[BG] Les Jumeaux Aquiloniens

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Voici les personnages que Kalysto et moi incarnerons sur Age of Conan. Nous avons lu Howard, et tiré l'Aquilonie à son maximum de potentiel. En espérant que vous prendrez autant de plaisir à les découvrir que nous en avons eu à les rêver.
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Le choix délibéré du mal est un acte de civilisation.

Regardez ces corps sur lesquels on s’est acharné. Des jumeaux c’est elle qui a toujours eu le plus de furie, le plus de violence. Et le plus d’entêtement. Elle a un corps taillé pour ça. Les réflexes d’une panthère et l’éducation d’une grande famille Aquilonienne.

Elle renverse la tête en arrière. Ses cheveux sont poisseux. Elle a supplicié le dernier au couteau, entre deux lampées de vin de Corinthe. Sur la fin il n’avait plus sa raison.

Elle n’a pas besoin de connaître leur nom. Puisqu’ils sont des objets. Puisqu’ils sont là pour qu’elle ait du plaisir. Elle aime bien faire durer les choses. Ca la fait rire. Elle en jouit doucement, puis comme un flot tumultueux. Elle s’appelle Nellchenn.

Son frère est assis et admire sa sœur. Il se sent rempli de la voir si heureuse. Mais lui est fatigué. Son physique tranche d’avec elle. Il a moins de muscles dans ce monde qui est portant offert aux barbares. Sa place conviendrait mieux à une fête de nobles invertis, entre des catins et des cruches de vin. Ce soir il porte une chemise claire à lacets et des braies à carreaux. Il se nomme Cortian.

Ses pièces d’armures entrecroisées de ceintures de cuir reposent à côté de lui. Elles sont lourdes à porter. Pourtant il a des ressources cachées quand la haine du combat se fait jour. Il a envoyé tout à l’heure un assaillant valser. Les cervicales brisées. Son rire est léger, et ressemble à s’y méprendre à celui de sa sœur. Il a les mêmes yeux clairs qu’elle. Dans un monde d’ennui et de bohème, il s’amuse beaucoup parfois.

Ces deux là sont une seule personne. Ils pensent ensemble, vivent ensemble, dorment enlacés comme des chats. Chacun a l’intuition permanente de ce que l’autre va faire. Leur gémellité inquiète. On dit qu’ils sont incestueux. Qu’ils n’auraient jamais dû vivre. On a peur de leur lien obscène, de leur manière de vous parler ensemble, l’un commençant une phrase et l’autre la finissant.

Cortian se lève. Il s’approche du chef de la bande, qu’ils ont attaché à un arbre. Ils l’ont déjà tant frappé que son visage est une mélasse de chairs et de sang. Le frêle jumeau lui ouvre le ventre avec un couteau, assez pour y glisser sa main. Le hurlement lui importe moins que le regard de Nellchenn qui baigne sa nuque. Il sent les intestins, se colle à l’homme et mime un va-et-vient en réunissant ses doigts. Ca lui fait penser bizarrement à une jeune stygienne, loin au sud, sur un ponton rendu râpeux par le sel marin. Il est très excité.

Mais soudain, comme souvent, tout l’agace. Il sent la colère et la lassitude monter en lui. En même temps. De ces deux amants dépareillés il ne peut sortir que des monstres. Il retire sa main, enfonce violemment ses doigts dans la bouche de l’homme. Ouvre, force, ouvre encore. Nellchenn rit. Il sent la résistance des tendons. S’aidant des deux mains il fait tout craquer. Disloque la mâchoire. Puis la jette.

Ils sont maintenant nus dans l’étang, se lavent réciproquement et chuchotent. Ils adorent dialoguer, leur puissante éducation Aquilonienne leur a enseigné le mépris des races barbares. Pourtant ils trouveront refuge à Onarius, juste avant sa destruction. Puis ils resteront avec ce clan sans que l’on sache vraiment les raisons de cette alliance, tellement aux antipodes de ce qu’ils sont.

Les jumeaux sont fragiles comme tous leurs frères humains. On trouve bien meilleur combattant qu’eux dans toutes les villes du monde. Un jour ou l’autre, ils n’auront pas la chance qu’ils ont eue ce soir. Un jour ou l’autre ils mourront. Et il n’y aura plus rien. C’est insupportable de penser à ça quand on est jeune. Et ils y pensent.

Oui, ils sont un spectacle en eux-mêmes. Libertins, poseurs, lettrés, ils ont troqué consciemment les dieux et les traditions contre le primat de leur seule jouissance. Seule une Aquilonie malade a pu engendrer une liberté aussi nauséeuse, aussi authentique, aussi subversive. Ils séduisent, avilissent, s’avilissent. Souffrent et font souffrir. Explorent. Leur mélodie est celle des fluides : encre, sang, foutre et vin. Leur sadisme est sans limite.

Ne les jugez pas trop vite. Ils vous parlent d’un endroit qui vous déstabilise. Ils sont libres. Enlevez-leur tout, mais pas leur humanité. Ils sont profondément humains. Et dans cet excès, cette jouissance du désir, ils échappent au jugement.

Ils sont vautrés sur des canapés rouges, dans une pièce aux sombres tentures. On y entend crier parfois. Cette pièce vous est familière.

Dans la part obscure de nous-même, il y a des chemins qui nous mènent aux jumeaux.







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Guilde Loge Onarius
http://spellborn.onarius.net/forum
Très bon, j'adore le style et du dessin et du texte (surtout du texte).

Personnages mystérieux, fous et à la fois charismatiques (le dessin aide beaucoup à l'immersion, c'est ton oeuvre?)
Bref, si tu nous ponds encore d'autres récits de ce genre, je vais être fan.
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