[Kirin Tor] Naissance et « môr »,

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- J'ai aimé te connaître Keyra.

Voila le dernier murmure du rogue sadique, avant qu'il ne disparaisse dans l'obscurité de la grande cité Elfique. Son visage enténébré aux traits endurcis se figeait dans le temps, il n'était plus que l'ombre de lui même, une armure épique en cuir sans vie, de couleur anthracite et grenat, irradiant d'effluves angoissantes, chaotiques et agressives. Môr'haun décidait de se taire à jamais, de ne plus regarder les images de sa vie, pour un secret non dévoilé.


Jadis, son toucher, l'odorat et son intuition d'assassin furent poussés à leurs paroxysmes, sa méditation constante lui permettait de lire l'avenir de quelques secondes et ainsi de devenir insaisissable, un fléau mortel pour ses ennemis. L'empathie qu'il maniait avec maîtrise, était son moyen de communication avec les âmes vivantes et défuntes. La colère et la violence, ses alliées pour vaincre et dominer, finissaient peut être par devenir un fardeau, trop lourd à porter.

- « Le tourmenté » au poing serré, au craquement de cuir érotique, contenant brutalité et possession, fantasme... Je ressens en mon essence, ton envol.

Le lac Iris entrait en tumulte, il pleuvait abondamment, de petites vaguelettes se formaient, accueillantes mais grisâtres, pour les larmes de la déesse... Azshara, endroit lourd d'un passé suicidaire, aux teintes ocres, mourrait à l'infinie encore et toujours ; la statue de la reine, versait un sang bleu-nuit de ses blessures fossiles. L'arche d'Auberdine, le chant accueillant des âmes Elfiques murmurait le silence, comme pour porter un deuil ; le gouffre gémissait, plaintif de ses âmes en peine...

Au temple de la lune, sous la voûte du mausolée de l'enfant, les eaux dormantes refusaient la vie.

- Un endroit de culte, qui fut le cimetière de l'acte d'amour.

Quelques cloques de souffre crevaient la surface du bassin aux pieds de l'immense statue, une odeur suggestive s'en dégageait. L'effigie de pierre se confondait dans « le voile », irradiant sa genèse à qui savait la lire. On y ressentait la honte, le dégoût et la tristesse d'une femme entrain de donner naissance à un mort-né. Entre ses cuisses ouvertes, son intimité vomissante et déchirée baillait de souffrance sans fin, brunie d'un musc nauséabond qui ruisselait, mélange odoriférant, peut être appétissant.

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- Ma langue trahissait ma perfide obscénité, en répandant la salive du désir cannibale.

Elle gémissait rauque, dans les spasmes de sa rédemption, les viscères anarchiques et pendantes, son rejeton noirci et fumant, encore attaché par le cordon du désespoir. Quelques gouttes de sang se fracassaient sur la chair morte, en bataille avec un placenta meurtrier.

- Elle avortait, debout, d'une larve couverte de cicatrices suintantes d'un fluide cobalt... A peine conçue, déjà condamnée, la chair de ma chair.

La jeune femme fébrile, portait une main tremblante et assassine à son nez pour repousser l'odeur de souffre, suffocante.

- Qu'avions nous engendré...

Le conteur s'effaça derrière les « mots », sa pèlerine de jais refermant la porte sur l'univers du néant nocturne. Avant que le voile de l'horreur ne se dissipe totalement dans la froideur des ombres, une plume blanche tombait lentement, se posant sur la margelle en pierre froide, non loin d'une pétale de rose noire.


_____
A mon ami Loerys, sois le « Gardien ».

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Lac Iris, Teldrassil

Il fut mon arbre. Des branches sinistres et tortueuses dans lesquelles je sommeillais, partageant avec lui mes songes, le nourrissant, l'apaisant, l'empoisonnant.
Au bout de ses branches trônaient des feuilles de jais, des feuilles comme des plumes, douces mais tranchantes, belles et cruelles.
Je dormis à l'ombre de cette arbre me protégeant d'un soleil bien trop pénibles pour mes yeux débiles, préférant le sinueux poison d'un rêve mort-né plutôt que le couperet expéditif d'une réalité vide de sens.

Quelles fleurs écloreront de cette arbre lorsque viendra le printemps?

Je les imaginais tantôt rouges écarlates, saignant leurs peines sur la terre noire; parfois obsidiennes, l'arbre et la fleur ne formant plus qu'une entité, qu'une ombre sublime et informe, une masse éthérée; rarement blanches, d'une luminosité lunaire, seule lueur que ma vision profane pouvait encore tolérer. La lune pour héritage, les ombres pour père; Y avait-il une autre fin possible mon frère?

Il fut mon arbre, ma terre, mon sang, ce qui retenait ma chute, un songe bien trop présent pour n'être qu'éther, une vie bien plus qu'un rêve.

Il n'était plus.


Bastion de Feathermoon, Feralas
Un tronc d'arbre sur la plage. Je me souvenais que tu t'endormais parfois dessus, après notre pêche quotidienne. Je faisais un feu, et tu me cuisinais les poissons que j'avais pêché. Tu me parlais de tes ombres, de "fort" de "faible", de linceul que sais-je encore...je n'écoutais pas, je regardais la lune...

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Je savais que tout songe a une fin, et que ce songe là était agonisant, condamné par sa double essence. J'aurais dû me réveiller avant qu'il ne soit trop tard, avant de contempler son agonie, avant de le voir disparaître sous mon regard impuissant.

Quel était ton visage déjà? Et ton nom?

Je devais être le gardien, le protecteur d'un rêve qui m'échappait peu à peu...
Il m'avait laissé deux choses. Une plume, pour me rappeler ses belles ailes que j'avais, je crois, toucher...cruel jusqu'au bout, même avec ton frère.
Et l'espoir d'une fleur de Lune.

Peut être que ce printemps...ou le suivant...si seulement...
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