La première guerre des Dieux.

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[Amakna, 12 ans après l'accession de Iop au rang de Dieu]

"Soldats, la première bataille que nous devons mener approche.Vous êtes tous volontaires, et je vous ai béni, mais nous sommes encore faibles. Nous devons libérer notre contrée de l'envahisseur. Je suis Iop, Dieux des hommes en cette contrée d'Amakna, Celui qui a mené les hommes vers la liberté, Celui qui a libéré Amakna des Dragons. Et je vous ai confié une partie de mon pouvoir. Ne me décevez pas ! Les troupes d'Ishtar Kahn et de l'Ordre du Hibou reviennent, ils veulent nous reprendre nos terres. Les laisserons nous faire ? NON ! Nous nous défendrons tous jusqu'à la mort, ou la victoire, et nous ne laisserons jamais ce mage de pacotille et ses larbins prendre la terre qui revient de droit à nos enfants. Amakna est à nous, Soldats, et nous le feront savoir au monde entier ! Soldats, la bataille approche."

Une énorme clameur s'éleva des phalanges Iops. Comme un seul homme, tous se mirent à frapper leur boucliers à l'aide de leurs épées enchantées. La rumeur de la bataille était décidément proche, et l'excitation du combat était à son comble. L'amrée que Iop avait constitué était réellement impressionnante. Des années avaient été nécessaires pour l'armer, de l'armure scintillante au casque léger parfait pour le combat rapproché, jusqu'à la cape magique faite pour rendre le combattant plus fort, tout avait été pensé par Iop en personne. Ses nouveaux pouvoirs faisaient merveille au combat. Oui, c'était bien lui, le vrai Dieu de la Guerre. Telle une vague blanche, les Fantassins de Iop avancèrent d'un seul mouvement, dans la plaine de Sobar, où la bataille allait avoir lieu. Les rapides éclaireurs Iops, qui maîtrisaient la téléportation à courte distance mieux que quiconque avaient aperçu les armées d'Ishtar Kahn, et elles approchaient à une vitesse effrayante.

Enfin, les deux armées se faisaient face : au nord, celle de Iop, toute blanche, éblouissante à la lumière du Soleil. Au sud, les troupes de l'ordre du Hibou : les mages, dans leurs robes bleus, semblaient plutôt paisibles, et étaient survolés par les archers-mages, chevauchant leurs Hibous. La bataille promettait d'être violente et acharnée, mais équilibrée. Iop, sur son Tabi, se préparait à lancer la charge, quand soudain, l'inquiétude s'empara de lui : il entendit, venant de l'Est, comme un souffle, et il vit arriver une nouvelle armée, aussi grande que les deux premières, aux couleurs de l'Ordre du Hibou, leurs étendards flottant dans le vent glacé de l'hiver d'Amakna, une longue traînée de sang restant sur leur chemin, une étrange clameur s'élevant de leurs rangs, la voix de la folie. Et il comprit qui était à la tête de ces hommes : Sacrieur, qu'il n'avait pas vu depuis 12 ans. Tout était perdu. Ils allaient être décimé. La rage au ventre, Iop fit sonner la retraite, vers sa forteresse d'Inhsala, creusée à même la montagne qui borde Amakna, pouvant abriter son armée entière. Mais il n'était pas préparé à un siège. La guerre s'annonçait mal...




[HRP] Voilà l'introduction de la suite de la première légende. Elle risque d'être assez longue, peut être en deux parties. La suite le plus vite possible. Cette légende aura pour ambition de raconter l'établissement du panthéon que nous connaissons en Amakna. Apres cette légende, peut être celle de Ryke Errel, qui sera quand à elle un peu moins guerrière, et moins épique... Bien à vous, et bonne lecture.[/HRP]
Les colonnes de l'ordre du Hibou étaient en marche., elles allaient assiéger la forteresse où les disciples de Iop étaient réfugiés, et, avec l'aide de Sacrieur, le Dieu renégats, il allait tous les détruire un à un. Après, enfin, il aurait repris Amakna, et pourra régner, comme il le fit auparavant. Et il récupérera ses Dofus. Plus personne ne pourra l'empêcher de contrôler le monde entier, sa puissance sera enfin à son comble.

Sacrieur, le fou, celui qui avait hérité des Dofus de la folie, avait quant à lui compris. Sa folie le rendait clairvoyant, et il avait compris que les Dofus ne donnaient pas directement tout leur pouvoir. Ils attendaient. Eux mêmes avaient choisis leurs maîtres, et ils voulaient être sûrs de leur choix. Sacrieur avait bien compris que la puissance que les Dofus avaient octroyés aux onze amis n'était rien : ils allaient devenir encore plus puissant lorsqu'ils seront sûrs. Ils seront enfin de vrais dieux, et pourront écraser n'importe quelle armée d'un seul geste. Mais pour le moment, ils étaient encore à l'état de demis-dieux, ce qui avait l'air de convenir à la plupart d'entre eux, mais pas à lui : il devait trahir ses anciens amis pour pouvoir satisfaire les Dofus, et Ishtar Kahn le savait. Et il l'utilisait.

Iop était enragé. Ne pouvant rien faire d'autre que de se cacher, il attendait, mais n'était pas très patient. Il ne l'avait jamais été, mais depuis qu'il avait acquis son nouveau pouvoir, il l'était encore moins. Et les avant gardes de l'ordre du Hibou, juchées sur leurs oiseaux de malheur, hors de portée des épées de ses guerriers. Encore une fois, ils subissaient une attaque, mais cette fois, Iop n'allait pas laisser ses troupes seules : il allait combattre, quitte à perdre la face devant ses hommes. Ils sorti donc d'un pas rapide des sous-sols de la forteresse, où il avait établi son QG.

Ce qu'il vit alors l'effraya : c'était Ishtar Kahn en personne qui menait l'attaque. Il pensait sûrement qu'il allait pouvoir leur porter le coup de grâce. La porte était déjà brisée et les Sacrieurs avait pénétré la première enceinte de la base. Les Hibous tournoyaient dans le ciel, et personne ne pouvait rien y faire. Iop vit ses hommes tomber un à un. Il courait partout pour les aider, il tuait des Sacrieurs par dizaines, tant sa fureur était grande. Il fini sur la plus haute tour de la forteresse, seul, face à face avec Sacrieur et Ishtar Kahn en personnes. Il était perdu, seul face à ses deux ennemis.
Sacrieur, contrairement à Iop, avait bel et bien compris la vrai nature des Dofus, et il avait acquis un pouvoir phénoménal, sachant tout de même qu'il n'était pas à son sommet. Il commença donc par observer Iop, un sourire mauvais au coin de la bouche.

"Eh bien, Iop, mon ami comme on se retrouve...Je pensais bien te revoir un jour...Mais ou sont les autres ? Tous partis chacun de son coté ?"

Avant que Iop puisse lui répondre, Sacrieur avait déjà attaqué, si vite que le guerrier ne pu qu'à peine le voir bouger. Iop eu le souffle coupé, tant la puissance du coup de Sacrieur était grande. Les larmes aux yeux, il se releva, se tenant d'une main le ventre, de l'autre, il sorti son épée de son fourreau ouvragé, une lame qu'il avait lui même forgée, et trempée dans le sang d'un Dragon qu'il avait chassé, mais pas tué. C'était un dragon plutôt bizarre, qui ressemblait plus à un sanglier, ou un cochon... Il l'avait finalement laissé enfermé dans un grotte, certain que personne ne le trouverait jamais.

Iop défia son ancien ami du regard, une lueur de rage brillant dans ses yeux. Il se savait perdu, mais allait combattre jusqu'à la mort. Déja, toute son armée était morte ou en déroute, et ses ennemis l'encerclaient. Les deux généraux Sacrieur et Kahn étaient face à lui, et des milliers de hiboux survolaient le combat des Dieux. Ishtar Kahn était satisfait de son nouvel allié, il n'aurait peut être pas à faire appels aux autres alliés.

Iop pleurait, la guerre était terminée, et il avait perdu. La douleur dans son coeur était insupportable, c'était son orgueil qui avait été touché. Il hurla en se jetant sur Sacrieur, sachant pertinemment qu'il était des centaines de fois plus faible que ce dernier. Mais il ne se contrôlait plus, une aura étrange émanait de son corps. Sacrieur dégaina une dague de la main gauche et une faux de l'autre. Ses armes en main, il était vraiment effrayant, un étrange chapeau de paille sur la tête. Ses instruments de mort volaient à une vitesse impressionnante, et Iop parait avec difficulté, comprenant sans peine que Sacrieur s'amusait avec lui, qu'il pouvait le tuer à tout moment. Au bout d'un moment, Ishtar Kahn en eu marre de ce jeu stérile et leva la main, c'était le signal convenu avec son armée pour qu'ils fondent sur Iop, et le tuent.

Alors les milliers de Hiboux tombèrent en piqué vers Iop, Sacrieur s'écarta, et Kahn fut satisfait, il avait repris Amakna.
Les hiboux s'acharnaient sur Iop, qui se défendait comme il le pouvait, percé de toutes part par les lances de ses ennemis, il sentait la vie le quitter. Mais tant qui tiendrait sur ses jambes, il allait se battre.

Les Dofus comprirent qu'ils avaient bel et bien trouvé leur maître.

Et Iop devint définitivement un Dieu.

Une immense colonne de lumière submergea la mêlée. Ishtar Kahn senti son estomac se nouer, la peur l'envahit pour la première fois, il ne pouvait que sentir l'énorme puissance qui émanait de Iop.

L'épée du Dieux fauchait ses ennemis, comme s'ils n'étaient pas là, les hommes et leurs montures volantes étaient tranchées en deux, du poing, Iop envoya valser une poignée d'hommes à l'autre bout du champ de bataille. Avec un hurlement de rage, il envoya une incroyable décharge de puissance et rasa la moitié de la tour où se déroulait la bataille, obligeant Sacrieur à esquiver, et Ishtar Kahn à se protéger à l'aide d'un sortilège de protection.

Un sourire de folie se dessina sur le visage de Sacrieur. Il allait enfin pouvoir se battre contre un vrai Dieu, même si il allait se faire tuer d'un seul coup, il aurait au moins fait ça avant de mourir. Au moment ou cette pensée traversa son esprit, il senti une nouvelle vague de pouvoir déferler en lui... Et si lui aussi était devenu un VRAI Dieu... Il n'y avait qu'un seul moyen de le voir. Ses armes toujours en main, il se jeta sur Iop, et effectivement, il put lui tenir tête. La force brute contre l'agilité, le combat était de nouveau déséquilibré pour Iop, seul contre un Dieu, un mage plus puissant même qu'un Dieu, et l'armée qui va avec. Iop, d'un énorme bond, sauta au bas de la tour, au milieu de la plaine qui bordait la forteresse, il serait mieux pour combattre, et tuer le plus d'hommes possible avant de mourir...

Soudain, le silence se fit sur le champ de bataille. Une flèche venait de traverser la plaine pour se ficher exactement entre les deux yeux du Hibou de Kahn, qui dut terminer à pieds. Tous les regards se tournèrent vers l'origine de cette flèche, et un groupe de quatre hommes se dessina sous la lumière du soleil. Ils s'approchèrent, et Iop en profita pour s'écarter de la mêlée. Ce groupe était constitué plutôt de trois hommes et d'une femme. Une étrange aura émanait d'eux, la même que celle de Iop et de Sacrieur. Des Dieux. Le premier, celui qui avait un arc était facilement reconnaissable. Ses cheveux roux brillaient, et retombaient en larges boucles sur ses épaules, où reposait une cape d'un vert foncé. Ses vêtements étaient tous verts, de ce même vert foncé qui rappelle la couleur des feuilles dans la forêt. Il tenait un arc de bois immense dans sa main. L'autre homme se tenait sur un bâton, il était habillé comme un berger, avec des vêtements en laine de bouftou. Puis la vision de la femme réchauffa le coeur de Iop. Celle dont il avait toujours été amoureux. Toujours habillée de sa robe rose et blanche. A la différence que maintenant, elle planait, à l'aide d'ailes bleus, dans son dos, une baguette dans la main. Enfin, le dernier homme était étrange, on pouvait le reconnaître grâce à ses traits, mais il était métamorphosé, sa peau, son visage et sa démarche féline laissait à croire que c'était un chat, il avait une épée particulière dans sa main, constituée de neuf queues...

Crâ, Féca, Ecaflip et Eniripsa.
La guerre n'est pas terminée.
Ils étaient maintenant cinq. Iop était fier de revoir ses amis, comme lui au rang de véritables dieux. Chacun pouvait terrasser une armée normale d'une seule pensée. Mais l'armée qu'ils avaient en face n'était une armée ordinaire. déjà, Kahn avait rappelé ses alliés, et son armée était à présent immense, au moins le double de celle de Iop. Crâ avait amené ses archers d'élites, les autres Dieux n'ayant pas monté d'armée, leurs buts n'étant à l'origine pas belliqueux. Eniripsa, quant à elle, avait emmené avec elle ses deux garçons, qu'elle présenta à Iop.

"Iop...Voici...mes deux fils...jumeaux...ils se nomment Ryke Errel et Vlad..."

Eniripsa savait depuis toujours ce que Iop ressentait pour elle, mais il ne laissa transparaître aucune émotion. Il demanda quand même :

"Et...qui est leur père ?"

"Sacrieur."

Iop fut surpris, mais il essaya de se contenir. Craignant un accès de rage, Féca s'interposa tout de même entre Iop et la jeune déesse. Mais Iop ne fit rien. Finalement, il s'en alla. Ecaflip le suivi dans son QG, pour se renseigner sur les troupes disponibles. Crâ et Féca restèrent avec Eniripsa, pour soigner les blessés et terminer de réparer les défenses de la forteresse.




Plus loin, dans la forêt bordant la plaine, près des montagne où la forteresse de Iop se dressait, Ishtar Kahn enrageait, mais il savait que sa victoire était proche. ils avaient certes subit beaucoup de pertes, mais ses alliés de l'ordre de Loup et de l'Ours avaient plus que renforcé leur armée, en triplant leurs effectifs. Bientôt, l'attaque finale serait lancée, et Amakna serait à lui. La bataille, il en avait décidé ainsi, se déroulerait dans la plaine, une bataille rangée où il aurait l'avantage des airs et du sol grâce aux forces de ses alliés.




Xélor, dans sa tour, avait vu le futur, et il s'annonçait mal pour ses amis. Il se devait d'aller prévenir Enutrof, Sadida, Osamodas et Sram. Les deux premiers seraient facile à retrouver, mais pour les deux derniers, ils étaient ensembles, partis pour le Nord raisonner les filles de Sram, Bonta et Brakmara, en guerre fratricide. La guerre promet de durer, se disait Xélor. Que le futur que j'ai vu ne soit pas celui d'Amakna, je l'espère pour ses habitants des prochains siècles.
Ce sera finalement une bataille rangée. Ils l'avaient prévu. Crâ et Iop s'étaient concertés, et ils étaient arrivés à la conclusion selon laquelle il valait mieux terminer le combat dans la grande plaine qui bordait la montagne.

-Sires, ils arrivent, nos troupes viennent de commencer à se mettre en ordre de bataille, et l'armée ennemie est déjà en marche. Nous auront à peine le temps de nous placer.

C'était Cania, général des troupes de Iop qui venait d'arriver. Il avait toute la confiance du dieu, et était un meneur d'homme au courage exemplaire.

"Eh bien, va vite faire de ton mieux pour les motiver !", répliqua Iop, agacé. La bataille était encore une fois presque perdue d'avance, ce qui ne l'enchantait guère. Même s'il était un dieu, il ne l'était depuis peut être pas assez longtemps pour pouvoir prétendre à l'immortalité.

Quelques dizaines de minutes plus tard, les deux armées se faisaient face. Les hommes des guildes des Mages du coté de la plaine. Ceux des nouveaux Dieux dos à la montagne. Il n'y avait de toute façons plus d'autre échappatoire. Autant mourir au combat, en espérant que la chance allait leur sourire.

C'était diablement beau, tant d'hommes et de femmes, rassemblés là, en rangées parfaites. En premières lignes étaient les restes épars de l'armée de Iop, toujours resplendissante malgré toutes ses pertes. Des dizaines et des dizaines de guerriers dans leurs armures blanches, les boucliers frappés du sceau de Iop brillant dans le majestueux soleil matinal. Le général Cania dirigeait les troupes, et comme à l'accoutumée, il allait charger en première ligne.

L'armée de l'Ours était devant, ses soldats massif faisait même de l'ombre aux autres du loup, plus élancés, juste un peu en retrait. Les mâchoires claquaient dans le vide, les museaux ruisselaient de sueur et de bave, la rage consumait tous les esprits. La bataille promettait d'être sanglante.

Crâ était en retrait. Il dirigeait calmement et silencieusement ses archers, qui eux, n'avaient pas d'armures. Leurs bottes étaient blanches et bleues, des plumes volant au rythme des courants du vent. Des casques à crêtes aux couleurs de leurs bottes flottaient aussi au gré du vent, comme pour contraster avec la précision de leurs flèches, qui le fendaient mieux que n'importe quoi. Crâ murmura quelques paroles, et comme un seul homme, ils bandèrent tous leurs arcs.

Et ils tirèrent. Ce fut le signe du déclenchement de la bataille. Les deux armées se ruèrent l'une sur l'autre. La bataille fut courte. Les archers de crâ égalaient largement ceux du Hibou juchés sur leurs montures volantes, mais ils étaient moins nombreux, et tombèrent un à un. Il en allait de même pour les Iops. Iop était devant, se battant avec rage, faisant tomber les soldats de leurs hiboux ou de leurs loups. Finalement, les trois Mages du Loup, du Hibou et de l'Ours se jetèrent sur lui. Leurs sorts se déchaînant dans une pluie de lumière effrayante. Iop tenait le coup, mais était au bord de la mort. Dans un hurlement, Kahn lança un éclair vert, destiné à le tuer. Un cri perçant, puis plus rien. La mort avait frappé. Les deux armées avaient cessé de respirer, le général des armées de Iop avait péri.

Mais ça n'était pas celui que l'on croyait. Cania s'était jeté devant son dieu pour le sauver, et il en était mort. Son corps gisait par terre, à la place de Iop. Kahn avait échoué ce coup ci, mais il avait repris ses esprits plus vite que les autres. Les deux armées étaient mélangées, avaient cessé de se battre pendant un court moment. Un deuxième éclair vert parti de Kahn, mais il furent dévié par une lumière aveuglante venue du Nord.

Une rumeur sourde partait de la direction d'où était venue la lumière. Des milliers de fidèles de Sadida étaient là, alignés au sommet d'une colline, murmurant un chant de guerre, tapant de leurs immenses poings sur leurs larges torses.

La plaine, aujourd'hui appelée plaine de Cania, retenait son souffle.

Sadida et Enutrof avaient répondu à l'appel de Xélor.
La barbe d'Enutrof était poisseuse. Il grommelait depuis que Xélor l'avait trouvé dans une mine, puis ramené, qu'il n'avait pas eu le temps de se laver, et que ça ne plaisait guère aux jeunes filles. Mais Enutrof savait que ses amis étaient en danger et qu'il fallait se presser...et puis, on n'en trouve pas beaucoup, des jeunes filles, dans les batailles.


La sueur coulait entre les poils de Sadida. Xélor, son vieil ami, l'avait cherché pendant des heures. Mais même quand on est un dieu, il n'est pas facile de retrouver un Sadida qui dort ! Sadida était excité. C'était la première fois qu'il menait ses disciples à la bataille. Les chants de guerre composés à la va-vite résonnaient sans interruption dans la plaine de Cania. L'effet rendu était saisissant : les deux armées, surprises, avaient cessé le combat pour comprendre d'où venait cette clameur. Les grognement des Sadidas, alignés par milliers dans un désordre total, étaient effrayant, même pour les armées expérimentées des Mages. Sadida ouvrit péniblement les yeux et hurla si soudainement que même ses disciples en sursautèrent.



Les trois mages n'eurent même pas le temps de se concerter, les troupes fraîches de Sadida commençaient déjà à dévaler la pente en courant et hurlant, agitant frénétiquement leurs bâtons. Ils en étaient presque risibles. Les archers étaient déjà prêts à n'en faire qu'une bouchée quand, soudainement, presque à portée de flèche, ils s'arrêtèrent d'un coup. Un lent murmure parcouru leurs rangs et ce fut la terre qui se mit à trembler sous l'armée des mages. Le sol se fissura tandis que des ronces jaillirent sous les pieds des soldats, les saisissant aux chevilles, leur lacérant leurs corps, brisant les armures, les épées, tout ce qui se trouvait à leur portée. Les armées des mages commençaient à paniquer, d'autant plus que les contre-sorts de Xélor empêchaient leurs chefs de les défendre.




- Ces Dieux mènent Amakna à sa perte ! Seuls les mages pourront rétablir l'ordre que ces imposteurs ont rompu !

- Ce n'est plus la guerre entre nos villes qui compte, à présent, nous nous battons non plus pour des querelles ridicules, mais pour le futur d'Amakna, et la préservation de notre indépendance !


A l'Est de la plaine de Cania, un peu à l'écart de la bataille, les étendards des deux soeurs claquaient dans le vent, pour la première fois côte à côte.



Il était temps pour les villes jumelles de Bonta et Brkmar de montrer leur puissance à leurs pères.
Les deux soeurs chargèrent comme elles ne l'avaient jamais fait l'une contre l'autre, menant leurs armées avec l'expérience que seuls ont les grands généraux, malgré leur jeunesse. Filles de Dieux, leur puissance rivalisait presque avec celle des mages de l'Ordre du Loup et de l'Ours, mais Ishtar Kahn restait le plus puissant, et, en grand stratège, il décidait de tout. C'était au tour des Dieux de craindre la défaite, maintenant que l'équilibre avait été rétabli. Mais tout le monde se battait comme des forcenés, taillant de leurs épées, fauchant de leurs flèches ou écrasant de leurs bâtons l'adversaire, tandis que les magiciens s'en donnaient à coeur joie, leurs sorts de soutient, ou de destruction, semant la mort dans les rangs des deux armées.

Iop était en première ligne, Il n'avait pas pu pleurer la perte du Général Cania, qui était presque un frère pour lui, mais sa rage n'en était que décuplée, et personne n'osait s'en approcher. Soudain, deux éclairs aveuglant frappèrent le sol juste devant lui. Oui, il fallait bien être les filles de Sram pour avoir le cran de s'attaquer au Dieux Iop. Bonta et Brâkmara maniaient l'une comme l'autre une sorte de bâton dont les extrémités étaient constituées de lames plus tranchantes encore que les crocs de Bolgrot. Le combat était inégal. Les deux soeurs étaient filles de dieu, et Iop contenait avec peine leurs attaques, d'autant plus que leurs styles étaient complémentaires. Avec la nuit s'acheva ce combat sans qu'aucun vainqueur ne se dégageât, et les deux soeurs s'éloignèrent du Dieux en lui promettant de terminer ce qu'elles avaient commencé au plus vite...





Les émissaires des deux armées rivales avançaient avec peine dans la plaine, sous le regard des soldats restés en retrait. Un armistice avait été déclaré d'un commun accord, permettant aux armées de se reposer, et soigner ses blessés, dans l'attente d'une nouvelle bataille. Mais au bout de quelques minutes de négociations, une solution pour abréger cette guerre fut choisie. Un Champion, choisit parmi les soldats, serait désigné dans chaque camp, et se battrait pour son étendard. L'armée du vainqueur sera celle qui gouvernera le continent d'Amakna. Ishtar Kahn lui-même était à l'initiative de ce duel, sachant pertinemment que son champion sera le plus puissant.

Un cercle immense fut formé par les deux armées, les armes et armures furent déposées aux pieds des guerriers. Ishtar Kahn libéra de leurs chaînes les deux tonnes de muscles du Meulou, qui s'avancèrent au centre du cercle, avec une rapidité et une sveltesse étonnante au vue de leur masse. Tout le monde trembla à la vision de ce monstre cauchemardesque et aucun soldat de l'armée des Dieux ne semblait vouloir se porter volontaire au suicide qu'était ce combat perdu d'avance. Mais un homme, si c'en était bien un, s'avança finalement. Pâle comme la mort, il portait un accoutrement effrayant : il était couvert d'une robe noire et une cape constituée uniquement de plumes d'un noir de geai, telles celles des corbeaux qu'invoque Osamodas. Un soldat de l'armée des mages, fier de lui avoir trouvé un sobriquet, s'écria : "Mais qui voilà ? Ils nous envoie le Maître Corbak contre notre Meulou ! Ils sont désespérés ces Dieux !". Les rires de toute son armée résonnèrent dans la plaine.

Soudain, le silence se fit. La cape du Maître Corbak était en fait une paire d'aile qu'il déploya majestueusement, tout en dégageant des plis de sa robe une faux à l'aspect redoutable, encore tachée de sang, qu'il traîna lentement derrière lui, laissant avec un crissement insupportable une tranchée dans le sable, en s'approchant du centre du cercle, où se tenait le Meulou.

La mort semblait prête à se battre.
Le Meulou se jeta avec toute la bestialité caractéristique à son espèce sur son adversaire. Le maître Corbak n'eut aucun mal à éviter l'immense patte du monstre, d'un mouvement précis. Ce dernier essayait tant bien que mal à l'atteindre à la gorge, comme à la chasse, quelques secondes avant de dévorer ses victimes. Mais celui-ci était bien plus agile et rapide que ses proies habituelles, bien plus que lui même. Mais le Meulou ne se faisait pas de telles réflexions, il se contentait de balayer l'air devant lui, ses larges griffes sifflant, tandis que ses grognements tonnaient. Soudain, il sentit une légère résistance, il l'avait touché ! Le maître Corbak retint un cri, et s'écarta d'un bref bond en arrière, le temps d'examiner sa blessure. Elle n'avait rien de superficiel, son biceps gauche avait été touché, et il ne pouvait plus que se servir de son autre bras pour retenir sa faux. Il faudrait rapidement abréger le combat. Le Meulou se jeta sur lui, décidé lui aussi d'en finir rapidement. L'excitation à la vue du sang mêlée à sa fureur décuplaient ses forces et sa rapidité, et son adversaire ne pouvait qu'éviter tant bien que mal ses coups, qui seraient à coup sûr mortels, en attendant une ouverture.

En un instant, à peine un clin d'oeil, ce fut terminé.

Le Meulou s'effondra par terre, terrassé par un unique coup de faux, le premier, et le dernier du combat, juste à la base de son cou. Le Maître Corbak récupéra son arme et la rangea dans les plis de sa robe, sous les hourras de ses compatriotes, quand un grondement sombre parcouru les rangs de l'armée adverse, des cris de douleur et des bruits de chocs se répandirent et un second Meulou surgit dans le cercle. Bien qu'il était plus petit que le premier, le Maître Corbak était affaiblit par sa blessure et le combat, et il sentait la mort approcher...

Le coup mortel fut arrêté dans un énorme bruit métallique. Enutrof, le visage grimaçant, tenait d'une seule main la pelle qui avait bloqué la patte du Meulou, les griffes crissant sur le métal. Il frappa la bête à la base d'une de ses pattes qui lui servaient à tenir debout. Le monstre trébucha l'espace d'un instant, ce qui suffit à Enutrof pour, de sa main libre, lui saisir l'échine et le forcer à mettre la tête sur le sol. D'un dernier coup de pied, il lui brisa le cou, dans le silence des deux armées.

- Nous n'admettons pas que les règles établies soient bafouées
, dit il simplement, avant de lentement retourner parmi les rangs de son armée.

Le Maître Corbak s'effondra, épuisé par le combat.
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