Publié par toutouyoutou
D'accord. Bon, voilà la méthode alors.
Une introduction : tu y présentes / justifies le sujet (place dans l'histoire de la pensée, importance du problème posé, etc.), tu y définis les termes du sujet, tu y présentes ta problématique et tu achèves sur l'annonce et la justification du plan que tu as choisis.
J'ajouterai même que les sujets sont à la hauteur d'un élève de terminale, quoique ceux-ci puissent en penser. Ils sont à portée de main, à portée d'esprit : il suffit de le tendre un peu, de prendre la question simplement dans un premier temps, de voir ce qui résiste à une réponse, là se pose le problème.
On parlait ci-dessus de Deleuze, très bon exemple m'est avis, car une des idées principales de son ouvrage est génialement simple : c'est le retour systématique de la pensée sur un objet (objet pour la pensée, s'entend) qui permet la génération d'un concept. Ce concept, si limité, si limitatif puisse-t-il être, tu es censé le présenter dans ta conclusion.
La place dans l'histoire de la pensée est inutile. Je dirais même plus, elle est inutile, de crainte de sombrer dans la doxographie. Le professeur de philosophie a hélas lu Hegel et Nietzsche et a une vision de l'Histoire de la Philosophie qui n'est pas chronologique.
Dans ton développement, la forme vers laquelle tu dois tendre est la suivante : trois parties, qui se divisent elle- mêmes en trois sous- parties chacune, qui se divisent elles- mêmes en trois points, chaque point correspondant à une idée et un exemple (souvent issu d'un auteur).
Au niveau BAC, si tu fais ça, ton prof pleurera de joie et te baisera les pieds, ne serait- ce que pour la maîtrise formelle de l'exercice.
NB : chaque partie et chaque sous- partie doit être équilibrée en volume et en contenu (c'est un impératif rhétorique).
Au lycée ou en prépa, cette méthode est certes archétypale, mais elle n'est jamais effective ; c'est un concept limitatif de l'action technique, rien de plus ; c'est le devoir - maxime universalisable en une loi de la Nature - de l'étudiant, mais rien n'a jamais été accompli par devoir.
Si tu dois avoir quatre parties, tant pis ; préfère épouser les contours de ta pensée plutôt que ceux du formalisme. La logique n'est jamais uniquement formelle, elle est avant tout dans le raisonnement. "Il fait nuit, je suis brun, donc je mange des pâtes.", voici qui est parfaitement logique formellement, équilibré (trois parties, divisées en trois sous-parties), mais qui ne rime à rien du point de vue du raisonnement. Je me rappellerai toujours d'une dissertation que j'avais rendue en fin de terminale ; j'avais fait une introduction effroyablement grande - plus d'une copie double -, suivaient deux parties aussi longues, et une troisième partie de trois copies ; c'est un cas extrême, mais j'eus 19. Tout cela pour dire qu'une pensée bien articulée, cohérente, argumentée, avec des exemples concrets, littéraires ou mythologiques (et dans ces deux derniers cas, on ne dit pas "comme le fait untel...", mais "comme peut le symboliser/figurer untel..."), fera toujours oublier une certaine liberté formelle.
Ne me faites pas dire non plus ce que je n'ai pas dit, je suis tout sauf un partisan du bordel formel avec des parties dans tous les sens et des paragraphes à foison. Trois grandes parties, avec comme caricature le "oui, non, peut-être", et avec comme paradigme déjà bien plus conseillé, utile et efficace le "dogmatisme, scepticisme, critique".
Sans trop verser dans Boileau : "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément..." Bref, construire une pensée et une argumentation solide doit toujours prévaloir à la forme ; le problème soulevé et diverses thèses doivent précéder un plan.
Pour revenir au sujet : la question est une, c'est une phrase, cette phrase fait dans son entier, sens. Sauter sur le premier mot qui sonne un peu mystérieusement à tes oreilles est une erreur - d'autant plus quand le mot recouvre une notion fort contestable.
"L'homme est-il un être inconscient ?" : la question est pourtant simple. Elle trait de l'homme, jusque là tu as le matériau sous la main ; elle place par le terme d'être, la question dans le champ de l'universel, et "inconscient" est un adjectif qualificatif qui se rapporte au nom commun "homme". En termes grammaticaux : le nom commun "homme" peut-il être qualifié d'"inconscient" ? Je reformule : "Tous les hommes ont-il un inconscient ?" Non pas mon voisin de pallier, non pas les jours de pleine lune, non, tous les hommes sans exception ont-ils perpétuellement un inconscient à l'œuvre ?