Et voila le background de la guilde. A présent nous pouvons commencer activement le recrutement.
- Nos intentions sont justes, ronronnait la Kurashasa. Il ne faut pas croire les racontars, Ce sont les Ahnd'ka nos réels ennemis.
- J'la connais ton histoire, fich'l'camp d'mon échoppe ou j'te...Azurane avait stoppé net le bras pataud qui se dressait devant elle, repoussant d'un rugissement féroce l'homme de trois fois son poids par dessus son établi.
- Idiot, il ne s'agit pas d'aider mon peuple mais nos peuples. Les Ahnd'ka ne feront qu'une bouchée de ta maudite boutique après avoir mis les miens en échec!
Effrayé par les yeux de braises qu'elle lançait, l'homme reprit d'une voix étranglée :
- Sors de mon échoppe saloperie d'aut'plans ou..."
- Ou quoi ? coupa-t-elle.
Azurane avait fait une erreur. Elle le savait, mais trop c'était trop. Heureusement aucun client n'était présent dans la boutique et le bruit n'avait interpellé personne malgré l'heure avancée. Il valait mieux filer et vite. La place semblait déserte mais à peine passé le porche, une main entraîna Azurane derrière un bâtiment attenant. Le tenancier claqua la porte de son magasin dans un dernier ronchonnement.
- Alors c'est comme ça que tu te fais des alliés? supputa une voix bestiale.
- Et toi tu n'as rien d'autre à faire que de m'espionner? rétorqua-t-elle.
ils échangèrent un miaulement complice. c'était Agrael, un excellent ami Kura. Certains allaient même jusqu'à dire qu'il y avait plus que de l'amitié entre eux.
- Filons d'ici, souffla Azurane d'une voix rassérénée.
La lune baignait à présent le village de Lomshir de sa lumière cendrée et il était temps pour les deux fauves de regagner leur campement, un regroupement de tentes excentrés du village. Si certains Kurushasas affichaient une affreuse moue réprobatrice à la lueur du feu de camp, Azurane considérait comme une chance d'être une pionnière dans ce monde. La course contre les Ahnd'kas, créatures d'autres plans et ennemis éternels des Kurashasas n'était gagnée. Elle devait faire oublier l'idée que les Kurashasas seraient belliqueux et déloyaux, et c'était visiblement mal parti. Les doyens Varatharis, habitants locaux, racontent que ce n'est pas la première fois que les Kuras foulent Telon. Et les souvenirs de leur présence ne sont pas des meilleurs. Malgré tout, leur camp d'apatrides était toléré aux abords de Lomshir, mais on pouvait voir que cette tolérance était loin d'être continentale. La ville de Khal avait ordonné de tuer à vue ces chasseurs à tête de félin, Mekalia et ses gnomes avaient pris des mesures similaires et les Varatharis étaient finalement les seuls à faire preuve de compassion. La nuit portant conseil, Azurane avait décidé de prouver au monde entier ses bonnes intentions, ces voeux de bâtir un foyer ici et de cesser la vie belliqueuse d'autres plans. Elle devait se préparer pour rejoindre Thestra et Kojan, deux autres continents où, dit-on, de nombreux peuples résident. Peut être la bas trouverait-elle ce qu'elle cherchait.
Mais cette nuit là ne laissa pas beaucoup de temps pour rêver, les rugissements de ses frères dès l'aurore la fit bondir toutes griffes dehors. Elle vit avec stupéfaction trois Ahnd'kas d'une taille colossale, acculés par des Kurushasas armés de lances et de hallebardes. Ca y est, ils avait trouvé une brèche! Le monde de Télon allait devenir le nouveau champ de bataille de guerres ancestrales. Quelques Varatharis ameutés à proximité du camp ne réagissaient pas, ils semblaient pétrifiés de peur, plutôt normal pour une race inaccoutumée à côtoyer ce genre de créatures. Le plus grand des Ahnd'kas mesurait plus de 10 pieds de haut, leurs bras secs et osseux se terminaient pas des mains garnies de griffes particulièrement acérées et crochues, leurs gueules gargouillesques avaient de quoi faire frémir même les plus audacieux et leurs ailes déployées donnaient une dimension épique à leur force. Mais les Ahnd'kas étaient malins et le peu de mobilisation laissait aussi penser tout autre chose, ils avaient peut être négociés leurs attaques et achetés la population locale. Tout était imaginable tandis que le pire des scenarii se déroulait sous les yeux d'Azurane. Le plus grand des Ahnd'ka avait saisi Agrael dans ses griffes semblant lui briser instantanément les côtes . Pourquoi lui? Pourquoi être utilisé à son insu par un Façonneur passe du bienveillant à l'impitoyable, provoquant le subliminal ; les sentiments n'ont-ils donc de repos pour personne? (Voir le récit général de la communauté). Pour Azurane aucune explication rationnelle à tout ça, on lui volait un être cher, elle devait réagir. Elle bondit dans la mêlée en rugissant et s'agrippa fermement au monstre qui prenait déjà son envol, emportant Agrael. La surcharge empêchait le monstre de prendre de l'altitude mais pas suffisamment pour le clouer au sol. Les autres hommes-fauves semblaient malheureusement trop occupés avec les deux acolytes pour apporter leur aide. Le temps sembla s'arrêta un instant lorsque qu'Agrael et Azurane croisèrent leurs regards. Les Kurushasas avaient cette particularité féline de dialoguer avec les yeux.
- Lâche le avant qu'il ne soit trop tard! La chute sera mortelle! Tu ne peux pas le retenir.
- Jamais!
- Si seulement je pouvais...
- Non!
L'horreur ailée tressaillit tandis qu'Agrael enfonçait dans un ultime effort sa dague dans l'estomac de la créature. Elle chancela dans les airs ne lâchant pas sa proie pour autant mais l'écart provoqué heurta Azurane contre le bâtiment contigu.
Leurs regards se croisèrent une dernière fois couvert par le cri strident de l'Ahnd'ka estropié tandis que les mains d'Azurane glissaient inéluctablement le long des jambes décharnées de la bête.
-Merci pour tout Azurane.
Azurane finit par lâcher prise et perdit connaissance. Sa marque de Façonneur était rouge comme le sang. La soif de sentiments du rêveur était apaisée pour quelques temps (Voir le récit général de la communauté).
A son réveil, Azurane était dans le dispensaire, un frère Kura était à son chevet. Il avait pris soin d'elle, sa tête et ses côtes étaient soigneusement bandées.
- Tu as de la chance dit il. Ils ont emportés trois de nos frères, tu aurais pu être de ceux là.
- De la...chance? s'insurgea-t-elle.
- Oui, enfin tout est relatif, conclut le Kurashasa en posant une main réconfortante sur l'épaule d'Azurane.
Azurane ne perdit pas un instant pour se relever. La douleur physique était ridicule en comparaison de ce qu'elle venait de vivre psychologiquement. Sa tête bourdonnait mais son courage n'avait pas faibli. Il y avait toujours une chance pour que Agrael soit en vie, quelque part. La guerre contre les Ahnd'ka ne faisait que commencer sur Telon. Il fallait qu'elle trouve un moyen d'inciter tous les peuples à la rejoindre. Bien que les Ahnd'kas soient une menace pour tous ils mettraient du temps à le comprendre. Cependant le rêveur avait déjà tout planifié dans l'ombre des mondes. Les Façonneurs de Chimères avaient élus domicile dans bien des êtres pour partager cette aventure.
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