La nuit est déjà bien avancée, et depuis quelques instants je m'accorde un répit.
Je me suis laissé tomber dans l'herbe, bras écartés, le dos retombant lourdement en arrière, comme le font si souvent les enfants insouciants.
J'ai les yeux grands ouverts, ils contemplent la voûte céleste dans toute sa magnificence.
Les oiseaux se sont tus, seuls résonnent les chants des animaux nocturnes faisant la cour à la Lune.
J'ai froid, la brise est glaciale et secoue les brindilles humides qui viennent fouetter mes jambes nues.
Une pluie fine tombe doucement, dans un rythme lancinant; impudique je m'étire un peu plus, offrant ma silhouette à ce flot venant du ciel, une rigole vient se former dans le creux de mon ventre, et je souris à la contemplation de ces espaces d'Ombres que l'eau dessine sur mon corps.
Une robe de moire, méticuleusement pliée est posée a mes cotes, une cape en lin est étendue sur l'une des branches du grand arbre près duquel j'ai choisit de m'installer, et j'aurais pu aller chercher en hâte ces vêtements pour freiner la morsure du froid qui me fait frissonner, mais je ne bouge pas, j'ai du mal a organiser mes idées...
D'habitude attentive aux étoiles, à la course du cortège argenté, voila que mon regard ce fait hagard, mes pensées dérives..Je me mets à penser à toi.
Un sourire se dessine sous l'influence de mes songes, qui s'efface bien vite quand la raison revient.
Parce qu'involontairement je pense à toi.
Et c'est là que je me lève finalement, m'habillant en des gestes mécaniques, essayant, autant que peut se faire, de me concentrer sur d'autres chimères...
Un profond soupir s'échappe de mes lèvres, suivit d'un nom, garder secret jusque là.
Et de nouveau je te maudis...car ce n'est pas la première fois que je me surprends à songer ainsi.
C'est fou comme je n'aime pas perdre le contrôle, me sentir tanguer, j'aime savoir, prévoir, anticiper, et là tout s'évade quand je me mets à penser à toi.
Finalement je me résigne, et me laisser choir à nouveau sur le sol trempé par l'averse qui n'a toujours pas cessée.
Je m’enfuis à mon tour, suivant mes illusions dans cet onirique refuge qu'est la déraison.
Malgré moi, je passe une main sur mes lèvres froide par le temps, mais pourtant j'y sentirai presque encore ton souffle chaud, puis je fronce les sourcils, comment ais-je pu me laisser approcher ainsi, comment ais-je pu vouloir t'approcher.
Petit à petit, je m'avoue les raisons, difficilement, même si je sais qu'elles étaient complètement évidentes...Difficile...je me demande bien pourquoi ça l'est autant...
Je murmure de nouveau ce nom dans le vide, pour seul auditeur une présence invisible.
Je frisonne mais ce n'est pas la froid, en fait je ne sais pas ce que c'est, ou encore une fois j'ai peur de l'avouer.
Peur de l'avouer..mais pourquoi ?
Je soupire, obstinée, croyante et rêveuse, c'est ainsi quand à mon insu, je pense à toi.
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