[BG] In Nomine Matris (Cultiste - Nehekhara)

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(Ne connaissant pas le BG de Warhammer, je m'excuse par avance des incohérences potentielles qui se seraient immiscées. Tel à priori le fait que l'on ne soigne pas les mutants dans l'Empire mais qu'on les brûle).


Nous habitions un petit village en bordure nord de l’Empire.
La vie y était paisible, mais si prêt de la frontière l’influence du chaos se faisait souvent sentir. L’horizon était toujours entaché de nuages violacés à l’aspect sirupeux. Les jours de grand vent une odeur putride, soufrée venait jusqu'à nous accompagnée de sourds grondements comme issus des entrailles de la terre.

Certains soirs une bête mutante venait roder à l’orée du bois, trop proche des habitations. Les paysans et les jeunes garçons robustes s’armaient alors des faux et des fourches et partaient affronter la bête. La lutte était toujours âpre, et nombreux étaient ceux qui revenaient griffés ou mordus.

Dans le village la terre était ingrate. Elle ne fournissait que de maigres légumes et des plans de blé chétifs. Nous n’avions pas de quoi nourrir un cochon et seul un voisin à qui nous achetions parfois des œufs possédait quelques poules.

J’avais sept ans. Au village, il n’y avait pas d’école et la petite fille que j’étais devait s’occuper de la maison, du linge et de son petit frère. Parfois, avec le piège de Papa je réussissais à attraper un rat ou une corneille qui venait agrémenter la soupe. Pendant ce temps, lui était aux champs. Ma mère était tombée malade et depuis cinq ans elle vivait au dispensaire dans la ville de l’autre coté de la colline.

Mon père disait qu’elle avait perdu la raison et que le Changement rongeait sa chair et ses os. Nous n’étions jamais allés la voir et je n’avais aucun souvenir d’elle.
Mon père voulait me voir devenir infirmière, il voulait que j’aide les gens atteints de mutation, que je m’occupe de ceux qui n’avaient pas eu de chance face au chaos. Bien sur nous n’avions pas les moyens de m’envoyer étudier à la ville, alors j’ai appris quelques trucs avec la vieille rebouteuse du village. Après sa mort je me suis débrouillée seule pour collecter les herbes, préparer les cataplasmes et soigner les fièvres et les plaies des paysans. Mes connaissances étaient limitées et le résultat parfois aléatoire.

Un jour une ombre gigantesque s’est abattue au dessus du village telle une langue de chaos s’échappant d’une gueule béante, se déroulant d’un horizon à l’autre en à peine quelques minutes.
Tout le monde s’était arrêté de travailler et observait d’un œil inquiet le phénomène. Le chaos ne réussit à s’épancher hors de ses frontières que rarement, déchirant les plans de la réalité en des attaques fulgurantes.


Un bourdonnement emplit soudain l’air nauséabond. Un instant plus tard sous un ciel devenu noir, fondirent sur nous en un flot frénétique des éléments indescriptibles : tels des kystes de chair ou des nœuds de tissus cloqués qui s’écrasaient au sol en une gerbe de sang gluant accompagnée d’un gargouillis liquide écœurant. Tous ne touchaient cependant pas le sol et nombre d’entre eux s’abattirent sur les villageois muets d’horreurs.

Mais le silence fît bientôt place à des hurlements. Chacun de ces immondices purulents se transformait au contact de la peau en une tumeur palpitante s’intégrant à la chair et pénétrant les membres.
Cachée sous une charrette, j’assistais épouvantée au sordide spectacle. Fous de douleurs les villageois se griffaient jusqu’au sang pour arracher les furoncles qui prenaient possession de leurs corps. Ils imploraient l’aide de quelqu’un en des plaintes inarticulées.

Quelques secondes plus tard le ciel s’ouvrit et le chaos reflua vers ses terres. Le mal avait fait son œuvre, il se retirait laissant derrière lui des corps convulsifs couverts de bubons suppurants distillant des humeurs fétides.
Assourdies par les cris je me décidai à leur venir en aide. J’étai la soigneuse, leur unique espoir.
J’attrapai mes outils, mes flacons et mes herbes et commençai à improviser la chirurgie qui me permettrait d’extraire les abcès informes de la chair boursouflée des hommes, des femmes et des enfants, étendus haletants à mes pieds.
J’ouvrais, plongeais les mains, retirais des amas sanglants, recousais, pansais, priais.

La nuit tomba. Les geignements s’étaient tus dans les gorges mais les cœurs avaient cessé de battre. Mes efforts avaient été vaincs et j’étais entourée tremblante des dizaines de cadavres que j’avais ouverts pour tenter de les sauver. Mon père était mort, s’empalant sur le soc d’une charrue pour mettre fin à sa torture. Seul un cri, strident, perçait encore au cœur de la nuit, gravant des sillons de douleur dans mon crane tel un scalpel sur un os. Mon petit frère vivait toujours. Je me savais incapable de le sauver. Je le serrais contre moi jusqu'à l’aube, jusqu'à ce qu’il se taise, qu’il expire, la mâchoire encore crispée comme si son supplice l’avait poursuivi au-delà de la mort.

Hébétée, épuisée, couverte de sang et de terre je me relevai tenant le petit corps sans vie contre mon cœur. Je me mis à marcher, chancelante en direction de la ville, mes larmes traçant des sillons dans la crasse de mon visage. Je devais rejoindre ma mère, cette femme que je ne connaissais plus mais qui était tout ce qui me restait. Et je devais étudier; Il fallait que je comprenne les mécaniques du corps, ce qui le transformait, ce qui le maintenait en vie. Il fallait que je sache ce que j’aurai pu faire la nuit passée.

Je marchai deux heures en direction de la ville, trébuchant et m’écorchant les genoux, ivre de fatigue, vers le havre de paix que je croyais pouvoir trouver. Mais ici aussi les forces du chaos s’étaient abattues et je découvris une ville aux murs éventrés noyée sous une pluie de cendres, témoin de la tempête de feu qui s’y était déchaînée.
Arrivée au portes de la ville je m’effondrai, exsangue, vide de toute espoir.

Une énorme silhouette s’approcha, une armure fumante aux yeux de braises. Le guerrier me souleva. Il me regardait intensément, me sondait, semblant apercevoir le germe de folie qui avait trouvé son terreau dans mon esprit cette nuit là. Un rire caverneux résonna dans l’immense carcasse. Il arracha à mes bras le corps de mon petit frère et le jeta au loin tel un morceau de chiffon et m’installa à califourchon sur son épaule. Je perdis connaissance.

Depuis ce temps je vis à la cité inexorable. Le guerrier est mon protecteur, son courroux, mon bras armé, son sang, mon sang. Et à chaque combat je le suis, sur chaque champ de bataille. Et là j’apprends, comme je l’ai toujours fait, non dans les livres mais dans les chairs : celles de l’ennemie, des blessés, des prisonniers. Je fouille les gorges, je sonde les abdomens, je palpe, je mesure et j’inventorie les organes. J’apprends à réparer les corps.

Tu vois Papa, finalement, j’ai suivi tes conseils : J’aide les mutants !
Et je le fais au nom de ta chère épouse, que tu as lâchement abandonné et caché à tes enfants. Au nom de ma mère : In Nomine Matris. Tel sera désormais mon nom !


Cet écrit m'interpelle, d'ailleurs ça fait quelque temps que le BG des cultistes me turlupine...

Quelqu'un pourrait m'en dire plus sur la naissance de la corruption ?

Sur ce qui apporte le chaos et fais tant succomber ?
Sur le moment où tout bascule, quand on devient chaotique, pourquoi, par quel motivations, suite à quels évènement dans sa vie humaine ?
Quels interventions extérieurs, et interactions y a t'il entre la victime et les "hautes instances du chaos". Comment rejoint-on les rang ensuite (est-ce plutot une sorte de guérilla, d'infiltration, de conscription plus militaire ?).
Est-ce que le culte envers les dieux est essentiel ?


Car je connais mal le BG et je vois un certain parallèle faisable avec le vampirisme, du moins dans la symétrie de la construction de ces deux "mythologie".
Hello !

Avant toute chose, j'admire profondément ton écriture. J'ai scotché directement au style et impossible d'en décoller, félicitations. J'en suis jaloux

Je trouve que tu as bien réussit à contourner le soucis qu'on a souvent pour expliquer en quoi les cultistes de Tzeentch seraient des maîtres guérisseurs et sauraient jouer avec la vie.

Je vais tenter ensuite de répondre aux questions de Samial en parlant de ton texte, et du mien, que j'ai posté en profitant de cette occasion sur ce même forum.

Dans ton récit, la corruption s'abat sur le village comme un nuage de sauterelles le ferait sur un champ de culture : partant aussi vite qu'il est arrivé, mais ne laissant que dévastation sur son sillage. Une pluie torrentielle de souffrance et de mort.
C'est très beau, et très imagé. Et personne ne pourra dire que le Chaos ne se manifeste pas de cette manière.

Tu parles aussi, et tu en fais même un aspect central de ton récit, du fait que ton père veuille te faire infirmière, pour aider les mutants. Certes, tu tournes ça bien et le reprend de manière tout à fait remarquable à la fin du récit. Mais. (oui, mais). La corruption dans l'Empire est très mal perçue. Par les gens, les paysans, les militaires, les hospitaliers, par tout le monde. C'est pour cela qu'il y a des répurgateurs, pour chasser la corruption au coeur de l'Empire. Il n'est absolument pas question de compassion pour un mutant. Les personnes touchés par le Chaos (qui n'est jamais référencé en tant que tel dans l'Empire) sont voué à une vie solitaire dans les forêts de l'Empire parmi les hommes bêtes et les vagabonds. Rien de bien glorieux.

Au sujet de la corruption, je vous conseille la lecture de ce diptyque de la bibliothèque interdite :
- La Marque de la Damnation
- La marque de l'Hérésie

Tu racontes ensuite comment, grosso modo, tu as rejoins les rangs des forces du Chaos. Tu as été enlevée. C'est tout à fait plausible et très courant. Il y a deux sortes de manifestation du Chaos pour l'Empire. Il y a les forces militaires du Chaos, qui régulièrement fondent sur l'Empire depuis le nord en d'immenses incursions. Il y a aussi "l'ennemi intérieur", que chassent les répurgateurs. C'est toute la racaille des cultes du chaos et des sectes démoniaques qui pullulent dans les cités impériales. Mon cultiste en fait par exemple partie.

Pour ce qui est du basculement, je vous conseille la lecture de ce roman de la bibliothèque interdite :
- Les Cavaliers de la Mort
Selon moi un des meilleurs tome du bg de warhammer

Bon après tu n'attendais peut être pas ces commentaires sur ton bg qui est très bien je voulais juste m'en servir pour répondre aux questions qui ont été posées.

Pour les autres questions, c'est un peu long. Chacun est touché par le chaos d'une manière différente. Evidemment, la localisation géographique y est pour beaucoup. Les paysans du Reikland seront beaucoup moins inquiet de la menace du Chaos que ceux du Nordland. Ensuite, il ne faut pas oublier que le Chaos représente tout les travers des humains, et les dieux ne sont que ce que les humains veulent bien les laisser être. Ce sont les sentiments des adorateurs qui façonnent leurs dieux. Et donc, chacun, corrompu ou pas, sera plus ou moins touché par les facettes du Chaos, parce que le Chaos est dans toute chose, que ce soit les arts, la magie, la science, les arts martiaux, etc. Il faut seulement savoir faire la part des choses et se préserver d'aller trop loin pour éviter de basculer dans les traits carricatuaux que propose le Chaos.
exemple : je suis un sorcier, je veux toujours en savoir plus, toujours connaître tout sur toute chose, nécessairement, au bout d'un moment, le seul qui pourra satisfaire ma soif de connaissance, c'est Tzeentch. Et je devrais résister à la tentation de cette connaissance, qui a un prix énorme : l'humanité.
Il en va de même pour tout le reste.

L'appartenance au Chaos n'est jamais clairement définie. On ne devient pas chaotique du jour au lendemain. C'est progressif, et on se rend souvent même pas compte du moment où on est indéniablement chaotique. Cependant, une fois les cultes rejoins, on progresse comme dans toute société, sauf que le prix de l'échec dans le Chaos est terrible. Parfois, les dons des dieux sont trop de choses à supporter pour l'adorateur, qui succombe au Chaos en ne laissant qu'un amas de chaire décérébré et inhumain. Ce sont les enfants du Chaos. (bcp sont visibles dans les désolations du chaos dans le jeu). D'autre grimperont les échelons, passeront de vulgaire kurgan à guerrier du chaos, puis à élu, pour devenir champions, puis éxalté et enfin Seigneur. Un seigneur qui a fait preuve d'une survie exemplaire se verra récompense de manière ultime : il accèdera au rang de démon pour devenir un Prince Démon.

Bon je crois que j'en ai assez dit...si quelqu'un voit des absurdités, n'hésitez pas à me corriger

Karl
Je te remercies beaucoup pour ta réponse Karl.
Je n'ai pas acheté les livres que tu m'a conseillé, mais j'ai eue l'occasion de les feuilleter.
Et c'est vrai qu'ils répondent bien à mes questions.
En fait le chaos est donc à la fois comme un mélange "d'ère d'influence", "de tentation d'un mieux-être", et aussi un fatum "tel une maladie" (un fléau ou un nuage de sauterelles).
En tout cas, j'aime bien cette idée, ces différentes dimensions qui se recoupent et amènent ce changement.
Je trouve ça beaucoup plus aboutis que "le côté obscur de la force" par exemple, ou alors "l'anneau -objet- corrupteur" de LOTR. Car même si c'est la mécanique en jeu pour War, elle fait moins manichéenne, et, je me répète, plus fatalité.
Je ne me trompe pas ?

Au fait la difficulté que tu soulèves sur la difficulté à expliquer les dons de soigneur des cultistes, c'est uniquement vis à vis du BG de warhamer online, ou alors pour la version JDR ?
En fait, que les cultistes manient l'art de la médecine, ca ne me choque pas tant que ça, même s'ils doivent être peu nombreux à le faire cependant.
Un cultiste dans le monde de warhammer, pour moi, c'est probablement un membre d'une secte interdite, probablement une personne qui a un rôle dans la société impériale en temps normal, probablement un grand manipulateur, qui prend probablement part à des rites secrets visant à invoquer des démons, à détruire la récolte du village, à maudire tous les nouveaux nés de cette année, etc.

Mais il peut être tout autre chose. Car le Chaos n'est pas vraiment figé ni saisissable en tant que tel. Un cultiste qui vit parmi les hordes nordiques seraient alors plus proche d'un chamane. D'un sorcier de village. Et là on retrouve le cultiste de warhammer online, qui manie les arts occultes et la sombre magie. Il sait guérir, faire mal, etc.

D'un autre côté, même si on sort du contexte, les deux autres classes de soigneurs du côté de la destruction ont le même problème. Dans l'univers de warhammer, un chamane gobelin est un petit gob qui manie une sorte de magie appelée la "Petite Waaagh" dont la puissance dépend du nombre de peaux vertes qui l'entoure. Il est à noté que c'est une magie aussi dangereuse (voire plus) pour le chamane que pour ses ennemis. Là encore, dans l'univers il n'est jamais question de soins directement, mis à part le fait que ce soit un chamane et que donc oui il peut connaître les arts de la médecine des plantes, heu pardon, des champignons, par exemple.
Par contre, du côté des elfes noirs...ca colle par vraiment. Certes on peut dire qu'un elfe noir sait maintenir une victime en vie pour pouvoir la torturer plus longtemps. Mais guérir ceux qui tombent au combat ? jamais ! s'ils meurent, c'est que leur sang appartient à Khaine et il serait inconcevable de retirer à un don à sa divinité. Les disciple, ca colle vraiment pas.

Mais je dévie sérieusement...

Si une chose est sûre, c'est que warhammer n'est pas manichéen, malgré les apparences simplistes. Je pense que le récit de In Nomine Matris le montre assez bien. Les bons et les méchants ne sont pas définis à l'avance et la destinée des habitants de warhammer n'est nullement prédéfinie. Alors oui, on a les gentils elfes et les méchants elfes. Mais dans l'histoire, ils ne formaient qu'un peuple à l'origine. Quel est la raison du schisme ? le chaos ? quel chaos ? quelle forme du chaos ? pourquoi les nains du chaos ? pourquoi les skavens ? pourquoi les orques ? les peaux vertes ne sont ils pas une forme du chaos dans warhammer ? au sens plus large du terme ...

Pour moi, le Chaos est dans toute chose, il est partout, et change selon la perception de chacun. De la manière que le Chaos se manifestera à chacun différemment, chacun a une réceptivité différente. Cf les cavaliers de la mort, où plusieurs soldats sont faits prisonniers, certains résistent (et meurent) d'autres sombrent imperceptiblement au chaos sans s'en rendre compte.

Je tourne en rond non ?
Bonjour pour répondre à la question du pourquoi et du comment l'on devient un adorateur des dieux ténébreux.

Tous d'abord, il faut savoir ce que sont les dieux du chaos dans warhammer. Ils sont les manifestations des plus fortes émotions humaines, c'est à dire de la colère (Khorne), de l'espoir (Tzeentch), du désespoir (Nurgle) et du plaisir (Slaanesh).

Après il y a 2 catégories, ceux qui vivent au nord (norsca et au niveau des désolations du chaos) pour eux se sont leurs dieux et vu leur puissance ils n'ont que d'autre choix de les vénérer et ceux qui vivent au coeur même des civilisations humaines (Empire, Bretonnie, Kilsev etc...). Pour eux, le chaos est un moyen de s'élever rapidement dans la société (surtout pour les adorateurs de Tzeentch). Par exemple un petit noble, qui a très peu de pouvoir et qui cherche à en avoir plus, sera amené à donner son âme a Tzeentch en l'échange de ses faveurs et rejoindra un des nombreux cercles d'adorateurs de Tzeentch qui vivent leur cultes caché de tous (surtout des répurgateurs et autres templier de sigmar).

Sinon très peu de paysans rejoignent les rangs de Tzeentch ou sinon c'est qu'ils ont quelques pouvoir magiques intéressant aux yeux de tzeentch. Ils rejoignent plus Nurgle car dans l'Empire les paysans sont beaucoup plus sensibles aux maladies que les nobles. Et grand père Nurgle est très généreux

PS: Très bonne nouvelles en tout cas
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