[Cartaghian]

(A écouter pendant la lecture: cliquez ici)

J'étais devant les forges, je regardais la montagne, et la ville.
Je sentais le vent glacé me meurtrir la peau; mais je l'entendais, surtout. Il fendait les arbres, et caressait la roche en hurlant. Terrifiant.

Les premiers accords arrivèrent, discrètement. Ils revenaient d'outre-tombe.
Je me rappelle, elle était belle cette musique. Pas forcément compliquée, pas de la grande musique, juste quelques notes, une pour chaque souvenir.
Les rires de ma môme, le sourire de ma femme, la guerre, la folie, les crises, la mort, les défias, Lokhart, les amis, et l'alcool aussi, toujours là pour m'entraîner un peu plus bas.

Comment j'ai pu en arriver là ... ?

[Cartaghian]

La musique s'arrête. Pas les souvenirs.
C'est pas à moi de raconter cette histoire. C'était la sienne, je n'étais qu'un personnage secondaire.
Laisser la parole aux morts, c'est peut être le meilleur cadeau qu'on puisse leur faire... Ils n'ont sûrement pas grand monde pour les écouter, là ou ils sont.
Oyez Oyez... Voici...



...L'histoire du déserteur.

Ils s'étaient tous mis contre moi. Les officiers, les morts-vivants... Ils voulaient tous la même chose, ma peau. Moi je ne voulais pas crever, mais c'était mon boulot, paraît-il. Alors j'ai démissionné, sauf que je n'avais pas mis au courant les patrons.
J'étais recherché. J'ai dû quitter Azeroth. Le premier bateau, je l'ai pris. Sans un sou en poche, sans même avoir pu acheter de nouveaux vêtements. Contre quelques heures de travail quotidien sur le navire, j'étais nourri et logé, pas encore blanchi, mais ça n'allait pas tarder. Destination : Kalimdor. Plus loin c'était, et mieux ce serait.

Le bateau à accosté dans une ville : Auberdine.
Je regardais le long ponton, qui finissait en une sorte de grand bâtiment, avec une architecture étonnante. Presque organique. C'était magnifique.
J'étais maçon avant d'être soldat, ça peut paraître idiot, mais ce genre de chose m'intéressait.
Il y avait ces deux elfes, un jeune, et un vieux. Ils ne se parlaient pas. Le vieux pêchait. Le jeune répétait la même phrase à tout les passants. Dans sa langue pour les elfes, enfin, c'est ce que j'avais déduis, et en langage commun pour les autres.
-Connaissez-vous Vaar Gahas ?
Je m'arrêtais, interpellé.
-Non... Je ne le connais pas. Qui est-ce ?
Aucune réponse. Il m'observait. Dans ses yeux, pas grands choses. La tristesse peut être, et la folie, sans aucun doute. Le vieil elfe se retourna.
-Ne faites pas attention à lui. C'est un lunatique.
-D'accord.
Son regard étonné se posa sur moi, et ma tenue.
-Vous êtes un soldat. Un soldat humain ? Nous n'en voyons pas beaucoup par ici. Et jamais seul.
-J'ai dû me perdre.
Il me sourit. Il avait compris.
-Arrêtons-nous là pour, les questions. Nous risquerions de nous montrer indiscret.
Je souriais, un peu bêtement, comme un enfant gêné devant sa mère, quand il sait qu'elle est au courant pour les pots de confiture qu'il a volé. Souvenir de jeunesse.
Hochant la tête, il ajouta :
-Vous aimez le poisson ?
-Quand je suis affamé.
-Vous l'êtes ?
-Oui. C'est une sorte d'invitation pour un déjeuner ?
-Ca y ressemble. Vous acceptez ?
-Avec plaisir.

Nous mangeâmes dans une auberge, en ville. Apparemment, les elfes acceptent qu'on apporte sa propre nourriture à la cantine.
Au cours du repas j'appris que le vieux s'appelait Radnaal Maneweaver, qu'il était en quelque sorte l'oncle du jeune, qu'il était dépeceur et tanneur, et qu'il habitait une petite maison prés d'une autre ville du nom d'Astranaar, avec son neveu, et sa fille, une certaine Nadiya.
Je lui dis mon nom, Jean. Et m'intéressais de nouveau au jeune.
-Et votre neveu ? Il n'a pas de nom.
-Je crois qu'il l'a oublié. Alors nous en avons fais autant.
-C'est une histoire étrange.
Ces elfes m'intriguaient. Je voulais en savoir plus, mais ce Radnaal n'avait pas l'air de vouloir en parler.
-Oui... Elle est étrange. Mais parlons d'autre chose. Je suppose que vous n'avez pas d'endroit ou dormir. Vous êtes le bienvenu chez moi, si vous le souhaitez.
Il se montrait vraiment bienveillant à mon égard. J'étais méfiant, au début. Réaction singulière, mais les gens m'avaient fais tellement de crasses depuis quelques temps que j'étais devenu appréhensif, même envers les bons sentiments.
Ca ne m'empêcha pas d'accepter.
Il possédait un chariot, tracté par un grand tigre, assez impressionnant. Nous montâmes, et fîmes route vers sa chaumière.

[Cartaghian]

La route était longue jusqu'à Astranaar. Le vieux conduisait, moi j'étais à l'arrière, avec le fou.
Alors que nous passions devant une vieille baraque, il s'excita. Tout tremblotant, il répétait sans cesse sa phrase favorite: "Connaissez-vous Vaar Gahas ?". Décidément intrigué, j'interrogeais Radnaal.
-Mais qui est-il, à la fin, ce Vaar Gahas ?
Il souriait.
-Vaar Gahas... C'est une légende. Une histoire qu'on raconte pour faire peur aux enfants...
Je regardais le jeune.
-Ca a l'air de marcher. Il ne s'en est pas remis, lui. De quoi parle t-elle cette légende ?
-Elle parle de guerre, d'amour, de folie, de meurtre, de peine...
-Vous ne voulez pas me la raconter ?
-Plus tard. Nous sommes arrivés.

Je regardais autour de moi, et en effet, nous étions devant une grande cabane.
Il arrêta la tigre, et mes deux compagnons descendirent du chariot, Je décidais d'en faire autant.
Une elfe, fort jolie, nous accueillit. Radnaal m'expliqua que c'était sa fille, dont il m'avait parlé tantôt à l'auberge. Il nous présenta, puis elle prit le fou par la main, et l'emmena dans la maison.

Raadnal me proposa une promenade dans la forêt. J'acceptais. Ashenval est une région aux couleurs magnifiques, idéale pour une ballade. Alors que nous marchions, il me conta l'histoire de Vaar Gahas.

-C'était un chasseur de la région, comme son père, son grand-père, et aller savoir combien d'autre de ses aïeux. Il avait une femme qui était barde, et une fille. Il les adorait par dessus tout. Malheureusement, la légion ardente envahis Lordaeron, comme vous le savez, et il fut envoyé, avec bien d'autres elfes, pour aider les humains à défendre leurs terres.
-Oui, j'ai entendu parler de ces elfes.
-Il ne resta pas longtemps là bas.
-Pourquoi ?
-Peut être était-il trop sensible, ou pas assez fort. Il avait dû voir trop de ses amis mourir, et se relever, transformé en monstre . Quoiqu'il en soit, l'horreur de la guerre le rendit fou, et il fut rapatrié.
-Il a eu de la chance.
-Pas vraiment. Quand il revint, il vit que le fléau avait commencé à infecter notre région, ce qui amplifia sa peur et sa folie. Il finit par croire que sa femme et sa fille étaient elles aussi corrompues. Il ne pouvait supporter l'idée de les voir subir le même sort que ses camarades. Une nuit, il les tua, et brûla leur corps, comme on le lui avait appris, puis il se donna la mort, réalisant qu'il ne pourrait plus jamais être heureux, sans elles.
-C'est sordide...
Je repensais à l'autre elfe, le lunatique.
-Et votre neveu ? Pourquoi parle t-il tout le temps de ce Vaar Gahas ?
-Je ne sais pas. Cette histoire l'obsède... Je n'ai jamais bien compris.
Il leva les yeux vers le soleil.
-Nous devrions rentrer, il est bientôt l'heure de dîner.
Il fit marche arrière, en direction de chez lui.
Moi je le suivais, sans rien dire, songeant toujours au mystérieux elfe. Je me demandais quel secret pouvait bien cacher son éternelle question: "Connaissez vous Vaar Gahas ?".
Peut être que lui, il le connaissait...

(A suivre...²)

[Ayame]

Une elfe, peste et marmonne milles injures, sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Elle répète inlassablement "La suite..Par Elune..La suite"..Peut être la folie l'a t-elle frappé aussi.

[Cartaghian]

Ailleurs et plus tard...

-Oui, on peut dire qu'il l'a connu.
Je regardais autour de moi. La maison dans laquelle je me trouvais me rappelait celle de Radnaal.

Aprés plusieurs jours de recherche, j'avais enfin trouvé quelqu'un qui pourrait satisfaire mes interrogations.
Le mutisme des Maneweaver au sujet du neveu avait tellement excité ma curiosité, que je fusse bien décidé à ne pas quitté la région tant que mes questions eurent été sans réponse.
Mes investigations ne m'avait pas mené bien loin, pour l'instant. Les gens savaient beaucoup de chose, j'en étais persuadé, mais ils n'osaient pas parlé. On ne fait pas beaucoup confiance aux humains dans cette région.

L'elfe avec lequel je discutais, je l'avais rencontré assis au bord du lac Iris, lors d'une de mes ballades. Il m'avait invité chez lui, pour bavarder tranquillement.

-Alors vous savez quelque chose ? Dîtes moi !
-Certaines vérités sont bien trop compliquées pour être révélées par un moyen aussi simple que la parole.
-Ne jouez pas au vieux sage elfique. Ce genre de grande phrase m'agace au plus haut point.
Il me sourit, et semblait amusé.
-Humain. Il y a une vieille maison sur la route d'Astranaar. Je suis persuadé que vous l'avez déjà vue. N'est-ce pas ?
En effet, j'étais passé devant le jour ou Radnaal m'avait emmené chez lui, dans sa charrette.
-Oui, cela me dit quelque chose.
-Eh bien, allez-y. Interrogez plutôt cette bâtisse. Elle vous révélera des faits, et non les exégèses d'un vieil elfe rencontré au hasard d'une promenade.

Je décidais de m'y rendre le lendemain. Pour l'heure je devais rentrer. J'avais promis à Nadiya de l'aider pour quelques travaux.

[Cartaghian]

Et en effet, le lendemain...

J'étais devant la maison. Elle ressemblait aux autres, mais était pourtant différente, lugubre. Pour tout accueil je vis trois tombes sur lesquelles étaient gravé "Vaar Gahas", "Cassandre Gahas" et "Dorini Gahas". Pas de date.

Je poussais la porte d'entrée qui gémissait, comme un cri d'enfant. L'intérieur était délabré, rien n'avaient pu résister à l'usure du temps. L'endroit n'était pas très grand. trois pièces, une table, deux lits.
J'observais, "j'interrogeais la bâtisse" comme me l'avait conseillé l'Elfe, et elle finit par me répondre.

Sur un des murs, je remarquai la trace que peuvent laisser des tableaux quand on les décroche. Je regardais autour de moi, si je trouvais quelque chose, et effectivement, il y avait un cadre brisé sur la table. Brisé et nu. Quelqu'un avait dû prendre et détruire la peinture qu'il ornait.

Il y avait bien trop de mystère autour de cette histoire. J'en étais maintenant persuadé, Vaar Gahas n'était pas mort. Et je comptais bien le prouver. Pour cela, j'avais besoin de l'obscurité nocturne, et d'une bêche.

<Cette nuit, je déterrerai tout ces sales souvenirs, et tout les secrets qu'ils cachent.>