, poussant des cris surexcités de chouettes qui enrubannaient toutes les conversations. Abby jugea de bon ton d’enfiler un smoking blanc décontracté pour se fondre dans la masse. L’une d’entre elles au moins était un travesti, il en aurait mis sa main à couper.
Une des filles l’alpagua bien, mais il n’y avait rien à faire : il se morfondait pour genesis. Il ne pouvait détacher son esprit de l’idée qu’Ils l’avaient supprimée. Il se l’imaginait se débattant dans les arcanes du Système. Il la voyait prise dans la toile immense et semée de rosée gluante d’une araignée monstrueuse, qui, de ses petits yeux noirs et luisants de tueuse, froids et sans vie comme des onyx, examinait le corps inerte de son amour. L’Œil, c’était justement Leur emblème, et elle était leur proie.
Sur un coup de tête, il quitta la fête, et partit se mettre au lit. Il ne put détourner sa pensée du dégoût que lui inspiraient à présent les gadgets et les jouets de chez Bound’s (fournis avec Leur bénédiction ?) avec lesquels ils avaient pris tant de bon temps l’avant-veille encore. Il repensait aussi aux filles : ce culte du corps, de la beauté, de la jeunesse, et de la force physique dominatrice chez l’homme. C’était le système totalitaire, Mitch avait raison. Les gens disparaissaient du jour au lendemain, sans raison. Il avait lu Orwell, il y a longtemps, bien sûr.

Le lendemain matin :
— Mitch ?
— Ouais.
— Tu crois qu’ils ont supprimé genesis ?
— Pas de nouvelles depuis quand ?
— Trois jours.
— Elle t’avait rien dit ?
— « A demain. »
— Elle trafiquait ?
— Mais non !
— Des ennemis ? Des jaloux ?
— Mais non !
— Alors ils l’ont eue.
— Pourquoi ?
— Pfuit ! Comme ça !
— Comment ça, comme ça ?
— Est-ce que je sais ? Même ceux qui s’en sont sortis ne savent pas.
— On peut s’en tirer ?
— Ca dépend. Parfois. S’ils voient que t’as rien fait.
— Alors ça ira ?
— Oui et non, ils cherchent pas à savoir.
— Où est-elle ?
— Nulle part. Chez Eux. Supprimée. Résiliée.
— …

Trois quarts d’heure plus tard, Abby parcourait les planches rigoureusement alignées du ponton d’une marina, non loin de la plage où il avait vu Mitch la veille. Il n’admirait pas tellement les yachts rutilants qui s’exposaient là. Abby avait assez d’éducation pour trouver leur luxe tapageur vulgaire. Les habitants d’ici jouissaient d’un haut niveau de vie, peut-être le plus haut qu’aucune société humaine quelle qu’elle fût ait jamais connu. Les plus médiocres affichaient vêtements de luxe, bijoux en or et voitures de sport sans la moindre vergogne. Il n’y avait pas de pauvre au sens où on l’entend habituellement. L’abondance régnait.
Mais un beau jour, sur un cillement de l’un d’entre Eux, tout pouvait vous être retiré, jusqu’à la vie, et Abby en prenait à ce moment pleinement conscience. Il avait bien fait de dédier son existence au plaisir d’être avec genesis, sans trop de vanité pour les biens matériels. Mais même elle lui avait été retirée.
Il demeura un moment, les bras ballants, encore face à cette mer désespérément plate, à songer à cette existence devenue tout aussi vide sans elle. Il suffisait de pas grand-chose pour disparaître, et peut-être la rejoindre.
La mer, c’était un paysage omniprésent par ici, mais aucun moyen de s’échapper. Pas de remous, pas d’écueil ni de haut-fond, seulement Leur volonté qui s’exerçait sur un territoire qu’Ils façonnaient pour le rendre imperméable. Il y avait de quoi devenir fou.
Il eut envie de faire à son tour le geste malheureux qui ferait qu’il serait dénoncé et qu’il disparaîtrait lui aussi. Un peu plus loin, il y avait du monde, justement.
C’était une grande aire plane, où des gens se retrouvaient pour s’adonner à la création. Ils encourageaient la créativité : d’abord cela stimulait le commerce (et l’argent leur revenait toujours d’une façon ou d’une autre), ensuite, cela Leur permettait de sous-traiter les projets pharaoniques qu’Ils avaient parfois la lubie d’entreprendre. Mais tout cela se faisait dans les limites bien étroites qu’ils avaient prédéfinies. Il y avait bien toujours des expédients pour les dépasser, mais Ils s’en réjouissaient plutôt, et puis on retombait toujours assez vite dans les limites qu’Ils imposaient. En outre, cela occupait l’esprit.
Abby n’avait jamais eu ni l’envie ni le talent pour cela.
Il en était maintenant à se demander comment être effacé à son tour. Il songea à se mettre nu au milieu de tous ces gens et à glisser quelques invitations salaces aux femmes et aux hommes, avec des mots orduriers particulièrement bien sonnés. C’était sans doute un moyen parmi les plus efficaces pour Leur être dénoncé comme déviant et rapidement supprimé : c’était là l’un de Leurs paradoxes.
Sa décision fut vite prise.
En moins d’un tournemain il se retrouva complètement nu. Précédé par la masse énorme et pansue comme un muscle de son sexe, il marchait droit devant lui avec une démarche d’automate.

Il avait manqué de trébucher sur un gros cube de bois de sapin clair, propriété d’un type aux épaules cuirassées qui avait grogné quelque-chose en anglais, puis le noir total. Il s’était retrouvé dans un endroit inconnu de lui où tout était gris et où des gens parlaient, riaient et chantaient très haut.
On l’avait eu, cela avait été bien vite, et si tout allait comme prévu, d’ici trois jours, il aurait définitivement disparu. Il n’y avait plus qu’à attendre. Abby se sentait joyeux, nu autour de ces inconnus qui ne le remarquaient même pas. Il jouissait de ses derniers moments d’existence. Ses derniers mots se bousculaient dans sa tête avec frénésie, et il ne pouvait ni les choisir ni les ordonner, comme en extase. Mourir, c’était quelque-chose qui n’arrivait qu’une fois dans la vie, et il savourait cela, étrangement détaché.
Abby en était encore à enfiler les mots de sa dernière lettre à genesis (qui ne la recevrait sans doute jamais) comme autant de perles à un collier quand elle parut, sans que cela ne lui causât une réelle surprise. Plutôt de l’hébétement. Elle lui jeta presque aussitôt ces premiers mots depuis trois jours qui lui brisèrent le cœur : « ouf ! enfin ! trois jours sans connexion Internet ! tu te rends compte ? mais que c chiant ! tu m’as trop manqué ! tu vas bien mon chéri ? :-) »



Rien à rajouter.
Ha si : bravo.
Voici ma partie.

Citation :
Le serpent des sables est l'animal le mieux adapté au désert. Silencieux, sa morsure est mortelle. Quasi-invisible sur la roche, il se déplace avec une rapidité étonnante.
Celui qui me fait face en est un remarquable spécimen. Ma main s'approche de la poignée de mon glaive. Lentement. Très lentement. Mon nouvel ami dresse la tête et siffle vers moi comme un défi. Glaive empoigné. Je compte les secondes, sans le quitter des yeux. Des gouttes de sueur sur mon front. Glissent lentement.
Une seule chance, vieux. Et un de nous deux meurt. Ma monture, accrochée à un arbre sec, pousse un grognement. Le serpent bondit. Eclair de ma lame au soleil. Tranché. Adieu l'ami.
Elancement. Tranché trop tard. Mordu à l'avant bras, juste à la limite du pourpoint de cuir. Sucer la plaie. Aspirer. Cracher. J'ai trente secondes.
J'entends des bruits de pas dans ma direction. Les gars de la horde. J'appelle. Autour de moi, le désert tourne. Je sombre dans les ténèbres.

***

"Votre compte est indisponible pour le moment. Merci de vous reconnecter dans quelques minutes."
Ben voyons, indisponible. Quand c'est pas ma connexion, c'est les serveurs…
Je descends l’escalier et sors dans la cour griller une clope. J'aime l'odeur de la nuit. Dehors, ça sent le pin et l'eucalyptus. Des bruits dans les broussailles. Il y a de la bestiole en chasse. Je lève la tête vers le ciel. Bourré d'étoiles. Ca fout un peu le vertige. Ca remet les choses en perspective.

***

Un goût amer dans la bouche. J'ouvre les yeux. Je suis allongé sur une couverture râpée posée à même le sol. Une pose-ball. Un feu crépite au centre de la hutte. Un vieux avec un os dans le nez me fixe. Le shaman du clan.
"Bien dormi, guerrier ?"
Je hoche la tête et me relève sur un coude.
"Tu es sauvé. Remercie tes camarades, qui t'ont téléporté à moi assez rapidement. Et loue les Dieux, qui ne voulaient pas encore de ton âme."
Nouvel hochement de tête. "Je peux partir vieil homme ?"
Il me congédie de la main.
Je sors de la hutte, la démarche encore mal assurée. Je suis heureux d'être vivant. Je repense à mon rêve. Une grande pièce, éclairée par des torches sans flamme et sans fumée. Je n'étais pas content. Je ne sais plus pourquoi. Je sortais de la pièce. J'allais regarder les étoiles. Je… Je ne sais plus. J'ai dû me réveiller. Je n'avais jamais fait de rêve aussi réaliste. Ce doit être le venin.

***

Reconnexion. Bon, ça repart. Ce soir, je veux du sang.
Le cliquetis du clavier emplit la pièce. La nuit s’égrène. Visage reflété par l’écran. Totale concentration, le corps immobile et désincarné.
Bon, ça ne répond pas encore parfaitement bien, mais au moins c’est jouable.

***

Dans la hutte, la même odeur de sueur et de soupe aux pois. La même odeur de vieux.
"Tiens, le guerrier. On s’est encore fait mal ? On a besoin du bon docteur ?"
Il ricane, m’invite à m’asseoir.
Je m’exécute. Raclement de gorge.
- Je… Depuis mon accident, je ne suis plus le même. Je fais des rêves. Au début, je n’y prêtais pas trop d’attention, mais ils reviennent sans cesse.
Le vieux ne dit rien. Il m’écoute en silence.
- Je suis dans… dans un lieu étrange. Des voix sortent des murs. De la lumière apparaît et cesse soudain comme si le soleil était devenu fou. Un homme est là. Il commande aux choses, à la lumière.
- L’antre d’un démon, tu me décris l’antre d’un démon.
- Je… tantôt je vois la pièce comme si j’y flottais, tantôt je vois le monde par les yeux de l’homme. La plupart du temps, il est immobile. Seules ses mains s’agitent et tapent en rythme sur une plaque de métal pendant qu’il fixe une fenêtre de lumière.
- Sortilèges. Incantations. Peu de mortels ont pu en voir autant guerrier. Encore moins y survivre.
- Je crois que le démon tente de posséder mon corps, vieil homme. Je crois même qu’il en a le pouvoir depuis longtemps. Seulement depuis l’accident, je le perçois. Je sens son influence. Et je lui résiste. Un guerrier n’est pas une marionnette ! Mes frères me regardent de travers. Ils m’évitent. Disent que je deviens fou. Et moi, je n’ai confiance en personne. Si je suis possédé, peut-être qu’eux aussi. Peut-être même que toi aussi !
Je pose la main sur la garde de mon couteau. J’ai les larmes aux yeux. Un tel sentiment d’impuissance.
- Aide-moi à vaincre le démon, vieil homme. Aide-moi à me libérer.
- Je t’ai entendu. Je dois consulter le Conseil. Reviens me voir dans une lune.

***

La pleine lune. Tout le clan assemblé. Hommes et femmes se donnent la main, en cercles concentriques autour de moi. Un grand feu crépite. Les flammes s’élèvent dans la nuit. Je suis attaché à un poteau. Le vieil homme se tient debout à côté de moi.
Il jette dans le feu une mixture. Les flammes deviennent vertes. Il chante et toute la tribu chante avec lui. Hommes et femmes se courbent et se relèvent en cadence. Les flammes sont bleues. Le chant monte en puissance. Les pieds frappent le sol au rythme de la prière.
C’est l’heure. Enfin. Le démon tente de prendre possession de moi. Je lui résiste avec toute la force de mon clan. Il insiste, mais ce soir, je suis plus fort que lui. Je lance mon esprit vers lui. Avec toute la force de la horde en moi.
Il a peur. Je sens son angoisse alors que je le fais se lever. Il s’agrippe au bureau. Sa chaise tombe en arrière. Il veut tendre la main vers sa plaque magique, mais je contrôle déjà les mouvements de ses bras. Je dirige ses jambes vers la fenêtre. Il tombe au sol. S’ouvre la lèvre. Je le fais se relever. Bras droit. Ouvrir la fenêtre. Il crie, je le laisse faire. Je le fais enjamber le rebord de la fenêtre. J’entends les battements sourds de son cœur cogner dans sa poitrine. Il refuse de tout son être. Concentration ultime. Tout le clan est en moi, je suis en lui. Je pousse. Et il tombe. Bruit mat en contrebas, pastèque éclatée. Le démon est vaincu.
Je me laisse enfin aller. Le vieil homme me détache. Je loue les Dieux de m’avoir donné la force.

***

Nice Matin, juillet 2010
« Encore une victime de l’addiction aux jeux vidéos.
Cette nuit, aux environs de deux heures du matin, un homme de 35 ans habitant la commune de […] s’est suicidé en se jetant par la fenêtre de son appartement du troisième étage. La victime, connue d’après son voisinage pour son tempérament solitaire, aurait développé une forte addiction aux jeux vidéos, génératrice comme chacun sait d’une forte instabilité émotionnelle. Combien de morts encore avant une réaction du législateur ? »
C'est normal que plus ça va dans les textes et plus j'ai les (quelques) poils de mes avants-bras qui se dressent en vous lisant ?
Sinon je vais finir par contacter Gallimard, Le Seuil, Fleuve Noir et qq autres si ça continue.
Sinon au pire, ya Dupuis, Glénat & Co.
Mais ya de l'idée

(merci Fredy mais je me régale itou ^^)
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