violence légitime de l'Etat

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Salut tt le monde! J'aurai besoins de vos lumière, surtout si parmi vous il y a des travailleurs sociaux (éduc, assistants sociaux etc...)
Je suis actuellement en stage dans un CHRS (centre d'hébergement et de réinsertion sociale) et mon référent de stage me propose de réfléchir sur ce qu'est la violence légitime de l'état, et en quoi, nous (éduc pr ma part, donc mandatés par l'état) sommes impliqués dans ce processus envers les usagers et nous produisons de la violence (suis-je clair? )
Au risque de passer pr une grosse inculte, j'ai vraiment du mal à saisis ce qu'est la violence légitime de l'état.
A part des définitions de ce style "L’Etat a le monopole de la violence légitime (car justifiée par le droit). Ce qui lui confère certains attributs (pouvoir de police, armée, justice ... ) qu’il est seul à détenir" j'ai du mal à faire le lien avec ma pratique.
Je pense que ce qu'on attend de toi c'est que tu soulignes la notion de citoyen, et le role de l'etat comme "assemblée de citoyens". La violence légitime de l'état est celle qui s'exerce sur les citoyens qui ne respectent pas les droits des autres citoyens, dans le but de faire changer cet état de faits. L'état est le garant de la liberté citoyenne, aussi il est de son role d'utiliser les moyens adéquats au respects de la liberté de chaque citoyen, ces moyens impliquant l'usage d'un ensemble de violences ne dépassant pas les droits inaltérables de la personne humaine. La violence de l'état n'est légitime que si elle survient dans le cadre d'un processus réglementé et suite à un processus de justice équitable lui aussi réglementé.
oui, mais appliqué au domaine professionnel qui est le sien, et qui est sensé produire à son tour une violence ???

Là j'avoue qu'il est tard et que mon traitement anti tabac me brouille un peu les idées.
forme de violence morale ou psychologique que les institutions peuvent exercer via l'application de contraintes ? (retirer la garde des enfants par exemple, mise en tutelle au niveau financier ....)

Violence physique? maîtriser une personne qui est en train de porter atteinte physiquement a autrui ou lui même ...

Moi je verrais bien un truc dans le genre ....
A priori dans ton cas la violence intervient lorsque l'Etat, par l'intermédiaire de ses représentants, s'arroge des droits qui lui permettent d'outrepasser les libertés individuelles.

Dans la mesure où l'unité de base, irréductible, de tout Etat est la notion de sécurité, tant extérieure (manifestée de nos jours par les armées et les ambassades) qu'intérieure (police et par extension justice) afin de permettre à chaque membre de la communauté de s'épanouir, il apparait que les représentants de l'Etat doivent prendre des décisions qui suscitent de la violence afin de préserver cette paix.
l'Etat doit imposer des règles communes : monogamie, pratique de la langue française, refus des coutumes locales contraires au Code Civil ( excision, mariage forcé, mariage blanc, respect des droits de la femme et de l'enfant ) qui au niveau culturel sont violents.

Pas forcément pour une question de sécurité mais pour une question de survie de cet Etat et de cohésion.

De nombreux ethnologues ont montrés que les coutumes "barbares" ( le terme n'a jamais eu une signification très claire ) de la circoncision et de l'excision étaient effectuées à l'occasion de rites de passage reflétant une initiation, le passage symbolique de l'enfant à l'âge adulte de manière violente.

L'Etat produit aussi de la violence quand il empêche au nom des lois ces rites de passage, séparant ainsi les générations de là bas et d'ici.

( aucun jugement dans mes propos, ce n'est pas à moi de le faire ).
Je te conseil la lecture du livre de Norbert Elias sur le sujet, de mémoire le livre s'intitule: le processus de monopolisation de la violence par l'Etat.

Cela traite du processus où l'on passe du droit individuel à la violence ( le droit du plus fort) au monopole de la violence par l'Etat ( seul l'Etat peu utiliser la violence ).
Processus historique, principe du processus.... et bien entendu les fondements de ce monopole.
Un livre passionnant pour peu qu'on s'intéresse à la sociologie.


Edit: bon je suis incapable de retrouver la réference exacte du livre, ma mémoire doit me faire défaut. Mais on doit sérieusement trouver ces principes dans "la dynamique de l'occident" et " sport et civilisation: la violence maitrisée" du même auteur.
Citation :
Publié par Boldock
forme de violence morale ou psychologique que les institutions peuvent exercer via l'application de contraintes ? (retirer la garde des enfants par exemple, mise en tutelle au niveau financier ....)

Violence physique? maîtriser une personne qui est en train de porter atteinte physiquement a autrui ou lui même ...

Moi je verrais bien un truc dans le genre ....
Oui, je pense plutôt à la première que tu as cité. Je crois que c'est ça l'angle d'approche en fait.
Je pense surtout que la personne a du vouloir parler du milieu difficile dans lequel tu vas probablement travailler et auquel tu seras souvent confronté, milieu difficile et quelque fois violent.

Pour faire respecter certaines choses tu pourras être amené toi aussi à utiliser la violence ou du moins un acte physique.

Enfin si je cerne bien ton travail.

Un peu comme les infirmiers en milieu psychiatrique qui n'ont pas le droit de tabasser leurs patients (ça c'est normal ) par contre rien ne les empêchent (au contraire !) de tomber à 6 infirmiers sur un mec qui fait un crise d'hystérie, et ce, à fin de le calmer.

Ca doit être dans ce sens là je suppose.
Comme les flics qui te tombent aussi à 6 dessus pour te menotter si jamais tu résistes, enfin ce genre de violence, le contacte physique quoi.

Le truc qui a été retiré aux prof's qui pourtant sont également confronté à un milieu pas facile.
Dans le cadre de tes fonctions, la violence se traduit sans doute par le fait de devoir imposer un "cadre" à ces personnes. A mon sens rien de physique là dedans, tu n'est pas représentant des forces de l'ordre, mais juste de l'Etat.

Réapprendre à des individus en perte de repères, c'est leur faire violence car tu vas devoir leur imposer de réapprendre les règles de vie qui régissent la vie en société.

Tes outils sont les notes et rapports que tu pourras être amener à faire sur chaque individu, de ces rapports découle la menace d'une expulsion possible du foyer, de l'institution, qui se trouve souvent être leur ultime planche de salut.

Dans ton cas précis, je doute qu'il te faille jamais recourir à la violence physique, mais bel et bien à l'expression d'une possible violence morale et sociale si les gens refusent de respecter le programme et les règle. Et à travers toi c'est bel et bien l'Etat qui s'exprime.
Citation :
Publié par Gwaely
Dans ton cas précis, je doute qu'il te faille jamais recourir à la violence physique, mais bel et bien à l'expression d'une possible violence morale et sociale si les gens refusent de respecter le programme et les règle.
Parce qu'il n'y a jamais de personnes violentes à l'égard de représentant de l'autorité ? Peu importe l'autorité, que ce soit policier, gendarme, prof', éducateur, moniteur d'auto école, contrôleur RATP, etc.

Être représentant d'une quelconque autorité c'est également s'attirer les situations conflictuelles.

Dans l'exemple que tu donnes, je ne pense pas que 100% des personnes concernées le prendrait sans violence si on leur retire leur planche de salut.

Je trouve ton raisonnement un peu naïf, mais peut-être est ce moi qui n'ai plus confiance en l'espèce humaine.
Je viens de relire l'énoncé de la question. L'un des énoncés de sa question sont "et comment nous en tant que représentants de l'état sommes une source de la violence". C'est un sujet autrement plus difficile que tout ce que nous avons abordé jusqu'a maintenant dans nos réponses (ou finalement nous n'avons fait que reformuler sa derniere phrase). Je vois deux pistes principales a explorer.

La violence physique ou morale est souvent copiée. Lorsque l'on est impliqué dans une relation de violence avec un tiers, on apprend que le monde est régi par la violence. Plus particulierement, l'une des causes principales de la violence urbaine actuelle est que pour survivre parmis des individus violents, il faut a son tour se montrer plus violent. Lorsque l'état a son tour se montre violent, alors il confirme qu'il n'existe pas d'autre mode de fonctionnement que celui du maitre et son chien. Des lors le but de celui qui a été traité comme un chien est de devenir le maitre chien, et pour cela il doit exercer la violence sur les plus faibles ou les moins violents que lui. Une solution au probleme est de montrer d'autres modeles de réussite que la violence, mais c'est extremement difficile puisque l'on a souvent a faire face a des gens sans reperes qui ne comprennent pas qu'il existe d'autres modes de fonctionnements que dominant/dominé, dès lors si l'agent de l'état ne se place pas en position de dominant il se trouve en position de dominé. Toute la justesse du traitement sera de rester en position dominante, tout en n'abusant pas de la position dominante, et en allant au fur et a mesure vers une relation d'egal a egal sans violence, gage d'une compréhension complete des mécanismes sociaux sans violence.

Le second type de violence est la violence sociale. Les agents de l'état peuvent etre amenés a prendre des descisions amenant le citoyen dans une situation de pauvreté ou de précarité importante. La pauvreté est une cause majeure du crime et de son cortège de violence. Lorsque l'on est pauvre on a la motivation (impossibilité de se procurer les biens convoités légalements) et la deshinibition (aucun bien ou position a perdre). Soustraire les dernieres ressources d'une personne, que ce soit une retorsion pour un comportement inadapté, ou parce que c'est la fin naturelle des droits, peut revenir a une certaine forme de violence sociale criminogène.
Exact, je me suis mal exprimée, ce que sous entendait c'est qu'à part le côté légitime défense, il ne lui sera pas demandé dans le cadre de ses fonction normales de recourir à une violence physique. Cela relève des forces de l'ordre.

Il peut être amené à séparer des gens, se défendre, mais il n'est ni formé ni payé pour devenir gendarme/policier. En cas de nécessité, l'Etat dispose de personnels spécialement formés pour répondre à ce genre de situation.
Euh parce que maintenant c'est hors charte de discuter des rites sous un regard anthropologique ? Ou c'est parce qu'on parle d'organes sexuels sans que ce soit du saaaaaikse ?
Non mais c'est hors charte de faire complétement dévier un sujet . Si vous souhaitez en discuter, créer un nouveau sujet ( et essayez aussi de vous astreindre à amener des arguments pas de simples affirmations d'une phrase )
Pourtant il m'apparaissait que, si maladroite en ait été la présentation, le débat sur l'excision et la circoncision étaient tout à fait approprié dans la recherche d'arguments sur la légitimité de la violence de l'Etat. En effet, des rites religieux peuvent entrer en conflit avec l'éthique républicaine - à propos de laquelle il convient de s'interroger pour rappeler la part des religions méditerranéennes qui y participe - et susciter une réaction de l'Etat, laquelle par une interdiction radicale est incontestablement une forme de violence.

Le mot de "barbare" légitimise instantanément cette violence, de fait, puisque par barbare on désigne ce qui est contraire à la notion de civilisation, plus précisément qui va à l'encontre de notre conception de la civilisation. La justification d'une pratique religieuse qui peut apparaître comme choquante est donc à explorer, sinon le raccourci "ça est barbare donc à bannir" est trop facile.

Enfin bref on ne peut pas décemment se contenter de citer cette pratique juste en exemple sans la justifier puis vite vite fermer la porte derrière, ni laisser l'idée apparaître mais effacer cash ce qui en discute.
Alors déjà un grand merci pour toutes vos réponses (je rentre du taf là, désolée de pas avoir répondu plus tôt) Je dis merci car j'ai posté sur un forum "spécialisé" sur le social, et j'ai eu une toute petite réponse un peu hors sujet.
J'ai noté pas mal de choses intéressantes dans vos réponses et en effet, ma question est peut être un peu mal formulée (donc pas facile de trouver une réponse)
Quand il m'a parlé de ça, moi j'ai pensé à:
Nous, éducateurs spécialisés, mandatés par l'Etat ( il ne faut pas l'oublier), sommes payés pour remplir une mission, pour répondre à une commande social qui est, est restera malgré tout, faire rentrer les gens dans "la, ou une norme" (vaste débat également )
Et ceci peut être plus ou moins violent, dans la mesure ou l'usager n'a hélas pas souvent le choix. (on peut parler de l'aporie du domestique et de l'affranchi) mais légitime qd on voit à quel point la personne commence à se dégrader mentalement, psychologiquement (la rue, y'a pas à dire, ça abîme ) et qu'elle est vraiment en danger.
Alors là, en effet, peut intervenir la violence verbal (pas des insultes, mais plus des injonctions) voire, et c'est qd même assez rare, physique. Mais là j'ai peur de dériver dans l'abus de pouvoir (ô combien fréquent dans mon milieu qu'est le sentiment de toute puissance, d'être celui qui sait)

Fiou, c'est compliqué tout ça...
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