[BG] Keazou

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Chapitre 1 : La naissance.



Le soleil se levait sur le village des contrées ouest d'Amakna, et tous les habitants étaient rassemblés autour de la hutte du forgeron du village. C'est alors que le prêtre du temple Iop essaya de se frayer un passage dans la foule : « Allons allons mes enfants, laissez moi passer, les nouveaux nés n'attendent pas la bénédiction de notre cher Dieu ! ». Ce vieil homme était un iop assez grand, les cheveux d'un blanc très pur, portant une longue cape bleue et un grand grimoire dans sa main droite... Une fois dans la hutte, le grand forgeron du village le conduisit dans une arrière salle ou sa femme venait juste de donner naissance à deux petits jumeaux :

« Belle Idril, dit le prêtre en ouvrant ses bras, comment allez vous nommé ces deux magnifiques Iops?
- Mon père, l'aîné a ma droite s'appellera Thriller, et son cadet sera Keazou.
- Bien, puis je procéder au baptême ?
- Mais bien sûr mon père. Amras, dit la jeune Iop en s'adressant a son mari, peux tu apporter une bassine d'eau afin que notre père puisse exécuter le baptême? »

Le forgeron fit un signe de tête et s'exécuta. Une fois la bassine prête, le prêtre entama le baptême du fils aîné sans aucun problème, mais alors qu'il saisissait Keazou afin de le baptiser a son tour, un visage d'horreur s'empara du visage du prêtre :

« Malheur ! Cet enfant est un démon ! » Sur ces paroles, le prêtre reposa l'enfant dans son berceau et recula de quelques pas. La mère, complètement affolé s'adressa au prêtre :

« Que se passe-t-il mon père? Mon fils n'est pas un démon voyons !
- Idril, regarde par toi même, ce fils porte le sceau d'un grand fléau qui nous frappera tous si nous ne nous en débarrassons pas, annonce le prêtre toujours autant appeuré en montrant le dos du jeune enfant à sa mère. »

Idril constata avec stupeur qu'une croix du dieu Iop recouvrait tout le dos du nouveau né, comme si elle avait été faite au fer rouge. Alors que le prêtre sortait une dague afin d'exécuter le pauvre enfant, Amras, le père de Keazou, le stoppa en retenant sa main :

« Mon père ! Arrêtez vous n'avez pas le droit d'ôter la vie de mon enfant, vous n'êtes pas sûr que ce signe soit maléfique !
- Non Amras, cet enfant doit mourir, croyez en mon expérience.
- Je ne vous le permettrai pas mon père, quoi qu'il m'en coûte...
- Soit, si vous ne changez pas décision, le malheur s'abattra sur votre famille ! Vous n'aurez plus ma bénédiction et vous ne resterez pas vivre dans notre village! »

La religion faisant légion dans ce village, Amras ne s'opposa pas à cette décision, et partit avec sa famille dans la journée même en direction du village d'Amakna plus à l'est. Ils s'arrêtèrent en route près d'un camp de bûcheron pour laisser les deux bébés se reposer :

« Jamais je ne t'aurai laissé mon fils, tu es mon sang, j'espère que plus tard tu comprendra et sera fier de ton père... »

Plus tard, la famille s'installa en Amakna, élevant leur fils selon les principes religieux, persuader que la marque de Keazou était un cadeau des dieux, qu'il deviendrai un prophète de Iop, mais ceci, ils préféraient le lui laisser découvrir seul...Ils apprirent aussi que leur ancien village fut dévasté par une bande de Bwork affamés, la rumeur circulait vite en Amakna et l'on ne parlait bientôt plus de l'ancien village de Keazou que sous le nom de Campement Bwork...



...
Chapitre 2 : Une fougue mortelle.



Les années passèrent, et les deux petits enfants avaient choisis des voix bien différentes : Thriller était déjà un garçon robuste et vif, il partait chaque jour à la forge accompagnant son père avec qui il s'entraînait au combat tandis que Keazou, lui, n'éprouvait aucune attirance envers l'art de manier les armes pour le plus grand regret de Amras, d'ailleurs il était souvent dans les jupes de sa mère, une belle alchimiste. Keazou adorait passer ses journées a la regarder confectionner ses potions de toutes les couleurs ou encore aller cueillir des trèfles a cinq feuilles avec elle... Bref, c'était un Iop assez différent des autres Iops de son âge, même si il le vivait très bien.
Mais un sinistre jour de Juissidor 628, les deux frères étaient partis une fois de plus en cachette pour aller s'amuser dans des lieux interdits par leur mère. Thriller, l'éternel chef de groupe avait décidé qu'ils iraient aux Marécages. Ils étaient arrivés après une petite demi heure de marche à travers bois face au tunnel tapissé de fougères qui faisait office d'entrée :

« Thrill... J'suis pas rassuré... Et si maman l'apprenais, on se ferait sévèrement disputé !
- Ecoute Kea, on jette juste un coup d'oeil, je veux voir les grands chef crocodailles dont papa m'a parlé !
- Mais tu sais aussi qu'ils sont très dangereux, si on en croisait un on pourrait être en danger !
- T'en fais pas frérot... J'ai de quoi me défendre, rassura Thriller en montrant a son frère son épée flambant neuve.
- Mais tu as a peine appris a t'en servir, tu ne pourrais pas venir a bout d'un chef crocodaille !
- Raaaah Keazou, tu m'énerve, tu n'es qu'une poule mouillée ! Normal que tu sois toujours seul à l'école, tu n'es qu'un faux Iop, un froussard ! »

Sur ces mots, Thriller s'enfonçait dans le tunnel brumeux, Keazou le suivait du regard jusqu'à voir sa silhouette disparaître au fond du tunnel, il se mit alors a regarder autour de lui, il pouvait entendre le vent sifflé et aussi des étranges bruits venant des buissons : il se mit alors a courir a toute vitesse dans le tunnel :

« Attends moi Thrill, je viens avec toi ! »

La silhouette du jeune frère disparu elle aussi dans les épaisses brumes du marécage...
Keazou sentait son coeur battre très très vite, il n'a jamais eu autant la frousse de sa vie, et pourtant dieu sait qu'il était froussard d'après ses camarades de classe. Sa respiration commença a redevenir normal quand il arriva au bout du tunnel et aperçut son frère qui était là a l'attendre :

« Ah, voilà qui me fait plaisir, tu te décide enfin a devenir un vrai iop Kea? »

Le jeune Keazou hocha la tête et les deux frères côte a côte partirent a la découverte de ce pittoresque lieu : l'air y était nauséabond, la brume encore plus dense que dans le tunnel et le sol était boueux à souhait... Brusquement une étrange bête sorti du sol, c'était une sorte d'être hybride, a mi chemin entre la taupe et le ver de terre :

« Qu'est ce que c'est que ça Thrill!? Hurla Keazou apeuré...
- N'ai pas peur, ce n'est qu'un boo, ce sont des êtres très faibles, répondit Thriller en sortant sa lame de son fourreau et en décapitant la pauvre bête dans un éclat de boue qui tartina les deux enfants. »

Mais à peine les deux frères avaient fini de se réjouir de leur première victoire que le bruit qu'ils avaient provoqué avait ramené des adversaires beaucoup plus agressifs qu'un simple boo :

« Qui ose marché sur MON marécage? Prononça une voix venu de derrière »

Les deux garçons se retournèrent, et virent un être géant à l'allure de crocodile, tenant un bouclier dans une main et une grande épée de l'autre :

« C'est ... c'est... Marmona Keazou
- Un Chef Crocodaille ! Hurlerent en choeur les deux enfants qui se mirent directement a courir dans la direction opposés, mais une horde de crocodailles leur barrèrent la route.
- Que vois-je là, s'extasia le Chef Crocodaille, de la chaire fraîche, cela faisait si longtemps que des iops insouciants n'étaient pas venu nous rendre une petite visite...
- Thrill... Qu'est ce qu'on va faire, ils veulent nous manger ! Constata Keazou en pleurnichant.
- Je t'ai promis que tout se passerait bien Kea, alors laisse moi faire, et contente toi juste de courir très vite et d'aller prévenir Papa.
- Mais, et si on n'arrive pas temps ? Demanda Keazou les yeux remplis de larmes, s'accrochant désespérément a son frère.
- Tais toi et obéis moi, d'accord!? Insista Thriller. »

Keazou n'insista pas plus, il connaissait son frère par coeur et savait qu'il ne pourrait lui faire changer d'avis, Thriller quant à lui s'approcha du Chef Crocodaille :

« Tu ne crois tout de même pas qu'un Iop se laisserait faire face à un être aussi immonde que toi? Viens te battre espèce de lâche ! »
Thriller fit un énorme bond et ratterit sur le dos du Chef Crocodaille pour lui assener un coup d'épée sur la tête qui déboussola le monstre un court instant :

« C'est maintenant ou jamais frérot, fonce ! »

Keazou n'hésita pas une seule seconde, il se mit a courir et passa sous les jambes du géant Chef Crocodaille, il s'enfuyait sans prendre la peine de se retourner une dernière fois...



...
Chapitre 3 : Fils unique.



Keazou était enfin arrivé chez lui, il entra précipitamment dans le hall d'entrée, sa mère vint à sa rencontre :

« Keazou? Je te croyais dans ta chambre avec ton frère ! Ou vous vous êtes fourrés encore ? Regarde moi comme tu es couvert de boue ! »

Keazou n'arrivait pas à parler, il reprenait difficilement son souffle :

« Thrill...ffffff... on est allé ... fffff.... au marécage...
- Comment ? Vous êtes allés au marécage sans ma permission? Et où est passé ton frère? »

Keazou commençait à respirer normalement et haussa subitement la voix :

« Vite ! Il faut aller trouver papa ! Thriller est en danger ! »

Idril pris son fils par la main et ils partirent en vitesse a la forge d'Amras, une fois là bas, la mère interpella son mari, il lui répondit d'abord qu'il ne pouvait pas être déranger car il travaillait pour des clients, mais quand il aperçut le visage de son fils cadet recouvert de boue, il eut très vite comprit et laissa tomber ses instruments, puis il alla se saisir d'une des épées accrochées au mur de la forge et fonça vers Keazou :

« Ou est ton frère?! Demanda le père affolé »

Keazou avait pris l'apparence d'un légume, comme si son cerveau ne fonctionnait plus, son père essayait de le sortir de cet état d'inconscience encore une fois :

« Keazou, dis moi ou se trouve ton frère ?
- Les marécages... je te jure que je lui ai dit qu'on avait pas le droit ... »

Amras ne pris pas le temps d'écouter la fin des explications de son fils, il le pris dans ses bras, sortit de la forge et l'installa sur son tabi qu'il chevaucha a toute vitesse...

L'odeur était toujours aussi nauséabonde dans le marécage mais la brume moins dense, ce qui facilitait le travail de recherche pour Amras et Keazou qui avaient laissé le tabi a l'entrée de la zone. Le père se pencha vers son fils et lui demanda :

« Alors Keazou, où as tu laissé ton frère tout a l'heure? »

Keazou montra alors du doigt une grande statue de pierre a l'effigie d'un crocodaille, et s'effondra sur le sol à la vue de l'épée de Thriller qui gisait au sol :

« Ne bouge pas Keazou, je reviens, papa ne te lâche pas du regard »

Amras se précipita vers l'épée, mais aucun signe de Thriller, au sol il avait remarqué de grandes traces de pas, signe d'une lutte intense. Il posa son regard tout autour de lui quand soudain il aperçut le corps de Thriller a moitié déchiqueté... Il se rendit auprès de sa dépouille et la serra fort contre lui, en larme, le sang de son fils aîné recouvrait tout ses habits et il tentait désespérément de le réveiller, comme si tout ceci n'était qu'un mauvais rêve mais rien n'y faisait...

Keazou quant à lui s'était rendu auprès de l'épée de son frère, il la serra très fort contre lui car il avait compris que plus jamais son frère il ne reverrai, et Dieu sait comment il se sentait coupable de sa mort...

Le soir même, le père avait enterré son fils près de chez eux, à l'endroit ou ils s'entraînaient tous les jours, près d'un bâtiment que les habitants d'Amakna appelait le Kanojedo. Toute la famille se recueillit longuement au Temple Iop avant de rentrer chez eux tard dans la nuit. Une longue période de deuil allait débuter et ce jour marqua un grand changement dans le destin du petit Keazou.



...
Chapitre 4 : Un passé qui refait surface



Le lendemain matin, les rumeurs couraient au village d'Amakna, la mort du petit Thriller avait déjà été connu de tous. Keazou qui errait près de la place marchande aimait souvent écouter les conversations des grandes personnes, seulement ce jour là il n'aurait pas du être trop curieux. Car justement il tomba sur deux vieilles dames, les commères du village, qui parlaient de choses qui ne les regardaient sûrement pas, Keazou écoutait d'une oreille attentive :
« Tu as entendu dire que le fils d'Amras avait rendu l'âme? Gloussa la première des vieilles potiches
- Oui,c'est malheureux, c'était un brave garçon, toujours prêt à aider son père a la forge, contrairement à son petit frère...
- Tu as raison, de plus on dit que Keazou n'y serait pas pour rien dans la mort de son frère,
ajouta la commère, le sourire éclatant tellement elle était fier d'avoir une information inconnue de sa partenaire

- Comment ça? Je sais juste qu'il était présent lorsque ils sont allés au marécage mais cela ne fait pas de lui le responsable !

- Approche et écoute moi, mon beau frère était prêtre a l'ancien village où se tient désormais le campement Bwork. Lors de l'attaque de ces horribles monstres, il a réussit a s'enfuir et s'est installé ici. A l'annonce de la mort de Thriller il m'a raconté une sombre histoire sur le petit Keazou...

- Continue je t'en pries
, demanda la vieille femme avide d'apprendre de nouvelles anecdotes.

-
C'est mon beau frère lui-même qui avait baptisé Thriller, et il m'a raconté qu'a sa naissance, Keazou avait une grande marque sur le dos en forme de croix : un signe maléfique selon mon beau frère, il a même rajouté qu'il apporterait le malheur là où le jeune garçon passerait... Hier c'était son ancien village qui était dévasté, et aujourd'hui son grand frère qui meurt. Je penses qu'il va falloir faire quelque chose avant qu'un évènement plus horrible n'arrive ici ! »


A l'écoute de cette conversation, Keazou rentra directement chez lui, complètement choqué, et ne mit pas au courant ses parents... Mais le soir même, alors que Keazou était dans sa chambre en train de se remettre en question, il entendit un attroupement de gens se dirigeant vers la maison, il regarda par la fenêtre et les vit arriver : au moins la moitié des habitants de la ville, tous torches a la main. Il venait apparemment en direction de leur demeure, le « chef du groupe »avança et cria :

« Amras, nous avons a te parler ! »

Amras, surprit, se rendit sur le palier, sa femme était derrière dans le hall, inquiète, elle sentait que le passé allait refaire surface, et elle ne voulait pas perdre son deuxième fils. Les habitants expliquèrent a Amras qu'ils ne voulaient plus que leur fils vive dans le village, à cause de la soit disante malédiction qu'il porte avec lui. Mais le forgeron insista et leur avoua qu'ils n'avaient nul part ou aller si il partait d'Amakna. C'est alors que les habitants commencèrent à être violent et menacèrent d'aller chercher Keazou eux même. Le jeune garçon, qui était témoin de la scène a travers la fenêtre décida d'agir : il se rendit dans le salon, fit une bise sur la joue a sa mère tout en lui souriant et alla enlacer son père. Puis il se tourna vers les habitants en furie :

« Chers habitants d'Amakna, je comprends votre colère. Moi même je me sens responsable de la mort de mon frère, les habitants
poussèrent des exclamations et des injures commençaient a partir dans les airs. Laissez moi finir ! Hurla le jeune garçon, ce qui eu le mérite de capter toute l'intention des habitants. Ce matin même je n'étais même pas encore au courant de cette vieille histoire de mon passé, de la malédiction que je porte avec moi depuis ma naissance, je comprends votre peur, et je tiens à vous dire que dès ce soir, je partirai du village, et vous n'entendrez plus jamais parler de moi. En échange, je vous demande simplement de laisser mes parents en dehors de ça, ils ont simplement voulu protéger leur fils, comme vous tous qui êtes parents l'auraient fait. Keazou se retourna une dernière fois vers le hall d'entrée où ses parents se tenaient par la main : Papa, Maman, je vous aime »

Ses derniers mots fébriles s'accompagnèrent de larmes et le jeune Iop fonça droit devant sans réfléchir, ne sachant encore où il allait se rendre. Les habitants, satisfaits, rentrèrent chez eux la conscience tranquille alors que Amras et Idril eux, venaient de perdre leur deuxième fils, en un jour seulement...



...
Chapitre 5 : Faire ses preuves



Keazou ne savait où aller, une haine incommensurable le rongeait de l'intérieur. Il ne se considérait plus comme un être humain mais comme un monstre apportant le malheur autour de lui, il avait perdu toute dignité. En partant il n'avait emporté avec lui que l'épée de feux son grand frère. En voguant ici et là il se trouva face a son ancien village en ruine, il se mit a parler tout seul :

« Quitte à être un monstre, autant vivre parmi les monstres... »

Keazou entra lentement dans le campement bwork, la terre jadis verdoyante était devenu aride et stérile, les arbres avaient laissé place aux ossements des victimes des Bworks. Les grandes et belles maison étaient devenus de vielles tentes de fortune, il ne reconnaissait plus son village, il ne se reconnaissait plus lui même, il voulait commencé une nouvelle vie...

« Que fais tu par ici, Iop? Lança un imposant guerrier bwork sortant de sa hutte.
- Je viens pour entrer dans votre tribu de fiers guerriers, grand chef Bwork, annonça Keazou d'une manière sûr et calme, le jeune iop jadis si froussard était définitivement mort.

- Hahahahahaha ! Vous avez entendu mes frères, ce petit morveux de Iop veut devenir un Bwork ! Hahahahaha, et en quel honneur ?
- Mes congénères m'ont chassé de chez moi, je n'ai plus aucune attache et je désire changer de vie.

- Hmmm, tu m'a l'air honnête jeune iop, mais dis moi comment tu t'appelles?

- Je m'appelle Keazou, mais appelez moi Kea.

- Bien Kea, permets moi de douter de ton histoire. Pourquoi un jeune Iop apparemment saint d'esprit comme toi serait chasser de chez lui? Je ne te crois pas...
»


Keazou baissa la tête, le grand chef Bwork tentait de le dévisager... Soudain, Le jeune Iop ôta sa chemise sous les regards ébahit de la tribu Bwork. Il fit un demi tour sur lui même pour leur montrer son dos :


« Par le jeton du Bworker ! Qu'est ce que c'est que ça? S'exclama le chef Bwork.

- C'est le signe du mal,
répondit froidement Keazou. »


Le chef Bwork s'approcha et caressa le dos de Keazou, suivant les contours de la croix :

« Tu te trompe mon bonhomme, ceci est un signe divin, il n'a rien de maléfique...

- Quoi qu'il en soit, ceux qui m'ont châtié l'ont interprété comme un signe maléfique et je viens vous proposer mes services, alors, acceptez vous oui ou non?
Demanda une dernière fois Keazou en se rhabillant.

- Du calme mon petit ! On ne devient pas un Bwork comme ça, il faut beaucoup de force et une cruauté sans égal !

- Je suis prêt a faire ce que vous voudrez.

- Bien... Wham, viens par ici mon fidèle guerrier !
»


Un Bwork d'au moins trois mètre sortit de sa hutte, il portait un bandeau rouge autour de la tête et une imposante hache dans son dos :


« Keazou, je te présente Wham Bwork, le plus grand des guerriers de notre tribu, il a pour réputation de boire dans les cranes de ses victimes. Si tu veux devenir un membre de la tribu, tu devra vaincre Wham Bwork ! »

Keazou avait déjà entendu moultes légendes a propos de ce Bwork qui n'avait pas d'égal dans ce monde, il était craint et respecté de tous, mais ce n'est pas pour autant que le jeune iop s'affola : calmement, il se saisit de l'épée de Thriller :


« Je serai digne de toi grand frère, chuchota Keazou en tenant son épée a la manière des guerriers saints.

- Je vois que tu as fait ton choix jeune homme, je commençais a t'apprécier pourtant, j'espère que ta mort sera rapide,
déclara le chef Bwork en donnant une tape sur l'épaule de Wham qui se mit directement en position de combat »


Keazou serra très fort le pommeau de son épée, et s'élança a toute vitesse en direction de Wham Bwork qui lui s'empara lentement de sa hache pour se mettre en posture défensive. Le combat venait de commencer et l'issu semblait, malheureusement pour Keazou, très prévisible.




...
Chapitre 6 : Une nouvelle famille?



Keazou arrivait a hauteur de Wham, il se mit a glisser sur le sol pour passer entre ses jambes et se retrouver dans son dos. Le jeune garçon enchaîna directement avec une pluie de coup d'épée dans le dos du grand guerrier, mais celui ci ne broncha point : au contraire, il saisit Keazou par le col et l'envoya paître contre un des grands piliers ou étaient accrochés les crânes des victimes de la tribu. C'est alors que Wham s'approcha de Keazou, a moitié inconscient, le bwork se préparait a lui asséner le coup de grâce quand dans un élan de survie, Keazou bloqua la hache de son agresseur, a mains nues. Le sang du Iop coulait le long de la poignée de la hache mais il ne faiblissait pas. Le chef des Bworks étaient fortement impressionné par le courage que développait ce petit être mais Wham était décidément plus fort : il donna un coup de pied dans le torse du jeune homme qui se retrouva à terre, cette fois ci c'était la fin et Keazou n'échapperait pas à son destin, il avait connaissance des risques et il ne regrettait rien. Il ferma les yeux en attendant la délivrance mais alors que Wham abattait sa hache sur le garçon, le grand Chef Bwork intervint :

« Arrête Wham ! Ordonna-t-il en faisant obstacle avec son corps. Ce jeune garçon a fait preuve de son courage, il est digne de vivre dans notre campement.
- Mais chef...
contesta Wham.

- Ne discute pas avec moi ! Insista le chef en coupant la parole a son plus fidèle guerrier. »

Le chef bwork transporta Keazou dans sa hutte ou il confia à l'une de ses nombreuses femmes la tache de prodiguer les soins nécessaires à Keazou. Alors que le chef quittait la hutte, la voix fébrile de Keazou se fit entendre :


« Merci, grand chef...

- Ne me remercie pas, des choses bien plus horribles t'attendent dans notre monde. »


Keazou perdit a nouveau connaissance, alors que l'une des femmes du chef s'appliquait a stopper l'hémorragie.

Beaucoup plus tard, le jeune iop reprit connaissance, il crû voir son père veiller sur lui :

« Papa? Demanda-t-il toujours avec une voix très faible.

- Allons mon petit, je ne suis pas ton père,
répondit le Chef Bwork, un peu gêné.

- Oh excusez moi, je crois que le sang que j'ai perdu m'a fait délirer... Pourquoi m'avez vous sauvé?

- Sache mon petit qu'un Bwork sait reconnaître un guerrier et j'ai décelé en toi l'âme d'un héros.

- Je pourrai être aussi fort que Wham?
Demanda Keazou, avec des yeux d'un petit enfant rêveur.

- Tu pourra même être plus fort, mais pour ça il faut te reposer mon petit
»


Keazou se rendormit doucement et le chef Bwork se surpris à avoir un sourire, il se demandait ce qui lui arrivait, pourquoi lui qui d'habitude est réputé pour sa cruauté et son barbarisme éprouvait pour ce petit une telle compassion. En tout cas pour lui une chose était sûre, tant qu'il serait vivant il veillerait a ce que ce jeune Iop reste en vie...



...
Chapitre 7 : Touché dans son orgueil...



Des mois ont passé depuis et il était tôt ce jour là sur le camps Bwork, la moitié de ses occupants étaient encore en train dormir... Keazou quant à lui s'entraînait avec acharnement sur de pauvres tofus maléfiques errant dans le camps :

« Et bien mon petit, en voilà une fougue de bon matin ! Se fit entendre une voix derrière lui. »
Keazou se retourna et aperçu le chef Bwork, traînant moultes cadavres de dragodindes derrière lui.

« La chasse a été bonne ce matin ! Viens par là, il est l'heure d'aller manger, et laisse ces tofus tranquilles, tu va t'attirer la colère de nos mages haha! »

Keazou se contenta de ranger son épée et de suivre le chef à travers le camps, l'odeur de la viande fraîche réveillait progressivement tous les Bworks du camps et ils étaient bientôt rassembler autour d'un feu de camps pour festoyer :

« Mes chers compagnons, fit le chef Bwork, nous pouvons remercier les dieux pour avoir été si généreux avec nous ce matin, mangez tant que vous le pouvez ! »

Les bworks n'attendirent même pas la fin de sa phrase qu'ils attaquèrent déjà la chaire des pauvres bêtes. Leurs méthodes pour manger étaient assez rustres et Keazou était très perturbé dans les premiers temps. Mais voilà, quelques mois s'étaient déjà écoulés et il se sentait maintenant parfaitement accomodé aux coutûmes Bwork...

« Kea, laisse cette viande, chuchota le grand chef Bwork, viens plutôt par là j'ai une surprise pour toi »
Keazou hocha la tête et suivi son père spirituel jusqu'à sa tente, il y découvrit sur la table au centre une espèce de dragodinde qu'il n'avait jamais vu, elle était dorée des pattes au bec :

« Est ce que je rêve ou est-ce réél?! S'exclama le jeune Keazou, les yeux ecarquillés.
- Non tu ne rêve pas mon petit, c'est une dragodinde dorée à la saveur inestimable, et je t'invite à la manger avec moi. »

Le jeune iop ne se fit pas prier et s'installa à table en se léchant les babines, les deux compagnons se mirent à manger la dragodinde sans rechigner...

Pendant ce temps là, Wham Bwork avait aperçu que les deux individus avaient disparus du festin et il les avait suivi jusqu'à sa tente, tapis dans l'ombre, il les observait :

« Tu sais Keazou, en quelques mois, tu es devenu un guerrier très puissant, dit le chef Bwork en arrachant une cuisse à la dragodinde dorée.
- Vous me flattez, mais je n'arriverai jamais à votre niveau, et encore moins à celui de Wham !
- Non Kea, tu te trompes, tu es devenu bien plus fort que cela, même si tu n'en as pas encore conscience, j'avais decelé cette étincelle dans tes yeux depuis le début... »

Keazou, gêné, se contenta de poursuivre à manger sans dire mot :

« D'ailleurs, j'ai quelque chose à t'annoncer Keazou...
- Je vous écoute cher mentor
, répondit Keazou la bouche pleine en toute insouciance.
- Cela a été une décision difficile pour moi... Wham est un grand guerrier, mais il n'a pas un comportement digne d'un chef...
- Où voulez vous en venir? Demanda Keazou en interrompant le chef Bwork.
- Et bien tu vois, je pensais que pour ma succession, le rôle de chef te conviendrait parfaitement.
- Mais, vous n'êtes pas encore sur le déclin, pourquoi pensez vous déjà à cela?!
- Oh que si je le suis, derrière cette carapace solide de Bwork se cache un être vieux et fatigué, et je compte finir ma vie à l'écart loin des soucis du camps...
- Mais je ne peux pas prendre votre succession, ce ne serait pas équitable pour Wham, toute sa vie il a attendu ce moment! Ajouta Keazou en se levant de table.
- Allons, du calme mon petit... C'est toujours moi le chef et si j'estime que tu es plus apte que lui à prendre le commandement du camps, c'est que j'ai mes raisons, mais cela ne t'intéresse-t-il donc vraiment pas? »

Keazou était pensif, Wham quant à lui en avait déjà assez entendu et décida de retourner voir ses compagnons :

« Bworks, mes chers frères ! Cria Wham devant ses partenaires. Je viens de surprendre une conversation de notre chef et de son petit morveux de protégé en train de partager une dragodinde dorée !
- Une dragodinde dorée?! Depuis quand partage-t-il ses succulentes proies avec un iop?! Se mit à hurler un autre Bwork dans l'assistance.
Du calme mes frères, demanda Wham en baissant de ton, et ce n'est pas tout, il veut faire de lui votre prochain chef, rôle qui m'était predestiné. Voulez vous vous faire diriger par un crétin de Iop?
- Non !! A mort le morveux! Vive Wham ! Crièrent en choeur les Bworks.
- Bien... Suivez moi mes frères, nous allons demander quelques explications à notre chef ! Rétorqua Wham en faisant signe à ses partenaires de le suivre ...



...
Chapître 8 : La destiné de Keazou



«Grand Chef ! J'ai à te parler ! Hurla Wham en dehors de la tente où se trouvaient Keazou et son mentor entouré de toute la tribu.»

Après un court moment, le grand chef sortit de sa tente et fit face a Wham :

«Depuis quand te permets tu de me parler sur ce ton Wham? Tu aurais oublié la hiérarchie de notre tribu?» Demanda-t-il en regardant Wham de haut.

Keazou se tenait là derrière, au niveau de l'entrée de la tente, regardant par une légère ouverture dans le tissu...

« J'ai pleinement conscience de la hiérarchie, mais je t'ai entendu parler à ce morveux tout à l'heure, de quel droit oses tu lui confier ta succession qui DEVAIT me revenir de droit? Provoqua Wham en s'appuyant d'un air massif sur sa hache.
- Déjà Wham, ne l'appelle pas "morveux" en ma présence, ce petit est mon protégé et je ne tolérais pas ce langage à propos de lui.
- Je l'appellerai comme ça si j'veux... Wham regarda en direction de la tente, HEIN MORVEUX? OU TE CACHES TU PETIT SCELERAT?»

En même temps qu'il criait, Wham se dirigea vers la tente pour trouver Keazou mais la masse imposante du Chef Bwork lui barra la route :


« Tu ne lui fera aucun mal Wham, et si tu t'obstine à vouloir faire selon ton bon gré, tu sais ce qu'il t'en coûtera...
- Soit, je demande donc un combat à mort pour décider qui de nous deux sera le chef ! Proposa Wham en repoussant le grand chef et en s'époussetant le bras.
- Certes, un challenge de la sorte est dans les règles et si c'est la seule solution pour que tu le laisse tranquille, j'accepte Wham !»

Sur ces paroles, le grand chef se dirigea vers sa tente pour aller chercher son équipement de combat, une fois entrer dans la tente Keazou se jeta sur lui :

« Que faites vous maître? Ne prenez pas de risque inconsidéré pour moi ! Vous n'avez aucune chance contre Wham, je ne peux pas vous laissez faire ça !
- Ne t'inquiète pas Keazou, j'accomplis ma destiné, je n'ai aucun regret...
- Votre destiné? Mais votre destiné n'est pas de mourir !
- Ecoute moi Keazou, j'ai quelque chose de plus à te dire, quelque chose que je ne t'ai jamais dit, approche... Le grand Chef Bwork s'agenouilla légèrement pour être à hauteur de Keazou, il existe une légende que mon arrière grand père a transmit a mon grand père qui lui même l'a transmit a mon père et qui me l'a transmit. Cette vieille légende, elle fait mention d'un jeune Iop, comme toi qui un jour arriverait en nos terres, ce iop serait capable de ramener la paix e Amakna en ces temps trouble... Dans la légende il est dit que ce iop serait porteur d'une croix, tout comme la tienne sur le dos... C'est pour cela que je t'ai gardé avec moi, que je t'ai protéger tout ce temps et transmit tout ce que j'avais à te transmettre. Désormais tu es arrivé à maturité et je peux te laisser continuer ton périple sans crainte.
- Mais, mais... Quelle est l'origine exacte de cette légende? Et pourquoi un bwork voudrait-t-il amener la paix en notre monde?
- Un bwork est une brute certes, mais il a tout de même un coeur comme chaque être humain et il peut éprouver de la compassion... La brutalité des Bworks n'est qu'une protection qui nous permet de rester craints et donc de continuer à prospérer... Enfin pour certains.»

Keazou resta de marbre, alors que le grand chef enfilait sa lourde ceinture de cuir et son casque orné de plume de Kwak de terre. Il sortit sa large épée de son fourreau puis il se pencha une ultime fois vers Keazou :

« Je suis fier de ce que tu es devenu, n'oublie jamais les préceptes que je t'ai enseigné et ne devient pas comme la majorité des humains, hostiles à notre race. Toi, tu saura qu'en un mois de Flovor 635, un Bwork a accomplit une bonne chose, pour la contrée»

Le maître et son élève se donnèrent leur première et peut être dernière étreinte de leur vie, le grand chef sortit combattre Wham et Keazou se remit à son poste d'observateur, remplit à la fois d'une grande inquiétude et d'une haine incommensurable, à la fois contre lui et contre son Dieu qui avait déjà mit en péril tout au long de sa vie beaucoup d'êtres qui lui était cher...



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