(Voilà un texte que j'ai écrit il y a quelques temps déjà, il n'est pas tiré de l'univers de World of Warcraft proprement dit mais il s'en rapproche, j'ai pensé qu'il pouvait être partagé)
Lettre d'un soldat
Ma bien aimée,
Je t'imagine assise près du petit muret de notre jardin, parcourant fébrilement les premières lignes d'une lettre que tu attendais depuis si longtemps.
J'imagine les rayons du soleil caressant ton si beau visage et les oiseaux accompagner ta lecture...Je me plais à dessiner tes traits dans mon esprit, au cœur de notre pays, là bas, dans les prairies de l'ouest.
Ici à fort Camur, je ne compte plus les jours où je n'ai plus aperçu un coin de ciel bleu.
Les armées de Zenon le maudit encerclent le fort. Des hordes de gobelins et d'orcs enragés attaquent régulièrement les remparts et beaucoup d'hommes perdent la vie à chaque jour qui passe.
Retranché dans les souterrains du fort, à peine éclairé par une lanterne en fin de vie, je trouve l'encre, le papier et encore quelques forces pour te parler de moi...de nous, les hommes de Camur, qui sans répit, repoussons les innombrables ennemis du royaume.
Mais sous cette faible lueur qui m'éclaire dans les ténèbres de cette guerre sans fin et sans but, je pense à toi, je pense à nous, parcourant les landes du pays. Je revois ton sourire et ton regard bouleversant mon âme, rendant ces instants de complicité si uniques et qui me disaient intérieurement: "Voilà ce qu'est la vie, aimer et être aimé, ici il y a un sens."
Dans les cris de tourmentes des cœurs vaillants déchus, je repense à ta voix et à tes rires,
Dans la dureté de l'acier et la froideur de la roche, je repense à ton corps contre le mien, enlacés.
Au milieu des visions de violences et de malheurs, je me replonge dans tes yeux enchanteurs.
Au goût amer d'une bataille qui n'eut jamais dû naître, j'imagine mes papilles rencontrer les tiennes dont l'arôme est l'égal du nectar des dieux.
A l'odeur lourde et putride de la chair entaillée et décomposée, j'impose le parfum de ta beauté et de ta légèreté.
Fort Camur, plongé dans la guerre, souffre inlassablement des assauts du mal, et mon coeur s'affaiblit à chaque jour qui passe de ne plus te revoir...bientôt le fort tombera et je tomberai avec lui.
Dans les yeux de mes camarades, je vois mon propre regard, si triste et en même temps si serein...nous sommes au cœur d'une folie mais nos cœurs sont ailleurs, près de nos proches, près de toi. Nous nous battrons jusqu'à la fin, pour le royaume, pour l'honneur, mais surtout pour ce qui nous est le plus cher. Voilà ce qu'est la vie, aimer et être aimé, ici il y a un sens...le reste importe peu.
Un soldat de Fort Camur
Narrateur: Fort Camur résista pendant deux semaines aux assauts des orcs et des gobelins de Zenon le maudit, puis finit par tomber. Quelques jours avant la chute du bastion, un soldat rédigea une dernière lettre à son aimée mais il ne la signa pas de son propre nom.
Il savait qu'elle n'arriverait jamais à destination, mais cela importait peu, cette lettre était celle de tous les soldats.
Au milieu des vacarmes et des tueries, de la fatigue et de la souffrance, ils avaient tous le même regard, celui d'un soldat de Fort Camur, triste mais serein, car ici, à l'aube de la mort, la vie des vaillants avait trouvé son sens.
|