Ton problème est relatif au thème de la modification du contrat de travail. On distingue modification du contrat de travail et modification des conditions de travail. Si la modification des conditions de travail relève du pouvoir de direction de l'employeur et n'est en principe pas attaquable, il en va différemment de la modification du contrat de travail qui nécessite l'accord du salarié pour être valable.
Certains éléments sont caractéristiques du contrat de travail (il étaient appelés substantiels par la jurisprudence jusqu'à récemment): il s'agit de la rémunération, de la qualification professionnelle, de la durée du travail (volume d'heures), de l'horaire de travail (horaire de jour / horaire de nuit), et enfin ce qui nous intéresse le plus dans ton cas, le lieu de travail.
Sur la modification de ton lieu de travail:
On prend en compte les lieux de travail respectifs (pas ton domicile), et on se base sur des éléments objectifs pour apprécier la nature du changement. Si le secteur géographique est différent, il y a modification du contrat de travail, et pas seulement des conditions. Ces règles sont posées par un arrêt de la chambre sociale de la cour de cassation en date du 4 mai 1999 si tu veux faire une recherche (Soc. 4 mai 1999; abréviation par la suite). Le secteur géographique n'est pas une notion précise, on l'apprécie au cas par cas, à l'aide des éléments objectifs. Un secteur géographique peut être constitué par une couronne urbaine, en fonction de l'organisation des transports ( ter --> tgv )...
Dans ton cas, on peut penser que s'il y a 130 km entre ton lieu de travail actuel, et celui où il comptent te "muter", on aura probablement un changement de secteur géographique, et partant une modification de ton contrat de travail à laquelle tu peux t'opposer.
Mais attention à la clause de mobilité que tu mentionnes, et qui peut changer la donne: si elle est valable, sa mise mise en oeuvre est une simple modification des conditions de travail, et un refus de ta part s'analyse en une insubordination constitutive d'une faute grave. Et t'exposerait donc à un licenciement sans préavis ni indemnités (pas glop).
Pour être valable, ta clause de mobilité géographique doit être précise. Elle doit définir précisément la zone géographique d'application (Soc. 7 juin 2006). Ça c'est toi qui sait, il faut que tu regardes ton contrat, moi je ne peux que spéculer là dessus. Mais à défaut de précision, elle n'est pas valable, et on applique les règles vu au dessus.
Attention également s'il s'agit d'un déplacement simplement occasionnel (Soc. 22 janvier 2003). S'il est temporaire, le déplacement en dehors du secteur géographique de l'entreprise peut être justifié par l'intérêt de l'entreprise et par la nature des fonctions que tu exerces. On peut alors considérer, si ces critères sont réunis, qu'ils impliquent une certaine mobilité de ta part. On peut envoyer un chef de chantier bosser à 500 km de son lieu de travail habituel, car c'est justifié par l'intérêt de l'entreprise et part la nature des fonctions du salarié.
Sur la modification de ta rémunération:
Comme vu plus haut, c'est un élément du contrat de travail (Soc. 19 mai 1998): aussi bien la rémunération elle-même que le mode de calcul de la rémunération. Attention cependant à distinguer selon la source de ta rémunération: est-elle prévue par ton contrat de travail, auquel cas sa modification touche au coeur du contrat, ou alors conventionnelle, légale ou encore résultant d'un usage de la profession (convention ou accord collectif, SMIC ...) ? Dans ce dernier cas tu ne peux rien faire, puisqu'on ne fait que t'appliquer un statut collectif ou la loi.
Ici aussi, on retrouve des incidences de ta clause de mobilité. Parceque sa mise en oeuvre peut avoir des effets sur ta rémunération. Le principe étant que l'on doit conserver une neutralité salariale. Il y a un arrêt récent à ce sujet (Soc. 15 décembre 2004): on avait une salariée d'une société qui touchait 10% du chiffre d'affaire du magasin où elle bossait. Sa clause de mobilité est mise en oeuvre, et elle se retrouve dans un magasin à pétaouchnok où le chiffre d'affaire est beaucoup moins important. Elle subi une perte de rémunération. Cela s'assimile à une modification de la rémunération. L'employeur est alors tenu de mettre en place un mécanisme de compensation: indemnité différentielle par exemple.
C'est intéressant pour toi, car tu mentionnes une perte salariale de 250 euros, c'est à dire une modification de ton contrat de travail. Par ailleurs, si tu avais déjà subi une perte de salaire lors ton dernier changement de lieu de travail, tu pourras formuler une demande de paiement de l'indemnité différentielle à laquelle tu avais droit (dans la limite de 5 ans, mais osef, parceque ça fait 5 ans que tu bosses pour eux).
Bon il me reste à dire des choses sur les conséquences de tout ça, et aussi sur la question de la possible mauvaise foi de l'employeur. Je fais une pause et je reviens vers toi. Vois déjà si ça t'éclaire un peu ou pas.
En tout cas tu m'offres un cas pratique intéressant pour mes révisions
Je ne suis pas sur qu'un licenciement pour faute t'ouvre des droits aux assedic, il faudrait verifier :/
Si si, aucun problème. Tu es indemnisé en cas de perte involontaire d'emploi.
Fautes simples justiant un licenciement: congé payés, préavis, indemnité légale ou conventionnelle, assedics
Faute grave: congé payés, assedics
Faute lourde: rien. (mais elle suppose une intention de nuire à l'employeur, c'est super rare, et il faut le prouver).