Vu que personne n'a encore donné de réponse juridique exacte (ce qui n'est pas une façon de contester l'intérêt des réponses précédentes), je me permets d'ajouter ma contribution.
Le mécanisme légal est assez simple à comprendre quand on le connaît.
En principe, le vendeur doit la garantie des vices cachées de la chose qu'il vend. C'est l'article 1641 du Code civil qui le prévoit, dans les termes suivants :
Le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à l'usage auquel on la destine, ou qui diminuent tellement cet usage que l'acheteur ne l'aurait pas acquise, ou n'en aurait donné qu'un moindre prix, s'il les avait connus.
En principe donc, et si aucune autre disposition légale n'existait, le vendeur de l'immeuble dans lequel du plomb serait contenu pourrait être attaqué sur deux fondements :
1- Soit en nullité de la vente, si la présence de plomb était telle que l'immeuble soit inhabitable. Ce qui voudrait dire rendre le prix pour ton vendeur, rendre l'immeuble pour toi.
2- Soit agir en action estimatoire, c'est-à-dire conserver le bénéfice de la vente, mais exiger, au besoin en Justice, qu'une partie du prix versé te soit rendue.
Seulement, il y a deux règles qui viennent parasiter ce qui précède s'agissant du plomb pour un bâtiment affecté à l'habitation.
La première c'est la règle jurisprudentielle selon laquelle l'article 1641 du Code civil n'est que supplétive de la volonté des parties. En d'autres termes, cela veut dire que tant le "compromis" (en langue juridique : la promesse synallagmatique de vente ; ce qui veut dire, en passant, que tu achètes ton bien en Province, car les Parisiens ne font pas de "compromis" mais des promesses unilatérales de vente) que la vente par acte notarié peuvent contenir une clause disant que le vendeur s'exonère légitimement de toute garantie des vices cachés pour le bien vendu. En pratique, une telle clause est systématiquement incluse. Il doit bien exister quelque part une vente d'immeuble qui aurait été faite sans cette clause d'exonération, mais je la cherche encore. Des milliers de "compromis" et de vente notariée d'immeubles que j'ai vues passer sous mon nez, je n'en ai pas encore rencontrée une seule qui ne contienne pas cette clause d'exonération.
Maintenant, et s'agissant spécifiquement du plomb, il y a une seconde série de règles qui viennent parasiter les deux précédentes. Elle est contenue aux articles L. 1334-5 et suivants du Code de la santé publique et aux articles L. 271-4 et suivants du Code de l'habitation et de la construction.
En schématique, le système légal est le suivant : pour qu'une clause de l'acte de vente puisse permettre au vendeur de s'exonérer de la présence de plomb, il faut qu'un CREP (abréviation de Constat de Risque d'Exposition au Plomb dans la suite de mon message) soit produit à l'acquéreur dès le "compromis" (donc dès avant l'acte notarié de vente) si le bien concerné a été construit avant le 1er janvier 1949.
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Voilà pour la théorie, j'essaye de là d'être un peu plus pratique à partir de ce point.
D'une il faut savoir qu'un immeuble d'habitation construit avant 1949 et qui ne contienne pas de plomb, c'est un peu comme le monstre du Loch Ness : beaucoup prétendent l'avoir vu, peu pourraient prouver qu'il existe vraiment.
Du fait de l'adhésivité des peintures au plomb, il est quasiment systématique d'en trouver dans les immeubles anciens d'habitation. La question n'est donc pas de savoir s'il y a du plomb ou pas. La question est plutôt de savoir s'il y a du plomb en quantité importante, en état dégradé, et dans une situation accessible. S'agissant d'un CREP, la dangerosité est normalement classée avec une numérotation de 0 (pour absent) à 3 (concentration importante, dégradée et accessible). Il faut donc que tu lises en détail le tableau annexé au CREP, qui récapitule tous les points de mesure faits par l'expert dans le bien concerné.
De deux, les conséquences légales sont les suivantes :
1 - Tu peux te considérer comme légitimement libéré de tes obligations découlant du compromis, même si les 7 jours de rétractation sont passés, et même si toutes les conditions suspensives du compromis sont réalisées. Ce qui veut dire que l'agence (car j'imagine que c'est elle qui possède le dépôt) doit te restituer, sans retenue, ton dépôt de garantie (en général 5% du prix de vente en Province). Sachant que, dans une telle situation, tu as peu de chances de trouver un bien équivalent (je parle de la période de construction) sans plomb.
2 - Tu peux carrément jouer au fourbe en signant l'acte de vente notarié, puis agir en action estimatoire en Justice derrière, en agissant en garantie des vices cachés sur le fondement des articles précédents, vu que le CREP n'a pas été produit, contrairement à ce que prévoit la Loi, au stade du "compromis". Succès garanti à 90 % (les 10 % c'est pour la part d'aléa inhérente à tout procès).
3 - Tu peux, comme la majorité des gens dans une situation similaire, laisser courrir, signer l'acte notarié de vente et ne jamais contester quoi que ce soit. Et tu peux alors te contenter de veiller à ce que les éléments dégradés de plomb ne soient pas accessibles à tes enfants, pour éviter qu'ils n'ingèrent des éléments avec du plomb. Ceci dit, et sans vouloir minimiser le risque sanitaire, je connais une personne qui a la soixantaine aujourd'hui, qui a mangé tout le plomb de sa chambre quand il était enfant, et qui est aujourd'hui notaire et sans problème de saturnisme.
Publié par cold case
Il y a en effet, un problème dans la communication des diagnostics, imho, l'agence et le notaire sont fautifs.
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Le notaire a foiré aussi un peu, il aurait du t'envoyer le dossier complet bien plus tot pour te laisser l'étudier et éventuellement apporter des pièces complémentaires.
On a suffisamment à assumer de ses propres erreurs pour ne pas se faire charger de celles qu'on a pas commises. Dans le cas d'espèce, il n'y a rien à reprocher au notaire (mais alors vraiment que dalle), du fait que la promesse n'a pas été rédigée par lui mais par une agence immobilière.