Hamel "Fureur" del'Horim & Sedna "Najara" Ham'Toguk

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Prologue

Avant de lire, j'aimerais vous dire que ces textes sont l'oeuvre de plus d'un long mois d'écriture entre Timpanie (connu dans le jeu sous Sedna/Najara), Tarot (Fureur/Hamel) et avec la participation des autres membres de la Confrérie d'Orphée Linas.
Les dessins sont l'oeuvre de Moyashi.

Cette histoire fait à peu près 80 pages word. Elle est actuellement en cours de correction orthographique, alors je ne vous poste pour le moment qu'une première partie de notre travail (à peu près 20 pages). Lorsque tout cela sera corrigé, je mettrais une version Word téléchargeable ici.

Pour respecter l'intégralité des textes, j'aimerais que vous postiez vos messages lorsque tous les textes seront diffusés. Je demanderais à un modérateur de supprimer les critiques (qu'elles soient bonnes ou mauvaises). Cependant j'accepte les messages privés ^^.

Bonne lecture à vous en espérant que vous aurez le courage de tout lire.
Chapitre 01 : Rupture et Retrouvailles

Après s'être recueillie une longue partie de la soirée devant la tombe d’Orphée Linas, au cimetière de Bonta, Sedna rentra chez elle en Amakna où lentement et en pleurant en silence, elle rassembla quelques affaires. Son paquetage sous le bras, elle prit une dizaine de minutes plus tard le zaap et entra doucement, sans faire de bruit, dans le bâtiment de l'Orphéelinas.

La maison était fort calme. Seuls les ronflements de Loster et le grincement du bois sous un vent d’automne chuchotaient faiblement dans les étages. Sedna déposa son sac tristement et entra dans le salon. Il y faisait chaud, très chaud et c’était agréable mais malgré la chaleur, celle-ci ne réchauffait pas son cœur. Un grand feu brûlait dans la cheminée et éclairait la pièce de nombreux reflets cuivrés. Zolux était endormie dans un des fauteuils devant le feu, les pieds allongés sur un repose-pied et le corps emmitouflé dans une grosse couverture de laine noire.

Visiblement tout le monde dormait déjà. Elle s’avança vers le foyer et s’assit dans un des fauteuils avec tristesse. Elle regarda les flammes un long moment en pensant à son mariage, à Fureur son mari, puis sans crier garde elle éclata en sanglot, pleurant en silence pour ne pas réveiller Zolux à quelques mètres d’elle.

Comment pouvait-il l’avoir abandonner ? Mais avait-il vraiment fait cela ? Elle se mentait à elle-même. C’était elle plutôt qui l’avait fuit. Elle ne supportait plus cela. Son passé était devenu trop lourd à porter. Sedna jalousait trop de femmes, elle jalousait trop de corps que Fureur avait souillés. Etre la femme d’Hamel del’Horim, la femme de Fureur, cet homme si détestable qui avait tué, violé et maltraité tellement de femmes était une charge devenue trop, bien trop lourde à porter.

Son corps, son cœur et son âme souffraient de ce passé si sombre. Il l’avait abandonné elle et ses enfants qu’elle attendait. Après tout, se disait-elle, il n’avait certainement pas l’instinct paternel. Il avait bien tué Moshé, son propre fils qu’il avait eu avec Sélène, sa première femme et il avait tourné le dos à Real, son deuxième jumeau. Tout était si noir autour de lui. Que savait-elle de lui après tout ? Absolument rien.

Pourtant elle avait crut à sa rédemption mais elle souffrait plus que lui de ce lourd passé. Alors qu’il essayait d’aller de l’avant, Sedna ne pouvait s’empêcher de ne voir en Hamel que son côté sombre. Elle n’avait pas confiance en lui, toujours elle doutait de son amour. La force de croire en lui s’échappait jour après jour.

Un instant plus tard, alors qu’il lui semblait qu’elle n’avait plus de force pour pleurer, une main se posa sur son épaule. Lorsqu’elle tourna la tête, les yeux brillants, elle vit Bozo. Il lui souriait avec tendresse, caressant d’un revers de main ses joues avant d’essuyer d’un pouce ses larmes.

“C’est fini.” Murmura-t-elle. “Entre Fureur et moi… c'est fini.”

Le sacrieur lui prit la main et la tira vers lui pour la serrer dans ses bras. Elle éclata encore en sanglot sur son épaule, se laissant bercer par son ex-mari qui se contentait de caresser ses longs cheveux et d’embrasser sa nuque.

Puis il l’emmena vers les escaliers, prenant au passage son paquetage. Ils montèrent les marches, essayant de faire le moins de bruit possible et d'éviter les nombreux jouets en bois des Orphéelins.

Ils passèrent devant plusieurs chambres dont celle de Kitkat et de Tyl-Thal avant d’entrer dans la chambre de Bozo. Celle-ci était assez démunie de meuble. Il n'y avait qu'un grand lit non fait, un fauteuil ridicule, une table de chevet, une petite armoire où le portrait de Sedna était accroché et au plafond, suspendu au lustre quelques branches de charme remplissaient la pièce de l'odeur agréable de cet arbre.

Le sacrieur déposa le sac de la sadida sur le fauteuil qui chancela sous le choc avant de se tourner vers elle, les bras ouvert en se courbant gracieusement.

“Ma chambre et mon lit sont également vôtre, princesse des bois.” Dit-il sur un ton qui fit sourire la jeune femme. "Comme au bon vieux temps... où tu étais mienne. Où tu ne pleurais jamais..."

Sedna baissa la tête timidement avant de la relever et de sourire. Elle referma lentement la porte derrière elle et dans un élan elle s’élança vers le sacrieur qui la serra fort dans ses bras.

Ils parlèrent de longues heures du mal qu’elle ressentait au fond d’elle et rien que le fait d’en parler lui enleva un poids à l’estomac. Blottie dans les bras du sacrieur et emmitouflée dans les couvertures, elle s’endormit sous les caresses de Bozo qui la berçait et qui la regarda dormir jusqu’à l’aube.
Chapitre 02 : Réflexions et Cheminement

Cette nuit là, le jour où Sedna - sa femme - lui apprit qu'il ne comptait plus pour elle, Hamel del’Horim, plus connu en tant que Fureur était complètement déconcerté. Pendant de longues heures il marcha au hasard de quelques sentiers battus. Le vent provenant des landes de Sidimote sifflait dans toute la province d'Amakna, ce petit vent d'automne qui faisait tomber les feuilles qui résistaient avec passion aux branches des arbres qui les avaient vu bourgeonner. Djaul, Gardien de Descendre, allait avoir bientôt toute son emprise sur cette belle région, recouvrant la contrée d'une blanche et froide neige alors que le ciel s'assombrirait d'avantage.

Mais les pérégrinations climatiques étaient loin d'être le principal malheur qui occupait le cœur du féca. Il se sentait seul, terriblement seul. Jamais durant sa vie, il n'avait ressentit cela. L'hiver prenait déjà possession de son être. Il ne vivait même pas dans la haine qu'il connaissait jadis. Pour la première fois, il était la cause même de son malheur. Il ressentait de la haine pour lui-même, incapable de garder ce bonheur qu'il appréciait tant.

Tout avait commencé à la soirée qu'avait organisée Zooooooorha. Non bien sûr, tout cela avait débuté bien avant mais cette nuit où tout se déclencha. Pourtant Sedna l'avait prévenu, il ne pouvait le nier. Alors pourquoi ? Pourquoi, alors qu'il lui avait promit qu'il serait fort, qu'il montrerait qu'il tenait à elle plus que tout, il s'était enfuit comme un lâche, laissant sa douce aimée aux bras de Bozo, son ex-époux ?

Fureur s'engouffra dans la forêt maudite des Abraknydes. Tous étaient repliés, dormant d'un sommeil sylvestre. Les Abraknydes commençaient à préparer leur hiver eux aussi. Le froid engourdissait leurs racines qui s'enfonçaient avec peine dans la terre gelée de la forêt. Fureur n'avait aucune envie de les combattre, pas ce soir en tout cas. Il marchait tout simplement, perdu dans son esprit.

Il regarda son bâton de Féca qu'il tenait en main, le bâton qui l'aidait à marcher. Il eût un sourire maussade. Féca, la déesse protectrice était encore là, en lui, il le savait, il la sentait. Pourtant il avait renié ses préceptes, il ne croyait plus en elle. Fureur voulait changer, il en était certain maintenant.

Féca avait été bonne avec lui. Elle l'avait protégé de nombreuses fois. Elle l’avait défendu de nombreuses blessures physiques mais aucune de l'esprit et du cœur finalement. C'était à cause d'elle. A cause d'elle qu'il en était arrivé là ou plutôt à cause de ses “Maîtres” au temple de Féca, là bas, dans son ancienne contrée. On lui avait appris à calmer la bête en lui. Bien trop souvent on l'avait empêché de vivre pleinement ses passions. Féca demandait beaucoup de sang froid et de tempérament. C’était pour cela que son autre lui était si agité dans le passé, si violent.

Mais c'était grâce à Sedna qu'il avait pu se retrouver entier, unis dans le calme et la violence. Elle avait su apaiser son ombre, ce qu’aucune autre n’avait réussi jusqu’à présent. Mais Fureur avait encore peur de cette férocité et n'osait jamais se déchaîner avec discernement. C’était cela que Sedna lui reprochait. D'être trop désinvolte quelque soit la situation ou bien trop hargneux. Mais il essayait de changer. Après plus de vingt années à se combattre soi-même, après plus de trente années à fuir le malheur, tout paraissait si dur.

Fureur ne put s'empêcher d'avoir un hoquet de sanglot. Il mit une main à sa bouche pour contenir toute la peine qui était en lui. Ce geste… encore un conditionnement des préceptes de Féca. Mais ses yeux ne pouvaient s'empêcher de pleurer. Des larmes cristallines tombaient sur les hautes herbes givrées des plaines de Cania. Fureur ne sentait plus ses pieds engourdis par le froid. Ses vieilles bottes étaient décousues un peu partout… ses chères bottes qui furent de tous ses voyages.

Malgré le chagrin, même si Sedna l'avait abandonné, Fureur ne pouvait continuer comme cela. Même s'il était seul, il devait continuer ce qu'il avait entreprit, ne pas renoncer sinon tous les moments qu'il avait passés avec la seule femme qui comptait pour lui maintenant et pour toujours désormais auraient été vains. Car il en avait passé des moments heureux avec elle. Il n’avait jamais été aussi heureux de toute sa vie qu’en compagnie de Sedna. Avec elle il se sentait enfin libre, mari et père. Même si maintenant il était seul, il voulait vivre dans ces souvenirs. Il voulait rendre grâce à tout ce qu'il avait vécu avec elle.

Fureur ne ressentait plus en lui le désir de mourir. Mourir en cet instant aurait été ridicule, même lâche. Il voulait devenir fort, comme il lui avait promit. Il arriva à la lisière du bois de Litneg après un moment de marche. Pour la première fois de la nuit, il releva la tête, ne contemplant plus le sol mais contemplant la densité forestière. Il se pinça les lèvres et expira fort par le nez. Un nuage d'une condensation éphémère s'y échappa. Il avança d'un pas sûr dans le bois. Maintenant, il avait un but.

Après quelques longues minutes, il trouva enfin ce qu'il cherchait. A ses pieds trônait une souche presque complètement calcinée avec sur le sommet de celle-ci une feuille. La feuille battait fébrilement sous la bise froide et déchirante. Il avait triste mine cet arbre, ou plutôt ce charme. Leur charme. Le charme de leurs enfants. Le charme qui les a vu s'unir Sedna et lui. Le charme brûlé par la grand-mère de son épouse. Le charme qu'il ne pouvait abandonné. Fureur y avait greffé une feuille du charme natal de Sedna afin qu'il puisse reprendre vie. C'était difficile - voir impossible avec l'hiver approchant – car la petite feuille allait mourir sous les assauts du vent glacial. Mais Fureur gardait espoir. Il le fallait. Il vivrait sûrement loin maintenant de celle qui l'aime et de ses enfants qu'il ne verra sûrement jamais, mais il voulait leurs offrir au moins cela, le charme que tout sadida se doit d'avoir pour vivre, aimer et mourir.

Le féca sortit une cape, pas n'importe quelle cape, une brouteuse somptueuse, la brouteuse que Sedna lui avait donnée. Elle sentait encore l'odeur de la sadida, ce doux parfum unique que jamais il n'oublierait. Il se couvrit de cette superbe cape, humant l’odeur de son épouse à travers les feuilles. Toutes les morsures du froid s'évanouirent subitement. Il s'assit dos au vent et face contre ce qui restait de l'arbre. Ensuite il se pencha en avant et peu à peu le vent s'atténua autour de la feuille ne bougea plus. Fureur tentait de la protéger du vent et du froid, au moins pour une nuit, au moins pour cette nuit.

Plusieurs heures s'écoulèrent. Fureur s'endormait peu à peu. Si son buste avait chaud, il n'avait rien pour protéger ses jambes posées sur l'herbe humide. Le froid l'emportait doucement vers une léthargie qui le séparait de ses chagrins.

Soudain, une étrange vapeur verdâtre commença à l'entourer. Fureur s'en rendait compte mais il ne voulait et ne pouvait pas bouger. Le froid l'avait groggy mais de toute façon il avait son charme à protéger. Une douce senteur d'herbe folle se dégagea rapidement de cette fumée mystique. Fureur savait ce que c'était, il connaissait déjà cela. Quelqu'un se tenait derrière lui, il en était sûr. Des petits bruits de morceaux de bombus s'entrechoquaient timidement. Sans se retourner Fureur devina de qui il s'agissait. Sadida en personne se tenait derrière lui, le scrutant de ses yeux rouges.

Soudain le dieu pointa son doigt crochu vers l'homme devenu humble. Fureur ressentit une brûlure subite au niveau du thorax. La marque que Sadida lui avait faite une nuit se réveilla, ardente. Fureur trembla de tout son être, expirant sans force par la bouche la douleur. Sadida enfonça son doigt à travers les vêtements de l'ancien disciple de Féca qui maintenant ne ressentait plus rien. Le dieu glissa son doigt sur la ligne des épaules ainsi que sur le dos voûté du féca, suivant la colonne vertébrale. Une petite marque noire sentant le poison paralysant dépassa du col de la chemise de Fureur. On pouvait facilement deviner qu'il en était de même sur toute la peau du féca touchée par le dieu. La Découpe avançait petit à petit. Sadida l'acceptait encore un peu plus comme disciple.

Fureur ressentit alors une terrible secousse à l'intérieur de lui-même. Il rouvrit les yeux alors qu'il lui semblait être déjà éveillé. Son corps ne lui faisait plus mal, il se sentait bien. Il contempla la feuille de charme sur la souche calcinée. Elle avait l'air d'être un peu plus revigorée. Cette feuille lui rappelait tellement Sedna et cette pensée le fit sourire. Puis après de longues minutes, épuisé par l'effort et la tristesse, il s'endormit finalement en couvrant toujours son charme des attaques climatiques.
Chapitre 03 : Repas et Amitié

Lorsqu'elle descendit au matin, les cheveux relevés et attachés par une pince en frêne pour le petit déjeuner en compagnie de Bozo, Sedna fut dévisagée par les Orphéelins. Elle prit place à la grande table, près d'un Bozo qui visiblement n'éprouvait aucune gêne d'être sous tous ces regards interrogateurs.

Sedna mit un moment avant de se mettre à manger son bol de porridge que Zolux venait de lui servir. Elle ne décrocha pas ses yeux de cette mixture peu ragoûtante pour ne pas croiser les regards des Orphéelins qui, elle en était certaine, attendaient une explication de sa présence ici.

Bozo quant à lui mangeait de bon cœur son bol, faisant fit des rumeurs, des murmures qui s'élevaient autour de la grande table. Il lançait de larges sourires à Sedna, la barbe parsemée de miettes de pains qu’elle lui enlevait en riant. Il faisait le pitre pour la faire rire, visiblement satisfait de ses effets. Il se penchait souvent vers elle pour lui murmurer des mots doux à l’oreille pendant qu’il lui tartinait de confiture de fraise quelques petits pains au beurre. Celle-ci, lorsqu'elle les accepta se fit caresser le revers de la main par Bozo. Ce geste fit murmurer encore plus fort les Orphéelins.

Après le petit-déjeuner terminé, le sacrieur regarda les Orphéelins les uns après les autres dans les yeux. Il avait un air faussement autoritaire et il agitait le reste d’une baguette de pain comme une arme, ce qui fit rire quelques petits Orphéelins. “Qu'est ce qui se passe ici ! Vous avez fini de nous dévisager de la sorte ? Cette maison est celle des Orphéelins que je sache. La belle Sedna des bois…” Il lui fit un clin d’œil qui la fit sourire. “… a aussi le droit de la partager, comme nous tous, surtout en ce moment.” Il agita plus fort le morceau de pain qui se brisa en deux. “Et le premier qui fait la tête, je lui raconte une mauvaise blague ! Non mais ! Allez affichez-moi un sourire et venez faire un gros bisou à Sedna ! Elle a besoin de tout notre amour.”

Bozo l'embrassa sur la joue avec un grand sourire avant de lui murmurer des paroles étouffées dans le creux de l’oreille et de caresser son ventre rond. Une fois l’étreinte brisée, une grande partie des Orphéelins s’élancèrent vers elle pour la serrer dans leur bras de toute part. Certains, trop petits pour atteindre Sedna, se firent soulever dans les airs par Bozo qui les tenait à bout de bras au-dessus de la petite foule pour embrasser Sedna.

“Il y aura toujours une place à coté de moi, à cette table et dans mon cœur pour toi Sedna.” Lança-t-il d’une voie enjouée. “Et j'espère que les Orphéelins en ont une aussi… tout aussi grande. D’ailleurs, je n'en doute pas une seconde.”

Zolux roula les yeux en sortant de la cuisine, et chassa de son chiffon la petite troupe d’enfants en leur ordonnant de laisser Sedna respirer. Elle alla enlacer son amie en lui promettant que tout irait bien et lorsqu’elle se sépara d’elle, Loster se rapprocha de la sadida, lui embrassa la joue avant de l’enlacer à son tour. “Tout ira mieux ne t'inquiètes pas.” Dit-il avant de repartir avec des assiettes sales dans les mains, le sourire aux lèvres, faisant un clin d’œil amical à la belle.

Cela faisait une semaine maintenant que Sedna avait emménagée dans l'Orphéelinas et qu’elle dormait chaque soir dans la chambre de Bozo. Les plus petits Orphéelins étaient heureux de la savoir de nouveau plus présente pour eux mais les plus âgés voyaient d'un mauvais oeil le fait qu'elle entretienne avec Bozo une relation ambiguë. Cependant, tous étaient aux petits soins pour elle.

La sadida passait ses journées en compagnie du sacrieur qui arrivait à la faire rire avec ses histoires ridicules. Ils ne se séparèrent jamais vraiment longtemps. Même lorsqu’ils faisaient leur toilette, ils y allèrent ensemble au ruisseau. Bozo l'accompagnait chaque matin au temple de Sadida et venait la rechercher chaque soir et ce toujours avec le sourire. Il la sortait le soir au restaurant, l’emmenait à la foire aux trolls et il lui lisait des histoires au coin du feu dans le salon lorsque tout le monde était partit. Il parlait même avec une grande affection au ventre de Sedna pendant des heures en attendant que la jeune femme tombe dans un sommeil profond.

Un soir cependant, alors qu'elle taillait la barbe du sacrieur avec des ciseaux et un peigne, elle se courba en avant et dans un cri, elle lâcha sur le sol les ustensiles. La lame écorcha la joue du sacrieur qui se mit à saigner mais il ne poussa pas un son de réprobation. Il rattrapa Sedna qui chancelait vers le vieux canapé derrière elle en criant de douleur, une main douloureusement posée sur son ventre rond.

Bozo la prit dans ses bras et l'allongea dans son lit. Derrière eux la porte de sa chambre s'ouvrit, Zolux et d'autres Orphéelins que son hurlement avait alarmés entrèrent, paniqués. Ils s'agglutinèrent autour du lit où Sedna se tortillait en se tenant le ventre de douleur. Bozo qui la maintenait dans ses bras caressait ses cheveux, l'air complètement démunit.

Alors que quelques Orphéelins partirent en courant chercher de l'aide dans Bonta, Sedna se calma en respirant fortement comme Zolux le lui avait apprit et le lui demandait à l’instant même. La Crâ se pencha vers elle et palpa son ventre, inquiète. Elle expliqua aux Orphéelins et à Bozo après un moment de silence que Sedna venait d'avoir quelques contractions désagréables et que c'était une chose normale, tout à fait normale au stade de sa grossesse. Elle fit évacuer la chambre, laissant Bozo qui se pencha aussitôt vers ses lèvres pour l’embrasser.

"Tu m'as fait sacrément peur, belle des bois." Dit-il, caressant son ventre rond qui montait et descendait au rythme d'une respiration incontrôlée. " J'ai cru que c'était pour maintenant..."

“Ca fait sacrément mal surtout.” Bredouilla-t-elle. “Laisses-moi quelques minutes Bozo et on continue l’autre côté de ta barbe…”

Le sacrieur la regarda toujours aussi troublé et Sedna dut lui faire un sourire pour le rassurer. "Je ne vais pas accoucher Bozo, détend toi... c'est pour bientôt oui mais pas pour maintenant..."

“Tant mieux alors si tout va bien.” Soupira-t-il rassuré en lui parlant avec un sourire. “D'ailleurs ... il faudrait peut être prévoir une chambre pour les deux futurs nouveaux arrivants. Ici serait le mieux. Auprès de moi.” Il caressa le ventre de la jeune femme, puis il se pencha pour embrasser le nombril. “Avec le bruit qu'ils risquent de faire, cela ne pourrait pas gêner grand monde, la maison est déjà bien assez bruyante… trop même a ton goût, parfois.”

Après que Sedna lui ait taillé le reste de sa barbe, il sortit de la chambre, laissant la sadida se reposer un peu. Elle se demandait ce qu’il allait advenir de ses enfants sans leur père pour les élever. Bozo lui avait dit qu’il accepterait de les élever comme ses propres enfants. Elle savait qu’au fond de lui il souffrait d’avoir perdu le fils qu’elle attendait de lui. Elle le soupçonnait même de nourrir l’espoir que Sadida n’ai pas accomplit sa prophétie jusqu’au bout, mais avant qu’elle ne se perde dans ses cruelles réflexions, Bozo revint dans la chambre avec un plateau chargé de bonne choses à manger et à boire pour la jeune femme. Il y avait sur le plateau des gâteaux secs au miel et au sésame comme elle adorait, du lait, de l'eau et des tartines de confiture. Sedna se lécha les lèvres devant un tel festin de gourmandise.

“D'ailleurs, quels prénoms avez vous choisi pour vos enfants ?” Lui dit-il en lui caressant les cheveux pendant qu’elle se reposait et mangeait doucement.

“Mes enfants.” Cracha-t-elle amèrement. “Fureur nous a abandonnés, je te signale.”

Le sacrieur, mal à l’aise, préféra visiblement changer de conversation. “Au fait, est-ce que ça te plairait que l'on organise une sortie à la foire du Trooll avec les Orphéelins ? J’ai croisé Josh qui suppliait Quorim de l’emmener là bas dans le couloir. Ils n'y sont quasiment jamais allé je pense, et ça leur ferait sûrement plaisir que nous soyons là pour les accompagner.” Il lui porta un morceau de gâteau aux lèvres et elle le mordit lentement en le regardant droit dans les yeux. “De toute façon, il faudra les surveiller. Et puis si tu n’es pas convaincue, je te rappel que les glaces sont plutôt bonnes.”

“D’accord. Si les glaces sont bonnes…” Sedna acquiesça d’un mouvement de tête avant de l’embrasser tendrement.
Chapitre 04 : Pénitence et Désir

Fureur était resté devant leur charme pendant plusieurs nuits et jours sans bouger, dormant rarement. Les vents se faisant de plus en plus mordants, les pluies de plus en plus cinglantes et les nuits de plus en plus longues. Ses repas n'avaient été que quelques glands tombant par moment des chênes avoisinant et un peu d'eau de pluie. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Sale et amaigrit, ses vêtements étaient déchirés ici et là. Ses cheveux étaient en bataille et sa barbe mal entretenue et épaisse montait haut sur ses joues. Seule la brouteuse semblait intacte, presque rayonnante de pureté.

Sadida était venu le voir à chaque nuit. A chaque visite, il laissait ses marques toujours plus profondes sur le féca. Les traits noirs ne parcouraient plus simplement le buste où commençait à pousser une toison de poil sombre mais certaines faisaient leur apparition sous les yeux de Fureur, sur le nez, sur le front et d'autres encore suivaient la ligne des métacarpiens. Ces empreintes ne faisaient pas souffrir ce qui restait du disciple de Féca. Non, il ne percevait aucune souffrance mais plutôt une étreinte désagréable. Sa respiration était de plus en plus difficile, il respirait de plus en plus fortement en gonflant au maximum ses poumons et expirant lentement. Il se sentait à l'étroit dans ce corps.

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Mais Fureur souriait. Toute peine avait disparu pour le moment. Leur charme allait vivre. Sadida n'avait pas que jeté son dévolu sur son futur disciple. Il avait fait accroître la pousse de l'arbre que tout le monde croyait mort. Une tige respectable avait poussé à l'abri sous la protection de Fureur. Le jeune arbre était maintenant assez fort pour que les animaux de la région ne viennent plus essayer de manger le reste du charme.

Fureur décida qu'il était temps de partir. Il avait d'autres choses à accomplir maintenant qu'il savait le charme presque sauf. Il tenta de se redresser. Ses articulations lui faisaient mal à force d'être resté assis si longtemps. Il faillit tomber. Après que ses muscles furent déraidis, il construisit une clôture autour de l'arbre afin d'empêcher quiconque de l'approcher pour le blesser.

Une fois fait, il ramassa un long morceau de bois mort à même le sol, abandonnant son bâton de Féca. Puis il se remit en route après avoir contemplé au loin les murailles de Bonta. Sedna devait y être à l'abri et au chaud, se disait il.

Le bout de ses orteils était encore engourdi par le froid mais il décida de partir dans la direction opposée de la cité. Il aurait aimé serrer Sedna dans ses bras plus que tout au monde mais elle lui aurait certainement refusé ce privilège. Il était encore trop tôt. Il était encore enchaîné à son passé, à ses tourments que sa bien aimée ne supportait plus.

Coupant à travers champs afin de ne pas être découvert, il se dirigea vers la forêt des abraknydes. La route fut longue, très longue car Fureur trébuchait sans cesse sur quelques pierres hérissées du sol gelé recouvert par les hautes herbes givrées des plaines de Cania. Il manquait de s'écraser par terre à tout moment. S'aidant de son bâton rudimentaire, il atteignit finalement le bois.

Le crépuscule était là. Le soleil orangé au lointain ne chauffait déjà plus la vallée de ses rayons. Fureur, d'un pas décidé, entra dans la forêt. Cela ne pouvait plus attendre.
Le bosquet était calme. Quelques hiboubouh brisaient de leur hululement le silence lourd qui émanait de la région. Fureur rangea la cape de celle qui faisait battre son coeur dans sa sacoche qu'il posa au sol. Il planta la pointe du bâton au sol, le tenant fermement et tendit l'autre bras à mi hauteur.

"Peuple de la Forêt, depuis bien longtemps, je vous ai harcelé de mes coups afin de glorifier la déesse Féca, cherchant sa puissance sans vous montrer la moindre once de respect, sans honorer votre valeur au combat, vos sacrifices. Ce soir, je viens implorer votre pardon. Peuple sylvestre ! Moi Hamel del’Horim, je viens vous demander de me donner votre force, votre savoir. Punissez-moi comme je le mérite ! Apprenez-moi votre douleur, votre souffrance, votre fureur que je puisse la partager avec vous ! Délivrez moi de tout ce qui fait que je suis féca, que ma renaissance puisse enfin s'accomplir !"

Fureur resta un long moment immobile, les yeux fermés dans le silence. Puis les buissons commencèrent à frémir. Un abraknyde apparut dans la pénombre, puis un second, puis une demi douzaine et enfin une bonne dizaine entourèrent l'humain. Il rouvrit les yeux, prêt à faire face. Les abraknydes l'entouraient complètement, s'approchant toujours d'avantage.

Soudainement une branche griffa le ciel et le féca. Du sang gicla dans l’air. Fureur ne dressa aucune protection. Il se prit toute la violence du coup sans broncher. Il se contentait de serrer les dents et de sa main le bâton. Une autre branche le frappa et une autre encore. Il se rappela alors le passé. Tous ces moments où il avait été enchaîné dans la salle des tortures de son ancien maître tout là bas au loin. Tous ces coups de fouet qu'il avait reçu dans sa jeunesse. Toute la douleur qu'il avait subit. Les abraknydes se jetèrent littéralement sur lui. Fureur ne pouvait plus se contenir. Il hurla de toutes ses tripes et avant qu’il ne s’écroule sur le sol, inconscient, il aperçu Sadida qui le observait en haut d’un arbre.

Le soleil était déjà haut dans le ciel pour la saison lorsque Fureur reprit conscience. Un tronknyde un peu idiot n'arrêtait pas de se cogner contre le corps inerte, reculant et avançant sans chercher à le contourner. Fureur se réveilla doucement, la poitrine toujours à l’étroit. Il avait mal partout mais il réussit non sans peine à se relever. Ses vêtements étaient entièrement en lambeaux. Toutes les marques de Sadida étaient visibles. De longs traits parcouraient les côtes et un enchevêtrement de lignes et de gros points étaient dessinés sur les bras et sur son ventre se trouvaient d'étranges taches noires. Autour de son nombril poussaient également plusieurs poils sombres qui montaient rejoindre une petite toison naissante. Enfin, de nombreuses entailles plus ou moins profondes faisaient saigner son corps et tachetait le reste de ses loques.

Fureur ne s'en inquiétait plus. Il faisait confiance à celui qu’il allait bientôt adorer même s'il devait endurer mille douleurs. La seule qui lui était insupportable était l'éloignement entre Sedna et lui. Il reprit sa besace et sortit de longs vêtements faits de feuilles. Il eût un sourire nostalgique à la vue de la cape et de la coiffe. C'était sa Sedna qui les lui avaient tressés sur l'île de Moon où ils avaient passé un long week-end en amoureux.

Fureur clopinait mais ses blessures aux jambes se cicatrisaient étrangement vite. Après quelques heures de marche, il se reposa sur un monticule de pierres grises. Au pied de celles-ci trônait, magnifique, une edelweiss. Fureur la cueillit faisant tournoyer la tige entre ses doigts. Ses pétales étaient éclatants. Il l'accrocha à la bandoulière de sa sacoche avant de repartir. Avec sa démarche difficile, il arriva à la nuit tombée près du charme. Il se tenait toujours bien droit, encore petit, mais toujours là.

Au loin, la grande masse sombre qu'était Bonta dans la nuit était éclairée de quelques lueurs provenant de l'intérieur de grandes maisons. Fureur ne pouvait plus tenir, il devait la revoir, savoir si elle se portait bien. Il reprit le pas en direction de Bonta cette fois-ci, vers l'Orpheelinas.

Après quelques minutes, il entra sans peine dans la cité malgré son accoutrement étrange. Il connaissait les gardes à l'entrée et son apparence n'était que le fruit d'une terrible bataille contre les Brakmarois dit-il aux miliciens.

Fureur longeait les maisons, se cachant dans leur ombre, évitant les lampadaires. Il ne voulait pas être vu… de personne. Il ne mit pas longtemps à arriver devant la bâtisse qu'il recherchait, l’Orpheelinas. Il se faufila dans l'arrière cour. Soudain Sedna apparut à la fenêtre de la chambre de Bozo dans les étages supérieurs de la maison. Fureur se réfugia dans un buisson. Par chance, elle ne l'avait pas vu. La disciple de Sadida ne ferma pas totalement la fenêtre. Puis après quelques minutes, les bougies s'éteignirent ne laissant que la lumière du feu de la chambre éclairer faiblement la pièce.

Fureur attendit de longs moments, s'assurant que tout le monde dans l'Orpheelinas dormait. Puis il sortit de sa cachette, s’avança jusqu'aux murs de la gigantesque maison sous la fenêtre de Bozo et il observa le mur. Il était impossible pour lui de grimper, au meilleur de sa forme, il aurait pu, mais il ne l'était pas. Il recula alors dépité. Fureur soupira. Il aurait tellement voulu apprécier le corps de sa femme en ce moment. Il décrocha l'edelweiss et la contempla à la lueur de la lune puis il prit une grande inspiration.

Comme guidé, il ferma les yeux, tendant en l'air la main avec la fleur. Il resta dans la position durant de longues secondes qui lui parurent être l’éternité. Il murmura un faible "s'il vous plait", invoquant quelques forces.

L'herbe à ses pieds frémit. Timidement une ronce sans épine sortit de la terre. Elle enlaça la jambe de Fureur, s'enroula autour de lui, et glissa sur son bras tendu vers la fenêtre. Le bout de la ronce emporta avec lui la fleur d'edelweiss et continua sa route.

La forte tige poussa la fenêtre et arriva à se glisser dans l'entrebâillement. Elle rampa jusqu'au lit où étaient couchés Sedna et Bozo. Fureur, concentré, grimaça de peine.
La ronce continua tout de même son chemin et se dirigea vers le visage apaisé de la belle sadida. La liane paraissait la contempler. Elle déposa l'edelweiss dans les cheveux de Sedna près de sa tempe droite. Fureur n'en pouvait plus, il lui semblait la voir à travers ses pensées. Il aurait tellement aimé la prendre dans ses bras, l’embrasser, la cajoler. Comme sachant ce que désirait Fureur, la ronce se glissa sous les couvertures frôlant la sadida. Elle enlaça sans toucher un de ses seins puis le ventre rond.

Figée un moment, on aurait pu croire que la ronce couvait ce ventre qui abritait la vie en lui. Puis elle continua son chemin jusqu'à l'entrejambe de Sedna. La ronce s'arrêta en enroulant une des cuisses relevées de la jeune femme.

Fureur avait mal dans tout le corps, il n'était pas encore disciple de Sadida alors maintenir une telle ronce était trop difficile pour lui. Pourtant il le voulait. Il cracha subitement une gerbe de sang. Déconcentré, il fit frôler la ronce sur l'intimité de Sedna. Cette dernière ne tarda pas à s'agiter sous la caresse, écartant par instinct un peu plus les cuisses. Paniqué par le geste qu'il désirait tant lui procurer mais qu’il s'interdisait, il rappela la ronce à lui. La liane se retira d’autour de Sedna dans une rapidité folle, sans la toucher. Elle sortit de la chambre, se déroula d’autour de Fureur avant de finalement de s’enterrer à nouveau sous terre.

Fureur, en nage, se sentit vide en lui. Il n'était pas encore prêt à assumer toute la force des sadida. Il contempla ses mains, rageant intérieurement de sa faiblesse. Finalement il s'enfuit de Bonta comme un damné pour retourner veiller sur le charme, symbole de l'amour perdu entre lui et l'épouse qu'il ne voulait pas abandonner.
Chapitre 05 : Foire et Trouble

Cet après-midi là, comme proposé par Bozo, les Orphéelins, Sedna et lui, accompagnés également de Zolux allèrent se promener à la foire aux trools. Bozo faisait le pitre sans arrêt pour amuser les enfants, jonglant maladroitement en marche arrière. Loster, lui, courrait partout avec une petite fille sur les épaules tandis que Zolux achetait des bonbons avec l’argent que le féca avait gagné à vendre ses pains.

Sedna se contentait de marcher à côté du sacrieur en mangeant une glace qui, à en juger son visage rayonnant, était délicieuse. Cependant, ses yeux étaient dans le vague. Elle ne posait son regard nul part. Elle semblait perdue dans ses pensées et Bozo le remarqua. Il lui prit la main et l’emmena s’asseoir sur un banc plus loin dans l’allée.

“A quoi tu penses ? demanda-t-il avant d’aller lécher la glace de Sedna. Tu es fatiguée ? On peut rentrer si tu veux.
- Je me demandais comment j’allais appeler mes enfants, répondit-elle. Tout à l’heure, tu m’y a fait penser et je me rend compte que je n’ai pas encore choisi leur nom.
- Et Fureur ? Il ne t’avait pas proposé des noms pour vos enfants ?
- Pour mes enfants.” Coupa-t-elle sèchement.

Ils rejoignirent les autres près de la pêche aux koinkoins après avoir fini la glace à deux. La journée de passa fortement bien sous un léger vent d’automne qui faisait rougir les joues et le bout du nez. Les Orphéelins de tout âge gesticulèrent dans tous les sens, demandant une attention constante. Sedna s’épuisa vite. Elle s’éclipsa un instant en compagnie de Bozo qui lui tenait le bras, laissant les Orphéelins à une Zolux décidément bien courageuse et domptée d’une patience digne d’Orphée Linas pour arriver à gérer cette troupe d’enfants en furie.

Alors qu’elle était blottie contre lui, assise sur un banc près de l’entrée, le nez de Bozo dans ses cheveux, un son raisonna dans le lointain d’Amakna. Ce son qu’elle semblait déjà avoir entendu quelque part se répéta encore et encore à intervalle régulier. C’était une sorte de grand coup de tambour puissant qui faisait trembler l’air comme le tonnerre.

Bozo releva la tête pour regarder le ciel mais il n’y avait aucun nuage. Un vent glacial s’éleva soudainement et les coups de tambour reprirent en mesure. La sadida tressaillit, se demandant ce qu’il se passait en Amakna pour qu’il y ait autant d’agitation.

Zolux rassembla les Orphéelins, craignant une attaque imminente de Brâkmar. Ils repartirent tous vers Bonta, Bozo tenant la main de Sedna et arrivée dans à la maison, la sadida s'allongea, fatiguée, dans un canapé, près du feu que le sacrieur surveilla.

La sadida s'endormit quelques minutes plus tard. Bozo la couvrit d'une couverture de laine de boufton noir et s'installa à terre, contre le fauteuil, lisant un livre en veillant sur la belle Sedna.
Chapitre 06 : Terkmaïs et Âmeneurs

Le vent très froid de l’hiver soufflait dans les plaines de Cania alors que le ciel se teintait des reflets cuivrés annonciateurs du crépuscule. Le soleil était caché derrière de gros nuages gris mauves dont les contours rosés qui se perdaient dans la masse opaque rendaient le paysage des plaines presque onirique. Bonta la brillante, la merveilleuse cité de lumière s’apprêtait à s’endormir petit à petit à mesure que le soleil quittait la province.

Ses rues étaient désertes, très calmes, dépourvues du moindre badaud qui revenait d’Amakna. Seuls quelques poivrots qui cuvaient leur vin sur la grand place et les miliciens qui circulaient ici et là au détour d’une route ou sur les remparts de la cité faisaient vivre un temps soit peu en bruit les ruelles.

Les lampadaires s’allumèrent doucement, seuls, comme par magie à mesure que l’obscurité gagnait la province. La Tour des mages se para de son aura bleutée qui éclairait les façades des maisons avoisinantes et de son antre un chant cérémonial quasi mystique chuchota dans la cité. Dans un vent tourbillonnant, une légère brume humide provenant du nord monta du sol sans crier garde, s’emparant du moindre recoin de rue tel un gigantesque serpentin.

Le son d’un cor s’éleva, brisant le calme serein de la cité et faisant taire le chant cérémonial. Les gardes des remparts ajustèrent leur arc tandis que d’autres refermèrent les portes précipitamment dans de grand son d’empressement. L’agitation des gardes dans les rues fit sortir plusieurs curieux de leur chaumière, un bonnet de nuit sur la tête.

Devant la cité, sur la longue route se trouvaient une cinquantaine de personnes, armées d’Aga Dou et de Racine Cinati. Ils étaient tous vêtus d’une longue cape rouge écarlate flamboyante à l’intérieur orangé. Malgré leur capuchon relevé et la cape boutonnée qui cachaient leur visage et leur corps mais qui laissaient entrevoir certaines longues barbes sombres, on pouvait deviner aisément qu’il s’agissait de cinquante sadidas, hommes et femmes parfaitement alignés en rang, près à entrer dans la ville.

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Ils tapèrent le bas de leur bâton contre la pierre de la route ce qui provoqua un grand bruit tonitruant. Quelques gardes tressaillirent et lâchèrent leur flèche, surpris. L’un des sadidas s’avança hors de la foule et releva la tête vers Amayiro, le chef de la Milice de Bonta qui venait d’accourir depuis le fort et qui les scrutait du haut des remparts.

C’était une vieille femme aux longs cheveux gris, parsemés de tiges sombres tressées, à la beauté toujours présente qui s’était avancée et qui le regardait. L’homme hocha la tête vers l’un de ses gardes qui s’écria un « ouvrez les portes » bien fort, comme paniqué, certainement prit de court. La sadida reprit sa place à la tête de la troupe, remonta sa capuche et entra, suivie des autres hommes des bois dans la cité.

Lorsqu’elle passa devant Amayiro, elle hocha la tête respectueuse et celui-ci s’inclina un brin. “Nous avons êtes avertit de votre arrivée, Terkmaïs. Mais nous ne vous attendions pas si tôt. Nous pensions que Brâkmar envoyait une troupe nous attaquer.”

“Centormes est certes loin mon cher Amayiro mais nous connaissons beaucoup de raccourcis et Sadida fut clément avec nous.” Dit-elle sur un ton courtois. “Nous n’avons subit aucun désagrément pour arriver jusqu’ici. Ni dans le village d’Amakna, ni dans les Landes de Sidimote, ni ailleurs…”

“Et vous n’en subirez aucun non plus ici.” Répondit Amayiro sur le ton de la conversation. “ Jerhyn Gholein nous a assuré qu’il ne servait à rien de se méfier de vous. Centormes et la province d’Heimdar que votre famille dirige sont les alliés de Bonta et ses amis.”

Terkmaïs hocha la tête un brin avant de faire volte-face. “Nous ne serons pas longs.” Elle s’avança sur la route, faisant claquer son arme contre le sol, tous les sadidas l’imitèrent. Le bruit assourdissant fit accourir aux fenêtres des chaumières les Bontariens qui regardèrent étonnés et parfois apeurés le groupe marcher dans cette brume que leur longue cape faisait virevolter.

Le son des bâtons, des cliquetis des morceaux d’ébène et de bombu de leur tunique raisonnèrent et brisaient le calme de cette paisible cité qui se préparait à s’endormir avec le crépuscule. Terkmaïs marchait lentement, le visage fermé. Que venait-elle faire ici, accompagnée de tant de sadidas ? Elle passa devant la Tour des mages où Jerhyn Gholein regardait son passage par l’une des hautes fenêtres de la tour.

Les sadidas marchaient sans un bruit de plus, en silence, dans ce silence qui n’annonçait rien de bon. La froid ne semblait pas les perturber plus que ça. Ils marchaient vers leur but, dans le fin fond de Bonta. De temps en temps ils faisaient tonner leur arme ce qui fit hurler dans une chaumière une dame et pleurer un enfant.

Finalement la troupe s’arrêta devant une grande bâtisse où le blason d’une lyre gravée dans le bois était suspendu au-dessus de la porte. De cette paisible maison à plusieurs étages s’éleva une légère odeur de pommes de terre et de crocodaille cuit au four. Des silhouettes passaient devant les fenêtres alors que des cris de joie d’enfants étouffés par les murs parvenaient aux oreilles des sadidas qui attendaient, postés, bâton contre terre.

Soudain à l’une des fenêtres on poussa un grand cri de terreur. Une enfant cria le nom de Sedna avant de disparaître dans l’obscurité. Les sadidas claquèrent leur bâton contre les dalles et le bruit assourdissant fit hurler de frayeur des petites filles à l’intérieur. L’agitation se faisait entendre de partout. Dans les maisons avoisinantes les verrous se tournèrent, les rideaux se fermèrent et lorsque Terkmaïs fit un pas vers la lourde porte de l’Orpheelinas pour frapper doucement son arme contre, elle entendit également le verrou se tourner…
Chapitre 07 : Devoirs et Traditions

L’agitation était importante autour d’elle. Sedna se réveilla maussade, énervée par le bruit que provoquaient les pleurs des petites filles assises dans l’un des fauteuils près de celui dans lequel elle s’était assoupie après le dîner. Poupinetta essayait de calmer les Orphéelines mais visiblement elle était dépassée par les événements comme la plupart des personnes à l’intérieur.

Désorientée par toutes ces personnes courant dans tous les sens, Sedna se leva et remarqua les Orphéelins penchés aux fenêtres. Elle s’avança d’un pas lent et fatigué vers l’une d’entre elles. Bozo était là, courbé sur l’appui de fenêtre, l’air inquiet. Lorsque Sedna se faufila avec son gros ventre de femme enceinte entre deux garçons de dix ans, elle croisa son regard peu sur de lui.

“Il y a des Brâkmariens ?” Murmura-t-elle, déposant un bras sur son épaule alors que Bozo enlaçait ses hanches d'un bras. “Tu as l’air si inquiet. Ce n’est pas grave, les miliciens sont là.” Elle caressa sa barbe tout en l’observant mais il se contenta de lui tourner la tête par le menton pour qu’elle regarde par la fenêtre.

Un choc.

Un très grand choc. La rage s’empara de la Sadida. Dans son ventre un dragon de colère semblait tordre ses entrailles et les brûler sauvagement. En bas, devant la maison se trouvait Terkmaïs, sa grand-mère, en compagnie d’une cinquantaine de ses hommes et femmes de sa garde personnelle. La vieille femme la regardait également, droite et fière sous son capuchon. Comment sa grand-mère pouvait-elle venir après tout ce qu’elle lui avait fait ? Sedna serra des poings, folle furieuse, et lorsque les Sadidas firent tonner leur bâton en guise de salut, elle bondit et fonça vers la porte d’entrée.

Bozo la rattrapa de justesse, lui maintenant le bras fermement. “Qui sont ces gens avec ta grand-mère ?” Questionna-t-il anxieux.
- Des Âmeneurs.
- Qu’est-ce que c’est ?”

La sadida tenta de retirer son bras mais le sacrieur la maintenait en place solidement. “Ils emmènent les sadidas enceintes dans la Vallées des Charmes. Ils sont venus m’emmener Bozo.”

Bozo tenta de la calmer mais sa rage était trop grande. Jamais dans sa vie elle n’avait eu une telle envie de hurler contre un membre de sa famille. Comment pouvait-elle revenir ? Avec les Âmeneurs ! Comment pouvait-elle penser encore qu’elle accepterait après tout ce qui s’était passé d’accoucher dans la pure tradition familiale, là bas à Centormes. Terkmaïs avait brûlé leur charme à Fureur et à elle, le charme de ses enfants, celui en dessous duquel ils les avaient conçus et en dessous duquel elle devait les mettre au monde. Tout ça parce que la tradition de son village, ou plutôt, la tradition imposée par Terkmaïs, Oracle de Sadida, n’acceptait pas qu’une femme de la lignée des Sadwintok accouche autre part que sous un charme de la très sacrée Vallée des Charmes.

“Elle ne manque pas de culot. Après tout ce qu’elle m’a fait !” Beugla la jeune femme.

Sedna bouscula le sacrieur qui se cogna contre un meuble avant de déverrouiller la porte et de l’ouvrir à la volée. Puis, sans tenir compte du vent glacial qui s’engouffrait en un courant d’air tranchant dans la bâtisse, elle fit face à sa grand-mère, les Orphéelins derrière elle. Kitkat et Bozo échangèrent un regard, prêts à intervenir s’il le fallait, tandis que Loster s’armait précipitamment de son bâton, sortant des toilettes au-dessus des escaliers, le pantalon encore sur les chevilles.

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“Qu’est-ce que tu veux ?” Grogna la jeune femme au pas de la porte. “Et qu’est-ce qu’ils font ici ?”

La grand-mère garda un regard impassible, visiblement exaspérée par l’attitude de sa petite-fille. “Tu le sais, non ? Les Âmeneurs vont t’escorter jusque dans la Vallée des Charmes où tu accoucheras comme il est prévu.
- Non !” S’entêta Sedna. “Je devais accoucher sous mon charme dans les bois de Litneg mais tu l’as détruit. Tu as détruit le charme de tes arrières petits-enfants. Si tu savais comme je te méprise pour ça.”
- Sedna !” Blâma Bozo derrière elle.
- Je ne te suivrais pas.” Reprit la jeune sadida sans se soucier des murmures de désapprobations des Orphéelins. “Ce n’est pas la peine de rester. Retourne donc à Centormes et raconte leurs que leur petite Sedna, celle qu’ils chérissent tous, ne remettra jamais plus les pieds là bas par ta faute !” Un regard monstrueusement sombre. “Insiste bien là dessus ; c’est de ta faute.”

La grand-mère enleva sa capuche et secoua la tête, faussement désolée, scrutant les Orphéelins un moment d’une attitude magistrale. “Oh si tu me suivras.” Dit-elle finalement. “De gré ou de force ma douce Sedna, tu nous suivras. C’est ainsi. Et ce n’est certainement pas vous…” Elle fixa Kitkat, puis Bozo qui s’arrêtaient, armes à la main à défendre Sedna d’un rapt quelconque. “ … qui arriverez à m’en empêcher.”

“Ne nous sous-estimez pas Terkmaïs.” Lança Bozo d’un ton de défi.

La vieille Sadida resta impassible. Elle se contenta de reculer de quelques pas pour calmer les foudres des Orphéelins, jugeant sans doute qu’il ne servait à rien de les provoquer d’avantage. Elle regardait sa petite fille en soupirant, lasse, pendant qu’un long silence s’installait entre eux. Le vent sifflant dans les ruelles apportait les hululements d’un hiboubou qui virevoltait au-dessus de leur tête comme captivé par ce qui se passait en dessous de lui.

“Si tu ne le fais pas pour moi.” Lança finalement Terkmaïs en rompant le calme. “ … fait le pour les autres membres de la famille. Ton père, ton grand-père, même ta mère espèrent les voir naître dans la Vallée des Charmes. Tu ne dois pas les punir à cause de moi. Tu me détestes Sedna mais au fond de toi, tu ne veux pas que tes enfants viennent au monde autre part que sous un charme… dans la Vallée.” Son regard se fit plus tendre. “Alors ne te fais pas prier, ne fais pas ta forte tête et suis nous !” Elle tendit la main et fit un petit mouvement des doigts pour inciter sa petite-fille à approcher.

Sedna fronça les sourcils. “Je préfère accoucher ici.” Elle prit derrière elle la main de Bozo, bravant d’un regard sombre sa grand-mère. “Là bas je serais seule. Ici, Bozo est là.” Un regard vers les Orphéelins qui s’étaient attroupés derrière Kitkat. “Mes Orphéelins sont là pour moi. Je reste ici. Ce n’est pas la peine d’insister plus longtemps.”
- Alors tu m’oblige à employer la force.” Grogna Terkmaïs.
- Nous ne vous laisserons pas faire.” S’empressa de dire Loster.
- Si Sedna veux rester ici, elle restera ici.” Brava Kitkat en sortant ses dagues, les yeux plissés par la colère.

Bozo tira Sedna vers elle, la gardant prisonnière dans ses bras qu’il nua autour de son corps. “Nous ne vous laisserons pas l’emporter contre son gré, Terkmaïs. N’insistez plus et partez.”

La sadida agita sa longue chevelure grise, dépitée. Elle fixait Bozo d'un air intéressé, puis le gros ventre de sa petite fille. “Mais je ne vous donne pas le choix mes enfants.” Terkmaïs leur avait dit cela avec un tel ton d’affection qu’ils en furent désorientés. “Sedna viendra avec nous que vous le voulez où non.” A peine avait-elle finie sa phrase que la cinquantaine de Sadidas derrière elle tapèrent leur arme sur le sol, entendus.

Dans un grondement de tonnerre à en faire trembler la terre, le sol se fissura de partout devant leurs pieds. Des dalles ciselées poussèrent à une vitesse folle une centaine de lianes aux bords visiblement extrêmement tranchants. Un véritable mur de végétations grandit devant eux, formant une muraille entre Sedna et Bozo d’un côté et les Orphéelins de l’autre. Ces serpents végétaux se balancèrent d’avant en arrière au-dessus de la tête des Orphéelins qui déglutissaient, apeurés devant le brillant du tranchant des centaines de ronces agressives qui n’attendaient visiblement qu’un ordre de la part de Terkmaïs pour abattre leur courroux meurtrier contre eux.

La jeune sadida hurla de colère, Bozo la maintenant contre son torse fermement. Kitkat donna quelques coupes de dague bien acérées dans les tiges mais chaque fois qu’une ronce mourrait, une autre repoussait à l’endroit coupé. Zolux empêcha Poupinetta de sortir pour aider Kitkat et Loster en la maintenant par une épaule. Les ronces agressives bougèrent menaçantes, s’abattant violemment sur le sol pour imposer leur loi. Les Âmeneurs tapèrent encore et encore leur arme contres les pavés, bredouillant des paroles dans un dialecte sadida. Les ronces faisant reculer l’écaflip et le féca, les obligeant de plus en plus à se déplacer vers l’entrée ouverte de l’Orphéelinas.

Sedna fusilla sa grand-mère d’un regard assassin. Elle essayait tant bien que mal de se débattre de l’emprise de Bozo pour aller se jeter vers les sadidas mais il la maintenait si fermement qu’elle n’arrivait presque plus à bouger. Sedna ne pouvait rien faire d’autre que de regarder les Orphéelins, obligés de rentrer dans la bâtisse.

“Emparez-vous d’elle.” Ordonna Terkmaïs avec dominance.

Quatre hommes encapuchonnés à la corpulence bien plus développée que celle de Bozo arrivèrent vers eux. Sedna croisa le regard du sacrieur, le suppliant de ne pas les laisser faire. L’homme au torse velu lui sourit et l’embrassa du bout des lèvres, lui murmurant un « je t’aime » avant de faire face aux quatre sadidas, sa baguette levée. A peine s’était-il tourné vers eux qu’il se retrouva prisonnier d’une cage de ronces agressives. Celles-ci s’abattirent sur lui aussitôt mais Bozo échangea sa place avec l’un d’entre eux. Les ronces écorchèrent le corps de l’homme des bois qui poussa un grand cri de douleur en tombant sur le sol.

Sedna invoqua ses esprits, appelant en aide ses poupées. Celle-ci foncèrent aider Bozo mais à peine avaient-elles commencé à combattre que Terkmaïs les desinvoqua en utilisant un sort sadida ancestral et connu que de très peu de sadida. La grand-mère dirigea des ronces apaisantes vers Bozo qui après avoir essuyé une dizaine de ronces agressives, tomba en avant en crachant du sang. Les ronces envoyées par Terkmaïs s’enroulèrent autour du corps du sacrieur, le saucissonnant, l'empêchant de faire un pas de plus.

“SEDNA ! SEDNA !” Hurla Kitkat avant d’être poussé rudement en arrière, dans la maison par une ronce. Zolux ferma la porte et contre celle-ci le tranchant d'une ronce se planta dans le bois. Une fois les Orphéelins rentrés, les sadidas murmurèrent d'autres paroles plus gutturales. Des centaines de lianes enlacèrent portes et fenêtres, empêchant les Orphéelins de sortir par m'importe quelle entrée. Aux fenêtres on pouvait voir Kitkat pester de rage tandis que Poupinetta essayait de le calmer.

“Suis nous.” Ordonna sèchement Terkmaïs.

Les hommes enjambèrent Bozo et aidèrent leur compagnon frapper à la place du sacrieur à se lever. Une ronce griffa le ciel et s'enroula autour du poignet de Sedna, le tordant dans son dos en clef de bras. Elle grogna de douleur. Une autre ronce s'enroula autour de sa gorge et glissa en dessous de ses narines. Une fumée rougeâtre s'y échappa et entra en Sedna qui chancela aussitôt et tomba en avant, rattrapée par des ronces qui la faisaient flotter dans les airs, comme si quelqu'un d'invisible la tenait en mariée dans ses bras.

Bozo rassembla ses dernières forces, son corps dégoulinant de sang. Il brisa les ronces apaisantes et se redressa, tenant sa baguette en l'air, haineux. Pour la première fois de sa vie, Bozo avait la rage. Il se tourna vers les hommes qui marchaient vers les lianes qui maintenaient Sedna en l'air et il leur décrocha plusieurs coups de baguette bien placés. "Vous ne l'emmènerez pas." Hurla-t-il. Il se battit à coup de punition, absorbant la vie de ses victimes, redevenant le zombie sauvage mangeur de sang qu'il était autre fois.

Mais le combat était perdu d'avance, il le savait. Une autre vague de ronces agressives arriva vers lui comme un raz de marée vert. Son regard croisa celui de la vieille sadida qui regardait à distance sa petite-fille, attendant que Bozo s'écarte. Mais le sacrieur faisait face. Il se ramassa de plein fouet une grosse ronce agressive qui l'envoya une dizaine de mètres plus loin. Il n'avait plus la force de se relever. Il était découragé. Les ronces qui maintenaient Sedna bougèrent vers la troupe de sadidas et une fois arrivées au centre, elles disparurent dans le sol. Un gros homme porta Sedna avec délicatesse pendant que d'autres prêtresses la couvraient d'un gros manteau de peau.

Terkmaïs s'approcha du sacrieur qui gisait dans une marre de sang, son corps contusionné. Elle se courba vers lui, souriant aimante. "C’est pour le bien de tous." Puis elle se pencha, se mettant un peu à sa hauteur. "De ses enfants, de leur avenir. Nous prendrons soins d’elle." Assura-t-elle. "Je suis sa grand-mère Bozo. Pensez-vous vraiment que je pourrais lui faire du mal ? Vous qui nous connaissez ? Vous pensez vraiment que son grand-père qui adule Sedna encore plus que Sadida lui-même laisserait quelqu’un lui faire du mal ? Elle doit mettre au monde ses enfants là-bas. C’est ainsi de génération en génération." Elle glissa une main sous sa cape et en sortit d'une poche intérieure un rouleau de vieux parchemin brun. "Tenez." Elle le lui tendit et Bozo le prit en grimaçant de douleur. "Ceci devrait vous rassurez sur mes intentions envers ma petite-fille. Envers la femme que vous aimez. Sedna est fière et impulsive et souvent têtue. Quand on ne peut la raisonner, il faut prendre les décisions à sa place."

La troupe se tourna et s'éloigna de la maison toujours enroulée de liane. La grand-mère de Sedna s'éloigna également sans un regard de plus vers l'Orphéelinas. Elle marchait visiblement satisfaite d'avoir récupéré sa petite fille. Ils s'en allèrent donc ainsi, aussi simplement qu'ils étaient arrivés. La nuit était complètement tombée sur Bonta, amenant le givre de la nuit. La brume s'en alla avec eux. On aurait dit qu'elle accompagnait le cortège de Sadidas qui marchaient en chantant une chanson cérémonials étrangement sombre sur la route des plaines de Cania.
Chapitre 08 : Colère et Douleur

Bozo n’avait jamais ressentit un vide si profond au fond de lui. Il hurlait le nom de Sedna à tue-tête en tapant son poing ensanglanté sur les dalles, regardant l’ombre de Sedna, de Terkmaïs et des Âmeneurs disparaître au loin. Il essaya de les rattraper en se traînant par la force des bras et des mains sur le sol mais ce n'est pas facile et il dut abandonner.

Un lourd silence s’abattit sur l’Orphéelinas. Tous restèrent sans voix devant ce qu’il venait de se passer. Bozo essuya d’un revers de main ses larmes de rage, la rage de ne pas avoir été à la hauteur, puis il rentra dans la maison, se reposant contre un mur pendant plusieurs minutes. Il haletait fortement, les yeux d'un blanc laiteux accompagnés de pupilles rouges sang. Son corps entier était tailladé par les ronces. Ici et là se décrochaient de gros lambeaux de peaux qui laissaient échapper un torrent de sang chaud. Bozo détournait les yeux à chaque regard que tentaient de lui lancer les Orphéelins.

Il remonta l'escalier en titubant, laissant quelques traces de sang derrière lui. Puis, il entra dans sa chambre et ferma la porte à clef, le mot de la grand-mère de Sedna dans son poing, taché de son sang.

Le sacrieur sentait au fond de lui son côté zombie reprendre petit à petit le dessus. Il avait faim, très faim, trop faim. S’il ne faisait pas très vite quelque chose pour se satisfaire, il bondirait sur le premier Orphéelins venu. Il ouvrit en tremblant de tous ses membres la lettre de Terkmaïs et tenta de se concentrer sur les mots malgré sa vision qui se troublait de plus en plus.

Plusieurs heures plus tard, après avoir relu encore et encore la lettre, Bozo descendit d'un pas lourd. Les cheveux détachés avec une mèche de cheveux blond crépuscule accrochée sur le coté, ceux-ci lui cachaient le visage. Mais on pouvait aisément deviner son expression, il grimaçait férocement.

Bozo s'arrêta à coté d'eux. Certaines de ses blessures avaient disparu mais d’autres saignaient encore un peu. Les Orphéelins virent quelques petits lambeaux de peaux détachés sur le bras du zombie, montrant la chair d'un rouge très sombre.

“Je... je dois...” Dit-il alors d’une voix caverneuse accompagner d’une grimace. “... partir. Ne m’attendez pas..."

Zolux voulu le rattraper pour l’arrêter et le soigner mais le Sacrieur disparu derrière la porte d’entrée.
[HRP : Désolé pour cette suite si tardive... tellement de RP à faire que je n'ai plus eût le temps de corriger le texte :x]

Chapitre 09 : Rencontre

Fureur avait finalement purifié son corps et à acceptait les changements que son anatomie allait subir. Maintenant, il devait songer à laver son esprit de tout ce qu
il avait déjà vécu, de tout ce qui l'avait fait devenir disciple de Féca, à son ancienne vie corrompue.

Il en avait déjà longuement parlé avec Epuop Tik, le Gardien du temple de Sadida de la province d’Amakna. Il devait passer 7 jours et 7 nuits dans la Brume. Le disciple de Sadida l
avait mit en garde, cétait lépreuve la plus difficile car Fureur pouvait tout perdre, surtout sa santé mentale. Epuop lui avait raconté que les jeunes convertis devaient passer une semaine entière dans un caisson où séchappait en continu la fumée dherbe folle brûlée. Pendant près de 168 heures, les néophytes seraient pris d'hallucinations et affronteraient leurs pires cauchemars mais aussi fantasmes afin douvrir leur âmes aux esprits de la Nature.

"C’est obligatoire. Le maniement des poupées ne peut se faire que si un esprit accepte de s
incarner dans un de ces corps de chiffon " Lui avait dit Epuop Tik.

Fureur était déjà sur le chemin du retour, vers le temple de Sadida. Avoir pu toucher Sedna, même à travers une ronce avait ravivé en lui des sensations bien agréables, trop même. Il voulait plus que jamais la revoir, l
enlacer, lui prouver maintenant tout ce quelle représentait pour lui.

Lancien disciple de Féca arriva devant le temple, respirant toujours de plus en plus difficilement, les traits du visage toujours plus marqué par la fatigue. Cest alors que la porte du temple souvrit. Une vieille adepte de Sadida sortait justement du bâtiment sacré. Il recula de 2 ou 3 pas, sous le choc. Fureur navait pas encore le nez aussi fin que les autres sadidas mais il savait reconnaître certaines odeurs de charme surtout les plus fortes, et la couleur des cheveux gris argentés de la sadida ne lui laissaient aucun doute. Terkmaïs, la grand-mère de Sedna, se tenait devant lui, celle qui avait cherché par tous les moyens de le séparer de Sedna, celle qui avait incendié le charme de son union avec elle.

Fureur interpella la grand-mère sèchement. La vieille prêtresse sursauta, étonnée, et dévisagea le jeune converti qu
elle avait du mal à reconnaître, lui qui dhabitude était si propre et si soigné sur lui. La disciple de Sadida félicita ironiquement Fureur des traits de la Découpe que Sadida lavait honoré et lui demanda pourquoi il nétait pas resté aux services de la Protectrice de la civilisation des Hommes. Fureur lui avoua quil allait bientôt passer lépreuve de la Brume afin d’achever son conversion. Terkmaïs lâcha un petit sourire narquois, souhaitant que son esprit reste tourmenté à jamais.

Fureur frémissait. Terkmaïs restait tel un glaçon, froide mais toujours aussi étincelante sous les faibles rayons de soleil. Pourtant il tenta de lui tenir tête. Fureur assura à la sadida que leur dieu verrait que lamour quil éprouve pour Sedna est infaillible. Terkmaïs se fit plus violente, le vent fouettant le visage de lhomme de ses paroles comme par magie. Jamais elle ne laisserait le sang impur quil porte en lui se mêler à celui des Sadwintok. Seul celui choisit par elle serait digne davoir Sedna pour épouse.

A ces mots, Fureur fut pris dune angoisse pour ses enfants et demanda à voir sa femme sur le champ. La vieille sadida lui appris quelle était retournée par la force dans son village natal à Centormes depuis quelques heures. Il chercha à savoir si les Orphéelins allaient bien. Elle hocha simplement de la tête. Elle lui fit remarquer d’ailleurs sa formidable non intervention dans le rapt de sa petite-fille.

Fureur se déchaîna alors. Il lui expliqua sévèrement qu
il tentait de refaire vivre le charme quelle avait ignoblement brûlé. Cest alors quelle ouvrit de grands yeux satisfaits, légèrement surprise. Elle avait réussit à semparer de lessence du charme où Sedna et Fureur sétaient unis, mais le charme où elle lavait déposé se mourrait lentement. Et pour que les enfants de Sedna puissent naître selon les coutumes du village, des coutumes de la province de Heimdar, lâme de larbre ne devait pas mourir. Stricte, comme si elle voulait quitter précipitamment son interlocuteur, elle lui annonça quil navait plus à sen occuper, que larbre serait emporté avec elle jusquau village pour quil reçoive sa véritable essence.

Fureur lui prit violemment le bras. Terkmaïs ne supporta pas le geste. Une ronce noire sortit subitement du sol et agressa le bras de Fureur qui relâcha aussitôt son étreinte sous peine de se voir arracher la main. Pour larrêter il se mit en travers de son chemin. Cétait son charme, leur charme à lui, à Sedna et à ses premiers enfants. Jamais il naurait laissé ce précieux arbre à la femme qui lui voulait tant de misère. La sadida comprit sa détermination. Fureur la regardait droit dans les yeux mais elle ne broncha point, supportant son regard avec tant de force quil sentit saffaiblir, ridicule de vouloir sopposer à une telle force de la nature. Mais il résista. Il promit avec toute la peine du monde quil ramènerait leur charme dans la Vallée des Charmes quand la Brume laurait accepté. Terkmaïs refusa sa requête car jamais il ne reviendrait de la Brume. Celle-ci allait le rendre fou, elle ferait bouillir son sang impur jusquà la folie et la mort.

Fureur connaissait la rancœur de Terkmaïs pour lui et l
assurance de cette dernière sur les propos quelle tenait. Dans un ultime recours, il lui promit de ne jamais plus approcher Sedna, daccepter quelle puisse se marier avec quelquun digne delle sil narrivait pas à ramener le charme à temps. L'oracle ne laissa pas s’échapper la chance de se voir, elle et sa petite fille, débarrassées de ce déchet. Elle accepta, déjà certaine de sa réussite.


Terkmaïs lui imposa un délai de 11 jours. Sedna accoucherait bientôt et il fallait du temps pour transférer lessence du charme. Fureur conclut le pacte. Il devait faire vite, la Brume loccuperait pendant 7 jours et 7 nuits. Il navait pas de temps à perdre. Fureur remercia Terkmaïs qui séloignait sans dire un mot, une troupe de sadida sétait peu à peu accumulé et lattendait pour repartir vers Centormes. Elle remit sa capuche et prit la tête de lescorte qui avança à grand bruit de bâton sur le sol à chaque pas.

Alors quil allait entrer dans le temple, il se rappela dune chose. Paniqué, il courut en direction du groupe de disciple de la nature. Il les rejoignit en peu de temps. Essoufflé, il retrouva Terkmaïs. Il chercha dans sa besace et lui tendit une lettre. Il lui demanda de la remettre à Sedna. Sans le regarder, elle refusa et obligea la formation à avancer. Fureur la supplia en clopinant. La vieille sadida restait impassible.

Sachant quelle ne fléchirait pas, il implora alors les autres de prendre la missive. Aucun sadida nosaient le regarder, ni même écouter ses suppliques, marchant toujours au pas. Pourtant en fin de cortège, une jeune fille connue sous le nom de Grindala se détacha du groupe. Elle interpella secrètement Fureur. Elle lui raconta quelle était une ancienne amie de Sedna et quelle ferait tout son possible pour lui remettre la lettre. Le jeune converti se confondit en remerciement, les larmes aux yeux face à cet élan de compassion. Grindala se dépêcha de rejoindre le groupe alors que Fureur le regardait séloigner lentement.

Une fois la troupe de Sadida disparue au détour d’un chemin, il retourna au temple accomplir son devoir ; entrer dans la Brume. Il devait le faire sil voulait se montrer digne de celle quil chérissait plus que tout à présent et sil voulait la revoir un jour.
Chapitre 10 : Courage et Espoir


Il faisait déjà presque nuit lorsque Bozo franchit le zaap de Bonta une journée et demi plus tard. La peine et la colère avaient fait ressurgir son instinct animal, son instinct de zombie féroce. Il avait passé sa journée et sa nuit à tuer une petite cinquantaine de bêtes diverses et variées, les égorgeant de ses dents, les dévorant sans retenue, se régalant de leur cervelle et de leur chair fraîche. Il fallait qu'il nourrisse la bête en lui avant qu’elle ne blesse quelqu’un, qu’elle ne blesse un Orphéelin.


Bozo ne s’était pas contenté de les manger comme un sagouin, il s’était abreuvé de leur sang, les faisant atrocement souffrir, se délectant de leur douleur afin d’oublié la sienne. Il s’était même baigné dans leur tripe, leur sang chaud, qui coulait dans sa barbe épaisse et sur son torse velu. Son corps n’était plus blanc, il était rougeâtre, tacheté de leur souffrance.


Ses seules affaires étaient son pantalon, déchiré de tout part et nauséabond, façon Robinson, et un sanglier des plaines mort posé sur l'épaule. Ses cicatrices avaient disparu. Seule des traces rouges semblable à celle du sang apparaissaient sur son visage et ses bras.



Derrière lui le crépuscule se faisait de plus en plus sombre. Il s’arrêta devant la porte de l'Orphéelinas, restant devant quelque instant. Puis il relu une dernière fois la lettre que Terkmaïs lui avait donné et il la mit dans la poche de son pantalon avant d’entrer.



Cette nouvelle avait bouleverser son être tout entier. Sedna attendait peut-être l’un de ses enfants. Il n’avait osé en rêver. Il se rattachait à cet espoir infime que l’Oracle de Sadida disait vrai. Mais la rage s’emparait toujours de lui. Il ne pouvait accepter le fait que son fils ait au-dessus de la tête cette épée de Damocles, qu’il ne soit qu’un pion sans valeur sur l’échiquier de Sadida dans sa “bataille” contre Fureur.

Le calme était revenu visiblement depuis son absence. Le bois fumait dans la cheminée et la table n'était pas encore dressée.


“Coucou !” Dit il d'un ton enjoué.


Les Orphéelins qui étaient là lui adressèrent un sourire tout en étant un peu anxieux. Ils déglutirent de dégoût lorsqu’ils le virent mieux à la lueur du feu et Zolux tourna de l’œil en sentant son odeur pestilentielle. Le sacrieur fit comme si de rien n’était et alla dans la cuisine, posa le sanglier, puis monta dans sa chambre sans dire un mot. Il referma la porte derrière lui, un petit sourire un peu inquiet sur le visage.



Il se lava le visage, la barbe, le reste du corps dans une bassine qui prit vite une couleur immonde puis il mit de nouvelles affaires propres et descendit à la banque pour ramener du pain pour une semaine qu’il posa sur la table de la cuisine en compagnie du sanglier.



Ensuite, il remonta prendre son sac dans sa chambre et partit voir les Orphéelins qui étaient dans le salon, autour de Poupinetta qui leur racontait une histoire. “Je dois encore m'absenter... je vais retrouver Sedna.” Dit-il calmement. “Si quelqu'un vous demande où je suis, dites lui juste ça. Je vous ai laissé à manger dans la cuisine. Plein de pains ! Et un bon gros sanglier que vous pourriez faire dans la cheminée ce soir pour vous remettre de vos émotions.” Il réajusta sa besace sur son épaule et se dirigea vers la porte du couloir. “Je vous demande de ne pas trop vous en faire pour Sedna. Elle devrait bien aller. De toute façon, j'y vais pour m'en assurer, mais aussi, vous avez intérêt à bien obéir à Sang, Kitkat, Moyashi et à Zolux pendant que certains de nous sont absent…” Il mima le geste d’une fessée. “Sinon pan pan cul cul !” Un dernier signe de main. “A bientôt.”



Il disparu presque aussi vite qu'il était revenu, sans un mot de plus pour les Orphéelins. Bozo sortit la carte qu'il avait réussi à faire pour aller vers Centormes et franchit quelques secondes plus tard le zaap.
Chapitre 11 : La Brume

Fureur entra dans le temple de Sadida. Epuop Tik l
accueillit avec courtoisie. Lui posant une main dans le dos, le gardien du temple accompagna le jeune converti dans la salle réservée aux seuls vrais disciples du dieu.

Tous les occupants de la pièce arrêtèrent soudainement leur activité et dévisagèrent Fureur qui regardait fixement devant lui. Il sentit s
abattre sur lui des regards hostiles ou plutôt méfiants. Des murmures fusèrent de partout sur la présence de cet étranger dont Sadida avait décidé de jeter son dévolu. Fureur nécoutait pas, se concentrant sur ce quil allait endurer.

Epuop ouvrit une trappe et ordonna à Fureur de descendre par l
ouverture. Ce dernier sexécuta. La pièce était remplit de cierges et de signes mystérieux sadidesques au sol et sur les murs. Fureur alla au centre de la salle et sassit sur les genoux. Bientôt une lourde et épaisse fumée courut le long du sol, gagnant en hauteur à chaque seconde. Fureur la contempla, sapprochant de plus en plus de sa tête.


Avec une certaine appréhension, Fureur se retint de respirer les vapeurs dherbe folle flottant autour de lui les laissant envahir toute la pièce. Ne pouvant resté en apnée, Fureur dut expirer lair contenu dans ses poumons et inhaler les émanations. Sa gorge sembrassa alors dans une terrible irritation. Jamais il navait respiré dherbe folle aussi puissante, celle-ci était sans aucune mesure plus forte et plus âcre que celle que Sedna lui faisait profiter.

Malgré cela, Fureur commença à s
y habituer. Sa respiration était toujours difficile mais son corps acceptait mieux la fumée.


Tout dun coup, il lui sembla distinguer quelque chose. Une sorte de charme. Il se leva, étonné de la présence de larbre quil navait pas encore vu, et sen approcha. Etrangement la salle lui paraissait plus petite avant alors quil marchait depuis un bon moment. Bientôt il entendit des cris, il accéléra le pas, il reconnaissait cette voix, cétait celle de Sedna. Puis au pied de larbre, il vit deux corps sétreindre, celui de celle quil aimait se cambrant en dessous du corps livide de Bozo qui lui faisait lamour.

Fureur avait peine à y croire. Il hurla de toutes ses forces mais le couple ne lentendait pas, continuant à senlacer lun dans lautre, le visage de Sedna tiraillé par le plaisir. Fou de rage, Fureur se précipita vers eux. Mais un étrange mur invisible lempêcha dapprocher plus près, le laissant devenir un spectateur impuissant. Il frappa longuement sur la paroi mais rien ne fit.

Fureur sécroula à genoux, la tête entre les mains.

Les bruits de plaisir de Sedna s
estompèrent peu à peu laissant bientôt place aux gloussements multiples de nombreuses voix féminines. Il redressa la tête et se vit au milieu dune multitude de femmes nues. Le paysage avait changé. Malgré lopacité de la fumée, une sorte de piscine trônait au milieu.


Fureur fut prit dune douloureuse contraction dans tout le corps, et dune manière fantomatique un double de lui-même sortit de sa chair. Son double le regarda dune façon malsaine. Fureur connaissait ce regard. Pour la première fois de sa vie, il contempla son esprit remplit de haine, le véritable Fureur. Ce dernier se prélassa aux milieux des naïades profitant de leur corps quil embrassait avec passion. Il invita le jeune converti à prendre place à ce merveilleux plaisir.


"Allons mon cher, reprend le pouvoir qui était tien. Toutes ces femmes nattendent que toi. Tu as déjà oublié que toutes étaient à tes pieds désirant encore et encore ton corps ? Redevient ce que nous étions, la gloire et le pouvoir sont encore possible pour nous !!!"

Fureur restait impassible. Il ne pouvait faire cela. Il avait changé. Toutes ces femmes ne l
intéressaient pas. Il nen avait plus besoin. Il avait retrouvé lamour unique, être cher quà une seule personne lui était devenu bien satisfaisant.


Lancien disciple de Féca se leva et se dirigea vers son double avant de se jeter sur lui. Fureur le frappa de toutes ces forces au visage. Mais à chaque coup, cest lui-même qui ressentait toute la douleur alors que son alter ego rigolait à gorge déployée.
Subitement tout avait disparu. Tout sauf le charme au loin avec le couple enlacé encore l
un dans lautre.

Une douce main familière se posa sur son épaule et glissa lentement sur son torse. Fureur retourna sa tête et vit Sedna. Il se retourna pour lui faire face. Prit d
un plaisir fou, il lembrassa longuement fermant les yeux. Il avait enfin retrouvé les lèvres parfumées de la femme quil aimait tant pourtant il entendait encore les deux amants sébattre joyeusement au loin. Il sentit la main de celle quil embrassait descendre toujours plus bas jusquà se glisser dans le reste de son pantalon.


Fureur sourit et décida douvrir les yeux. A sa plus grande surprise, il navait plus Sedna sous les yeux mais une grande beauté noire féline. Selene, sa première épouse se tenait face à lui. La respiration du converti se faisait de plus en plus haletante. Comment pouvait elle devant lui ?

Lécaflip lui caressa la joue.

"Mon mari, je te retrouve enfin. Ne t
occupe plus delle, tu nen as plus besoin maintenant que je suis là. Je suis venu te chercher. Nos enfants ont besoin de toi, jai besoin de toi. Nous allons revivre ensemble et heureux, comme au premier jour."

Complètement perdu dans ses pensées, Fureur la laissa faire. Selene l
enlaçait, embrassant le corps meurtri de lancien féca. Elle lembrassa à nouveau. Fureur ferma les yeux qui perlaient des larmes.


Dun coup, le corps de lécaflip se raidit. Il avait suffit à Fureur davoir pensé la tuer pour quun poignard apparaisse dans sa main venant sengouffrer dans le ventre de la féline. Ce fut au tour de Fureur de la cajoler.

"Je suis désolé, ma Selene. Je t
ai aimé mais maintenant tes lèvres nont plus aucun goût pour moi. Cest Sedna que jaime et personne dautre. Il ny a plus quelle qui compte pour moi" déclara lancien féca les yeux remplis de tristesse et damertume, tentant de vouloir se faire pardonner.

Le corps de Selene se mit à se décharner peu à peu laissant peu à peu voir ses os. Fureur, horrifié, recula.


"Très bien mon cher époux. Ton choix est fait. Nous aurions pu passer le reste de notre vie ensemble mais maintenant je prie pour que notre fils encore vivant honore ma mémoire en te privant du bonheur que tu nas jamais pu moffrir." prophétisa lécaflip qui partit bientôt en poussière.

La respiration de Fureur se faisait de plus en plus intense. Les effets de l
herbe folle saccentuèrent sur le corps devenu transpirant du jeune converti.


Il avait maintenant tout perdu, seul sa Sedna occupait ses passions. Et pourtant elle était toujours là, sous le charme, faisant lamour à Bozo. Le visage de Fureur se crispa. Il retourna à folle allure vers le couple mais percuta à nouveau le mur. Criant, rageant le nom de son épouse, il mit à marteler comme un damner la paroi invisible. Il narrêta pas. Ses coups devinrent toujours plus brutaux. Ses poings commençaient à saigner. Il hurlait de toutes ses forces pour que Sedna reviennent vers lui.

Puis étrangement, il entendit le bruit dune sorte de verre qui se fendillait, se briser lentement. La barrière cédait de plus en plus. Et subitement elle vola en éclat alors que Fureur protégeait ses yeux. Lorsquil les ouvrit un nouveau spectacle soffrait à lui.

Il se retrouva dans une grande vallée parcourue de charme. Devant lui Sedna était là, couchée, les jambes écartées alors que des Âmeneurs ainsi que toute sa famille l
entourait. Fureur ne pouvait plus bouger et regardait, impuissant à nouveau, la scène. Sedna accouchait mais Fureur ne voyait que les gens pressés autour de sa sublime femme.


Il entendait son épouse hurler. A chacun de ses cris, le cœur de Fureur semblait sarrêter. Il ne voyait que les sadidas de dos mais entendait clairement leurs murmures. Laccouchement se présentait mal. Il essaya de bouger mais ses pieds étaient comme soudés au sol et personne ne faisait attention à ses réclamations.

Soudain, un hurlement plus enfantin se fit entendre. Le premier enfant venait de sortir. Un sadida s
écarta du groupe et alla vomir. Fureur fut prit de panique et demanda des explications. Puis quelques instants plus tard une deuxième clameur vint accompagner la première. Tout le monde, à ce moment là, se tut, laissant les deux bambins crier leur naissance.


Tout le monde sécarta, la tête basse, de Sedna qui gisait maintenant sans vie, au pied dun charme. Seule Terkmaïs était restée avec deux linges couvrant deux petits êtres. Fureur réussit à tomber sur le sol, à genoux, complètement vidé de son être.

La vieille sadida sapprocha de Fureur le visage remplit de haine.

"Voici notre malheur, tout cela à cause de vous. Vous n
avez pas réussit à ramener le charme à temps et voici ce qui est arrivé à ma mignonne petite fille !"

Terkmaïs tendit au père ses enfants qu
il prit dans ses bras. Il retira la couverture qui cachait leur visage et découvrit la tête difforme de deux petits bébés. Les deux parties de leur crâne navaient pas encore fini de se souder lun à lautre ce qui laissait apparaître un bec de lièvre qui remontait jusquen haut du nez.


Fureur resta bouche bée devant tant dhorreur. Les bébés lui sourirent. Des petites dents pointues sortaient déjà de leurs gencives. Fureur voulut crier de toutes ses forces mais la terreur len empêchait.

Dune petite voix fluette, lun des deux enfants prit comme par magie la parole.
"Il n
est pas encore trop tard, papa. Tu peux encore nous sauver."

Puis les ténèbres recouvrèrent Fureur. Il se sentit happer par deux puissantes mains qui le tiraient vers le haut.


Bientôt il respira de lair frais. Ses poumons brûlèrent à nouveau par tant de pureté. Fureur toussa longuement, écrasé au sol. Epuop Tik se tenait près de lui.

"Vous venez de passer 7 jours et 7 nuits dans la Brume, mon ami. Vous avez réussi. Félicitations.


- Non, non, je nai pas encore réussi. Jai encore quelque chose à faire, quelque chose de très important."


Fureur voulu se redresser mais plus aucune force ne l
habitait. Epuop tenta de laider mais lancien féca refusa son assistance. Ce dernier réussit finalement à se mettre debout tant bien que mal après quelques minutes. Fureur, la tête basse, les pieds traînant, se soutenant dune main au mur, sortit de la salle réservée aux disciples de Sadida.


Il devait faire vite maintenant, il navait plus une seconde à perdre. Sa femme et ses enfants lattendaient.
Chapitre 12 : Recherche et Désespoir



Cela faisait bien des jours que Bozo errait dans les longues landes qui bordaient la province d’Heimdar. Malgré ses lacunes en orientation, il n'était plus très loin du village de Centormes. Il savait qu’il approchait du village de Sedna de plus en plus. Son souvenir du chemin à suivre était bien confus mais il se laissait guider par son instinct. Il était déjà venu ici, à l’époque, lorsqu’il était marié à Sedna, il en était persuadé maintenant. Le chant d’une cascade lui parvenait aux oreilles par delà une butte. Lorsqu’il monta le monticule de terre devant lui se dessina en contre bas une belle forêt à perte de vue, jusqu’à la ligne d’horizon.

Le sacrieur s’arrêta pour la nuit après quelques heures de marche entre les hauts arbres à l’arôme envoûtant. Il fit un feu, sortit sa couche et s’assit en fixant les flammes. Des souvenirs lui passèrent dans la tête. Il se mit à réfléchir, à penser… à penser à tout ce qui c'était déjà passé dans sa vie depuis son exil des landes de Digi Charat. A tout ce qu’il avait vécu.

Il se souvint de son arrivée en Amakna, de l'acceptation de l'Orphéelinas de le prendre sous son aile. De sa rencontre avec Sedna, de leur mariage de courte durée. Du bonheur merveilleux qu’elle lui procurait. De son amour pour elle qui n'avait jamais disparu. Il pensa aussi à tout ceux qu'il avait rencontrés, tout ceux qui l'ont aidé, qu'il a aidés lui-même. A ceux qui lui faisaient confiance et à qui il faisait confiance. Et puis il pensa à la suite des événements, à Sedna, à sa Sedna et à l’enfant qu’il espérait qu’elle attendait de lui et là, il se mit à pleurer, se prenant la tête entre les bras. Mais alors que son corps était prit par des hauts le corps de tristesse et malgré ses chaudes larmes qui ruisselaient sur ses joues, son visage n'était pas celui de quelqu'un de triste. Il avait un petit sourire figé.

L’aube pointa son nez. Il venait de passer la nuit dans ses souvenirs. "Bon.” Se dit-il. “Ce n'est pas le tout... mais ce n’est pas en restant assis là que les choses vont avancer. J'arrive Sedna."

Il remit sa besace dans son dos et avança sur le sentier dans cette profonde forêt inquiétante. Il croisa un charme qu’il caressa, sentant sous ses doigts l’écorce réagir comme s'il était vivant.

Quelques heures après avoir repris son chemin, en silence, il vit un écriteau sur la route où “Centormes” était gravé dessus entre un peu de mousse.


Enfin il allait arriver...
Chapitre 13 : Les Temps changeront-ils ?


Fureur sortit en trombe du temple de Sadida. Il se dirigea avec toute l
impatience du monde vers le charme qui lavait uni à Sedna. Parfois, il trébuchait sur une grosse racine et sans sécrouler il continuait à courir en saidant de ses mains comme laurait fait un quadrupède.

Sa tête tournait encore. Les effets hallucinogènes de la Brume agissaient encore par moment. Sa poitrine ainsi que tout son corps l
oppressait fortement, quelque chose en lui voulait sortir. Sa respiration sifflait stridente par moment.

Après quelques heures, il arriva devant l
arbuste qui avait encore prit quelques centimètres durant son absence. Il tomba à genoux et commença à gratter la terre tout autour du végétal. Il saigna rapidement du bout des doigts tellement la terre était gelée à cause du froid hivernal mais cela ne l’arrêta pas.


Après avoir bien pris soin de ne pas exposer les jeunes racines encore fragile à lair, il ouvrit sa besace et en sortit un pot en terre cuite quil avait prit au temple de Sadida juste avant de partir. Il posa le récipient au sol et délicatement il y posa la plante avec sa terre.

Sans se reposer, il alla au Zaap des plaines de Cania non loin des rocheuses en emportant avec lui le charme. Les hautes herbes givrées lui mordaient les pieds nus à chaque enjambée. Il devait faire le plus vite possible. La vie de sa femme et de ses enfants était en jeu. Par chance, il s
était déjà rendu dans le village de Sedna et même si ce dernier était coupé de toutes grandes avancées technologiques, un Zaap était près de celui-ci, dans la province à côté. Il sy téléporta et en quelques secondes il venait déconomiser de longues et laborieuses journées de marche, sûrement deux bonnes semaines.


Malheureusement pour lui, même si la volonté de rejoindre son épouse le plus vite possible était encore infaillible, son corps montra ses limites. Ses jambes flageolèrent et sous ses pas, ses genoux flanchèrent ce qui le fit tomber accroupit assez tôt. Il sadossa contre un arbre et décida de récupérer quelques forces. Durant sa pause, il ny trouva aucune quiétude, repensant encore et encore à sa dernière vision dans la Brume. Une journée venait de sécouler, plus que trois et il serait trop tard.

Il faisait encore nuit alors qu
il sétait résolu à reprendre la marche. Sans voir aussi bien quun écaflip en pleine nuit noire, ses yeux sétait étrangement habitué aux ténèbres et distinguaient les plus gros des obstacles. De même son ouïe était devenue plus fine et le moindre battement dailes de hiboubouh était perceptible.


Au petit matin, il remarqua quelque chose dencore plus surprenant, quelque chose quil navait jamais vu auparavant. De tout petits êtres courraient tout autour et devant lui. Il rencontrait pour la première fois les esprits de la forêt. De couleur allant du blanc au vert en passant par le marron et parfaitement translucides, ces petits êtes semblaient planer au-dessus du sol. Lorsque Fureur essaya den toucher un, il ne pu que le traverser de la main. Ces petites choses lui souriaient et il les entendait presque rire. Les petits esprits devant lui réussissaient à lui ouvrir un passage à travers les frondaisons épaisses et les épineux touffus. Fureur courut comme jamais à travers la forêt. Tout semblait lencourager à trouver Centormes à temps.

Après presque trois jours de rudes courses, Fureur arriva aux bordures du village. L
immense muret en tronc marquait les limites de la cité sadidesque. Lancien disciple de Féca le suivit et aperçu bientôt une entrée. De grands sadida bardés de cuir et armés dimmense pique y montaient la garde. Fureur ne les reconnut pas tous, sauf une personne qui semblait leur donner des ordres, habillée dune tenue moins belliqueuse. Au ton acerbe de sa voix, Fureur sut rapidement quil sagissait de Terkmaïs. Il linterpella au loin avec une certaine gaieté alors quil courrait plus vite dans sa direction. Elle lui fit face rapidement.

"Terkmaïs ! Terkmaïs ! Me voici comme promit avec le charme."

Le regard plein d
animosité envers Fureur, elle lui arracha le pot et son contenu des mains. "Merci Fureur. Mais il est trop tard. Je savais que je naurais pas du vous faire confiance. Nous navons plus rien à faire de vous. Partez sur le champ avant que les gardes ne vous jettent au trou !"

Fureur resta pétrifié. Les visions de la Brume jaillirent à nouveau dans son esprit. Il s
écroula sur le sol. Il avait fait tant deffort. Tout cela navait finalement servit à rien. Son cœur se déchira et du tréfond de son âme, il sentit une vive douleur, une craquelure.

Tout d
un coup un immense vacarme agita les arbres aux alentours. Fureur ainsi que les sadida du village se tournèrent vers les bosquets environnants. Un titanesque sanglier noir des forêts y surgit et se rua vers le village râpant ses défenses sur les arbres en y laissant de très profondes entailles. Fureur resta estomaqué, paralysé par le chagrin et la peur. Que le sanglier lembroche ne le gênait pas, il venait de perdre ce quil avait de plus précieux sur cette terre.

Subitement d
immenses ronces aux épines tranchantes sortirent de sous terre tout autour de lanimal excité. Elles lentourèrent rapidement et se déchaînèrent sur le cochon sauvage avec une telle violence quil arrêta net sa course, mort.

Quelques secondes plus tard, sortit du même endroit que le sanglier un sadida colossal au ventre bedonnant, au poil argenté et aux yeux émeraudes. Il était accompagné de quelques autres Sadidas qui portaient sur leurs épaules également de gros sangliers sombres. Regardant la dépouille avec un sourire, il sifflota, visiblement content de voir le cadavre du sanglier à terre.

"Cela fera un excellent repas. N
est ce pas Hamel ?” Demanda le gros sadida dun âge très avancé.


“Euh euh oui Milto.” Répondit confusément linterpellé.

Fureur avait devant lui Milto Sadwintok, le chef du village qui était également le gouverneur de la province d’Heimdar et l
époux de Terkmaïs. Ce dernier remarqua lair attristé de lancien féca. Fureur ne répondit pas et Milto regarda lair grave de sa femme.
"Qu
as-tu dit à ce pauvre Fureur, vieille poupée folle ?” Interrogea le chef du village.

“Mais rien du tout. Il arrivait à l
instant avec le charme de nos petits petits enfants avant que tu narrives comme une grosse brute avec ton dîner.”


“Aaaaaaah !” Il claqua ses grosses mains l’une contre l’autre. “Quel brave homme ! Sedna peut être fier de lhomme quelle a choisi. Il fera un fier sadida. Regardez-moi ces belles marques de Découpe que lui a fait notre dieu !” Sexclama Milto, très fier.

“Sed Sedna est toujours en vie ?” Demanda Fureur à demi mot.

“Bien sûr mon fils” Se réjouit Milto. “Allez vient avec nous, nous allons temmener à elle."

Milto ramassa le corps du sanglier sous un bras et de l
autre releva son petit gendre. Terkmaïs grommela en silence en serrant les poings, rageuse. Fureur se sentait faillir. Il allait enfin revoir sa belle après tant d
absence.
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