La forêt semblait vouloir l'arrêter. JanJak courait, essoufflé, le coeur battant à tout rompre. A chaque pas, son corps lui hurlait de s'arrêter, de s'asseoir, de se reposer, de s'allonger et rester des heures sans bouger. Partout autour de lui, JanJak voyait des ombres le poursuivre, la folie s'emparait de son esprit, en même temps que la fatigue prenait son corps.
Arrête toi, JanJak, ça ne sert à rien de fuir comme ça. Arrête toi et attends les, ils t'emmèneront et tu sera tranquille, tout sera terminé.
JanJak hurlait au milieu de la forêt, comme pour couvrir toutes ces voix qui lui parlait dans sa tête. Comme pour faire peur à la Peur elle même. Mais elle restait malgré tout, elle empirait même. Mais surtout, les voix continuaient de l'exhorter à rester.
Et JanJak revoyait tous ces morts : son frère, ces deux étranges Eniripsas, sa mère, et aussi son père, qu'il avait cru mort tout ce temps. Mais les souvenirs restaient obscurs, il ne pouvait pas se rappeler. Il ne se souvenait de rien, de rien du tout, et c'est ce qui le rendait fou. Tous ces morts...pour rien ?
Mais non, JanJak, non...l'héritage, tu devais les tuer pour l'héritage.
L'héritage ? JanJak mis un moment à comprendre ce que les voix voulaient dire. Oui, bien sûr... L'héritage de son père, l'homme le plus riche de la région. Je...je les aurait donc tué pour ça ? Pour de l'argent ? DE L'ARGENT !
C'en était trop pour le féça, qui trébucha sur une racine et tomba, se cognant la tête sur une souche d'arbre.
JanJak...JanJak...réveille toi...C'est maman...réveille toi, mon fils...
JanJak leva les yeux...ce n'était donc qu'un rêve...un cauchemar...rien n'était vrai...Avec un sourire, JanJak releva la tête... C'était bien sa mère qui était là, près de lui, sa présence l'avait toujours rassuré...Mais là, JanJak ne put retenir un haut-le-coeur, puis des larmes...Sa mère, si belle autrefois, était là, au dessus de son visage, si près de lui...avec un sourire si...effrayant, d'une blancheur cadavérique, mais surtout, ses orbites étaient vides.
JanJak essaya de se dégager de l'étreinte maternelle, qui n'avait maintenant plus grand chose de maternelle, mais il ne le pouvait même pas. Sa mère le serrait très fort, trop fort contre elle. Elle s'était mise à pleurer, des larmes de sang coulant le long de ses joues creusées. Elle pleurait, et elle chuchotait à JanJak, comme une mère peut chuchoter des mots d'amour à son fils. Pourquoi, pourquoi mon fils...Tu m'as tué, dit moi au moins pourquoi...Je t'aime tant, JanJak, et toi...tu m'as tué...Pourquoi JanJak...JanJak...JanJak...
"JanJak ! Eh ! JanJak ! Réveille toi ! Eh ! Ca fait des heures que je suis là JanJak, c'est qu'un cauchemar !"
Ces yeux, vides, et ce sourire...le cadavre de sa mère, encore là...combien de temps encore allait-il le hanter...JanJak se leva d'un bond et se préparait à s'enfuir, quand il se ravisa. Non, c'était Nostradamus, son ami, le sram.
"JanJak, viens avec moi, on va fuir en Amakna. Mais avant, on a des choses à faire, des gens à aller voir, et ta mère à venger. J'ai appris des trucs incroyables, JanJak. allez, viens avec moi, j'ai beaucoup de choses à te raconter..."
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