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Amis rôlistes, bonjour  . Je poste ici ma toute dernière nouvelle rp. Comme vous le verrez, je me suis offert quelques libertés sur le background de Warcraft, n'ayant trouvé aucun article qui les contredise. Je vous invite toutefois à me faire part de vos remarques si vous rencontrez des erreurs de background (en particulier au sujet de ces libertés  ) ou des choses qui vous paraissent perfectibles.
Merci et bonne lecture  .
Une lumière aveuglante
Pourquoi combattons-nous, nous autres, champions de la lumière ? C'est la question qu'avait dû oublier de se poser le prince déchu, celui qui éclaboussa la perfection immaculée qui caractérisait la réputation de notre ordre laissant ainsi une tache sombre qui défiait en ténacité le sentiment de trahison qui régnait au sein du peuple à notre sujet, et par la-même sa réponse : parce qu' « il existe un équilibre entre lumière et ténèbres qui doit être préservé, et cet équilibre est la cible permanente d'assauts par les forces maléfiques. Il nous appartient donc de pourfendre le mal afin que cet équilibre ne soit pas rompu. » Cette rengaine, Balador dit « le Brillant » me la sortait toujours lorsque je voyais du haut des mes neuf ans le cortège funèbre revenir à la ville transportant les carcasses de ceux qui avaient combattu et qui étaient tombés pour avoir voulu protéger l'équilibre : la variété des formes et des tailles des carcasses n'était pas exactement le genre de vision vous donnant envie de grandir et de partir connaître le même sort au sein de l'armée : des carcasses plus ou moins complètes, qui portaient des marques de morsure et de griffures de goules, des entailles béantes auxquelles les colossaux hachoirs des abominations m'avaient habitué, des trous de la taille d'une balle de tromblon mais qui ne me trompaient plus maintenant que je savais les attribuer sans mal aux projectiles des seigneurs des cryptes et d'autres marques témoignant de l'effroyable bataille contre les serviteurs décharnés de l'assassin de mon père. Oui, Balador avait été affecté à la défense d'un avant poste qui protégeait la base où le légendaire paladin Uther Lightbringer portait les cendres de notre roi, lui aussi assassiné par le même assassin. Des rares survivants, je sus ce qui c'était passé ... ils étaient tous morts, Arthas avait pour on ne sait quel obscur dessein eu besoin de l'urne. A peine passé dans la camp de l'ombre, on aurait pu pensé que le prince était encore faible ... il n'en était rien, les avant-postes fumants cachaient sous leurs décombres les carcasses des paladins et des soldats qui avaient tenté d'arrêter Arthas parmi lesquelles celle de mon père puis plus loin le corps mutilé d'Uther. Bien évidemment, l'urne avait disparu ... et le mince espoir que les habitants du royaume en lambeaux nourrissaient encore avait connu le même sort. Après avoir trahi notre ordre, tué notre souverain, détruit notre royaume, exterminé et réanimé nos citoyens pour qu'a jamais ils le servent dans la mort, il avait tué mon père et massacré celui qui fut mon idole quand j'étais jeune et celui qui lui appris tout ce dont il se sert à présent pour combattre ceux qu'il avait juré de défendre. Il était destiné à être le mal : personne ne peut faire ce qu'il a fait sans avoir, écrit dans ses gènes, l'affinité avec l'ombre suffisante pour être ce qu'il devait tôt ou tard devenir, quoi qu'il se passe. Oh bien sur, j'avais nourri une haine que l'éducation d'un paladin, malgré tout ce qu'on peut croire, ne pouvait manquer de développer dans le coeur d'un jeune garçon que l'on privait de son père. Inévitablement, la fureur inquisitrice héritée de mon père qui flamboyait dans mon coeur avait changé cette haine en désir de vengeance, et j'avais suivi les pas de mon père et était entré dans cet ordre dont on peine aujourd'hui à prononcer le nom, l'Ordre De La Main d'Argent, en ayant sans mal réussi à cacher mes véritables intentions en prétendant vouloir reprendre le flambeau de mon père pour prouver que l'idéal qu'il défendait n'était pas mort avec lui même si je savais qu'il n'en était rien et que mon père n'avait en fait été qu'une victime supplémentaire de l'ardente ferveur qui caractérisait tous les membres de cet ordre fanatique. Je les avais servis de nombreuses années en effectuant différentes tâches que je considérais dégradantes et indignes de ma lignée mais toutefois nécessaires pour prouver ma valeur et obtenir enfin l'opportunité d'assouvir ma vengeance. J'avais défendu les villageois contre les goules, en restant seul devant ces monstruosités pendant que ces pleutres se terraient chez eux comme si la fourche dont ils se servaient pour le foin ne constituait pas une arme suffisante contre ces frêles laquais de l'ombre. Bien sur, une fois le combat fini, ces couards n'avaient pas manqué de sortir de leur maison et de se confondre en hypocrites « Mercis mille fois, mon seigneur » , conscients qu'il était dangereux de s'attirer la colère des champions de la lumière en ne respectant pas un de leurs membres, même si je savais qu'ils n'avaient pas plus de respect pour moi qu'ils n'en avaient pour eux-mêmes, ces lâches. Et puis ils m'avaient confié ma première véritable tâche, celle de raser une base mort-vivante établie dans les prairies ravagées par le fléau de Tristfall.
Lorsque j'arrivai enfin à notre base établie sur le front, je compris ce que les corps meurtris qui s'empilaient dans les chariottes des cortèges funèbres « empruntées » aux villageois avaient dû affronté lorsque la ferveur guerrière les animait encore : tout en sachant que les morts vivants ne pouvaient être atteints par la maladie, je me demandais si les goules qui avaient attaqué le village n'étaient pas affaiblies par une quelconque maladie lorsque j'affrontai des hordes des goules d'une férocité et d'une solidité sans précédent dans toute ma courte existence de traqueur de morts. Mais celle-ci paraissaient presque inoffensives en comparaison de la créature rafistolée colossale (dont la seule vue me convainquit qu'il n'était de nom plus adapté que celui par lequel on désignait ces engeances) qui nous avait chargés avec une vitesse stupéfiante pour un amas de chair cousues. Mais son énorme hachoir ensanglanté n'avait lui en revanche rien d'une arme de fortune (quoique un peu émoussée, il est vrai). Et la magicienne elfe qui nous suivait le découvrit à ses dépens lorsque cette chose la découpa dans le sens de la longueur après l'avoir empalée sur un de ses crochets fixés dans sa chair. Après trois décapitations, deux empalements et une asphyxie, la créature ne parvint plus à tenir debout et retourna à son état originel d'amas de chairs (sans pour autant mourir). Mes pouvoirs me permirent d'appeler la lumière vengeresse afin de repousser l'ombre qui animait cet immondice, ce qui laissa à jamais le tas d'os et de chair dans une inertie qu'il n'avait du que trop peu connaître depuis que les nécromanciens lui avaient insufflé un semblant de vie. Nous avions combattu pendant plusieurs heures en renvoyant les goules, seigneurs des cryptes, et autres de ces monstres dans les ténèbres d'où ils étaient issus. Et finalement, le régiment de chevaliers que j'avais demandé suite au flot ininterrompu de morts-vivants qui déferlait sur nous était arrivé, ce qui prouvait au moins que l'escorte que j'avais assignée au messager avait servi à quelque chose ... mieux valait se priver de quelques guerriers pour en avoir un plus grand nombre plutôt que de les perdre au combat où ils n'auraient servi qu'à grossir les rangs de notre ennemi. Avec l'aide de la cavalerie, nous avions enfin atteint la base et après d'âpres combats, leurs ziggourats étaient tombées, privant d'une part la base de ses plus puissantes défenses, et d'autre part les nécromanciens du flux d'énergie nécessaire à la réanimation des corps procuré par ces tours de mort. Les rares morts-vivants restants ne résistèrent pas longtemps. La base fut rasée grâce à l'aide des mortiers de ces tragédies biologiques qui se font appeler « nains » et ce fut ma première grande victoire.
Mais ce fut également ce jour-là que le mal étala à tout mon être la véritable raison qui animait ce que s'était devenu ... j'étais sur le point de donner le coup de grâce à un nécromancien mourant (c'est contraire à nos croyances mais nos chefs nous font comprendre par des sous-entendus grossiers que l'on ne doit pas montrer la moindre pitié envers les serviteurs de l'ombre, pas même celle d'un soldat envers son ennemi agonisant) lorsqu'il m'agrippa le bras. Je sentis alors le souffle gelé de la mort se propager en moi avec la célérité d'un feu se répandant dans un champ. L'espace d'un instant, je restai tétanisé et eut la terrible sensation que toutes mes chairs avaient disparu me laissant tel un être décharné dont le froid était son coeur, la nuit son esprit. Je réussis à repartir du monde d'où personne ne s'échappe et réincorpora mon enveloppe charnelle. Je voulut me dégager de son étreinte en tentant de le repousser avec violence mais la non-vie avait apparemment comme atout de renforcer tout ceux qui la côtoyaient car je n'y parvins pas. Le sombre mage se mit à me parler d'une voix qui laissait transparaître les blessures qui devaient lui avoir été infligées :
- Nous ... Nous ne sommes pas si différents de vous ... paladin, parvint t-il péniblement à articuler.
- Cites moi une chose que nous partageons, toi et moi, vieux fou, rétorquai-je en le toisant d'un oeil inquisiteur.
- Très ... très bien : tu te sers de tes pouvoirs pour insuffler la vie mais également pour la détruire lorsqu'il le faut, nous aussi, lâcha t-il faiblement.
- Comment oses tu qualifier de « vie » cette servitude aveugle et sourde qui anime tous vos soldats ?!, tonnais-je, commençant à perdre patience.
- Nos soldats sont l'équivalent de vos paysans. Nous n'avons pas besoin qu'il sachent réfléchir, juste qu'ils sachent combattre comme vos larbins n'ont juste qu'à savoir avancer la ou vous leur dites de le faire ..., répondis t-il calmement, nullement intimidé, ce qui n'est guère surprenant...
Et que fais-tu de Maître Arthas ? Notre second maître, Son Obscurité Le Seigneur Ner Zul nous ordonna de le réanimer en conservant sa conscience et son intelligence. Nous avons une main mise totale sur l'attribution des consciences et des intelligences... et le maître ne juge pas utile de munir ses soldats de conscience, comme vos souverains ont main mise totale sur le pouvoir et ne jugent pas utile d'octroyer l'intelligence à vos laquais que vous nommez « paysans » ... au fond, paladin, nous ne sommes guère si différents ... mais nous sommes libérés de la chair, paladin. Nous ne craignons plus la maladie ni la mort, nous ne souffrons plus de nos blessures, nous ne ressentons plus la fatigue, nous sommes ce que vous étiez mais sans ce qui vous perd, nous sommes ce que vous serez sans l'emprise de la terre ... nous sommes, nous sommes ...
La main osseuse du nécromancien se desserra et glissa sur mon bras. En voyant sa tête basculer en arrière et tout son corps se raidir, je compris que le vieil homme venait de tomber dans l'abîme sans fond, de basculer dans le royaume de ceux qui ne souffrent plus, de franchir les frontières du pays où la douleur n'est plus qu'une maladie contre laquelle on a développé l'immunité. Et le mot final de sa phrase n'eut nul besoin d'être prononcé car il claqua comme une gifle qui venait de m'être donnée : « libres ».
Une gifle qui n'avait pourtant pas ébranlé la forteresse impénétrable de ma foi en une humanité forte et souveraine, mais qui me fit prendre conscience des étroites limites que m'imposait cette existence charnelle. J'imaginais sans peine l'immensité de la puissance qui pourrait être mienne si la rage par laquelle je donnait à mes attaques tout le poids de leur potentiel destructeur n'était pas entravée par la douleur de mes blessures ou la faiblesse inhérente à toute maladie. Je pensais à toute cette violence que je pourrais déchaîner si je pouvais frapper si fort que je m'en déchirerait les chairs et romprait les os, sans pour autant que cela ne porte en rien ombrage à la terrible force qui coulerait dans mes attaques aussi sûrement que le sang que je verserais alors. Je compris à présent quel était le sens de mon existence insensée : j'avais soif ... non de connaissances ni d'âmes ... soif de puissance. Je ne vivais que pour gravir les flancs de cette montagne de puissance dont chaque particule donne à chacun le pouvoir de détruire, je ne subsistait que pour en atteindre le sommet en recherchant inlassablement la puissance qui me faisait défaut. Je nourrissais l'ardent désir de m'approprier chacune de ces particules. Je connaissais à présent l'origine du mépris pour les faibles que j'avais toujours entretenu : ces choses insignifiantes n'exploitaient pas l'essence destructrice latente qui reposait paresseusement en chacun d'eux et ne cherchaient pas à en tirer la quintessence. Ils ne vivaient que pour croire à des concepts illusoires qui ne leur offrent que de faux espoirs et qui ne leur procurent qu'une insipide saveur de pouvoir.
Le nécromancien m'avait fait miroité une existence qui m'octroierait les facultés qui me manquaient pour continuer ma progression sur le chemin de la puissance et qui me libérerait de tout le fardeau de cette flasque chair. Je savais à présent ce qu'il me restait à faire : trouver le moyen d'embrasser cette nouvelle existence et jouir enfin de son écrasante dominance. Et je mettrais alors mes infinies capacités au service de la gloire éternelle du royaume de Lordaeron. Le roi me ferait le plus grand honneur qu'un soldat puisse espérer : il me désignerait comme son champion. Oui ! Les grands dragons eux-mêmes subiraient la domination suprême que je me chargerais d'imposer à ces terres de discorde au nom de mon invincible roi ! Eredars, Nathrezims et autres serviteurs démoniaques se prosterneraient devant mon souverain avec la même ferveur qu'ils le font actuellement devant leur terrible seigneur infernal ! Ces prétentieuses créatures d'Ashenvale enfermées dans leur obscur mysticisme rallieraient également notre bannière, de gré ... ou de force ! Et j'écrirais dans le sang de ceux qui se seront opposés l'histoire de notre nouvel et immortel empire !
La bataille remportée, j'avais fait mon rapport à mes supérieurs, et ceux ci m'avaient félicité pour l'efficacité avec laquelle j'avais mené la mission que j'avais eu tant de mal à obtenir. Ils voyaient à présent que les tâches dont j'étais digne avaient autrement plus d'importance que la protection des troupeaux contre des morts-vivants esseulés, fragiles, et largement à la portée du premier imbécile venu pour peu qu'il ait en lui suffisamment de courage pour ne pas fléchir devant l'aspect répugnant de ces choses et les passer au fil de son épée sans s'indisposer de l'odeur fétide qu'ils ne manquent jamais de dégager et ne jamais songer au fait qu'il constituerait un met délicieux pour les créatures qu'il est en train de combattre si par malheur il ne parvenait pas à respecter ces deux conditions ......
Je m'étais vu confié des missions de difficulté croissante dans lesquelles je détruisais des mort-vivants toujours plus hargneux et féroces. Les héros ennemis que j'avais dû commencé à affronter au fur et à mesure que j'attaquais les places fortes d'importance grandissante de nos ennemis m'avaient enfin offert des combats dignes du guerrier expérimenté que j'étais devenu et plus la puissance de mes ennemis grandissait, moins j'accordais d'importance à l'utilisation de mes pouvoirs salvateurs et à la survie de mes guerriers lorsque que l'ivresse du combat me gagnait inexorablement à mesure que j'assenais des coups toujours plus violents à mes ennemis qui tombaient sous l'implacable détermination d'un paladin en proie à une frénésie purificatrice. A chaque bataille que je menais, les soldats survivants se raréfiaient. Mais cela ne semblait nullement atténuer mon mérite, à en juger par les félicitations systématiques auxquelles m'avaient habitué les dirigeants les plus éminents de l'Ordre De La Main D'Argent et à la réputation que je m'y étais rapidement faite. Les enfants laissés sans pères, les femmes sans maris ne semblaient guère constituer un problème pour les dirigeants de mon ordre. La seule reconnaissance à laquelle ces morts avaient droit était un pompeux discours au sujet de l'honneur que représentait le fait de mourir au service du combat contre les serviteurs de l'ombre, alors que ces gens auraient sans doute voulu entendre exprimée l'idée qui germait peu à peu dans leur esprits léthargiques : celle selon laquelle leurs morts avaient été sacrifiés sur l'autel de la folie ... Les victimes ne comptaient plus, seul importait le fait de raviver continuellement la flamme vengeresse dans le coeur des citoyens afin d'y faire naître la rage inquisitrice que notre ordre s'évertuait tant à nourrir dans le but évident de gonfler les rangs des armées en vue de détruire définitivement l'ennemi mort-vivant.
Et ce jour arriva ... ce jour, où toute ma raison fut écrasée sous le poids de ma colère,ce jour où tous mes désirs fusionnèrent en un seul d'une intensité qui n'avait d'égal que le feu qui ravageait alors mon âme furieuse ... ce jour, où mes supérieurs, confiants dans mes capacités, me donnèrent l'ordre de traquer en son royaume le seigneur noir qui avait empoisonné ces terres et assassiné mon père, le prince déchu Arthas. Des gnomes l'avaient semble t-il aperçu à bord de l'une de leurs inventions aquatiques farfelues baptisée « sous-marin » alors qu'ils effectuaient des essais pour éprouver la capacité de l'engin à ne pas exploser dans les 10 minutes qui auraient suivi sa mise en marche. Il se trouvait dans une place forte ennemie sur les rivages de l'enfer glacé de Northrend en train de superviser la construction de catacombes non loin du trône de glace. Nul ne sait quelle motivation avait pu poussé le prince noir à se déplacer en personne mais deux choses étaient sures : d'une part, il ne fallait pas laisser passer la seule occasion de décapiter l'armée ennemie que nous n'ayons jamais eu ; d'autre part ... personne n'allait pouvoir se mettre sur le chemin qui me menait à présent jusqu'à Arthas sans en subir les mortelles conséquences ... Nous amarrâmes un puissant galion et embarquâmes très tôt le lendemain. Pour mener à bien ma mission, je m'étais vu confié un régiment entier de chevaliers et avait eu la pénible surprise de voir ces bombes roulantes naines qui se font appeler « chars à vapeur » embarquer sur le bateau. Mais nous allions de toute manière avoir besoin d'une grande puissance de feu pour percer les défenses ennemies et atteindre la base dans laquelle devait se terrer celui dont j'allais arracher l'âme noircie. A l'approche des côtes escarpées de Northrend, la colère m'aveuglait trop pour pouvoir m'étonner de ne voir aucun mort-vivant nous attaquer, ayant aperçu à de nombreuses reprises des créatures volantes déchirer le ciel à une vitesse stupéfiante mais sans pour autant nous attaquer. Nous débarquâmes sans peine et les marins entreprirent de décharger les matériaux nécessaires à l'élaboration de notre base. Je leva la tête pour m'assurer qu'aucun mort-vivant volant n'était à l'approche lorsque je vis une sombre silhouette sur une butte qui dominait l'emplacement de notre future base. La silhouette devait nous observer depuis le début et j'eus un élan suffisant de lucidité pour comprendre qu'il s'agissait du seigneur noir à qui appartenaient ces terres. Je criai en direction de la silhouette, avec toute la gravité que je pus alors mettre dans ma voix :
« ARTHAS ! JE SUIS VENU POUR TOI ! , les regards des soldats et des marins se tournèrent d'abord vers moi puis vers l'endroit que je fixais, JE SUIS LE FILS D'UN PERE QUE TU AS PRIVE DE SA VIE ! JE SUIS LE SERVITEUR D'UN ROYAUME QUI TU AS VIDE DE SA SUBSTANCE ! J'ARRACHERAI LE COEUR DE TON ÂME NOIRCIE ! La silhouette ne cilla pas, seule sa longue cape volait au rythme du vent puissant qui soufflait sur ces terres. Elle s'exprima d'une voix aussi glaciale que l'air qui l'entourait :
« Bienvenu en mon domaine ... j'espère que tu as apprécié ton dernier voyage, j'ai fait en sorte qu'il en soit ainsi ... »
La silhouette leva vers le ciel une énorme main gantée tenant une épée dont nous pouvions percevoir jusqu'ici le parfum de la corruption ... Frostmourne ... créée par le Roi Liche afin qu'Arthas perde le peu d'humanité qui lui restait et devienne son nouveau et terrifiant garde chiourme... C'est du moins ce que l'on lisait dans les livres relatant la foudroyante déchéance du prince.
Aussitôt, trois battements d'ailes puissants se firent entendre. Je tentai d'en identifier la source à l'aide des connaissances en démonologie que j'avais encore une fois acquises dans les livres, détenteurs du savoir suprême, et de l'expérience que j'avais acquise sur le terrain ... Mais mes tentatives d'identification restèrent vaines. J'en compris immédiatement la raison lorsque trois des plus colossales Wyrms qu'il m'ait été donné de voir déchirèrent le ciel. Leurs proportions faisaient aisément passer les Wyrms habituelles pour de simples dragonneaux. Et leur puissance était à la hauteur de leurs dimensions, comme en témoigna le vaste amas de barques de fortunes qui venait de naître en quelques minutes des entrailles charpentées de notre galion, alors que la silhouette l'avait pointée de sa terrible et insatiable faucheuse de vies. Ce n'est qu'a ce moment là que je ne réalisai qu'un piège venait de se refermer sur nous. Je compris à présent que nous nous y étions joyeusement jetés dès l'instant même ou les membres de l'équipage avaient commencé à ressentir la glaciale étreinte de notre mort prochaine alors que Northrend sapait inexorablement la chaleur qui les tenait en vie. Et le feu que j'avais tenté d'allumer dans leur coeur, en vociférant des paroles emplies de passion et de courage disparaissait comme soufflé par les vents maudits de ce glacier noir.
Mais peu m'importait, je n'avais aucunement l'intention de repartir avant d'avoir exterminé les morts-vivants de ce glacier. J'allais embraser ce glacier de mon âme incandescente, et rien ni personne n'allait pouvoir me retenir. Partir avant de l'avoir fait serait comme trahir mon père et mon royaume. Partir avant de l'avoir fait serait comme y laisser mon esprit pour n'emmener que mon corps. Le nécromancien avait raison : parfois la vie devait être débarrassée de ses impuretés afin que reste intact la perfection inégalable du torrent de puissance qu'elle déversait sur le monde et dans lequel chacun pouvait se baigner afin d'en retirer ses ineffables bienfaits. J'allais purger la vie de ce désert glacé, c'était nécessaire pour assurer l'avenir de notre futur et rayonnant empire. Et je donnerais alors à l'un des sorciers impies une ultime chance de rédemption en lui permettant de me libérer définitivement de la prison charnelle dans laquelle ma puissance pourrissait depuis bien trop longtemps.
Alors que les soldats étaient encore abasourdis par le déchaînement de puissance qui avait eu raison du navire, Arthas leva progressivement son poing vers le ciel, et, dans une parfaite synchronisation, des créatures décharnées s'élevèrent du sol autour de nous et l'on pouvait déceler dans leurs regards vides une détermination funeste dont on devinait immédiatement que celle-ci les aurait poussé à tuer, à torturer, à massacrer et à détruire dans un zèle et avec une férocité inconcevables pour l'esprit étriqué d'un être animé par quelque énergie vitale. Certains soldats firent les frais de leur manque de réactivité face à la surprise et disparurent sous les goules sans même avoir eu le temps de pousser le moindre cri et d'effroyables bruits de mastication brisèrent le silence surnaturel qui planait depuis quelques secondes que même les aberrations sortant de terre n'avaient pas ébréché. Le silence mourut alors en faisant place aux cris des soldats qui se jetèrent dans la bataille. Les épées et les haches fendaient mollement d'innommables matières visqueuses qui tenaient lieu de chair pour les goules, les marteaux semblaient plus efficaces à en juger par les craquements osseux qui fleurissaient au plus fort de la bataille. Les cris et les hurlements des soldats qui devenaient malgré eux des friandises furent supplantés par le bruit sourd des fusils nains qui crachaient le feu sur les zombis, dont certains éclataient littéralement en répugnants fragments de chair corrompue alors que les projectiles massifs des catapultes pleuvaient sur la bataille. Je me frayai un sanglant passage dans les lignes mort-vivantes, ayant remarqué la disparition de la silhouette de l'endroit ou elle siégeait si fièrement quelques minutes auparavant. J'avais repéré un semblant de passage entre deux énormes rochers gelés et m'y précipitai afin de trouver l'ennemi que j'étais venu détruire. Quelques goules griffaient rageusement mon armure alors que je progressais inexorablement vers mon objectif. Les seules attentions que je leur porta fut les frappes circulaires que j'assénai alors et le petit sourire en coin qui déforma mon visage alors que j'entendais les craquements d'os que mes attaques causèrent. J'atteignis finalement le passage après avoir pulvérisé le crâne de la goule qui avait tenté de couvrir ce que je pensait être la fuite de son maître. L'ancien prince blanc devenu roi noir se tenait là, dans toute sa noirceur et semblait avoir deviné que ses frêles serviteurs ne retiendraient pas longtemps ce guerrier ravagé par la fureur qui avait auparavant eu la folle audace de prétendre pouvoir détruire l'instigateur du fléau des non-morts.
A quelques mètres du passage, il observait et contemplait, un genou sur un rocher gelé, la boucherie à sens unique qui dessinait rapidement et sans aucun doute possible l'issue de la bataille dont il était témoin. Sans que je ne puisse dire quoique ce soit, Arthas s'exprima d'une voix caverneuse à l'intention de son hôte, sans détourner son regard du champ de bataille :
- Tu dois être très puissant, pour que ceux que tu sers avec tant de ferveur décident de t'envoyer vers une mort certaine ... le danger que tu représentes pour la sécurité toute relative de leur fragile empire les a même incités à sacrifier leur plus grand champion ... à vrai dire ils n'ont pas eu grand chose à accomplir, ils ne t'ont donné que les moyens de parvenir jusqu'à moi, ta soif de vengeance ayant fait le reste ...
- Distillles ton venin Arthas, il y a bien longtemps que les simagrées de mes victimes agonisantes n'ont plus raison de ma détermination.
- Tu ne me crois pas ? Pourquoi crois-tu qu'il t'ont envoyé ici avec pour seule armée une ridicule barque de guerre et ces risibles soldats qui peinent à garder l'arme à la main alors qu'ils voient leurs compagnons nourrir mes goules ? Ils ne souhaitent pas que tu reviennes, tu es un fléau pour l'équilibre rudimentaire qu'ils tentent de maintenir. Pour ces imbéciles, tu n'es qu'un puits sans fond ou se déversent haine, colère et souffrance. En réalité, tu est semblable à ces chiens chasseurs de mages à la différence que là où ils s'enivrent de magie fraîchement dérobée aux carcasses à jamais flétries de leurs victimes, tu jubiles à l'idée que toute la puissance que tu viens d'acquérir vient de te faire progresser sur le sentier long et étroit du pouvoir suprême.
- Quoi ... comment ..., fut tout ce que je parvint à formuler.
- ... suis-je au fait de ta véritable nature ?
Comment pouvait-il savoir ? Comment avait-il pu deviné ? Comment était-ce possible qu'un être s'étant laissé dévoré par une soif avide et sourde de vengeance au mépris de la plus élémentaire discipline spirituelle ait pu percevoir la nature d'un être qui reposait sur les piliers de la maîtrise de soi et de la quête perpétuelle de puissance brute ? Tant de questions réclamant une réponse qui ne se fit pas attendre.
Arthas daigna enfin faire face à son interlocuteur. Et tout disparût autour de moi : hurlements des soldats, grognements des goules, sifflement du vent furent instantanément balayés par l'ouragan de puissance qui déferla sur moi. Mes sens furent étourdis par cet inconcevable torrent de pouvoir au point que je ne puis plus ressentir quoique ce fût et me laissai quelques instants délicieusement submerger par cette formidable vague qui caressait de sa majestueuse pureté les tréfonds de mon âme alors que celle-ci jouissait de cette explosion de perfection qui flattait les papilles du dévoreur de puissance qui se terrait au plus profond de mon être.
Face au prince noir au sourire triomphant se tenait la carcasse vide d'un être transcendé dont l'esprit dut intensément lutter contre sa propre âme - qui ne désirait en ce moment rien de plus que de se laisser langoureusement bercer au gré de cette vague de puissance - afin de réintégrer la fragile et imparfaite enveloppe charnelle qui lestait mon existence si tourmentée.
Ma question n'admettait plus aucune raison d'être tant la réponse était évidente : comment un être irradiant cette puissance aussi pure qu'immense aurait-il pu ne pas sentir la puissance sauvage et encore indomptée qui débordait de l'esprit d'un insignifiant paladin qui tentait maladroitement d'en conserver le contrôle ?
Ce torrent de puissance s'évapora progressivement, laissant alors mes sens sortir de leur torpeur. Je perçus alors toute la noirceur de l'aura qui émanait de l'être qui me faisait si fièrement face, comme si chaque particule de son corps était saturé d'une force maléfique qu'elle était bien loin d'être en mesure de pouvoir contenir et que cet excès de malfaisance s'agglomérait en une brume noire diffuse qui le cernait de toute part.
Et mes sentiments, noyés dans ce déferlement de pouvoir, refirent surface et n'avaient rien perdu de leur vivacité. Ma colère était à son paroxysme et celle-ci me fit brandir mon marteau avec une facilité surnaturelle que même la force considérable que mes talents de guerrier me conféraient n'auraient pas permis. Mon ennemi, arborant toujours ce même rictus supérieur, se mit en garde et tira avec une aisance peu commune la redoutable avaleuse d'âmes de son fourreau.
- Pour les familles que tu as détruites, pour les villages que tu as exterminés, pour le royaume que tu as trahi, pour ton géniteur et mon seigneur que tu as pourfendu, pour mon père que tu as massacré, je serais le bras par lequel tes infamies cesseront, déclamai-je avec une passion dont je ne me saurai jamais cru capable en un tel instant.
- Je te ferais apprécier le sort de ton père, lâcha Arthas avec un calme et un air persiflants en m'adressant un sourire effronté..
Les murs de ma raison lézardés et fissurés en bien des endroits éclatèrent alors sous l'impact de ma rage et je me ruai sur le prince félon en poussant un hurlement de colère qui aurait probablement déstabilisé voir effrayé le plus endurci des guerriers mais qui ne fit qu'arracher un ultime sourire en coin à mon mortel adversaire. Je nourrissais alors une confiance indéfectible dans ma fureur et la surprise ne manqua pas de me sauter à la gorge lorsque le prince éconduit cet élan de colère accumulée et entretenue depuis tant d'années d'une simple parade sans même vaciller. Nous restâmes ainsi quelques secondes, armes croisées, visages rapprochés, ne laissant que la complainte du vent jouer sa mélopée, perturbant le silence dans lequel un visage dépourvu d'humanité toisait implacablement la face ébahie du paladin de laquelle fuyait progressivement toute assurance. Puis la haine rendit au paladin la volonté vengeresse qui l'avait momentanément abandonnée, chassée par une hardiesse qui tétanisait tout sentiment de sa funeste immensité. Le paladin quitta son hébétement et asséna des coups d'une hargne croissante, qui vinrent tous s'échouer sur la lame maudite de son redoutable ennemi, qui parait coup sur coup, avec une terrible désinvolture. Et à mesure que les forces du paladin le quittaient, aspirées par son intarissable ire, son ennemi savourait avec délectation les derniers soupirs de cet être, qui n'eût d'yeux que pour la puissance, qui perdit de vue l'une des règles primordiales qui régit le monde : « Quelques soient les armes qu'utilise la vie pour combattre la mort, quelque soient soient les anecdotiques victoires que celle-ci puisse remporter sur son ennemie de toujours, les forces viennent invariablement à faire défaut à la vie. Et la mort, inébranlable, inlassable, contemple alors l'ennemie qui gît à ses pieds, ses jambes ne suffisant plus à la porter, et dans un dernier sourire condescendant, offre finalement à son ennemie la clé qui ouvre le chemin, vers l'eden de l'éternité ... ». Tels avaient été les derniers mots du dauphin noir, avant que sa lame impie ne mordit les chairs du jeune paladin. Et dans un dernier soupçon de vie, alors que la corruption se répandait dans ses chairs, celui-ci savait avoir atteint son but. Sa chair ne serait plus et il goûterait enfin à l'éternité, et -il en était persuadé- le dévoreur de puissance se cacherait toujours au plus profond de lui lorsqu'il se relèverait. Et il n'y aurait plus d'obstacle qui l'empêcherait d'accomplir sa vengeance car -il en était également intimement convaincu- la vengeance bouillonnerait toujours dans son esprit lorsque l'étreinte glaciale de la mort desserrerait ses griffes. Il s'était arrêté au milieu de sa montée, il n'avait pas atteint la cime de cet alpage de puissance, à bout de forces, mais il n'aurait plus à s'en soucier, libéré de sa prison de chair. Il en atteindrait le sommet et toiserait Arthas du haut de sa supériorité comme lui le faisait à cet instant à son égard, et brandirait sa propre épée et de son pouvoir il le délesterait, et sa vendetta il assouvirait ... Quand à ce royaume qui l'avait rejeté, à ses sujets aveuglés par cette lumière qu'ils chérissent tant, il les contemplerait du haut de sa montagne en se gaussant de leur ridicule condition, et comme tous les faibles qu'il croiserait alors, il les écraserait ...
Epilogue
Quelques années plus tard, un mort-vivant en armure lourde contemplait silencieusement les ruines d'un village d'où des serviteurs morts-vivants achevaient de chasser la vie. Une mort-vivante encapuchonnée à la mâchoire inférieure manquante s'avança vers le guerrier décharné enfermé dans son cercueil de métal. Le guerrier ne semblait pas l'avoir entendu venir.
-Zakthar, tu dois venir, l'un des gardes semble avoir des informations importantes à nous révéler.
Mais il semble peu loquace, peut être le métal arrivera-t-il à lui arracher la vérité plus que ne l'ont fait les mots. Je crains de ne pas être assez patiente pour le laisser en vie suffisamment longtemps pour nous dire ce qu'il sait ...
Le guerrier se retourna et rejoignit la mort-vivante.
- Oui, Kenadra, je te suis, montre-moi le chemin, lâcha-t-il d'une voix gutturale.
- Marcher ? Non, nous ne devons pas faire attendre la Dame Noire, répondit-elle.
Kenadra ouvrit un portail dans lesquels s'engouffrèrent les deux morts-vivants. Après un bref passage dans le néant distordu, les deux comparses se rematerialisèrent plusieurs mètres plus bas, au milieu du village détruit. Un garde était maintenu à genoux par un sorcier mort-vivant en robe rouge flanqué d'une petite créature consumée par les flammes vertes si caractéristiques des démons qui gigotait et ricanait en le regardant d'un air malicieux.
- Ah Zakthar, cet insecte ne demande qu'a être écrasé mais Kenadra a tenu à ce que je lui laisse assez de souffle vital pour que tu puisses lui poser toi mêmes tes interrogations. Louée soit sa raison ...
- Oui Dreknor, tu ne tiens pas à attiser le courroux de notre reine, n'est-ce pas ?
- Non, je ne suis que l'instrument de ses désirs ...
Dreknor s'écarta, imité par le diablotin. Zakthar s'avança vers le garde dont l'âme semblait être en proie à de bien pénibles tourments ... Zakthar sortit une dague et la plaça sous le menton du garde. Il releva progressivement la dague, dévoilant ainsi le visage fatigué du garde.
Celui-ci articula faiblement :
- Qui ... Qui-êtes vous ?
Un sourire macabre déforma le visage du guerrier damné.
- Je suis la nuit qui tombe sur tes jours ...
Le garde baissa la tête et le désespoir planta ses crocs dans l'âme condamnée du garde.
Plusieures minutes s'étaient écoulées, probablement des heures pour le garde qui se reposait à présent quelques instants dans l'autre monde, avant de devoir rejoindre l'armée de la Dame Noire.
Zakthar était satisfait et avait eu les informations que les magiciens avaient eu tant de mal à obtenir ...
Il déambulait, à la recherche d'éventuels mais peu probables survivants. Son regard se posa sur une stèle sur laquelle étaient gravés plusieurs noms. Zakthar sourit en pensant que l'une des goules qui festoyait autour de lui portait peut être secrètement l'un de ces noms. Son regard s'arrêta sur une ligne : «Ballador Misthaven « Le Brillant », mort pour avoir voulu protéger par delà même les frontières de la mort l'âme de son bien-aimé souverain ». Zakthar sentit un imperceptible chuchotement dans son esprit corrompu, comme l'appel d'un père défunt pour son fils déchu ...
Kenadra le sortit de son errance intérieure :
- Ballador « Le Brillant », hmmm ... une victime qui t'a procuré un plaisir tout particulier sans doute, hmmm ?, railla Kenadra en portant son regard à l'endroit ou celui de Zakthar s'attardait.
Qui est-ce ?
Zakthar parût hésiter quelques secondes avant de répondre :
- Je ne sais pas ...
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