[BackGround d'Amara] Le totem des 4 Elements

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Coucou à tous avant de commencer, je vous poste cette petite introduction HRP.

Je sais que la longueur du texte (pour ce simple début d'histoire) en rebutera plusieurs. Mais bon, les gens à qui je l'ai envoyé l'ont imprimé, et lu quand ils avaient un moment de libre. Mes parents et ma soeur l'ont mis dans un classeur et posé à côté des toilettes pour en lire un petit peu à chaque fois qu'ils y vont (XD)
Il fait 85 pages word exactement...

Note : Je suis humaine, et les copiers/collers de Word vers le forum sont parfois laborieux. Il est possible que j'ai fait des erreurs. Ensuite, je relis beaucoup mes écrits, à la main, mais rarement ce que j'ai marqué à l'écran. Il est donc possible qu'il y ait quelques erreurs de frappes et fautes d'orthographe ou d'inatention (oubli d'un mot par exemple.ensuite, mon style laisse peut être parfois a désirer, avec des "mal-dit" ou des idées qui se contredisent...etc. Sachez que j'accepte très bien la critique et suis ouverte à toutes vos remarques et à tous vos conseils

De même si vous avez des idées et que mes textes vous inspirent, vous pouvez toujours m'en faire part par mp sur le forum, en jeu ou sur msn, si vous jugez bon de me parler d'une modification qu'il y aurait à faire

J'en profite pour remercier tous ceux qui ont eu le courage de lire ce début de BackGround et qui me soutiennent par rapport à l'écriture de la suite.

A part ça, j'ai écrit quelques petites choses qu'il m'a paru bon de préciser dans ce fichier :

[*penser à ajouter le lien dans quelques minutes le temps que je le retrouve*]

Je ne le recopie/recolle pas parce que tout simplement, c'est plus simple à lire comme ça.

Ensuite, je mets à votre disposition une page web et un fichier word à imprimer, dont je note le lien à la fin de chaque chapitre posté


Voici pour télécharger l'intégralité du BackGround : Le totem des 4 éléments (document word imprimable)

Puis par chapitres : Introduction

Chapitre 1 - Chapitre 2 - Chapitre 3
Chapitre 4 - Chapitre 5 - Chapitre 6
Chapitre 7 - Chapitre 8 - Chapitre 9
Chapitre 10 - Chapitre 11 - Chapitre 12
Chapitre 13 - Chapitre 14 - Chapitre 15
Chapitre 16 - Chapitre 17 - Chapitre 18



LE TOTEM DES 4 ELEMENTS

Introduction

Le totem des quatre éléments est une histoire d’aventure écrite au 21ème siècle, qui parle d’un pays inconnu, dans une époque inconnue associant certains des éléments du Moyen-Âge ou de la Renaissance avec des éléments du siècle actuel : c’est le monde de Dofus.

Nombre de créatures imaginaires et de pouvoirs surnaturels peuplent cette histoire tirée des aventures d’un personnage de ce jeu que nous connaissons tous. Ce sont les aventures d’Amara.

Jeune apprentie au sein d’un ordre enseignant la magie du feu, notre héroïne, amie des animaux et de la nature rencontrera ses tous premiers amis, connaîtra sa toute première histoire d’amour au milieu de cette endroit mystérieux où l’on apprend a brûler des objets rien qu’en les regardant, ou a soigner les maux rien qu’en murmurant quelques simples formules.
Durant l’année de ses 15 ans, Amara rencontrera des épreuves inattendues, plus difficile à vivre que ce que pourraient avoir vécu n’importe quel être humain.
Des choses terrifiantes se préparent.
Une prophétie annonce de terribles choses à propos du destin de cette jeune fille qui parcourra le monde à la recherche de ces parents qu’elle n’a jamais connu.
En chemin elle rencontrera Keazou, beau chevalier qui tombera rapidement amoureux d’elle. Après un enlèvement mené contre Amara elle-même, un groupe de jeunes gens partira à sa recherche. Des liens d’amitié se formeront, et ce qu’ils appelleront par la suite la guilde des « Fama Volat » ce qui signifie en langue populaire « La renommée volante » la suivra tout au long de ses aventures.

Une aventure exaltante qui vous emmènera au cœur de ce monde imaginaire, ou l’amitié est la plus grande force de chacun et où le mal ne triomphe jamais.

Téléchargez le fichier à imprimer : http://exe.keazou.free.fr/amara/totem/0intro.doc
Chapitre 1 : L'enfant trouvée
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS


Chapitre 1 : L'enfant trouvée


Il y a une vingtaine d’années, dans le port d’Amakna, accosta un navire de pirates sanguinaires. Les marchands du port reconnurent le bateau à sa voile noire.
Les pirates écumaient les mers depuis de nombreuses années, pillant les ports et tuant les marins. Il était même raconté qu’ils possédaient les connaissances d’autres mondes, d’îles lointaines et inconnues.
Un messager fut envoyé au roi d’Amakna afin d’annoncer la décision des pirates de s’installer dans un petit village du bord de mer.
Il annonça mystérieusement que si le village n’était pas désert d’ici la fin de la soirée, quelqu’un serait sacrifié…
Le roi, ne comprenant pas les paroles du messager, convoqua les habitants de ce petit village maritime, afin de discuter avec eux de la situation.
Après une longue discussion, une décision fut prise : les marins firent leurs bagages et allèrent s’installer dans un village abandonné, sur une presqu’île au Sud-Ouest du pays.

Peu après, un homme apparut à l’entrée du village. Des chuchotements effrayés se faisaient entendre sur son passage. En effet, l’homme portait les vêtements de la guilde des roublards… de grandes ailes rouges étaient brodées au dos de sa cape.
Peu à peu, les rues du village se vidèrent, les volets et les portes se refermèrent sur les habitants effrayés.
L’homme portait dans ses bras un étrange tas de tissus, la couleur orangée de l’étoffe contrastait avec les vêtements sombres du démon.
Ce dernier continua sa marche, progressant lentement dans le village. Sa démarche, à la fois lourde et majestueuse, imposait le respect et la terreur… sentiment étrangement mêlé d’une sorte d’admiration…
Un silence total s’était installé dans le village. Les oiseaux ne chantaient plus, même le clapotis de l’eau de la fontaine semblait muet…
L’homme avança lentement jusqu’à la fontaine. Certains affirment avoir entendu, sous la capuche recouvrant d’ombre le visage de ce sombre personnage, une voix froide et dénuée de sentiments qui murmurait des mots, dans une langue étrangère. Comme une effroyable prière, ou plutôt une incantation… D’autres affirment avoir vu une lumière rouge, symbole de la magie tirée des entrailles de la terre, magie capable de faire surgir de nulle part les pires flammes de l’enfer, entrer dans le paquet que le démon tenait dans ses bras.
Après avoir déposé délicatement le mystérieux objet, l’homme quitta la place, continuant à marcher dignement, regardant droit devant lui.

De longues minutes passèrent, le silence, épais, lourd, comme empli d’une menace, ne se dissipait pas. Personne n’osait bouger.
Quelques instants plus tard, des pas se firent entendre. Le claquement de sabots de bois sur les pavés de la place se rapprochait. Puis, à la surprise des habitants, une voix enfantine s’éleva, claire et joyeuse, raisonnant gaiement dans le silence impénétrable du village.
Les habitants écoutaient, retenant leur souffle. A leur plus grande surprise, regardant entre les lames de leurs volets, ils aperçurent une fillette qui marchait, sautillant joyeusement dans la rue, son petit panier se balançant au bout de son bras. Elle chantait, ses cheveux volaient autour de son visage innocent, entraînés par la bise printanière, sa robe légère tournoyant au rythme de sa joyeuse marche.

Les habitants la connaissaient comme étant la fille unique d’un couple vivant dans une ferme, retirée dans la forêt, un peu à l’écart du « centre ville ». La fillette avait six ou sept ans et venait régulièrement jouer dans le village. Elle avait acquit le surnom d’Oeil-de-loutre après qu’un groupe de loutres sauvages s’en soient pris à elle et l’aient blessée. Œil-de-loutre avait une discrète cicatrice près de l’œil droit.
Elle était aimable et polie, très bien élevée. Ceux qui la connaissaient pouvaient dire que c’était une enfant curieuse, résolue et têtue. Elle n’était pas capricieuse, loin de là, mais quand elle avait une idée en tête, rien ni personne ne pouvait plus la détourner de son but. Elle était très intelligente et son esprit était vif pour son âge. Tous ces détails faisaient d’elle une enfant adorable, aimée de tous.

La fillette s’installa près de la fontaine, à genoux par terre et sortit ses jouets : une poupée et de minuscules récipients en porcelaine. Alors qu’elle se levait pour remplir une petite tasse avec l’eau de la fontaine, son attention fut attirée par le long paquet d’étoffe orangée.
Dans les maisons, les habitants retenaient leur respiration, ils étaient plongés dans une sorte d’excitation euphorique. Admirant l’insouciance de la fillette, ils étaient comme envoûtés par la scène qui se déroulait sous leurs yeux.
Elle s’approcha lentement et s’agenouilla près du paquet. Celui-ci, sur toute sa longueur, mesurait un peu plus d’un mètre, ce que l’on avait du mal à distinguer dans les bras de l’Homme Sombre. La fillette défit avec soin le paquet, déroulant soigneusement le morceau de tissus.

Ce que l’on découvrit produisit un tel effet de surprise que l’on accouru de toute part, déverrouillant les portes et les volets.
Bientôt une masse compacte de curieux s’était assemblée autour de la fontaine. On poussait des soupirs de soulagement et d’émerveillement.

En effet, enroulée dans la grande cape orangée, une petite fille était allongée. Toute mince, elle état vêtue d’un simple pagne fait d’une fourrure de couleur blond clair. Sa peau était claire et ses cheveux blancs brillaient d’un éclat argenté. Un minuscule tofu dormait, blotti contre son cou. Le poussin et l’enfant dormaient tous les deux d’un sommeil profond et paisible. Le soleil éclairait la scène, lui donnant un aspect presque magique, merveilleux.
L’enfant pouvait avoir deux ou trois ans.

Les parents d’Œil-de-loutre, voyant que cette dernière ne rentrait pas, se faufilèrent dans la foule et poussèrent un petit cri de surprise en découvrant la scène. Leur petite fille allongée sur la cape, près de « l’enfant trouvée ».
Dispersant l’attroupement de badauds, le couple se pencha sur l’enfant. Quelque chose était accroché autour de son cou ; en s’approchant, on distinguait trois petites clés de formes bizarres. Sur chacune des trois clés, la même inscription revenait : Amara.
La femme, en saisissant les petites clés, réveilla le tofu endormi. Celui-ci, en piaillant avec entrain, mordilla légèrement l’oreille de la petite fille. Elle se réveilla. Elle s’assit sur la cape et prit l’oisillon dans ses mains. Elle regarda les gens penchés au dessus d’elle avec des yeux ronds. Elle se frotta les yeux et posa le tofu à coté d’elle. On lui demanda si Amara était son prénom et la fillette hocha la tête affirmativement.
Une femme voulut s’approcher d’Amara mais celle-ci s’accrocha au cou de la fillette qui était assise à côté d’elle. Une personne demanda qui allait s’occuper de l’enfant trouvée. Le couple déclara qu’ils allaient l’habiller et lui donner à manger, ils la conduiraient ensuite au roi.
C’est ainsi que la petite Amara rejoignit la ferme.

Alors qu’ils se rendaient au château afin de présenter Amara au roi, la famille rencontra une femme. Vêtue d’une longue cape bleue, elle paraissait avoir une soixantaine d’années. La femme s’approcha d’Amara et la dévisagea. Elle regarda tour à tour Amara et sa famille adoptive. Puis tout en regardant les parents, elle posa la main sur la tête d’Amara et leur annonça : « L’enfant aura un grand avenir… » Puis elle se retourna et partit en marmonnant des paroles incompréhensibles.
L’entrevue avec le roi fut brève, il leur conseilla l’orphelinat du village dans le cas où ils ne voudraient pas garder la fillette.

Amara entra donc dans la ferme en tant que membre de la famille.
Le lien qui s’était créé entre les deux fillettes à leur rencontre se renforça, elles s’aimaient comme deux sœurs et ne se quittaient plus. Amara et Œil-de-loutre grandirent, heureuses.
La famille n’était pas très riche mais vivait avec une immense joie de vivre. La ferme résonnait de rires et de bonheur. Les deux fillettes jouaient, aidaient parfois leur père dans les champs ou leur mère dans la cuisine, à faire des gâteaux, ou du pain.



Téléchargez le fichier à imprimer : http://exe.keazou.free.fr/amara/totem/chap1.doc
Chapitre 2 : Les chasseurs-Pèlerins
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS


Chapitre 2 : Les chasseurs-Pèlerins

Mais Œil-de-loutre grandissait, elle avait 5ans de plus qu’Amara. Sa grande curiosité la poussait toujours plus loin dans sa découverte du monde qui l’entourait. Elle restait de moins en moins à la maison, passant ses journées dehors, en forêt ou au village, à discuter avec les artisans.
Elle rentrait, le soir, et ramenait un peu d’argent à la maison. Les soirs, assis dans le salon, la famille écoutait les récits que racontait Œil-de-loutre. Parfois elle racontait ce qu’elle avait fait ou ce qu’elle avait vu, d’autres fois elle se lançait dans l’explication des métiers auxquels elle s’intéressait. Le reste du temps, elle racontait les légendes et les vieilles histoires d’Amakna. Œil-de-loutre, le soir, chantait des chansons à sa jeune sœur qui les apprenait par cœur. Et pendant les longues soirées d’hiver, elles chantaient en chœur après le dîner, devant la cheminée.

Une belle matinée de printemps, alors qu’Œil-de-loutre allait vers ses treize ans, une rumeur circulait dans le village : les chasseurs-pèlerins allaient revenir dans les contrées. Des fêtes prestigieuses avaient été données, onze ans auparavant, quand les pèlerins avaient planté leur campement près du village. Les hommes avaient aperçu l’un des chasseurs entrer dans le château du roi.

Les chasseurs-pèlerins voyageaient à travers le monde entier, ils pratiquaient avec ferveur l’art de la chasse et étaient pourtant si proches de la nature qu’ils ne tuaient jamais les animaux capturés. Ils chassaient à l’arc mais leurs flèches, faites d’un bois fin et léger, étaient prolongées par de fines aiguilles qui ne pénétraient que légèrement sous la peau des animaux. Ces aiguilles étaient enduites d’une mixture que seuls les pèlerins connaissaient. Le produit endormait les animaux. Les chasseurs capturaient les animaux endormis.
Le trophée qu’ils ramenaient de leurs chasses était des dessins. En effet, chaque fois qu’un chasseur capturait un animal, il en faisait un dessin avant de le relâcher. Aucun des dessins n’était identique. Il fallait dessiner l’animal endormi dans son environnement, choisir avec soin les couleurs. Lorsque c’était possible, les chasseurs joignaient quelque chose à leur dessins, par exemple : quelques poils, un morceau de laine, une écaille, une plume.
Hormis la majorité de chasseurs, on trouvait aussi, dans la troupe des chasseurs-pèlerins, quelques artisans, tailleurs, cordonniers… Les plus beaux des dessins étaient reproduits sur une partie de leur production, tels que des vêtements, capes, chapeaux, chaussures et bandeaux, du linge de maison, rideaux, draps, nappes et tapis. Il y avait aussi de petites statuettes, des flûtes et d’autres instruments de musique. Ces produits étaient destinés à être vendus dans les villes et villages où les pèlerins s’arrêtaient. C’étaient des produits rares et chers, ils étaient longs et difficiles à réaliser. L’argent de la vente permettait aux chasseurs-pèlerins de continuer à voyager dans de bonnes conditions et de continuer à exercer leur passion. Les pèlerins organisaient, pendant deux semaines, une grande foire où ils vendaient leurs marchandises. Ils restaient environ pendant trois mois au même endroit, chassant dans les environs, selon la période de l’année.

Œil-de-loutre apprit la nouvelle et partit au village pour se renseigner. A la bibliothèque, elle lut tout ce qui parlait des chasseurs. Puis ils arrivèrent au village. Les grands archers étaient un peu impressionnants, ils portaient des combinaisons souples de couleurs sombres. Leurs arcs peints et sculptés étaient tous plus magnifiques les uns que les autres. Les archers portaient à la taille une grande sacoche destinée à abriter leurs dessins, leurs biens les plus précieux mis à part leur arc.

Œil-de-loutre, fascinée par ces hommes, les observa. D’abord de loin. Puis elle s’approcha un peu plus. Chaque jour elle rentrait chez elle avec de nouvelles choses à raconter, ce qu’elle faisait avec entrain et excitation.
Les chasseurs s’installèrent dans une clairière, non loin du village. La jeune Œil-de-loutre se réjouissait de les savoir si proches de chez elle.

Leur campement était fait seulement de toiles de tente tirées par des piquets de bois. Un peu en retrait, on trouvait le bâtiment principal de la troupe : une grande roulotte de bois qui contenait les objets destinés à être vendus, la nourriture et le matériel utilisé pour le campement, toiles de tentes, couvertures, ustensiles de cuisine…etc.

Celui qui semblait être le chef des chasseurs était un grand homme d’une trentaine d’années, ses vêtements de couleur vert pâle reflétaient la couleur de ses yeux, verts et pleins de sagesse. Ses cheveux, longs, blanc argenté comme ceux d’Amara, étaient attachés et lui arrivaient un peu en dessous de la nuque. Ses bottes de cuir rouge ne faisaient aucun bruit quand il marchait. Le chef avait dressé sa tente au centre du campement. Les autres, par habitude, avaient planté la leur en cercle autour de celle-ci.
La troupe comportait une centaine de personnes, essentiellement des hommes, mais Œil-de-loutre ne pouvait s’empêcher d’admirer les grandes chasseuses. Habillées comme le reste de la troupe, leurs vêtements serrés mettaient en avant leur corps, parfaitement entretenu par un entraînement physique quotidien. Les chasseuses laissaient leurs longs cheveux tomber sur leurs épaules.

Trois jours plus tard, une grande agitation régnait dans le village, on installait des tables le long des rues, on installa quelques banderoles aux murs des maisons. La grande foire était sur le point de commence. Les pèlerins vinrent installer leurs marchandises. Vers midi, la grande foire fut déclarée officiellement ouverte. Les festivités commencèrent.

Œil-de-loutre et sa famille se rendirent au village, parcourant les allées de la foire. Œil-de-loutre dévorait tout des yeux. Curieusement, on n’entendait pas de grands cris des marchands et acheteurs, on admirait les produits exposés sur les tables. Certains chasseurs avaient sortis leurs instruments de musique. Ils jouaient tous le même air, on entendait seulement le changement de l’instrument d’un étalage à l’autre. Ils jouaient en même temps avec un parfait accord. D’autres peignaient ou sculptaient.

Œil-de-loutre s’arrêta devant un des étalages et effleura les petites statuettes du bout des doigts. Les petits animaux étaient sculptés dans un bois sombre, presque rouges. Elles étaient polies et vernies avec soin, tous les détails apparaissaient. Certaines même étaient peintes, avec des couleurs vives et réalistes.
La jeune fille s’agenouilla devant l’étalage afin d’être à la hauteur des objet. Elle n’osait les toucher, de peur d’abîmer de si jolies choses. Un long moment plus tard, l’homme qui était assis de l’autre côté de la table parla : « Eh bien mademoiselle ? »
Œil-de-loutre sursauta. Elle se releva et s’excusa. L’homme, le visage joyeux, la regarda. Il lui dit d’approcher. La jeune fille, de nature réservée et prudente, hésita un moment. Puis la curiosité l’emporta. Elle contourna la table et s’approcha de lui. Il la dévisagea et lui dit : « Je t’ai aperçue plusieurs fois cette semaine, autour du campement. » Œil-de-loutre s’excusa encore, assurant qu’elle ne voulait pas espionner. Mais le sculpteur ne semblait pas offensé. Il lui demanda ce qu’elle pensait des petites statues, la jeune fille répondit que c’étaient de véritables œuvres d’art, qu’elles étaient magnifiques. Pendant qu’ils discutaient, Œil-de-loutre s’était assis sur une marche, à quelques mètres de l’homme, distance qu’elle jugeait raisonnable, on n’est jamais trop prudent, comme lui disaient sans cesse ses parents. Il lui posa quelques questions sur elle-même auxquelles elle répondit sincèrement mais sans trop donner de détails. Elle lui parla de sa jeune sœur, racontant leur rencontre. Elle raconta aussi l’attaque des loutres telle que lui avait raconté sa mère. L’homme semblait réfléchir. Il lui dit de partir et lui donna rendez-vous le lendemain, au même endroit.
Elle prit congé et le remercia vivement.

Œil-de-loutre continua à flâner le long des allées, écoutant la douce musique qu’ils jouaient, elle état si belle, si calme. Elle lui faisait penser à la fois à l’eau d’un ruisseau qui coulait dans une forêt endormie, et à la beauté des fleurs dévoilant leurs pétales au printemps. La musique était lente et joyeuse.
Œil-de-loutre leva la tête et vit Amara et ses parents, ils l’appelèrent. Une odeur sucrée parvint aux narines d’Œil-de-loutre : sur la place, les boulangers du village avaient étalé un large choix de pains, gâteaux et viennoiseries. Amara, qui était barbouillée de chocolat, finissait une gaufre.
Oeil-de-loutre rit en la voyant comme ça, sortit un mouchoir de sa poche et frotta le menton de la fillette. Puis elle s'acheta elle aussi une gaufre au chocolat qu'elle dégusta assis sur le rebord de la fontaine.
Le tofu d'Amara, qui avait grandi, était maintenant gros comme le point d'Œil-de-loutre ; il se tenait sur son épaule. Alors qu'elle portait la gaufre à sa bouche, l'oiseau sautilla le long de son bras et se mit à picorer le chocolat. Toute la famille rit de bon coeur devant le spectacle.
Puis la nuit tomba et ils rentrèrent à la ferme.

Le soir, Œil-de-loutre rêva de voyages, de chasse et de statuettes de bois.
Le lendemain matin, Œil-de-loutre se leva tôt. Elle était excitée par les évènements.
Ne sachant pas quoi faire, elle sortit sans bruit et alla se promener en forêt. Elle cueillit un gros bouquet de fleur pour sa maman puis elle rentra, ouvrit les volets de la cuisine et se lança dans la préparation d’une tarte aux myrtilles. Amara et ses parents furent tirés du lit par la bonne odeur de la tarte qui cuisait dans le four.
Ils prirent ensemble un gros petit déjeuner puis Œil-de-loutre et Amara embrassèrent leurs parents et sortirent.

Les deux jeunes filles marchaient joyeusement, se tenant par la main. En chemin, Œil-de-loutre raconta sa rencontre avec me sculpteur. Amara écouta attentivement.
Quand elles arrivèrent devant l’étalage, le sculpteur était déjà là. Il sculptait une statue plus grande que les autres, elle lui arrivait aux genoux, on n’en distinguait que la tête qui faisait penser à un dinosaure. L’homme les salua, Œil-de-loutre reprit sa place sur la marche de pierre et Amara s’assit à côté d’elle. Tout aussi réservée que sa sœur, elle ne dit rien, se contentant d’écouter. Il leur proposa de leur raconter la légende qui était à l’origine des statuettes ; les filles approuvèrent d’un vif signe de tête. Il raconta que, intérieurement, chaque personne était habitée par l’âme d’un grand animal, que l’animal donnait le caractère de la personne, ses goûts, ses choix et ses émotions.
Œil-de-loutre ne put s’empêcher de penser aux livres qu’elle avait lus a la bibliothèque, ceux qui parlaient d’indiens et de leurs totems.
Le sculpteur poursuivit, son symbole à lui était le crabe. Leur chef, lui, portait le symbole de dragœuf éveillé… qui symbolisait la puissance, la sagesse, l’agilité mais aussi un esprit jeune et enfantin, curieux et peu prudent.
Le chef, par son autorité et la puissance qu’il inspirait, pouvait défendre à lui seul le campement. Les chasseurs, bien que pacifiques, savaient se défendre en cas de danger. Ils se servaient de leurs arcs qui avaient autant d’effet sur de gros animaux que sur des humains, plus le nombre de flèches envoyées est élevé, plus le somnifère est puissant et durera longtemps, laissant a la troupe le temps de partir avant de subir une nouvelle attaque.

Midi sonna au clocher du village. Le sculpteur finit de parler et demanda aux deux sœurs de tendre la main. Elles s’exécutèrent et il déposa un petit paquet sorti de sa grande sacoche dans la main de chacune des deux jeunes filles.
Elles regardèrent les cadeaux, étonnés puis les ouvrirent. Œil-de-loutre, en voyant l’objet remercia le sculpteur en rougissant. Elle caressa la statuette de bois. C’était un petit animal, une loutre… l’animal de la statuette dormait paisiblement sur un rocher. Œil-de-loutre fut interrompue dans sa contemplation par l’exclamation d’Amara. Sa statuette était faite d’un bois plus clair, ce qui lui permettait d’être peinte. Elle représentait un oiseau aux ailes de flammes, l’oiseau était représenté sur une branche, les ailes le long du corps, les yeux fermés. De jolies couleurs rouge-orangé coloraient l’oiseau, la branche était brun sombre avec de grandes feuilles vertes. L’homme leur expliqua que le kwak de feu était le symbole de la magie du même élément. Amara, qui ne croyait pas à la magie, quelle qu’elle soit, se mit à rire. Amara s’approcha du sculpteur et lui colla un gros bisou sur la joue pour le remercier.
Le sculpteur se remit à travailler en sifflotant, les jeunes filles regardaient le dragonnet prendre forme dans le gros bloc de bois ? Un peu plus tard, les deux sœurs se retirèrent, remerciant encore le sculpteur.

La journée était chaude, Amara et Œil-de-loutre s’arrêtèrent devant une petite fontaine et jouèrent, s’arrosant et riant.
Amara rentra pour se sécher tandis qu’Œil-de-loutre continuait à observer ces étranges personnages. La jeune fille alla s’asseoir sous un arbre, sur la place et sortit un livre de sa sacoche. Elle se mit à lire, séchant au soleil, écoutant le bruit de l’eau à la fontaine, celui des instruments qui jouaient.
Vers 13h ce jour là, Œil-de-loutre se dirigea vers l’étalage de la boulangerie et s’acheta de quoi manger. Elle retourna sur la place et vit qu’une nouvelle table avait été installée. On pouvait lire sur la banderole : « Chaque année, des chasseurs nous quittent. Si nous ne les remplaçons pas, les Troupe des Chasseurs-pèlerins cesserait d’exister… Venez assister aujourd’hui à la confection d’un nouvel arc. Nous chasserons toute cette saison sur les terres d’Amakna. Chaque personne est libre de venir nous trouver afin d’apprendre l’art de la chasse et, qui sait, la vie de pèlerin. »
Œil-de-loutre, le cœur battant, observa longuement la banderole, la relut plusieurs fois et se mit à rêver.
Elle s’imaginait en train de courir dans la forêt, son arc sur l’épaule, sa sacoche autour de la taille. Ses yeux brillaient, elle se mit à rire légèrement, un désir puissant la submergea lorsqu’elle effleura du doigt la statuette, dans sa poche : elle voulait vivre cette vie, chasser et voyager, découvrir le monde.
La foule se massait autour de l’étalage et Œil-de-loutre dût se rapprocher pour regarder à son aise.
Le chef des chasseurs arriva. Œil-de-loutre pensa qu’il était grand et majestueux, sa ceinture de cuir rouge serrait sa taille, des muscles délicats saillaient sous ses vêtements.
Il se présenta et sortit son matériel : un long bâton de bois souple, légèrement recourbé ; une ficelle de lin, fine, résistant et un peu élastique ; de nombreux couteaux, pour sculpter le bois ; et de la peinture. Œil-de-loutre admira l’archer qui travaillait le bois, elle se concentrait, observant chaque geste qu’il effectuait. Quand l’arc fut fini, plus de deux heures plus tard, Œil-de-loutre resta là, regardent pensivement l’objet qui était né des mains de chasseur. Puis elle rentra chez elle. Ce soir-là, elle ne raconta pas sa journée, son rêve de devenir chasseuse était trop récent, trop incertain pour être mis à nu devant d’autres personnes. Œil-de-loutre voulait le garder pour elle jusqu’à ce qu’elle soit sûre de sa décision et surtout, sûre d’être admise parmi les chasseurs…

Le reste de la semaine, Œil-de-loutre ne se montra guère au village, elle restait avec sa famille ou dans la forêt, à observer les animaux, les plantes. Le soir, elle se rendait à proximité du campement et se postait sur une branche basse, cachée par les feuillages. Elle observait les pèlerins quand ils rentraient de la foire. Certains rangeaient pendant que d’autres allumaient un grand feu au centre du camp. Puis ils s’installaient autour du feu et mangeaient. Toujours calmes, ils parlaient doucement.
A la fin du repas, ils chantaient, comme un rituel, une prière quotidienne.
La première fois qu’elle les entendit Œil-de-loutre fut impressionnée par leur timbre de voix, ils chantaient avec un parfait accord, on aurait pu dire que leur voit montait directement du feu de camp, au centre du cercle.
Puis, au fur et à mesure, Œil-de-loutre s’intéressa aux paroles du chant. C’était le même air que les pèlerins jouaient sur leurs instruments mais ils ne l’avaient jamais chanté à la foire. La chanson était longue. La jeune fille entendit 6 couplets différents, chaque soir, la troupe chantait trois couplets et trois fois le refrain. Œil-de-loutre, à force de l’entendre, retint la chanson, les paroles s’inscrivirent dans son esprit et ne la quittèrent plus. Elle fredonnait la chanson régulièrement.

Quand elle retourna à la foire, celle-ci était presque finie. Il restait trois jours, et les produits se faisaient plus rares. Les chasseurs, comme à leur habitude, jouaient leur chanson. Quand ils entamèrent le refrain, Œil-de-loutre se lança et se mit à chanter… sa voix était claire et juste. Tous les regards se tournèrent vers elle. Le refrain terminé, elle se tut. Une sorte de pressentiment l’empêchait de continuer. Le chef des chasseurs la regarda longuement puis il partit. Œil-de-loutre regarda autour d’elle et rougit légèrement en voyant que tout le monde la regardait. Elle leur sourit calmement et continua à parcourir la rue ; elle alla s’asseoir près de la fontaine et reprit son livre. Elle lut une grande partie de l’après-midi et rentra dans la soirée. Elle ne sortit pas et chanta la chanson à sa famille, sans leur dire pour autant d’où elle provenait.
Quelques jours passèrent, la foire se termina sur l’ouverture de la saison de chasse. Le soir, comme à leur habitude, les chasseurs s’installèrent près du feu. Œil-de-loutre, heureuse, ne put s’empêcher de fredonner la chanson en même temps qu’eux. Comme hypnotisée par le chant, elle s’approcha lentement. Le sculpteur l’aperçut et l’appela. La jeune fille prit peur et ne bougea pas. Il l’appela encore. Œil-de-loutre songea a s’enfuir mais une fois de plus la curiosité l’emporta. Elle s’avança lentement vers le groupe. De près, elle vit qu’une bonne partie des chasseurs et chasseuses était très jeune. Impressionnée, elle ne parla pas. Le sculpteur s’écarta et la pria de s’asseoir. Œil-de-loutre, toute timide, s’exécuta. Elle chercha des yeux le chef et l’aperçut, de l’autre côté du feu, elle croisa son regard qui l’observait. Les chasseurs se remirent à chanter, les arbres encerclant la clairière faisaient légèrement résonner les voix, donnant plus de force au chœur. Au bout de quelques phrases, Œil-de-loutre prit un peu d’assurance et mêla sa voix à celles des chasseurs. La chanson résonnait dans sa tête alors qu’elle chantait. Ils chantèrent la chanson en entier, Œil-de-loutre ne se trompa pas une seule fois. Une fois la chanson finie, le chef se leva et contourna le feu, il fit signe à Œil-de-loutre d’approcher. Celle-ci s’avança et leva les yeux vers cet homme qui l’impressionnait. Le grand chasseur lui sourit et lui demanda pourquoi elle s’intéressait tant à eux ; Œil-de-loutre lui répondit maladroitement, elle luit dit qu’après avoir lu tout ce qui se disait sur eux et après les avoir observés, elle les admirait. Elle aimait l’art, chanter, dessiner, peindre…, et les animaux, les voyages…
Le chef prit la parole :
« Je t’ai vue lire et relire la banderole… ça te plairait de participer à cette saison de chasse, n’est-ce pas ? Il faudra t’entraîner beaucoup, ce n’est pas facile. Tu pourras rentrer chez toi chaque soir, tu décideras à la fin de la saison si tu désires rester avec tes parents ou venir avec nous. Je te préviens, la vie sur la route n’est pas toujours facile. » Œil-de-loutre resta un moment silencieuse. Elle dit avec hésitations qu’en effet ça lui plairait beaucoup mais qu’il fallait qu’elle en parle avec ses parents. Le chef lui demanda de revenir le lendemain dans la soirée, les chasseurs allaient passer l’après-midi à déterminer le terrain de chasse et le type d’animaux du coin. Œil-de-loutre le remercia respectueusement et rentra chez elle. Quand elle arriva, Amara était déjà couchée.
Les parents d’Œil-de-loutre s’inquiétaient de l’heure tardive à laquelle leur fille rentrait. Œil-de-loutre leur raconta tout, du début, quand les chasseurs étaient arrivés, jusqu’à la fin, cette soirée si particulière. Elle dit qu’elle avait vraiment envie de vivre cette aventure. Ses parents, comprenant qu’elle considérait ça comme l’occasion pour sa vie de changer, lui accordèrent de la laisser partir si elle le désirait. Elle avait encore deux mois pour y réfléchir, mais ils savaient tous les trois qu’Œil-de-loutre avait pris sa décision, elle partirait.
Quand Œil-de-loutre alla se coucher, tard dans la nuit, Amara dormait dans son lit. Œil-de-loutre se glissa sous les couvertures tout contre sa petite sœur et la prit dans ses bras. Amara gémit dans son sommeil et se blottit contre la poitrine de sa sœur. Elles se réveillèrent ainsi enlacées, le lendemain matin. Œil-de-loutre raconta toute l’histoire des chasseurs-pèlerins à Amara et la serra fort contre son cœur en lui annonçant qu’elle allait partir. Il était encore tôt, les deux jeunes filles se rendormirent.

Le soir, après le dîner, Œil-de-loutre sortit et se rendit au campement. En la voyant arriver, le chef se leva et l’invita à les rejoindre. Elle lui dit que ses parents étaient d’accord et qu’elle passerait la saison de chasse avec eux s’ils le voulaient toujours. Les chasseurs applaudirent poliment puis firent le silence. Le chef se présenta et invita Œil-de-loutre à faire de même. Ensuite, chacun des chasseurs et des artisans se présentèrent brièvement.
Le chef lui demanda ce qu’elle savait faire et ce qu’elle aimerait apprendre. Il lui expliqua que tous étaient à la fois chasseur et artisan.
Œil-de-loutre, mis à part la chasse, voulait apprendre à sculpter le bois, afin de se confectionner un arc et un instrument de musique. Elle savait peindre et dessiner, jouer de la flûte.
L’entraînement dura trois semaines durant lesquelles elle apprit les bases de ce qu’elle devait savoir. Le chef fut son « instructeur » ainsi qu’à trois hommes du village.
Œil-de-loutre commença par apprendre les bases de la chasse, elle se perfectionnerait avec le temps et beaucoup de pratique. Elle commençait à sculpter avec plus de précision de jolis motifs sur des planches en bois. Elle apprit que pendant les saisons de chasse, l’artisanat s’effectuait le matin, la chasse l’après-midi. Elle se perfectionnait avec le maître sculpteur qui lui enseignait patiemment son art. Elle devait acquérir une parfaite connaissance de chaque bois, de chaque outil, de chaque couleur. L’après-midi, Œil-de-loutre s’entraînait pendant trois heures sur des cibles mouvantes, immobiles, agressives, calmes…etc. puis elle passait une heure à reproduire un dessin qu’on lui montrait et deux heures à confectionner son propre dessin à partir d’animaux empaillés. La jeune fille maîtrisait aussi bien l’arc que le crayon et le pinceau. Elle était habile et visait juste. Elle ne ratait que rarement la cible qu’elle visait. Les travaux dans les champs avaient musclé ses bras, aussi arrivait-elle parfaitement à manier le grand arc qui lui avait été donné. Œil-de-loutre lisait beaucoup et s’amusait parfois à copier les illustrations des livres, s’habituant ainsi au dessin, elle prenait beaucoup de plaisir à dessiner minutieusement chaque détail des animaux qu’on lui proposait.

Le soir Œil-de-loutre racontait avec entrain ce qu’elle faisait de ses journées. Amara devenait plus triste au fur et à mesure que le temps passait…
Au bout des trois semaines d’entraînement, Œil-de-loutre commença à partir à la chasse. Elle captura et dessin plusieurs petits animaux qu’elle relâcha ensuite toujours avec douceur, bouftons, larves, araknes et tofus… Chaque animal était différent et elle les dessinait différemment, dans un autre lieu, une autre position. Elle commença aussi la confection d’un arc de bois taillé et sculpté. Emme u travaillait soigneusement, avançant millimètre par millimètre choisissant avec soin chaque motif qu’elle reproduisait à la lettre. Elle confectionna ensuite deux flûtes en bois identiques, peintes en bleu.

Puis vint le jour du départ… Œil-de-loutre passa le week-end chez elle avec sa famille. Elle offrit la deuxième flûte à Amara, lui disant de penser fort à elle quand elle en jouerait. Elle lui apprit la chanson des chasseurs. Puis Œil-de-loutre partit.
Amara pleura beaucoup le départ de l’être qui était pour elle le plus cher au monde : sa grande sœur qui occupait toute la place dans son cœur.
Œil-de-loutre, bien qu’étant heureuse d’enfin pouvoir vivre son rêve, était triste et culpabilisait un peu d’avoir abandonné sa famille et sa toute jeune sœur. Elle écrivit souvent chez elle, de longues lettres, envoyant sa nouvelle adresse à chaque fois qu’elle s’arrêtait pour une saison de chasse. Elle détaillait ses activités, ses progrès, et demandait des nouvelles de sa famille et du village.



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Chapitre 3 : Une étrange découverte
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS


Chapitre 3 : Une étrange découverte

Six ans passèrent. Amara, qui resta beaucoup plus longtemps à la ferme que sa grande sœur, grandissait. Elle avait alors quatorze ans et devenait une très jolie jeune fille. Elle aidait beaucoup aux champs et, afin de gagner un peu d’argent, se fit embaucher comme apprentie boulangère au village. Au cours de ces six dernières années, Amara acquit une parfaite des champs, chaque graine, chaque épi, chaque sorte de farine. Elle fauchait les épis avec une grande dextérité et travaillait rapidement, sans trop se fatiguer. Il en fut de même à la boulangerie. Amara acquit son diplôme de boulangère, connaissait par cœur chaque recette, chaque ingrédient, chaque pain et pâtisserie.

Amara, lors d’une visite en forêt, trouva un jeune bouftou, qui paraissait seul et abandonné. Elle le recueillit et « l’éleva » auprès de son tofu, compagnon de toujours. L’animal, très jeune, aimait s’amuser ; il faisait rire Amara en se roulant par terre ou en mangeant des fleurs, à même la tige.
La jeune fille aimait les animaux et la nature.

C’est au cours de l’année où Amara allait avoir quinze ans que sa vie changea.

Alors qu’elle se promenait dans la forêt, pendant une belle soirée de printemps, Amara fit une étrange et dangereuse rencontre. Elle fut attaquée par une chose maléfique… Elle n’en crut pas ses yeux, jusqu’alors, elle avait cru que les Abraknydes n’existaient que dans les contes pour enfants… L’arbre était méchant et puissant, Amara n’arrivait pas à fuir, elle n’avait aucun moyen de se défendre…
Son bouftou, la voyant en danger, se jeta courageusement sur l’Abraknyde. Il fut blessé et jeté à terre. Amara avait peur, elle ne savait pas quoi faire pour échapper au monstre. Celui-ci s’approchait du bouftou blessé… Soudain, Amara sentit une douce chaleur envahir son corps, elle sentait une énergie puissante qui brûlait en elle.
Elle jeta un regard sur le monstre ; l’Abraknyde poussa un cri de douleur, les fines branches qui le recouvraient fumaient et se consumaient, il se retourna et partit en « courant » à toute vitesse.
Amara ressentait un sentiment étrange, comme du plaisir mêlé à la peur qu’elle venait de ressentir. Les émotions la submergèrent et elle se mit à pleurer. Elle s’approcha du bouftou et s’agenouilla à côté de lui. Le bouftou lui lécha affectueusement le visage, il était très faible mais ne semblait pas grièvement blessé, elle caressa sa douce laine et… elle en était sûre, l’animal lui souriait.

Amara ne croyait pas à la magie, pourtant l’évènement l’intriguait et lui faisait un peu peur. Elle se rappela ce que lui avaient raconté ses parents à propos du jour où elle avait été découverte, devant la fontaine… Elle redemanda à ses parents de lui expliquer encore une fois comment cela c’était passé. Elle leur raconta l’aventure de l’Abraknyde et leur demanda si ça pouvait être lié… Ses parents n’avaient pas la réponse à cette question. Comme toujours lors qu’elle ne comprenait pas quelque chose, Amara se rendit à la bibliothèque et lut de nombreux ouvrages qui parlaient de la magie, légendes et histoires vraies. Elle tomba par hasard sur un petit livret recouvert de cuir noir. Sur la couverture on pouvait lire : « L’oiseau des flammes ».

La jeune paysanne ouvrit le livre, sur la première double page, un grand oiseau aux couleurs du feu ouvrait ses ailes, sous lesquelles on distinguait de petits oiseaux rouges. Amara tourna la page, à gauche une illustration représentait un étrange bâtiment. Un signe était gravé au sol et deux statues représentaient des oiseaux étaient positionnées de part et d’autre de l’entrée. Amara avait déjà vu l’endroit non loin du village. Sur la page de droite, un long paragraphe présentait l’ordre de l’Oiseau des Flammes. Les propos tenus étaient étranges, les « membres » étaient adorateurs de la nature et des animaux, ils maîtrisaient tous la magie du feu qui, disaient-ils, permettait de faire beaucoup plus de choses que de brûler un simple petit tas de bois.
Amara, surprise mais néanmoins excitée par cette étrange découverte, emprunta le livre et l’emmena chez elle. Amara réfléchit beaucoup. Elle ressorti la statuette de Kwakere qu’elle gardait précieusement, toujours dans son sac à dos. C’était le même que celui représenté dans le livre. Amara pensa à Œil-de-loutre et joua un peu de flûte.

Après mure réflexion, Amara se décida à se rendre à l’étrange bâtiment. Elle prévint ses parents et partit pour la journée. Amara, contrairement à Œil-de-loutre, était très réservée et discrète, elle ne racontait pas tout ce qu’elle faisait, elle était très autonome et indépendante. Elle prenait ses décisions sans demander l’avis à qui que ce soit, elle n’aimait pas dévoiler ses projets. Elle partit donc, seule.

Quand elle arriva devant le grand bâtiment de pierre, Amara fut impressionnée par les imposantes statues qui encadraient la porte. Un escalier descendait vers la terre, comme une grotte. La jeune fille s’approcha, hésitante. Devant l’escalier, elle appela, seul l’écho de sa voix lui revint. Amara pensa à rebrousser chemin, mais l’étrange bâtisse l’attirait. Plus elle s’en approchait, plus elle se sentait bien. Elle sentit le feu se réveiller en elle, comme le jour de sa rencontre avec l’Abraknyde, il se répandait dans tout son corps, faisant battre son cœur plus vite.
Amara descendit lentement les marches de pierre. Elle regardait partout autour d’elle, la lumière diminuait au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait sous terre. L’escalier se terminait quand on n’apercevait plus du tout la lumière du jour. La pièce était complètement plongée dans l’obscurité. Amara eu beau attendre que ses yeux s’y habituent, l’ombre était impénétrable. La jeune fille appela encore, sa voix raisonna dans la salle vide. Elle avança lentement ; arrivée a milieu de la salle, le feu se fit plus présent à son esprit, son cœur s’emballa et se mit à battre fort et rapidement. De nombreuses torches fixées à même la pierre s’allumèrent, toutes en même temps. Amara s’assit par terre, sans se déplacer de l’endroit où elle se tenait. Elle regarda autour d’elle, l’esprit légèrement embrumé par cette étrange sensation qui submergeait tout son corps et son esprit.

Elle se trouvait dans une grotte circulaire, les parois étaient grises. Amara, en cherchant des yeux, quelque chose où quelqu’un à qui se raccrocher remarqua l’étrange lumière qui brillait faiblement autour d’elle, projetant des ombres tremblantes sur la pierre. Elle crut d’abord que la lumière émanait de son propre corps ; elle continua à regarder distraitement autour d’elle puis son attention fut attirée par l’emplacement où elle était assise. D’étranges signes y étaient gravés et produisaient une lumière orangée. Le sol tait tiède, la lumière gagnait en intensité, rayonnant avec plus de force à chaque instant. Amara n’était pas éblouie par la lumière mais celle-ci devenait si puissante que la jeune fille ne distinguait plus les parois de la grotte. La lumière n’était pas chaude, on pouvait la traverser facilement.
Quelqu’un qui serait entré dans la pièce à ce moment n’aurait vu qu’une colonne de lumière qui montait vers le « plafond » de ma grotte, parcourus de symboles qui tournoyaient dans la lumière. Amara se sentit glisser sur le sol et perdit connaissance.
Elle se réveilla un instant plus tard mais n’ouvrit pas les yeux. Une chaude lumière éclairait son visage, le sol était doux et moelleux sous son dos. Elle entendit des chuchotements, des murmures, et sentit le vent sur son visage. Elle ouvrit enfin les yeux et regarda autour d’elle.
La jeune fille était allongée dans l’herbe verdoyante, le soleil réchauffait son doux visage, la brise du printemps caressait son corps. Elle entendit de l’eau s’écouler non loin de là. Amara s’assit sur l’herbe et se retourna en entendant une voix féminine lui parler doucement. Une femme grande et mince se tenait devant elle. Elle possédait de longs cheveux argentés.
Elle lui souhaita la bienvenue, sa voix était respectueuse, douce et calme.
Amara ouvrit la bouche pour demander où elle se trouvait mais la femme la pria de se lever et de l’accompagner.
Amara s’exécuta en silence et suivit cet étrange personnage.
Elle se trouvait dans un immense jardin fleuri et coloré. Il y avait plusieurs fontaines, de nombreuses plantes, fleurs et arbres. Le jardin était magnifique, Amara le dévora des yeux, son sens de l'odorat éveillé par la senteur des fleurs qui lui étaient inconnues. Le feu était toujours présent en elle, il semblait « dormir », niché au creux de son ventre.

Amara trouvait la femme aux cheveux d’argent très belle, et sa manière de se mouvoir avait quelque chose de mystérieux. Elle se déplaçait avec grâce, ses pas semblaient légers. Elle marchait devant elle, ses longs cheveux ondulant sous la douce brise.
Amara aperçut quelques personnes, penchées sur un livre, agenouillées devant quelques fleurs, ou se promenant, discutant à voix basse. Le jardin était très calme, les oiseaux chantaient.

La femme amena Amara jusqu’à un temple, situé au centre de l’immense jardin. L’édifice était grand, il pouvait contenir une centaine de personnes. Il était de forme circulaire et surmonté d’une coupole de métal argenté zébré de reflets orangés. Des voix se faisaient entendre à l’intérieur. Un grand nombre de personnes étaient assemblées autour d’une petite fontaine, les reflets de la coupole faisaient scintiller l’eau de la fontaine. De l’autre côté de la fontaine, un homme semblait tenir un discours devant l’assemblée de personnes.
Le silence se fit dans la salle quand elles entrèrent. L’homme s’approcha d’elles.
- Bienvenue Amara. As-tu déjà entendu parler de notre ordre ?
La jeune fille hocha la tête négativement.
- Sais-tu ce qu’est notre magie ?
Nouveau hochement de tête.
La femme s’approcha d’Amara et lui expliqua :
- Chaque personne porte en elle un peu d’énergie magique, voire même beaucoup. Ceux dont cette énergie n’est que peu présente peuvent tout à fait vivre avec sans s’en soucier, ou même sans s’en rendre compte. C’est d’ailleurs le cas pour la majeure partie des gens.
Mais certains sont habités par un pouvoir plus puissant. Ceux-là peuvent aisément pratiquer la magie correspondant à leur élément. Ils s’en servent pour faire le bien autour d’eux, et malheureusement aussi, quelques fois, pour faire le mal.

Ils lui expliquèrent ensuite que, si il y a quelques heures elle avait pu utiliser la magie de feu sans même s’en apercevoir, c’est que son pouvoir était considérablement puissant.
En effet, les symboles gravés sur la pierre étaient activés par la magie du feu : toute personne ne portant pas la flamme en lui n’aurait pas été attirée par le bâtiment, et quand bien même elle y serait descendue dans la pièce circulaire, elle n’y aurait découvert que la pierre grise et froide de la grotte.
Amara demanda quel était l’endroit ou elle se trouvait. La femme reprit la parole et lui parla de ce lieu magique. Sans s’arrêter de parler, elle fit signe à Amara de se lever et la conduisit dans les jardins.

Elles se promenèrent le long des allées, la femme lui dit le nom de chaque fleur, lui parla des nombreuses fontaines qui ornaient les jardins. Elles passèrent devant des bâtiments, il y avait des serres, des laboratoires, une bibliothèque et, plus loin, un grand bâtiment, tel un monastère avec son temple, ses dortoirs et une salle à manger gigantesque.

L’ordre de l’oiseau des flammes vénérait la nature et lui rendait hommage, la remerciant pour ce qu’elle lui apportait. Les jardins étaient immenses, il fallait plusieurs heures pour en faire le tour.

La femme expliqua que tout autour de cette clairière se trouvait une forêt impénétrable.
Amara s’étonna de ne l’avoir jamais vue sur Amakna et fut plus étonnée encore de savoir qu’elle se trouvait très loin, à plusieurs centaines de lieues de chez elle.
La clairière se trouvait au beau milieu d’une foret que nul ne pouvait traverser, il n’existait donc aucune entrée, aucune sortie, mis à part les passages, aux 4 extrémités de la clairière. Amara apprit plus tard que les passages régissaient aux sentiments de ceux qui les utilisaient, les ramenant ainsi là ou ils voulaient aller.

Amara, en voyant le coucher de soleil sur les arbres, exprima le désir de rentrer chez elle. La femme la reconduisit donc jusqu’au passage. Elles passèrent toutes deux le passage et se retrouvèrent dans la grotte. Les torches étaient allumées. Amara regarda autour d’elle et demanda pourquoi elle ne s’était pas évanouie, et pourquoi il n’y avait pas eu de lumière comme la première fois. La femme lui expliqua qu’à chaque fois qu’une personne activait le passage, elle laissait une partie de sa flamme dans les signes gravés dans la pierre. C’est ainsi que le passage « l’attendait » et qu’elle n’avait pas besoin de le rouvrir. Elle récupérait la flemme du passage, comme elle aurait actionné la poignée d’une porte afin de l’ouvrir.
Elle expliqua ensuite que, si une âme mauvais tentait de pénétrer par la force chez l’oiseau des flammes, les flammes laissées dans le passage à l’entrée de chaque personne se liaient entre elles afin de repousser le démon tout en prévenant les sorciers du danger, assurant ainsi la sécurité du Jardin. C’est pour cette raison qu’on le surnommait aussi « Le Berceau ».
La vielle femme dit à Amara de rester chez elle le lendemain matin, quelqu’un viendrait lui donner de plus amples explications, ainsi qu’à ses parents.

La jeune fille rentra donc chez elle. Ses parents étaient un peu inquiets. Elle leur raconta donc toute l’histoire. Timidement, comme à son habitude lorsqu’elle racontait quelque chose d’important.
Avant d’aller se coucher, elle commença une longue lettre à Œil-de-loutre, lui racontant, à elle aussi, toute son histoire.
Puis, tout en caressant la douce laine de son bouftou, elle repensa aux totems, âmes d’animaux qui habitaient chaque être. Un animal, un pouvoir… Amara se demanda par quel hasard son totem pouvait être un kwak, ce grand oiseau représentant les 4 éléments.
Elle s’endormit profondément et ne se réveilla que le lendemain matin ; elle fut tirée de son sommeil par des coups frappés à la porte.
Amara s’habilla en vitesse et descendit accueillir le visiteur qui parlait à ses parents. Il lui laissa le temps de se préparer et expliqua rapidement la situation à ses parents, il leur dit qu’il reviendrait s’entretenir avec eux un peu avant midi et emmena Amara dehors. Ils marchèrent en silence jusqu’à une grosse table de pierre, entourée de bancs faits du même métal que la coupole des temples. Amara était sûre de ne jamais les avoir vu ici et soupçonna le sorcier de les avoir placés là avant de frapper à leur porte. Elle s’assit néanmoins, le métal n’était pas froid, il n’était pas chaud non plus d’ailleurs. Elle posa les mains sur la table et attendit que le sorcier prenne la parole. Il s’assit en face d’elle et se présenta. Il se faisait appeler Maître Tsongor et était le meilleur prêtre de l’ordre. Il était connu du monde entier mais personne, mise à part les adorateurs de la nature, n’avaient jamais vu de ses propres yeux l’étendue de ses pouvoirs. Il lui expliqua qu’il enseignait à tous ceux qui le désiraient la maîtrise de la magie du feu, à la condition de prêter serment à l’ordre des 4 éléments et en particulier à celui des flammes.

Il lui demanda si elle désirait apprendre. Amara acquiesça mais demanda les conditions qu’il fallait remplir pour faire partie de l’ordre.
Il fallait posséder la Flamme, ce dont il ne doutait pas dans le cas d’Amara. Pour les capacités, il suffisait d’avoir de la volonté, de s’intéresser à tout avec curiosité, d’être calme et patient, et surtout, de contrôler ses émotions. Ne pas se laisser entraîner à lever la voix, ou, au contraire, à se laisser sombrer dans le désespoir.
Amara sourit, se sachant de tempérament calme et posé, elle possédait la volonté d’apprendre, plus que n’importe qui, et était dotée d’une grande curiosité.

Maître Tsongor se leva. C’est ce moment que choisit le tofu d’Amara pour « se mêler de la conversation ». Il sauta sur la table en voletant de ses petites ailes, atterrit maladroitement et roula sur lui-même en touchant la table. Il retomba sur le dos, ses deux pattes dressées vers le ciel et regarda la jeune fille avec un air hébété. Amara éclata de rire en prenant l’oiseau dans ses mains, elle se sentait si heureuse. Le sorcier sourit, amusé, et raccompagna Amara chez elle.
Les parents d’Amara invitèrent le sorcier à passer le repas avec eux. Cette dernière alla dans la cuisine préparer le repas. Le sorcier parla longuement à ses parents, celle-ci ne distinguait pas leurs paroles. Elle dressa le couvert et ils passèrent à table. Amara se sentait bouillir intérieurement mais elle osait à peine bouger, fortement intimidée. Au cours du déjeuner, le Maître Sorcier prit la parole. Il demanda a Amara si elle était prête à apprendre et à se consacrer entièrement à la nature. Amara regarda tour à tour ses parents et le sorcier. Ses parents lui conseillèrent de faire ce qu’elle désirait. Amara baissa la tête et dit « Je suis prête ».
Le sorcier acquiesça d’un signe de tête.
- Prépare tes affaires et rends-toi au passage, dans trois jours, à midi. Prends tes animaux avec toi, avança-t-il en apercevant le bouftou prêt de la table.
Amara sourit en suivant le regard du sorcier. Ils finirent le repas en silence, Maître Tsongor remercia la famille d’Amara et se retira.

Amara resta pensive, tout cela lui faisait un peu peur. Elle regarda ses parents d’un air coupable, coupable de les abandonner si tôt. Elle promit de passer les voir très souvent car elle serait logée près d’ici, dans le bâtiment secret menant au berceau, et pourrait revenir quand elle le voudrait. Elle s’approcha de ses parents et les prit dans ses bras, le tofu perché sur son épaule vint voleter entre eux, perdit l’équilibre et tomba sur le bouftou endormi qui se tourna et ne le regarda même pas. Amara fit mine de réprimander le maladroit. Elle sourit à ses parents et monta dans sa chambre, elle termina sa lettre pour Œil-de-loutre, lui racontant tout en détail. Puis elle sortit dans le champ, travaillant avec ardeur jusqu’au soir. Elle récolta ainsi un nombre important d’épis de blé. Elle rentra chez elle épuisée, mangea et s’endormit aussitôt couchée.

Elle se leva tôt le lendemain matin et se mit à moudre tous les grains de blés qu’elle venait de trier ? Après le repas, elle emprunta la charrette de ses parents et partit au village avec ses sacs de farine. Elle posta sa lettre avant de sen rendre à la boulangerie ou elle commença a faire du pain, pétrissant et enfournant le pain. Elle ne faisait plus attention au temps qui passait et travaillait avec acharnement. Amara se sentant à nouveau épuisée, mais néanmoins heureuse. Elle se retrouvait dans son élément et exerçait avec passion le métier qu’elle connaissait depuis l’enfance. Le soir venu, des milliers de pains avaient été pétris par les soins de la jeune apprentie. Les boulangers, étonnés, lui donnèrent l’argent qui lui revenait en conséquent de la tâche effectuée, trois fois plus que d’habitude.

Amara emmena quelques pains chez elle qu’elle donna à ses parents. Maintenant que son travail était effectué, la jeune fille commençait à trouver le temps long jusqu’au lendemain. Elle monta chercher la petite flûte bleue taillée par sa grande sœur. Puis elle s’assit confortablement sur un fauteuil. Le bouftou, ayant aperçu l’instrument, grimpa sur elle et se blottis contre sa poitrine.
Amara se mit à jouer lentement, c’était une berceuse qu’elle avait inventée étant petite. Elle ferma les yeux, sans s’arrêter de jouer. Ses parents s’assirent en silence dans d’autres fauteuils et écoutèrent jouer leur fille adoptive, si grande maintenant. Ils se rendirent compte, à présent, que le temps était passé très vite… Amara se souvint avoir entendu sa mère dire à quel point elle était devenue belle en grandissant. Ses longs cheveux blancs brillaient toujours du même éclat argenté, elle avait de grands yeux noisette et les joues roses des enfants de la campagne.
La jeune fille entrouvrit les yeux le temps de voir les regards attendris de ses parents posés sur elle, puis elle sombra peu à peu dans le sommeil. Elle posa les mains sur le corps de son bouftou et se laissa aller au profond sommeil qui l’envahissait.

Elle se réveilla le lendemain, dans son lit. Elle prépara ses affaires, rassemblant ses quelques vêtements et objets personnels. Ses parents l’attendaient dans la cuisine, ils voulaient lui parler. Ils lui expliquèrent en détail ce qui s’était passé le jour ou ils l’avaient trouvée, ils parlèrent du démon qui l’avait déposée devant la fontaine. Puis ils lui remirent l’épaisse cape orangée dans laquelle elle avait été trouvée, dormant profondément avec le bébé tofu. Elle lui allait parfaitement à présent, tombant élégamment le long de son dos. Son père lui fit signe d’approcher et lui passa autour du cou la mince chaînette ou pendaient les trois petites clés. Par la suite, Amara ne quitta plus ni la cape ni l’amulette.
Un peu avant midi, Amara quitta la ferme. Elle dit longuement au revoir à ses parents puis se dirigea vers le passage, ses paquets dans les mains, son sac au dos.



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[hrp: Quel plaisir de découvrir enfin ici ce long récit que je connais si bien (du moins les deux premiers chapitres). Je peux découvrir à présent la troisième partie de cette longue histoire; chapitre qui m'étais encore inconnu.
Bravo pour ce long travail. ]

oeil-de-loutre
Chapitre 4 : L'oiseau des Flammes
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS


Chapitre 4 : L'oiseau des Flammes

La même sensation de bien être envahit la jeune fille quand elle s’approcha de l’escalier. Quand elle descendit, les torches s’allumèrent, le feu se réveilla en elle. Elle effleura le socle de pierre, du bout des doigts, les symboles s’allumèrent et brillèrent d’une lumière rougeoyante comme de la braise.
Amara se mit à genoux sur le socle de pierre, protégeant ses animaux de ses bras. La lumière commença a briller plus fort, elle s’éleva peu à peu autour d’Amara, l’enveloppant de ses éclats dorés. Amara ferma les yeux et se sentit basculer. Le voyage ne dura pas plus de quelques secondes. La jeune fille fut étonnée de ne pas se retrouver dans la belle herbe verte. Elle s’inquiéta de ne voir ni ses animaux ni ses bagages… Elle était seule, dans le noir total, allongée sur un cercle de pierre. Elle tendit les bras et ne sentit que le vide autour d’elle, elle ne pouvait distinguer à quelle hauteur elle se trouvait. Elle entendait de l’eau, loin au dessous d’elle.
Amara maintint ses yeux fermés, elle sentait qu’il y avait d’autres personnes tout près. Elle commençait à avoir un peu peur. Elle ouvrit les yeux et vit une petite lumière briller, loin devant elle. Elle se força a rester calme et a réfléchir. Le petit point lumineux se mit à trembloter, il faiblit peu à peu et finit par s’éteindre Amara était tout à fait calme, la plate-forme sur laquelle elle se trouvait s’ébranla et commença a descendre. Quand elle s’immobilisa, toutes les lumières s’allumèrent. La jeune fille cligna des yeux et regarda autour d’elle, elle se trouvait au centre d’une grande fontaine, dans une sorte de temple. De nombreuses personnes étaient rassemblées devant la fontaine et lui souriaient. Elle les regarda, l’air étonné. Un garçon s’approcha et lui prit la main. Il l’aida à descendre du socle de pierre et l’amena devant une table qui se trouvait au bout de la salle, libérant un passage entre les personnes assemblées.
Sur la table se trouvait un gros livre recouvert de cuir. Maître Tsongor et la vielle femme qui avait amené Amara le premier jour s’avancèrent de l’autre côté de la table, le jeune homme lâcha la main d’Amara et se retira.
La femme lui dévoila enfin son identité, elle s’appelait Samilia, mais nombre de gens préféraient l’appeler « la Grande Prêtresse ».
Elle lui montra le gros livre, tout ce que lui avait dit Maître Tsongor était résumé sur la page de gauche. Amara se mit à lire. Sur la page de droite, Amara affirma avoir pris connaissance des règles et obligations de l’ »ordre. Elle mit son nom et signa. Elle ajouta le bouftou et le tofu en bas de page et releva la tête. Tout le monde applaudit. Amara leur sourit timidement.

Le jeune homme revint vers elle. La Grande Prêtresse expliqua qu’il l’aiderait dans la pratique de la magie, c’était son meilleur élève.
Amara était un peu gênée par cet inconnu qui la prenait par la main. Il avait l’air gentil. Il partit devant et lui demanda de le suivre. Amara regarda les prêtres qui acquiescèrent d’un discret signe de tête. La jeune fille fut heureuse de sortir de la pièce sombre et de voir la lumière du jour.
Le garçon la mena dans les jardins, se dirigeant vers le grand bâtiment, Amara n’y était jamais entrée. Elle le suivit derrière la lourde porte de métal, le long des couloirs. Elle entendait des voix. Sur une plaque de métal, on pouvait lire : « Dortoirs ». Le couloir paraissait interminable, large et très long. De chaque coté il y avait de nombreuses portes, des numéros y étaient gravés.

Arrivés vers le milieu du couloir, le jeune homme s’arrêta. Ion entendait des éclats de voix exaspérés, apparemment une fille se disputait avec quelqu’un à l’intérieur. Il frappa à la porte, le silence ce fit. Le garçon appela :
- Lou ?
- Entre Misugi, lui répondit-la voix.
Ils entrèrent. La chambre n’était pas très grande mais il y avait facilement de la place pour deux personnes. Le sol était d’un bois très clair, ciré. La tapisserie orangée donnait un aspect chaleureux à la pièce. Une petite horloge était accrochée sur l’un des murs, de petites clochettes pendaient en dessous du cadran. Les deux lits étaient séparés d’un mètre environ, une table de chevet bordait les cotés de chaque lit. A côté de la porte, deux grandes armoires. A droite, une porte donnait sur une petite salle de bains.

Amara comprit la raison des cris. La jeune fille était assise devant un joli bureau de bois, une plume à la main. Son bras était recouvert d’encre bleu foncée. Amara tourna la tête vers les piaillements affolés qui se faisaient entendre ; La jeune fille ne paraissait plus en colère, elle tourna la tête vers l’autre côté de la pièce et tous trois rigolèrent en découvrant le tofu recouvert d’encre de la tête aux pattes. Un moment plus tard, Misugi dit à Amara que c’était sa chambre, il lui montra du doigt ses affaires qui avaient été déposées au pied du lit. Puis il sortit, adressant un signe de main aux filles.
- A tout à l’heure.

Amara posa les yeux sur sa camarade de chambre. Elle était très jolie, de longs cheveux bouclés de couleur châtain clair lui tombaient sur les épaules. La couleur de ses yeux semblait hésiter entre le vert et le bleu, leur donnait une couleur étrange et profonde. Amara pensa au cœur des émeraudes qu’elle avait vu chez le bijoutier du village. Elle était vêtue d’un short très court, de couleur rouge vif. Un petit débardeur de la même couleur lui arrivait en haut du ventre.
Amara ne fut pas étonnée de voir les deux grandes ailes au dos de la jeune fille. Elle avait déjà vu des personnes semblables au village. Ses ailes étaient noires, parcourues de reflets bleutés. Sa peau était très claire. Amara pensa qu’elle avait à peu près son âge, peut-être un peu plus âgée, elle apprit plus tard qu’à une année près, elle ne s’était pas trompée.
La jeune fille lui sourit et dit :
- On m’a donné le surnom de Loulou-la-fée, mais plus couramment on dit Loulou, ou Lou, pour les amis.

Amara se présenta puis s’excusa pour l’encre, son tofu était un peu turbulent mais pas méchant.
Le bouftou quand à lui était installé dans son panier et bavait paisiblement, plongé dans un profond sommeil.

Amara commença à ranger ses affaires pendant que Loulou, dans la salle de bains, tentait désespérément de nettoyer son bras dont la tâche ne partait pas.

Elles discutèrent, chacune racontant son arrivée ici, Loulou habitait à l’est d’Amakna, dans une grande maison prêt de la mer. Elle avait découvert le passage derrière les rochers en se promenant avec son petit ami. Amara sourit et demanda si le garçon dont elle parlait était parmi eux. Loulou répondit tristement qu’il ne portait pas le feu en lui mais la force de l’air. Elle n’ajouta aucun détail.
Quand Loulou abandonna la salle de bains, perdant l’espoir d’enlever toute l’encre de son bras, Amara alla prendre une douche. Loulou chantait en attendant sa camarade. Le bruit de l’eau empêchait Amara de comprendre les paroles de la chanson. Elle s’habilla, une jolie robe bleu clair mettait son corps en valeur, elle lui arrivait au bas des cuisses. Elle sortit de la salle de bains, les cheveux en désordre, essayant tant bien que mal d’attacher les boutons au dos de sa robe, Loulou se leva et l’aida. A ce moment là, la porte s’ouvrit et Misugi entra. Amara rougit légèrement et retourna dans la salle de bains pour se coiffer. Elle ressortit quelques minutes plus tard, Misugi était assis sur le lit d’Amara et discutait avec Loulou. Amara alla s’asseoir près de sa camarade et les écouta.
Peu de temps après, les petites clochettes s’agitèrent : 19h30. Loulou et Misugi se levèrent.
- Repas à 19h30.
Amara les suivit le long du couloir. Plus loin, sur le mur d’en face, un grand couloir était situé entre deux chambres. Dans tout le bâtiment, le sol était fait de gros pavés de pierre ou de bois ciré selon les endroits où l’on se trouvait. Le sol des couloirs était en pierres.
Au bout de ce couloir, une immense pièce était meublée de très grandes tables. Des gens arrivaient des trois entrées, sur chaque côté de la salle.
Les tables commençaient à se remplir, la salle était assez bruyante. Loulou repéra une bande d’amis et installèrent s’asseoir. Elle présenta la jeune fille aux autres.
Quand tout le monde fut installé, des personnes avancèrent entre les tables avec de grands plateaux, elles posaient un plant et une carafe d’eau devant chaque groupe de personnes. Chacun se servit et l’on commença à manger. Soudain le silence se fit, tout le monde se leva ; Amara, étonnée, suivit le mouvement et regarda autour d’elle. Elle comprit la cause de cette agitation en apercevant la prêtresse Samilia. Elle s’approcha, face aux tables et les parcourut des yeux. Quand elle aperçut Amara, elle lui fit signe et l’appela. Amara s’approcha, sentant tous les yeux rivés sur elle. La grande prêtresse fit signe de s’asseoir puis elle prit la parole et présenta brièvement Amara. Elle termina en disant que la fête se déroulerait au cours de la semaine suivante. Ces dernières paroles furent accueillies par des applaudissements joyeux.

Amara regagna sa place et tout le monde se remit à manger. Puis, à la fin du repas, tout le monde sortit de table et se dispersa. Loulou demanda si elle voulait sortir, Misugi proposa une promenade sur la plage. Amara acquiesça et alla chercher ses animaux. Ils se rendirent au passage le plus proche. Loulou, qui utilisait plus souvent le passage vers la plage, prit la main de ses camarades et ils entrèrent sur le socle de pierre. Ils se retrouvèrent quelques instants plus tard sur le sable, entourés de rochers. Le sable recouvrait à moitié le socle. Ils allèrent s’installer sur la plage, d’autres groupes discutaient entre eux, tout autour. Puis la petite fée s’éloigna, leur dit qu’elle revenait vite. Amara la regarda partir ; Misugi lui expliqua qu’elle allait chercher son petit ami. Tout le monde l’appelait Guitou, bien que personne ne sache d’où lui venait ce surnom. Il était un des meilleurs amis de Misugi.

Misugi et Amara discutèrent, parlèrent de l’endroit d’où ils venaient. Jusqu’à ce que Loulou revienne.
Misugi était au berceau depuis l’âge de sept ans, alors que Loulou était arrivée deux ans auparavant. Avant, il vivait avec ses parents, dans une petite maison d’un village du Sud. Le passage le plus proche de chez lui se trouvait juste derrière les grilles du cimetière.
Au loin, ils virent Loulou revenir, tenant un jeune homme par la taille. Ils se rapprochèrent. Amara frissonna en apercevant les traits de Guitou, il était extrêmement mince, son visage et ses mains étaient si pâles qu’ils en paraissaient presque blancs. Il portait une veste de cuir rouge surmontée d’une grande capuche qui cachait un peu son visage. Une grosse ceinture serrait sa taille, une broche de métal jaune pâle brillait sur sa poitrine, elle représentait un grand serpent.
Amara se détendit un peu quand l’étrange garçon commença à plaisanter avec Misugi, tout en caressant le bras de Loulou.
Amara les écoutait, elle s’allongea sur le sable, un peu fatiguée. Bercée par le bruit des vagues, elle s’assoupit.

Elle se trouvait sur une île, l’herbe était verte, la terre, de couleur ocre rouge. Amara voyait la mer, bleu foncée. Elle marchait le long d’un chemin de terre argileuse. D’étranges créatures l’observaient, d’un air amical. La jeune fille n’arrivait pas à les distinguer nettement.
Elle entra dans un petit édifice qui semblait être une galerie, de grosses lanternes éclairaient l’intérieur. Elle descendait toujours plus profondément dans la galerie, les créatures la regardaient passer. Elle arriva dans une grande pièce, un tapis par terre semblait marquer un emplacement précis. Un rideau était accroché au mur derrière ce tapis. Sans hésiter, Amara se dirigea dans cette direction. Elle repoussa le rideau et découvrit une petite échelle qu’elle descendit. Elle se retrouva dans une pièce circulaire, une couche de paille était étalée par terre. Un couple de créatures était penché sur un berceau de paille, deux bébés dormaient à l’intérieur. L’un était une de ces créatures, l’autre était humain.
L’esprit d’Amara était un peu embrouillé et elle ne parvenait toujours pas à distinguer les créatures qu’elle avait devant elle ; pourtant, son cœur battait plus vite, comme soudainement rempli de tendresse pour les trois créatures présentes au milieu de la couche de paille.

Quand elle ouvrit les yeux, seulement quelques minutes s’étaient écoulées. Loulou et Guitou étaient l’un dans les bras de l’autre et se câlinaient.
Misugi quand à lui avait les yeux tournés vers elle, il lui sourit en voyant qu’elle était réveillée.
Il s’approcha du couple et dit qu’il allait rentrer avec Amara qui était fatiguée. Les amoureux adressèrent un signe de main à Amara qui partit en compagnie de Misugi. Ils marchèrent en silence le long de la plage. Arrivés devant le passage, elle lui dit qu’elle pourrait tout aussi bien rentrer seule s’il voulait rester. Mais il préféra rentrer lui aussi, ça ne l’enchantait pas plus que ça de les regarder se faire les yeux doux. Amara lui sourit.
Ils approchèrent et Misugi la prit par la main, ils passèrent le passage. Il ne lâcha pas sa main et la ramena jusqu’à sa chambre. Misugi lui demanda si elle avait besoin de quelque chose, puis il partit. Amara ferma la porte derrière lui.
Elle se déshabilla et se mit au lit. Elle repensa à son rêve, il était si réaliste. Elle s’endormit rapidement. Elle ouvrit à peine les yeux quand Loulou rentra, beaucoup plus tard dans la nuit.

Le lendemain matin, Amara se réveilla avant Loulou, elle regarda l’horloge accrochée devant son lit, il était neuf heures. Elle se leva et s’habilla silencieusement. Elle sortit.
Il y avait déjà du monde dans les jardins. Elle se promena le long d’un chemin bordé de grandes orchidées roses. Un garçon était assis au milieu des fleurs, il regardait avec intérêt les pétales d’une orchidée particulièrement grosse. Il était plus âgé qu’Amara, celle-ci lui donnait dix-huit ou dix-neuf ans. Amara continua à marcher et le salua en s’arrêtant à côté de lui. Le garçon quitta la fleur des yeux, comme à regret et se leva en regardant Amara. Il rougit légèrement et répondit à son salut en bafouillant, il avait l’air très timide. Il portait un simple short vert et un tee-shirt assorti. Ses cheveux étaient bruns et un peu en désordre.
Le jeune homme paraissait mal à l’aise, Amara ne sachant plus trop ce qu’elle devait dire lui demanda ce qu’il regardait dans cette grosse fleur. Ses yeux s’éclairèrent et il se remit à genoux devant l’orchidée, Amara s’agenouilla à côté de lui et regarda la fleur. Il expliqua calmement qu’il était alchimiste ; la jeune fille ne comprit pas mais acquiesça ; Voyant son air perplexe il lui demanda :
- Amara, c’est bien ça ? On m’appelle Dain. Les alchimistes préparent toutes sortes de potions, sirops et médicaments à base de plantes. Leur travail est d’observer chaque fleur, chaque plante. Ils cueillent les plus appropriées à leurs préparations. Donc, en venant cueillir ces orchidées, il avait trouvé cette étrange fleur ; elle était bien trop grosse pour n’être qu’une simple orchidée mais la forme de ses pétales ne trompe pas, c’est bien une fleur de la même famille. Regarde les reflets orangés ici, mêlés au rose de la fleur.
Amara caressa la fleur du doigt, la rosée matinale la recouvrait encore.
- Je pense que c’est un croisement entre deux fleurs.
- Peut-être. Je vais rejoindre les autres alchimistes si tu veux venir voir, tu peux.
La jeune fille, intéressée, accepta volontiers.
Ils longèrent d’autres allées de fleurs ou d’herbes diverses. Le laboratoire d’alchimie était installé au milieu d’un gigantesque verger. Les arbres fruitiers, abricotiers, cerisiers, amandiers, pommiers et bien d’autres encore, étaient en fleurs ; Amara trouva ça magnifique. La forte odeur des arbres fleuris lui montait agréablement à la tête.
Elle suivit Dain jusqu’au grand carré de terre sèche sur lequel étaient installés de longues tables et de nombreux instruments d’alchimie. Plus loin, une corde était tendue entre deux arbres et des fleurs y séchaient, accrochées par la tige. Les alchimistes travaillaient avec des gants de fin tissu vert. Ils préparaient de petites fioles de potions, piochant les fleurs dans de grands paniers d’osier. Amara dit à Dain qu’elle allait rentrer aux dortoirs et qu’ils se verraient plus tard.
Elle le quitta et s’éloigna, dévorant des yeux le mélange de couleurs des étendues de fleurs.

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Merci Oeil-de-Loutre pour ton petit message, voilà la suite
Chapitre 5 : Une première leçon
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS


Chapitre 4 : L'oiseau des Flammes

Quand elle entra dans la chambre, Loulou finissait juste de s’habiller. Il était dix heures et demie. Amara nourrit ses animaux et les jeunes filles allèrent déjeuner. Elles retrouvèrent Misugi et mangèrent avec lui. Amara raconta sa rencontre avec l’alchimiste.
Misugi lui demanda qu’elle pourrait retourner les voir travailler dans l’après midi, mais pour l’instant, elle devait essayer de s’entraîner à la pratique de la magie du feu.
Amara avait un peu peur. Loulou leur donna rendez-vous a 13h30 au même endroit pour le repas puis elle partit.

Le jeune homme prit Amara par la main, amicalement, comme à son habitude, et la conduisit devant un grand escalier de pierre. Ils montèrent. A l’étage, un grand couloir menait tout droit à un temple. Sur les cotés, de grandes salles de pierres. Misugi amena Amara à l’intérieur d’une des salles et lui expliqua qu’ils allaient commencer à apprendre la magie. Amara se sentait excitée, mais aussi un peu angoissée à l’idée de devoir faire de la magie, elle qui n’y avait jamais cru.
Peut-être s’étaient-ils trompés, peut-être n’avait elle aucun pouvoir ? Ou au contraire, peut-être n’arriverait-elle pas à le contrôler…
Amara restait devant la porte, un peu effrayée.
Comme elle ne bougeait pas, Misugi qui était derrière une grande table lui fit signe d’approcher.
- Viens Amara.
Elle s’avança lentement.
Misugi prit un morceau de bois sur la table et le posa par terre ; il recula de quelques mètres et fixa le bout de bois. Amara sentit le feu se réveille en elle, il était présent dans son corps, mais elle n’aurait pu dire comment elle le savait, il était là, c’est tout. Au bout de quelques secondes, le morceau de bois s’enflamma et se consuma instantanément. L’exercice n’avait pas duré plus de dix secondes.
La jeune fille commençait à réaliser ce qu’était la magie, Du moins le croyait-elle. Elle apprendrait plus tard que ce qu’elle venait de voir ne représentait même pas un dixième de ce pouvoir. Amara, pour la 1ère fois, regarda le jeune homme. Elle profita de sa concentration pour l’observer sans aucune gêne. Il était plus grand qu’elle, plus âgé aussi, de deux ou trois ans. Ses cheveux étaient de la couleur des feuilles de menthe sauvage, d’un vert foncé qui s’éclaircissait un peu sous les rayons du soleil qui entraient par la fenêtre. Il avait un visage calme et attentif, ses yeux étaient bleus foncé et il avait la peau très claire.
Misugi s’approcha d’elle, elle sursauta lorsqu’il l’arracha à ses pensées en la prenant par le bras. Il l’amena devant la grande table et se replaça derrière. Divers objets étaient disposés sur la table. Misugi commença à lui expliquer :
- Les objets qui brûlent le plus facilement sont ceux qui sont sensibles au feu, normalement. Bois, parchemin, paille ou herbe sèche et bien d’autres. Plus l’objet est petit, plus il est difficile de concentrer l’énergie afin de le brûler. Lorsqu’il s’agit des matériaux non inflammables, les effets du feu sont plus durs à maîtriser. Le métal fond, la pierre explose, l’eau s’évapore. Dans ces cas là, à l’inverse des matériaux inflammables, ceux-ci étaient plus durs à brûler si ils étaient volumineux.
Misugi lui montra la table et lui demanda lequel des objets lui semblait le plus difficile à brûler.
Elle réfléchit et hésita longuement, puis elle désigna un gros morceau de granit. Puis elle retira sa main et montra une boule de plomb de la même taille. Misugi sourit.
- C’est ça. Ces deux objets, pour deux raisons différentes.

Il expliqua que la pierre était extrêmement difficile à brûler car il fallait faire très attention. Si l’on ne chauffait pas assez, la pierre restait entière, se recouvrant parfois de minces fissures ; par contre, si l’on chauffait trop fort, envoyant trop d’énergie d’un coup, la pierre volait en éclat, envoyant des petits éclats violement, avec tant de vitesse qu’on les voyait à peine passer. L’impact avec un tel projectile pouvait être mortel.
Pour le métal, la raison était toute autre. En fait, pour faire fondre du métal, le feu devait pénétrer au centre de l’objet, ce qui demandait un grand effort de concentration. Faire fondre une bille de métal était le but final de ce premier apprentissage, chaque habitant du berceau se devait de savoir le faire à la fin de son entraînement.
Il lui demanda ensuite lequel serait le plus facile. Elle hésita un instant puis prit un morceau de parchemin.
Enfant, elle avait déjà brûlé pas mal de parchemins en faisant accidentellement tomber sa bougie dessus.
- Tu veux essayer ?
Amara le dévisagea.
- N’aies pas peur Amara, la rassura-t-il, viens par là.
Il prit plusieurs feuilles de parchemin et prit Amara par le bras. Ils allèrent s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre fermée. Misugi parlait doucement, chuchotant presque pour la rassurer. Il lui expliqua :
- Tu dois penser au feu en toi, tu le sens au creux de ton ventre, n’est-ce pas ?
Il montra à Amara l’endroit, au dessous de son cœur.
- Oui. Sa voix tremblait un peu.
- Il faut que tu y penses fort, dit Misugi en souriant légèrement. Comme si tu voulais le réveiller. Quand il sera prêt, tu le sauras. Il faudra ensuite te concentrer sur l’objet que tu veux brûler.
Amara prit le parchemin.
- Attends !
Misugi se leva et se dirigea vers la table. Quand il revient, il tendit une paire de gants à Amara.
- Il vaut mieux les mettre quand tu manipules quelque chose que tu dois tenir dans ta main. Ils sont en peau de dragon-cochon, cet animal rare et dangereux.
- Merci, Amara adressa un sourire au jeune sorcier et mit les gants. Elle prit ensuite un morceau de parchemin.
Misugi se rapprocha un peu d’elle et prit son bras, au niveau du coude. Il le leva lentement de manière à placer le parchemin dans la main de la jeune fille, devant son visage. Il descendit sa main sur le bras nu d’Amara jusqu’au poignet, lui faisant tendre le bras. Il chuchota :
- Bonne chance.
Puis il lâcha son bras. Amara fixa le parchemin et se concentra. Aussitôt qu’elle se mit à penser au feu, il s’éveilla et se rependit dans son corps. Elle se concentra ensuite sur le parchemin. Celui-ci, au bout de quelques secondes, s’enflamma puissamment, projetant une grande flamme devant la jeune fille. Amara eut instinctivement un mouvement de recul et retira sa main. Misugi tendit vivement la main et dévia les cendres chaudes qui allaient brûler les jambes de son amie. Son geste rapide avait évité la brûlure, son poignet effleura les genoux d’Amara qui semblait abasourdie.
Son cœur battait vite, elle se demanda si l’étrange sensation qu’elle ressentait aller se reproduire à chaque fois qu’elle ferait de la magie.
Misugi semblait gêné.
- Excuses-moi je ne pensais pas que tu y arriverais au premier essai, tu as failli te brûler à cause de moi.
Amara commençait à reprendre son calme, elle semblait perplexe.
- J’ai réussi… Je ne pensais pas non plus que j’y arriverai ! C’est la première fois que je fais ça !!
- Je sais. Je pensais qu’il te faudrait plus d’entraînement. Mais il y a une chose que tu dois savoir, c’est qu’à chaque fois que l’on utilisera de la magie près de toi, le feu se ravivera, il se tiendra prêt. C’est sans doute pour ça que le feu a été si vif… J’aurais du t’en parler. En tout cas c’était une belle flambée, bravo !
- Il faut que j’apprenne à le contrôler, n’est-ce pas ? Supposa Amara.
- Bien sûr, ça n’était que la première fois ! S’exclama-t-il. Je suis sûr que tu seras une bonne apprentie. Comment tu te sens ?
- Bien, pourquoi ?
- La magie demande un certain effort, si tu l’utilises trop souvent en peu de temps ou trop fort d’un coup, tu seras fatiguée, tu peux même avoir un peu mal à la tête.
Il hésita un instant puis repris la parole :
- Par contre… Maître Tsongor comptait sur moi pour être prudent et on peut pas dire que ça ai été le cas. Si…
- Je dirais rien, coupa-t-elle en souriant.
- Merci, Misugi semblait gêné, d’habitude les apprentis ont tellement peur qu’ils n’arrivent pas à se concentrer. Et toi t’arrives et tu nous brûles la baraque !
Amara rougit légèrement sous le compliment. Elle était fière d’avoir réussi.
- Je crois qu’on a eu assez d’émotions pour aujourd’hui, hein ?
- Heu oui je pense ! Elle retira les gants qu’elle portait toujours.
- Une dernière chose, n’essaye pas de faire quoi que ce soit seule, un accident est vite arrivé. Normalement tu ne peux pas mettre le feu sans le vouloir ; s’il se réveille, n’y fait pas attention. Ici ça risque d’arriver souvent, mais c’est un bon exercice. Fais quand même attention… il peut toujours y avoir des surprises.
Amara se sentait un peu fatiguée. Misugi reposa le parchemin et les gants, puis il la rejoignit dans le couloir. A l’horloge, il était 13h. Ils sortirent.
Amara était contente d’être dehors. Ils allèrent s’asseoir plus loin, sous un gros amandier. Ils restèrent silencieux quelques minutes, chacun réfléchissait.

La jeune fille pensait à sa rencontre avec l’Abraknyde, quelques jours plus tôt ; elle la raconta à Misugi.
Quand elle dit qu’elle avait réussi à brûler les petites branches de l’arbre, il laissa échapper un sifflement admiratif.
Amara rit.
- Mais je ne l’ai pas fait exprès !
- Tu sais, brûler quelque chose de vivant est bien pus dur que tous les exercices que l’on peut faire sur des objets…
- Mais…
- C’est à cause de l’élément présent dans chaque animal, chaque personne. Il combat le feu. C’est plus facile sur les monstres que sur les animaux, mais sache que brûler quelque chose de vivant, ou pire, quelqu’un, volontairement, c’est la pire faute d’un sorcier. Tuer des monstres, ce n’est pas mal. Ce sont des créatures démoniaques.
Amara s’allongea dans l’herbe et soupira.
- J’en suis bien incapable… je n’ai même jamais mis une gifle à qui que ce soit !

- Oh ça va pas tarder, tu verrais comme il peut être embêtant quand il s’y met ! Lança Loulou en arrivant derrière Amara.
Amara la regarda en se cachant les yeux à cause du soleil. Misugi lui fit un croche pieds quand elle s’approcha de lui : vengeance. Loulou garda son équilibre, agile, elle battit des ailes et évita le piège. Elle alla s’asseoir un peu plus loin.
- Alors, comment ça s’est passé ? Questionna Loulou.
- Hé bien… commença Amara.
- Elle nous a quasiment incendié le bâtiment ! Se moqua Misugi. Non, plus sérieusement, elle a été très bien. A part qu’elle y a été un peu fort !
- Ben…
- On va manger ! Coupa Loulou.

Après le repas, les trois amis se séparèrent. Loulou allait voir Guitou, Misugi devait aller voir ses parents.
Amara, se retrouvant seule, rentra dans sa chambre.
Elle s’assit sur son lit et réfléchit au moyen d’occuper son après-midi. Elle opta pour un livre et ressortit, les animaux sur ses talons. Le tofu semblait content d’enfin pouvoir se dégourdir les pattes et les ailes. Il se mit à courir, voletant dans les jardins.
Le bouftou quant à lui, ne semblait pas décidé : comme s’il n’avait pas assez dormi dans la chambre, il alla s’allonger dans l’herbe, dos à l’amandier.
Amara soupira et alla près de lui, elle s’allongea dans l’herbe à son tour et posa la tête sur le flanc de l’animal. Elle ouvrit son livre et commença à lire.
Dain passa et la salua. Amara lut une bonne partie de l’après-midi. Elle termina son livre aux alentours de 17h. Le bouftou n’avait pas bougé.
La jeune fille s’assit et appela son tofu, il arriva a toute vitesse en piaillant, telle une boule de plumes bleues couvertes d’encre.
Amara le prit dans ses mains et chercha ce qui avait pu l’effrayer. Elle aperçut Misugi au loin, il était suivi d’un énorme sanglier qui marchait lourdement en se dandinant.

Amara sourit à l’adresse du jeune homme et posa le tofu par terre. Ce dernier alla se cacher derrière le gros bouftou qui était à peine réveillé. Il grogna en faisant mine de mordre l’oiseau, puis se calma en voyant le gros sanglier, il l’observa avec inquiétude. Amara non plus n’était pas rassurée, l’animal était vraiment énorme.
Misugi vint s’asseoir à côté d’elle.
- Désolée, Gligli a trouvé ton tofu très marrant…
- Oh ! Il est à toi ?
- Oui, elle attend des petits. Je les relâcherai quand elle aura mis bas.

Le sanglier était allé dormir un peu plus loin. Amara se rallongea contre son bouftou et demanda :
- Comment s’est passée ton après-midi ?
- Oh, mes parents étaient sortis, je suis resté avec une amie.
- Ta petite amie, hein ? Le taquina Amara.
- Oh non pas du tout, répondit-il en riant. Elle aurait l’age d’être ma grand-mère ! Elle s’est occupée de moi quand j’étais petit. Mes parents travaillaient beaucoup pour nous permettre de vivre… répondit-il, visiblement gêné.

Amara lui raconta comment ses parents adoptifs l’avaient trouvée, sans lui donner trop de détails. Elle lui parla longuement d’Œil-de-loutre et des Chasseurs-pèlerins
- En parlant de chasse, ça fait longtemps que je ne me suis pas entraîné. J’irai après le repas. Tu peux venir avec moi si tu veux ? Proposa Misugi.
- Oui, j’aimerai bien te voir faire. Loulou sera avec nous ?
- Oh tu sais, je ne sais même pas si elle viendra manger au berceau. Ils forment vraiment un beau couple, Guitou et elle.
- Oui, ils ont l’air d’être heureux ensemble… dit pensivement Amara.
- Ils le sont. Misugi sourit. Ca fait longtemps que ça dure.
La cloche sonna. Le temps avait passé tellement vite qu’Amara fut étonnée, il était 19h30.
Misugi se mit debout et aida son amie à se lever.
Ils se rendirent au réfectoire pour le dîner.
Après le repas, le jeune homme demanda à Amara si elle était fatiguée.
- Je me suis reposée tout l’après-midi, je suis plus résistante que tu ne peux le croire !
- C’est que les monstres sont plus vifs la nuit… Je peux passer te chercher vers 21h ?
- OK, je t’attends. A tout à l’heure.

Chacun partit en direction de sa chambre. Amara se changea. Le début de l’été se faisait sentir, on était à la fin du mois de juin. Elle enfila une petite jupe plissée de sa couleur préférée : le bleu ciel qui lui arrivait jusqu’au dessus des genoux. Un débardeur blanc l’accompagnait.
Elle releva ses cheveux avec une petite pince blanche. Elle nourrit ses animaux.
En attendant Misugi, Amara s’assit sur le lit, le dos appuyé contre le mur. Elle prit sa flûte et commença à jouer. Elle enchaîna plusieurs airs qu’elle avait appris au village. Elle joua ainsi jusqu’à l’arrivée de son ami.


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Chapitre 6 : Partie de chasse
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS


Chapitre 6 : Partie de chasse

Ils marchèrent côte à côte jusqu’au passage. Le jour commençait à faiblir.
Arrivés devant le socle de pierre, Misugi prit les mains d’Amara. Ils traversèrent le passage.
Quelques instants plus tard, ils étaient dans un endroit sombre, entourés de grilles et de ronces grimpantes.
Misugi prit Amara par la main, ils empruntèrent un étroit passage sur leur droite. Le jour continuant de baisser. Ils faisait quasiment nuit lorsqu’ils arrivèrent au milieu du cimetière, de grandes torches éclairaient les allées entre les tombes. Amara frissonna malgré la chaleur de la soirée. Misugi sera plus fort sa main et l’emmena dans une autre partie du cimetière. Amara s’arrêta en entendant du bruit, au sol.

- Ce sont des souris, les monstres les plus fréquents et les moins dangereux. Je manque d’entraînement, elles sont agressives mais ne peuvent pas faire grand-chose !
Le jeune homme lâcha la main d’Amara.
- N’ai pas peur, reste ici.
Amara s’assit sur une dalle de marbre et observa les petites créatures qui couraient. Quand une souris s’approchait trop près d’elle, Amara la repoussait vivement d’un coup de pied. Elle reporta son attention sur Misugi. Celui-ci ne bougeait pas. Soudain à quelques pas devant lui, les souris s’affolèrent, courant dans tous les sens. Plusieurs d’entre elles se changeaient en poussière avant d’avoir pu sentir le feu sur elles
Amara, observant la scène, commença à se détendre. Misugi savait ce qu’il faisait.
Et réduites en poussière, les souris lui paraissaient beaucoup moins effrayantes.
Amara se prit à compter les créatures touchées par le feu. Misugi en exterminait souvent trois ou quatre à la fois.

Un long moment plus tard, le peu de souris qui avaient survécu battirent en retraite. Le jeune homme revint vers Amara et s’assit près d’elle, le temps de souffler un peu. Amara applaudit doucement quand il s’approcha.
Peu de temps après, il lui reprit la main et l’emmena face a la petite porte par laquelle ils étaient entrés. Il lui montra le grand portail devant elle.
- On doit aller là bas. Les gardiens du cimetière n’aiment pas qu’on vienne jouer avec les souris, donc il vaudrait mieux se dépêcher, si tu vois ce que je veux dire !
Ils s’approchèrent du portail et se mirent à courir, main dans la main. Ils ne s’arrêtèrent qu’une fois derrière le portail. Ils s’appuyèrent au tronc d’un gros chêne pour reprendre leur souffle. Amara sourit.
- Oui, mais tu verras, ils sont marrants quand ils nous attrapent. Ca brûle comme du petit bois ces choses là.
En voyant l’air étonné d’Amara, le garçon reprit :
- Ils ne sont pas humains.
Il ne rajouta rien, comme s’il était évident qu’Amara comprenne ce qu’il voulait dire.
- J’ai bien envie d’aller faire un petit tour au lac, tu préfères qu’on rentre ?
- Le lac, ça me va.
Elle ne posa pas de questions.

Les deux amis se dirigèrent vers la grande étendue d’eau. Le lac était bordé d’une grande plage de galets.
Ils s’assirent non loin de l’eau.
- Misugi ?
- Hm ?
- Les souris… ce sont des animaux, non ?
- Oh ! Tu me prendrais pour un assassin ? Non, celles-ci ne sont pas naturelles, tu as vu leurs yeux ? Rouges. Je t’ai dit tout à l’heure que c’étaient les monstres les plus fréquents. Elles sont en contact direct avec des âmes mauvaises telles que les vampires et leurs maîtres.
- Les fameux gardiens ?
- Oui.
Misugi jeta une pierre dans l’eau, il resta silencieux un moment puis il reprit :
- Tu n’as pas eu trop peur ? Je sais que c’est impressionnant au début, mais il n’y a aucun danger.
- Ca va, c’est pas une petite souris qui va me faire peur !
Mais Misugi ne l’écoutait plus, son regard avait été attiré par une lueur dans l’eau. Il se retourna et pris la jeune fille par le bras :
- Regarde là-bas !
- Le scarafeuille ? Répondit Amara en levant les yeux.
- Regarde mieux, il est tout transparent et fluorescent… Tu vois ce que je veux dire ?
- Hum… Si on prend le fait qu’il y ait un scarafeuille qui a pas l’air très naturel, qu’il fait nuit et qu’on vient de s’attaquer à un groupe de souris monstrueuses dans un cimetière, je dirais que… Tu vas aller régler son compte à ce scarafeuille !
- Parfaitement ! J’vais m’amuser avec lui, ok ?
Amara hocha la tête et se tourna vers Misugi qui s’approchait du scarafeuille bleu.
Le jeune homme fit face à la bête et se concentra, reculant lentement. Amara vit que le scarafeuille commençait à changer, on n’en distinguait plus que les contours. La jeune fille pouvait voir à présent une petite flamme à l’intérieur du monstre. Il continua ainsi, perdant toute consistance. Puis il finit par disparaître, comme s’il s’effaçait.

Misugi revint vers Amara qui était un peu impressionnée. L’élément du scarafeuille bleu était l’eau, le plus résistant contre le feu. C’était le plus dur à combattre, Misugi le lui avait expliqué.
Il sourit légèrement et se rassit près d’Amara. Le vent s’était levé et il faisait plus frais. Il se rapprocha d’elle et passa son bras autour des épaules de son amie… Amara se laissa faire et se serra contre lui. Ils restèrent un long moment comme ça, sans parler. La jeune fille frissonna, le vend froid soufflait de plus en plus fort. Misugi se leva et tendit la main à Amara. Il l’aida à se relever et garda sa main dans la sienne. Ils repartirent en direction du passage.

Quand ils furent devant la chambre d’Amara, Loulou était rentrée. Misugi adressa un signe de main aux filles et partit.
- Alors, ce premier rendez-vous ? Il t’a emmené où ?
Amara soupira.
- Arrête un peu, dit elle en riant. On est allés tuer des monstres, des souris.
- Romantique… commenta Loulou. Enfin bon…
- Hey ! On est juste allés chasser ! Répliqua Amara, faisant mine d’être exaspérée. Elle lança son oreiller a Loulou qui l’évita de justesse.

Amara se changea et se mit au lit. Elle discuta un moment avec Loulou, puis les deux jeunes filles s’endormirent.

Les jours qui suivirent, Amara passa ses journées à apprendre la magie en compagnie de Misugi. Elle arrivait à présent à contrôler le feu, elle parvenait à ne faire qu’un simple trou au milieu du parchemin. Elle savait brûler les petits et gros morceaux de bois, quand elle s’entraînait à contrôler l’énergie en elle, elle ne brûler que l’écorce. Avec l’eau, elle savait la faire chauffer un peu, puis la faire s’évaporer.

Trois jours après la chasse aux souris, Misugi vint la chercher de bon matin.
Comme chaque jour, ils allèrent jusqu’à la salle de pierre où ils pratiquaient la magie.
Ils s’installèrent sur le rebord de la fenêtre, comme à leur habitude. Sur une petite table, quatre rangées de petites billes de bronze étaient alignées, de la plus petite à la plus grosse.
Amara était anxieuse, elle n’avait jamais travaillé sur du métal. Misugi prit ses deux mains.
- Tu as progressé à une vitesse incroyable ces derniers jours. Le métal est nettement plus difficile à travailler que le reste, mais tu y arriveras. Dans quatre jours, tu devras savoir fondre cette bille de bronze. Il montra une bille d’environ 2cm de diamètre. On travaillera dur, mais tu sauras le faire. A la fête, mardi soir, tu devras savoir faire fondre une bille d’argent de la même taille. J’ai choisi le bronze car il est, à peu de choses prêt, pareil que l’argent. Il fond à la même température. Le bronze est peut-être même un peu plus dur.
- Pourquoi me parles-tu d’une bille d’argent ?
- Cela signifiera la fin de ton apprentissage, tu te perfectionneras avec le temps.
- Bien…
Amara commença à mettre ses gants. Mais il l’arrêta d’un geste.
- Non. Tu crois que tu vas tenir la bille fondue dans ta main ?
- Hum, c’est vrai…
Misugi lui retira doucement les gants et les reposa sur la table.
- Regarde, je vais te montrer
Le jeune homme s’approcha de la table. Il fixa une grosse bille de bronze. On voyait que la tâche lui demandait un effort considérable. Au bout de quelques minutes, la bille devint rouge et brillante. Puis elle se mit à fondre, se ramollissant d’abord, elle commença à s’aplatir. A la fin, il ne restait qu’une flaque rougeoyante. Misugi s’éloigna de la table. Le métal durcit rapidement.

Le jeune homme s’approcha d’Amara et glissa sa main dans la sienne.
- On va faire la première rangée ensemble, d’accord ? Je te laisse faire, mais je suis là.
Il resserra ses doigts autour de la main d’Amara. Elle ferma les yeux et se concentra. Puis elle les rouvrit et fixa la petite bille qui se mit immédiatement à chauffer. En quelques secondes la petite bille avait entièrement fondu. Elle sourit, son pouvoir était tellement puissant lorsqu’il était allié à celui de Misugi.

- Regarde la grosse boule de métal là bas, deux sorciers compétents peuvent la faire fondre en moins de 2min…
Ils continuèrent l’exercice, faisant fondre chaque bille avec la même facilité. Amara était heureuse, elle aimait pratiquer la magie avec Misugi. Elle se tourna vers lui et s’approcha. Misugi, un peut surpris lui sourit maladroitement. Elle se glissa entre ses bras et il la serra doucement contre lui, resserrant ses bras autour de ses épaules.
Quelques minutes plus tard, tous les deux sursautèrent en entendant une voix. Maître Tsongor se tenait dans l’encadrement de la porte.
- Alors les enfants ? On travaille ?
- Oui maître, lui répondit Amara en lui adressant un sourire.
Misugi déposa un baiser sur la joue de son amie et s’éloigna doucement d’elle.
- Tu es prête à essayer seule ?
Amara acquiesça, le grand sorcier les observait toujours. Amara ouvrit les yeux et fixa la bille. Elle cherchait un point ou fixer son regard sur cet objet rond et lisse. La bille se mit a rougeoyer. Amara tenta, durant de longues minutes, de faire fondre le métal. Puis elle relâcha son attention. La bille refroidit lentement.

- On a beaucoup travaillé ce matin. On va sortir, je t’expliquerai plus en détail comment régler son compte à cette bille.
Amara lui adressa un sourire de remerciement, l’exercice l’avait un peu fatiguée.
Il était 10h30. Ils descendirent et s’assirent sur un banc de pierre, devant la porte du bâtiment. Misugi lui expliqua comment procéder :
- Il faut faire pénétrer le feu au centre de la bille. Se concentrer sur ce centre et y envoyer l’énergie. Tu ne peux pas la faire fondre en t’attaquant seulement à la surface, tout d’abord, ça te fatiguerait trop, en imaginant que tu fasses fondre la bille en t’attaquant à elle couche par couche, en ne chauffant que sa surface. C’est comme le bois, sauf que le bois étant si facile à brûler, tu ne t’en es même pas rendu compte.

Le jour suivant, Amara parvint à chauffer une petite bille jusqu’à ce qu’elle se déforme.
Le surlendemain, elle travaillait avec acharnement depuis un bon moment. La jeune fille s’apprêtait à réessayer quand Misugi l’arrêta.
- Attend. Regarde bien la bille. Mémorise bien chaque détail. Voilà. Maintenant, ferme les yeux. Garde bien à l’esprit cette image. Concentre toi bien et envoie toute ton énergie. Garde les yeux fermés.
Amara, un peu surprise par cette nouvelle méthode, observa bien la petite bille de bronze. Elle ferma les yeux et visualisa l’image de la bille. Elle visa le centre, à l’intérieur du métal, et commença à chauffer la bille.
Au bout de quelques minutes, Misugi lui toucha l’épaule. Elle ouvrit les yeux. La petite flaque de bronze brillait devant ses yeux. Elle avait réussi.
Elle s’entraîna jusqu’au soir, elle parvenait à faire fondre toutes les billes, la plus grosse était celle de 2cm de diamètre.
La jeune fille progressait rapidement, le feu était plus présent en elle, il était prêt dès qu’elle commençait à se concentrer, il lui fallait moins de temps pour l’appeler à elle. Elle visait plus juste, le feu partait avec la bonne intensité.

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Chapitre 7 : La prophétie
LE TOTEM DES 4 ELEMENTS

Chapitre 7 : La prophétie

Ce matin là, le dernier jour de son apprentissage, Amara passa la matinée à se reposer, elle se promena un peu dans les jardins avec Loulou et Misugi. Après le repas, ils montèrent dans la grande salle de magie. Loulou les quitta et se rendit dans une autre salle, un peu plus loin.
- J’aimerai bien essayer, avec toi, de faire fondre la grosse sphère de bronze que je t’ai déjà montré, avança Misugi quand ils furent seuls dans la salle. Je suis presque sûr qu’on peut y arriver, tous les deux.
Amara sourit, la sphère était énorme, ce serait un bon exercice, même si à l’inverse de Misugi elle était pratiquement persuadée qu’ils n’y arriveraient pas.
- Je veux bien essayer.
Ils s’approchèrent de la table.
- On va faire comme pour la première rangée de billes, la première fois que tu as travaillé le métal. Je te laisse faire, mais je suis avec toi. Mon pouvoir donnera plus de puissance au tien.
Amara observa la boule brillante qui était devant elle. Elle ferma les yeux et se concentra longuement. Quand le feu fut prêt, réchauffant doucement son ventre, Amara chauffa le métal.
Misugi se glissa derrière la jeune fille et la prit dans ses bras. Il posa sa tête sur l’épaule d’Amara et croisa les mains sur son ventre. Celle-ci posa ses mains sur celles de Misugi, elle sentait son pouvoir s’accroître. Quand il se serrait contre elle, Amara sentait le cœur de Misugi battre contre son dos.
Il ferma les yeux à son tour, visualisant la sphère déjà rougeoyante.
Au bout d’un moment, l’objet commença à se déformer. Aucun des deux ne voyait le changement mais la boule se mit lentement à fondre. Le métal brûlant grésilla un moment quand la flaque s’étala sur le support isolant. Les deux jeunes gens ouvrirent les yeux. Le bronze commença à durcir.

Amara se retourna vers Misugi. Ses yeux brillaient.
L’exercice n’avait pas duré plus de deux minutes, aucun des deux n’était fatigué. Misugi glissa timidement la main sur le visage d’Amara et lui caressa tendrement la joue. Amara lui sourit, il déposa un baiser sur ses lèvres, les effleurant à peine. Elle rougit légèrement.
Quelques instants plus tard il la prit par main.
- Viens.
Ils sortirent de la salle. Au lieu de se diriger vers l’escalier comme à leur habitude, Misugi l’emmena vers la droite. Au bout du couloir, il y avait un temple. Il fit signe à Amara de l’attendre, il devait aller voir le prêtre Tsongor.
Elle ne pouvait pas entrer dans le temple avant la cérémonie, pendant la fête donnée en son honneur.
Amara s’assit sur un grand banc de bois et attendit. Misugi parlait avec le Grand Maître, le bruit de la fontaine couvrait les voix, Amara ne distinguait aucune de leurs paroles.
De longues minutes passèrent, puis Misugi sortit du temple. Amara lui lança un regard interrogatif.
- Viens avec moi, je vais t’expliquer.

Il lui reprit la main et l’emmena hors du bâtiment.
Le soleil brillait. Il faisait chaud, une petite brise rafraîchissait agréablement l’air. Misugi et Amara se dirigèrent vers le Zaap. Ils traversèrent et se retrouvèrent entre les grilles du cimetière. Ils allèrent jusqu’au bord du lac et marchèrent silencieusement sur la plage. Arrivés au bout, ils traversèrent une petite arche feuillue camouflée par une grande haie de lauriers en fleurs, les pétales roses contrastaient avec le vert foncé des feuilles.
Derrière, il y avait une petite plage de graviers blancs qui étincelaient au soleil. Ils s’assirent sur la plage, Misugi tendit les bras à Amara qui vint se blottir contre lui.

- Le grand prêtre m’a raconté une histoire tout à l’heure, une vieillie prophétie.
La jeune fille appuya sa tête contre l’épaule de Misugi.
- Raconte-moi.
Il l’enlaça et commença à lui raconter :

- La prophétie parle d’un enfant. Il y a quinze ans, un enfant est né. Au même moment, au fond du labyrinthe, un monstre s’est réveillé. L’enfant possède un des plus grands pouvoirs du monde, les pouvoirs du monstre même ne sont pas aussi puissants. S’il retrouve l’enfant et l’ensorcelle pour en faire son serviteur, ça serait une catastrophe pour notre monde qui ne connaîtrai pas un instant de paix.

Amara se serra plus fort contre le jeune homme qui la berça doucement. Il reprit :

- Par de puissants sortilèges, le père de l’enfant fut ensorcelé par le monstre et entra à son service. Il était devenu un homme cruel et sans cœur, il voulait tuer sa compagne et livrer son enfant à son maître. Celle-ci prit peur et s’enfuit sur un petit bateau marchand, elle abandonna l’enfant sur une île lointaine afin que quelqu’un le retrouve et s’en occupe. Quand elle revint, l’homme la tua sans pitié. Durant deux longues années, il parcourut terres et mers, brûlant tout sur son passage, afin de retrouver son enfant. Les sorts de localisations lancés par les démons ne fonctionnaient pas et il désespérait de le retrouver un jour. Personne ne savait ce qui le poussait à agir de la sorte. Tout ce que l’on savait c’est qu’il voulait son bébé.
En ce moment, on raconte qu’il le cherche toujours.


- Mais… le grand prêtre pense que l’enfant… enfin, pourquoi moi ?
Misugi la prit par la main et, entourant les épaules d’Amara de son bras, il la serra contre son cœur.
- Je ne fais que répéter ses paroles. Je ne sais pas quelle est la part de vérité de cette légende.*
Amara resta silencieuse, cette histoire lui faisait un peu peur. Elle resta pensive un long moment. Toute l’histoire coïncidait avec sa propre histoire : elle avait été trouvée à l’âge de deux ans, ramenée d’une île lointaine. Et d’après ce qu’on lui avait dit, un démon l’avait déposée sur la place…
Au bout de quelques minutes, elle leva la tête. Elle passa ses bras autour de la taille de Misugi.
- Apprends-moi à chasser des monstres… je veux pouvoir me défendre s’il se passe quelque chose…
- Je t’apprendrai.
Il repoussa une mèche de cheveux qui cachaient le visage de la jeune fille te posa ses lèvres sur son front. Elle ferma les yeux et se laissa bercer. Elle sentait le cœur de Misugi contre sa poitrine. Il posa sa joue contre le front d’Amara et ferma les yeux à son tour. La douce brise caressait leur visage, chacun réfléchissait. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes.
- Je venais souvent ici quand j’étais petit. Il ne vient jamais personne, c’est ma plage. Elle est toujours ensoleillée, l’eau est chaude, on a une pleine vue sur le coucher de soleil quand la nuit tombe.
Amara se releva, il la suivit et l’enlaça. Mais elle se dégagea doucement.
- J’ai entendu quelque chose.
- Quoi ? Je n’entends rien…

Quelqu’un cria, de l’autre côté des lauriers. Les deux jeunes gens se précipitèrent sur la plage. Plus loin, quelqu’un était allongé sur les galets.
- Non ! Cria Misugi qui semblait avoir reconnu le petit garçon. Ama, va chercher Loulou !

Amara courut jusqu’au Zaap, elle le traversa et en courant vers sa chambre, faillit renverser Loulou qui descendait de la salle de magie. Elle prit Loulou par le bras et l’entraîna jusqu’au Zaap, puis jusqu’au blessé sur la plage.
Loulou s’approcha.
- Amagi ? Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Loulou posa ses mains sur le ventre du garçon et commença à murmurer d’étranges mots, des formules magiques. Puis elle fixa les blessures de l’enfant, c’étaient de graves brûlures.
Amara s’était approchée de Misugi.
- C’est Amagi, mon frère.

Quand ils regardèrent a nouveau dans la direction de Loulou, celle-ci se releva. Il n’y avait plus aucune trace de brûlure, Amagi ouvrit les yeux. Son frère s’agenouilla à côté de lui.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Un scarafeuille rouge…
- Hum…
- Je lui avais rien fait, je te jure !
- Il ressemblait à quoi ton scarafeuille ?
- Hum… rouge, avec des ailes jaunes et…
- Je sais ce que c’est un scarafeuille ! Il était…normal ?
- Bah oui !

- Coucou !
Amagi venait de s’apercevoir pour la première fois de la présence d’Amara.
Il ressemblait beaucoup à son frère mais ses yeux et ses cheveux étaient plus clairs. Il semblait avoir 9 ou 10 ans. Il dévisagea la jeune fille puis se releva.
Misugi semblait pensif. Les scarafeuilles étaient des animaux pacifiques et n’attaquaient jamais personne… du moins sous leur forme animale ; et les monstres ne sortaient pas le jour.
- Bon, on va rentrer… Merci Lou, c’est pas que ça m’embête qu’il soit en piteux état mais je voulais savoir qu’est-ce qui l’avait attaqué.
- Bah, ça m’aura fait un entraînement supplémentaire. Au fait Ama, c’était ton dernier jour d’entraînement ! Comment ça s’est passé ?
Amara regardait Misugi qui semblait inquiet.
- Ama ?
- Hein ? Ah ! Oui super l’entraînement, je serais bientôt plus forte que Misu.
Misugi lui sourit, apparemment fier de « son apprentie ».
- Je voudrais bien voir ça ! Répliqua-t-il tout en sachant qu’elle avait parfaitement raison.

Il était plus de 18h quand ils rentrèrent. Misugi se dirigea vers les salles de magies
- A tout à l’heure les filles !
Elles rentrèrent dans leur chambre.
- Où il est allé ? Questionna Loulou.
- Aucune idée…
- Il a peut-être une autre apprentie, taquina Loulou.
- J’ai vu aucun nouveau, répondit calmement Amara.
- Vous avez fait quoi cet après-midi ?
Amara lui raconta en détail la prophétie que lui avait raconté son ami, elle lui expliqua que toute l’histoire tenait debout.
- Bah, laisse tomber c’est n’importe quoi ses histoires de prophéties, il se fait vieux le grand prêtre !
- Il a pas pu deviner ma vie et inventer tout ça !
- Toutes façons, te prend pas la tête, pense plutôt à la fête de demain !
- Oui. C’est où ? Quand ?
- A la salle des fêtes, tout le monde peut rentrer et c’est demain à partir de 17h. C’est une fête en ton honneur, oublies pas ! T’as quelque chose à te mettre ?
- Euh… j’ai pas grand-chose.
- On s’occupera de tout ça demain ! Tu vas voir, tu seras la plus belle de la fête ! A part moi, bien sûr, plaisanta Loulou.
Elles discutèrent des vêtements et de la coiffure qu’elles allaient porter pour la fête. Loulou expliqua comment elle se déroulerait.
- D’abord, il y aura la cérémonie, on t’emmènera dans une petite salle et tu passeras une épreuve de magie. Je ne peux pas te dire ce que c’est. Tu seras seule avec la grande prêtresse Samilia et Maître Tsongor. Quand tu auras obtenu le « diplôme », tu sortiras. On le saura au premier coup d’œil, si tu as réussi. Après, on ouvrira les Zaaps et chacun ira accueillir ses invités. Je vais inviter Guitou, et toi ?
- Seulement mes parents. J’ai pas beaucoup d’amis à cause des superstitions des gens du village à cause des superstitions des gens du village, d’après le jour ou on m’a trouvée… les parents empêchaient les enfants de jouer avec moi.
- Heureusement qu’on est là !

Les clochettes finirent par sonner l’heure du repas. Les deux jeunes filles partirent, bras dessus bras dessous.
Au dîner, Amagi se joignit à eux, il insista pour avoir la place à côté d’Amara. Il lui parla de choses et d’autres, Amara l’écoutait à moitié. Le jeune garçon avait 10 ans et demi, il aimait s’habiller exactement comme son frère, il lui ressemblait beaucoup mise à part la taille. Amagi était plutôt petit pour son âge. Il parlait beaucoup, racontant sa vie à chaque personne qu’il croisait, contrairement à Misugi dont Amara ne savait finalement pas grand-chose. Il se tourna pour raconter aux autres l’épisode du scarafeuille.
- … je l’ai fait fuir en lui lançant des cailloux, il m’a même pas fait mal !
Amara éclata de rire, suivie par Loulou et Misugi qui firent de même. Les trois amis partirent discrètement à la fin du repas pendant qu’il racontait son aventure à la table voisine.
- Attention Ama, c’est un vrai pot de colle ! Comme t’as vu, il aime bien s’habiller comme moi. Et il aime aussi mes copines ! Et quand il commence à parler, tu peux plus l’arrêter ! Hein Lou ?
- Oh oui… soupira-t-elle, j’ai été sa dernière victime.

Ce soir là, Amara ne se coucha pas tard car elle comptait rendre visite à ses parents, tôt le lendemain matin.

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Chapitre 8 : La cérémonie

La jeune fille fut réveillée au petit matin par le tofu qui, en essayant de rentrer dans son lit, s’était emmêlé dans les draps.

Il faisait plus chaud dans son village qu’au berceau, elle habitait un des plus chaudes régions d’Amakna. L’herbe était plus jaune que verte, et le soleil chauffait déjà beaucoup malgré l’heure matinale. Elle croisa quelques villageois qui la saluèrent. Quand elle arriva devant l’allée qui menait chez elle, elle aperçut sa mère qui étendait du linge dans la cour de graviers. Elle courut le long de l’allée et alla embrasser sa mère. Elle l’aida à étendre le linge tout en discutant. Amara raconta ses journées au berceau. Puis son père rentra, aux alentours de 9h. Ils parlèrent longuement de choses et d’autres. Amara parlait de l’Oiseau des Flammes, et ses parents répondaient par des nouvelles du village.
Amara apprit que le vieux roi était très malade et que les médecins disaient qu’il ne tiendrait pas une saison de plus. Il s’éteindrait au cours de l’été. Mais bon, les mêmes médecins avaient déjà prédis le même évènement, 13 ans auparavant…
La jeune fille leur parla de la cérémonie et les y invita. Ils devaient se rendre au Zaap vers 17h. Ils promirent d’y être, puis Amara rentra au berceau.

Loulou l’attendant dans la chambre.
- Ah ! Enfin !
- Ben, il est onze heures moins le quart !
- Oh toi ! On voit bien que t’as jamais fait les boutiques ! Allez viens !
Son amie ne lui laissa pas le temps de réfléchir et l’entraîna vers le Zaap. Elles atterrirent entre les rochers de la plage.

Loulou qui lui tenait le bras l’emmena dans une rue qui parut gigantesque aux yeux d’Amara. Elle lui fit visiter toutes les boutiques de vêtements de la rue, sans exception. Elle lui fit essayer des centaines de tenues. Amara qui n’avait pas son mot à dire la suivait dans les boutiques, elle n’avait jamais essayé tant de choses en si peu de temps ! Elle fut contente quand Loulou se décida. A vrai dire, elle dut reconnaître que la jeune fille savait ce qu’elle faisait.
La robe était magnifique. Elle était de couleur lilas et recouverte de paillettes argentées. Le haut était très serré et le col laissait avantageusement sa gorge à découvert, les manches, longues, étaient fines et serrées. La jupe en revanche était plutôt large et frôlait le sol quand elle marchait. Une fine couronne assortie à la robe accompagnait l’ensemble.

Amara poussa un soupir désespéré quand elle comprit que Loulou allait l’entraîner vers d’autres boutiques afin de lui trouver des chaussures.
Il était près de 14h quand elles eurent fini leurs achats.

Loulou porterait une longue robe bordeau fine et serrée. Elle était ouverte derrière, des lacets rouges se croisaient sur son dos, nu jusqu’à la taille.

Elles repartirent en direction de la plage, portant leurs paquets.
Amara s’arrêta devant une immense maison, un peu en retrait de la ville.
- Ouah ! Elle est immense cette maison ! On doit avoir une belle vue sur la mer, d’en haut !
- Ouais, tu veux visiter ?
- Tu plaisantes ???
- Bah non, viens voir.
Elles s’approchèrent du portail de métal noir et Loulou actionna la poignée. On entendit une voix près du portail.
- Oui ?
- C’est moi.
Loulou poussa le grand portail, Amara la suivit dans la grande cour. Des arbres bordaient l’allée centaine entourée d’une vaste étendue d’herbe verte. Un homme vint à leur rencontre, il portait un costume noir, sa chemise était d’un blanc éclatant.
- Bonjour Lanlan.
- Bonjour Mademoiselle.
- Nous déjeunerons sur le balcon dans une demi-heure.
- Bien Mademoiselle.

Amara était visiblement impressionnée par ce qu’elle avait devait les yeux. La villa était encore plus imposante vue de près. Avec ses 3 étages, ses balcons et ses baies vitrées.
- Tu verrais ta tête ! Eh, c’est qu’une maison !
- Un château tu veux dire ! Y’a pas ça près de chez moi, j’ai jamais vu une « maison » aussi grande !
- C’est vrai qu’elle est pas petite, mais bon tu vas voir, y’a que deux étages qui son réellement habités.

Loulou s’avança jusqu’à la porte, Amara sur ses talons. Elles entrèrent. Le rez-de-chaussée n’était qu’une seule pièce, qui représentait le hall. Un grand escalier de marbre, au centre de la pièce, menait l’étage supérieur. La pièce était éclairée par de nombreuses fenêtres et, à droite, une porte-fenêtre menait à une terrasse. Au dehors on apercevait de l’eau, comme un étang. Des arbres étaient plantés tout autour, pour faire de l’ombre.
Elles montèrent l’escalier. A l’étage, il y avait d’un côté les cuisines et une grande salle à manger, de l’autre côté, trois chambres et salles de bains, dont celles des parents de Loulou. Quelques pièces avaient été transformées en un appartement qui appartenait au majordome, Lanlan.
Les deux jeunes filles montèrent encore un escalier, ici il y avait un grand bureau, des espaces de rangement (chambres ou autres pièces avaient été transformées en remises et étaient remplis de divers placards et boites de rangement.) un autre appartement, pour la femme de ménage faisait face à la grande chambre de Loulou.
Loulou gravit une échelle qu’Amara n’avait pas remarquée, au fond du couloir. Amara la suivit.
- Ma salle préférée ! Pour faire la fête !
Ce qui avait dû être un grenier avait été emménagé entièrement : une estrade était surmontée d’instruments de musique. De nombreuses tables et chaises étaient disposées çà et là, dans la salle.
Au fond, dans l’angle, se trouvait un grand bar.

Elles redescendirent et allèrent dans la chambre de Loulou.
La pièce était lumineuse, tous les meubles, ainsi que les murs étaient blancs. Une porte menait à la salle de bains, à leur droite. La porte-fenêtre en face de la porte, menait à un grand balcon et donnait une pleine vue sur la mer.
Elles sortirent. Sur une petite table de fer ronde, au milieu du balcon, le repas était servi. Elles mangèrent puis redescendirent. Loulou fit visiter les jardins à son amie, puis elles repartirent.

En arrivant, elles filèrent s’enfermer dans leur chambre.
- Hop ! On va voir qui sera la plus belle, maintenant !
Loulou aida Amara à s’habiller et à se coiffer : Un petit chignon derrière la couronne pailletée. Puis elle se prépara, les préparatifs avaient duré une heure environ.
Chacune trouvait que l’autre était plus jolie, et elles n’arrivaient pas à se départager.

A 16h30, la prêtresse Samilia vint chercher Amara pour l’emmener à la cérémonie.
Tous les autres arriveraient à la salle des fêtes à 17h précises.
Elle emmena Amara vers le Zaap au centre des jardins. Amara reconnut la salle où elle avait passé la première épreuve, le jour de son entrée dans l’ordre ; épreuve qu’elle n’avait d’ailleurs pas comprise. Elles se dirigèrent derrière la fontaine.
Il y avait, sur une table, un socle de plomb. Au dessous d’un trou, au milieu du socle, une bille d’argent d’environ 2.5cm de diamètre était disposée au dessus d’un gros cube de bois.
Maître Tsongor et trois autres prêtres qu’Amara ne connaissait pas se trouvaient derrière la table.
- Tu dois faire fondre cette bille d’argent, dit l’un d’entre eux.
Amara n’était pas impressionnée, elle savait qu’elle pouvait le faire.
- Bonne chance.
Au signal, elle se concentra et appela le feu. Elle ferma les yeux jusqu’à ce qu’elle le sente prêt. Puis elle fixa la bille. D’argent. Elle se concentra comme elle l’avait appris sur l’aspect de la bille et les courbes du métal, puis referma les yeux. Elle chauffa le cœur de la bille.
Celle-ci devint rouge vif et commença à fondre lentement. Le métal coula dans le cube de bois percé. Quand le métal eut totalement coulé, Amara ouvrit les yeux et attendit.
- Maintenant, tu dois réduire le cube de bois en cendres
Amara fixa le bois qui se consuma instantanément.
Les prêtres semblèrent surpris par la rapidité de l’opération.

Au milieu des cendres, un petit oiseau de métal.
C’était un oiseau comme ceux que portaient toutes les personnes de l’ordre. Le métal était orangé et parcouru de reflets d’argent. Maître Tsongor prit la parole.
- C’est une des réactions de l’argent face à la magie. Tu dois le porter sur toi, c’est ce qui montre que tu appartiens à l’ordre du feu : L’oiseau des Flammes. Tu peux le porter comme bracelet, pendentif ou broche. La plupart des gens les utilisent comme broche discrète qu’ils utilisent pour attacher leur cape. Qu’est-ce que tu préfères ?
- Un bracelet.
Un des sorciers prit l’oiseau de métal et s’éloigna. Il revint quelques minutes plus tard, il avait fixé l’oiseau sur une chaînette qu’il passa autour du poignet de la jeune fille.
- Après avoir triomphé des deux épreuves, tu appartiens maintenant officiellement à l’ordre de l’oiseau des flammes.
- Le 1er jour, si tu avais cédé à la panique, la petite lumière que tu as du apercevoir aurait grandi en se rapprochant de toi. En te touchant, elle t’aurait ramené à la sortie, dans la grotte ou tu as découvert le Zaap, et tu aurais tout oublié.
- Si aujourd’hui tu n’avais pas pu effectuer ce qui t’était demandé, tu n’aurais pas eu le droit de continuer à apprendre à utiliser la magie…
- Félicitations.

Amara fut reconduite au Zaap puis elle se retrouva au milieu de la salle des fêtes.
Tout le monde la regarda, puis un murmure parcourut la salle. Amara ramena ses mains devant elle, quand ils virent le petit bracelet d’argent, ses amis poussèrent un soupir de soulagement et tous applaudirent.
On fit entrer les invités. Quand Amara revint avec ses parents, tout le monde applaudit à nouveau. La musique commença et Misugi s’approcha de la jeune fille, ils devaient ouvrir le bal. Durant la soirée, Amara qui était déjà fatiguée à cause de sa matinée de shopping, dansa avec beaucoup de garçons de l’ordre et des invités. A chaque fois que la musique commençait, Amagi demandait à la jeune fille de danser avec lui. Amara accepta quelques fois, mais la plupart du temps elle se contentait de s’éloigner en riant. De grands buffets étaient dressés contre les murs de la salle de danse, et il y avait un grand choix de nourriture. Elle fit visiter les jardins et les bâtiments à ses parents.

Peu à peu, les invités partirent, et les parents d’Amara se retirèrent à leur tour, ils ne voulaient pas rentrer dans le noir car pendant la nuit il n’y avait aucune lumière sur le chemin.
Les habitants du berceau restèrent une grande partie de la nuit à danser dans la salle.
C’était une fête très réussie. La salle de danse se vidait petit à petit et chacun allait se coucher.
Amara alla faire un tour dans les jardins avant de dormir. Misugi la rejoignit peu de temps après. Ils n’avaient pas eu le temps de parler beaucoup ce jour-là, ils ne s’étaient pas vu de la journée, ni aux repas.
Misugi portait un costume noir qui contrastait avec sa peau claire. De petites lampes, accrochées ça et là dans les arbres jetaient une lumière verte sur toute l’étendue des jardins et se reflétaient sur la robe d’Amara.

Misugi s’approcha d’elle.
- Félicitations, le grand prêtre m’a raconté l’épreuve, tu t’es très bien débrouillée.
Il lui adressa un sourire rayonnant. Amara sourit son tour et ne put s’empêcher de s’approcher plus près du jeune homme afin de le sentir tout contre elle. Il l’enlaça et la regarda avec tendresse. Amara passa ses bras autour du cou de Misugi et lui déposa un petit baiser juste au coin des lèvres.
Ils restèrent ainsi durant de longues minutes, Amara posa la tête contre l’épaule du jeune homme et il la berça tendrement.
Puis il s’éloigna un petit peu et la regarda.
- Tu es magnifique ce soir.
Il lui sourit et approcha lentement son visage de celui d’Amara, jusqu’à sentir les lèvres de la jeune fille tout contre les siennes. Il l’embrassa avec tendresse.
Amara lui sourit amoureusement. Elle se sentait bien.
Il passa le bras autour de ses épaules et ils prirent le chemin du retour.

Alors qu’ils marchaient lentement dans l’allée, ils entendirent un ricanement dans les buissons. Bien qu’il se doutait de qui était la personne qui se cachait là. Misugi s’approcha du buisson et y donna un coup de pied. Ils virent Amagi s’enfuir en riant.
- Il est collant quand il s’y met !!
- Bah… il a l’air jaloux, Amara rit doucement, tu aurais vu comme il me tournait autour pendant la fête !
- J’ai vu… bon, on rentre ?
Amara réprima un éclat de rire, Misugi aussi semblait jaloux. Elle reprit sa main et ils marchèrent en silence jusqu’au bâtiment. Il la raccompagna jusqu’à la porte de sa chambre.
Quand Amara rentra, Loulou la félicita. Puis elles se couchèrent. Amara était fatiguée par cette longue journée et s’endormit aussitôt.

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