<Cela faisait plusieurs semaines que la compagnie militaire menée par Ingwel était installée à Hartlepool. Lorsqu'ils étaient arrivés, ils avaient trouvé une terre ravagée par le feu. Cette dernière, labourée, était encore aux aveux des milliers de pas qui l'avaient foulés, massacrant l'herbe qui se trouvait alors autour de la cité. Les quelques villages aux alentours n'existaient que par les contours fantomatiques des ruines qu'on aurait dites encore fumantes dans la brume matinale. Lieu de désolation et de peine, balafré de signes de la douleur et de la mort.
La cité encore majestueuse, ne cachait pas ses flancs éventrés par les munitions des catapultes et autres trébuchets. Son apparence faisait naître en l'esprit de ceux qui s'approchaient, des sentiments douloureux et tortueux. Elle racontait son histoire, écrite à présent sur les pierres assombries ou rougies de ses murailles, qui tels mille yeux, s'étaient fait témoin du drame odieux.
Le temps avait fait son oeuvre et la flore avait ressuscité de ses cendres à plusieurs endroits. Ici des parcelles en friches, où les squelettes étendus, semblaient continuer à ramper au sol pour fuir le combat. Là bas, l'herbe avait repoussé de manière plus régulière comme si le temps avait passé sur elles, sa main réparatrice. Mais par endroit, la terre restait vierge et sombre dans un hommage improbable au sang qui avait trop coulé, témoignant du passage des vagues d'assaut successives données par les troupes de Midgard, qui s'étaient jetées sur les murs comme la mer se brise sur les falaises rocheuses. Le donjon tenait son imposante masse élevée vers les cieux comme pour défier les dieux. Il avait tenu bon jusque dans la défaite et résistait à présent aux assauts du vent.
Une fois rentré dans l'enceinte de la cité on était d'abord frappé d'effroi en apercevant les innombrables squelettes qui jonchaient le sol comme un tapis mortuaire. Beaucoup restaient figés ainsi qu'ils furent tués avec, plantées, ici dans le bras, là dans la jambe ou le côté, différentes armes, du javelot à l'épée. Les bâtiments de la cité avaient tous été brûlés ou détruit par les pluies de jet de pierre des machines de sièges. On devinait aux os dans les décombres, le nombres de famille, d'enfant, de femmes et de combattant, qui avaient péri dans l'effondrement de ceux-ci. Les fondations de pierre encore présentes laissaient apercevoir les tracés des rues, et faisaient vivre l'emplacement des maisons, qu'on imaginait se dresser, nombreuses et peuplées, dans l'enceinte de la cité. Mais le vent à présent soufflait dans les ruines et sifflait lugubrement comme la mort rappelant les âmes. Des amas de squelettes entassés dévoilaient ce qui s'était déroulé, des petits noyaux de résistances, éparses, dans la furie du combat, acculés ou encerclés par les hordes de barbares... et massacrés sur place, les corps meurtris tombant lourdement, comme les branches d'un chêne trop âgé. On pouvait les imaginer s'entasser ici, érigeant eux même le tertre de leur vie... On remarquait alors en sortant d'une stupeur aux formes étranges d'indicibles horreurs, que la plupart des murailles de la cité étaient intactes. Seuls certains endroit avaient été victime d'un acharnement sévère de la part de plusieurs machines de guerre. Des squelettes aux os brisés sous les décombres de quelques pans de mur écroulés ici, et là, certains à moitié ensevelit, le regard vers le ciel, les doigts crispés sur les blocs de pierre, tentant de s'extirper dans un dernier effort surnaturel.
La plupart des structures de défenses étaient encore en bon état. En outre le pont levis n'étaient plus là. Les douves étaient remplies de fagots de bois sec comme les os calcinés qui s'entremêlaient aux branchages, de ceux qui étaient tombés des remparts ou alors, avaient été piétinés aux pieds de ceux ci, trahissant l'incroyable violence avec laquelle, les barbares avaient mené leur assaut. Les herses rouillées et souillées de sang coagulé des deux grandes portes de la cité, avaient été relevées et se trouvaient inclinées, bloquées dans leurs conduites.
La Forteresse, sujette à l'assaut finale, était quant à elle défigurée. Ses murailles croulantes, défoncées à grand renfort de boulets de pierre, se tenaient encore par endroit, comme un vieillard voûté sur une canne mal ajustée. Ingwel avait décidé de faire monter le campement dans l'enceinte de la forteresse et d'investir le donjon, dans un état jugé suffisamment bon, pour y installer son quartier général et les quartiers des officiers.
Le donjon, noircit par endroit par les fumées épaisses des incendies provoqués par les assiégeants, conservait une couleur blanche passée. On l'aurait dit être blême... comme s'il était resté choqué des évènements qu'il avait vu se dérouler devant lui et en son corps. Les squelettes éparpillés, l'odeur nauséabonde de la chair pourrie et récemment séchée, lorsque les corps n'avaient pas tous été mangé par des bêtes sauvages en plus du passage brutal des trolls affamés pendant la bataille, retournait le cœur. La pierre avait bu le sang qui avait du couler à flot, si bien que les pieds devaient y tremper pendant l'assaut. Charge menée contre ce dernier bastion où les ultimes défenseurs qui n'avaient pu ou ne s'étaient résigné à fuir avait péri jusqu'au dernier dans un combat furieux et héroïque. Dans les couloirs, ont ressentait encore l'atmosphère rageuse du combat, les traînés de sang sur les murs guidant la progression et retraçant les mouvements des soldats qui défendaient la place. Ici, l'emprunte sanglante d'un visage, là d'une main. Ici, sur le mur, les traces d'une griffure frénétique d'un guerrier qui s'était raccroché à la vie avant de succomber dans la douleur, le ventre ouvert, les côtes brisées. Un autre la-bas dont le crane écrasé se trouvait dans l'ouverture d'une meurtrière, certainement encastrée-la, par la poigne géante d'un troll dans une furie sanguinaire.
Ces visions d'horreur constituèrent le comité de réception, des troupes d'Ingwel en la cité abandonnée>
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Ingwel Kenneth McAvoy
Détenteur de la hache de justice "Gillivray"
Disciple du mage Avygeihl et vassal du Seigneur de Monkchester
Capitaine de Deira
"Nemo Me Impume Lacessit"
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