Une ombre se glisse dans la ruelle qui jouxte un palais. Sa démarche, ses difficultés pour avancer, laissent penser qu’elle est blessée, et d’importance.
Elle serre contre elle quelque chose qui semble requérir toute son attention et s’assied contre un mur, épuisée.
Posant, sur sa cape lâchée au sol, un chaton mal en point, Elle le soigne quelque peu avant de sortir un parchemin de son sac pour y noter d’une écriture maladroite.
Combien de fois déjà, m’as-tu sauvée face aux périls de nos terres ?
Je ne saurai le dire, je ne les compte plus.
Combien de fois déjà, m’as-tu soutenue face à mes doutes dans cette guerre ?
A chaque instant de joie, sans le savoir non plus.
Arrête le temps pour moi, comme tu le fais souvent..
Fais le cesser, afin que je t’explique simplement..
En ces temps troublés, chaque homme croit à tort
Que pour se montrer digne, il lui faut braver la mort
Quand comprendront-ils, ces enfants de la guerre,
Qu’aux yeux d’une amante, une épouse, une mère,
Il est préférable de penser à une personne vivante
Que de se voiler en se disant « je peux être fière »
Arrête encore le temps pour moi, comme tu le fais souvent,
Et accepte d’écouter les excuses que je t’offre humblement...
Les forces sont nécessaires sur un champ de bataille,
Parfois certains affronts, demandent des représailles,
Mais face à la lâcheté des représentants de Bonta,
Qui ce soir ont eu si peur qu’ils durent m’agresser à trois..
Eux si puissants face à mes sorts de débutante
Je me suis sentie fière comparée à leur bêtise récurrente.
Accepte d’arrêter le temps encore un peu,
Et entends ces quelques phrases pour comprendre un peu mieux :
J’ai couru vers eux, fière et inconsciente,
Par fierté j’aurai voulu y retourner cent fois
Mais mon aveuglement à cessé sans attente,
Lorsque j’ai su ta peine et vu l’état de mon chat.
Pour une fierté qui n’était que la mienne,
J’ai cru ce soir perdre plus que moi-même..
Je t’en prie, encore un instant...
Si tu le veux bien.. d’une minute, un fragment..
Que ces quelques secondes t’apprennent si tu ne le sais déjà,
Qu’au-delà de cette guerre, au-delà de ces douleurs,
Peu importe la cruauté, la bêtise, je serai là
Et pour une confession faite malgré ta gène
Rappelle-toi simplement que la beauté vient de l’intérieur
Tu portes en toi celle que l’on aime
Voilà, à présent que reparte le temps,
Laisse filer les heures, que rien ne les retienne,
Lorsque tu en jugeras le moment,
Je serai présente dans un certain champ,
Pour, si tu le désires, adoucir ta peine
Jetant un regard au chaton endormit, elle s’éloigne un instant et glisse le parchemin sous la porte du palais, puis s’en retourne auprès de l’animal qu’elle prend contre elle, l’enroulant dans sa cape avant de s’éloigner.