Salut les béjaunes, oyez mes débuts que je ne m'égosille pour rien.
Rejeton de fermiers. On n'est pas sans-le-sous ni argenteux. On n'entrevoye même pas le tapage des génitures régaliennes ou engeance de la vindicte. Patriarches pleins aux as ou crevés, on ne digère pas. On est simple, et j'en ai le malaise.
Adonc quand l'aïeul me promène au champ de foire du sethmedi, histoire d'écouler la camelote, que les gueuses crespies minaudent et que les chalands liquident, mes mirettes traînent sur l'escarcelle d'un crocé, un ratichon je crois. Avec ce bernage, l'aventure a dû le fleurir. Dans le dos je l'accoste et je lui fauche le magot. Tout à coup, un armandier se pointe.
- Pour qui qu'tu cognes la vilaine, t'es sur not'terre. On n'étrille pas sans reverser à la guilde. Viens là que j't'instruise la bonne marche!
Et il me traîne larmeuse vers une traverse. C'est là que mon vieux, bien à propos, s'interpose.
- L'croquant, tu n'daignes pas m'escamoter la morveuse!
- Prends garde le bélître, ou j'te passe au fil! Ta gazille est bonne pour l'ergastule avec c'forfait! Z'allez être desmaisonnés si j'vous moucharde! Mais on peut pt'ête s'entraccorder...
A la brune, mon ancêtre ne me remmène pas à la crèche. Il m'a bazardée au tire-laine, quoi qu'il n'ait pu aimer mieux. Et me voilà embrigadée comme chevalier d'industrie. Avisez,ça rapporte, mais je reste quand même drôlement gauche. Quant à me jaboter sur l'allégeance à une vénérable affaire, il n'y a que le frusquin qui me cause.
Dionee
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