Une main traversa la lumière et agrippa mon bras tendu, je pus sentir mon corps attiré violemment vers le haut, s’élevant au-dessus du sol. Mais là s’arrêta le rêve et la brutalité de la réalité me revint en pleine face quand s’écroula sur moi Svenkil, dont le sang s’écoulait à grands flots sur le sol.
Je mis quelques instants à reprendre mes esprits, à comprendre que ma vie ne s’était pas arrêtée, à entrevoir les raisons de la présence de ce soldat de mon père à mes cotés. Tendant mes bras pour le retenir, je l’empoigne, l’accroche, tout en essayant de comprendre le pourquoi de sa présence. Mais il ne m’apprit rien et, tombant au sol, m’emporta dans sa chute, drainant avec lui les réponses à mes nombreuses questions.
Je me relevais au milieu de la route détrempée par l’orage. Découvrant la macabre désuétude de l’étincelle de vie qui m’avait jusque là permit de tenir. Même si j’eus toujours espéré, à cet instant précis j’aurais préféré être oublié. Partout autour de moi n’étaient que mort, les cadavres des braves, humains, elfes, nains et autres races, barbares mais aussi soldats, pour la plupart du domaine de mon père, tous étaient morts. Ici un elfe tenait dans sa main gauche son propre bras droit, le regard encore crispé de cette vision d’horreur. La pluie cessante avait créé de fines rivières de boue et de sang, l’odeur camouflé par la pluie ne tarderait pas à apparaître et il me fallais quitter cet endroit, laisser ici les camarades d’enfance qui avaient péris.
Mais à nouveau l’horreur m’arracha à mon empressement. Posant les yeux, les bras balans, le long de mes vêtements couverts de sang et de boue, mon cœur en avait trop vu, mon esprit trop enduré, et je restais hébétée devant cette nouvelle. Car à quelques mètres gisait le corps de mon père, un corps mutilé et sans vie, entouré des hommes les plus puissants du village, Rafnulg le forgeron, Thorgal le chasseur et Bragi l’éclaireur, tous étaient de redoutables adversaires, et devant chacun d’eux une bonne dizaine d’adversaires avaient succombés, mais je ne pus éprouver la moindre satisfaction quant à leur glorieux combat, la tristesse était en moi et surpassait tous les autres sentiments.
J’avançais lentement vers mon père, le pas imprécis, titubant, puis trébuchant sur un caillou mis à jour par la pluie. M’effondrant dans la boue, et je n’eus l’envie de me relever. Peut être était-ce la force qui me manquait, prenant le temps de temps de pleurer, mes larmes s’ajoutant aux gouttes tombées du ciel, aux larmes divines comme aimait à me le dire Idiego. Feignant de ne pouvoir me relever, où de ne vouloir me relever, je laissais mon âme se reposer et je fermai les yeux sur l’horreur qui m’entourait.
Le réveil qui suivit fut moins brutal, mais bien plus surprenant, je ne reconnaissais rien, la chambre exiguë dans laquelle j’étais alité ne me revenait point en tête. Le lit drapé de soie, les tapisseries exotiques, et l’éclatant miroir dans le coin m’étaient totalement étrangers. Soudain, au fond de la chambré, une porte s’ouvrit, laissant entrer une gnome qui me salua promptement en entrant. Elle vint rapidement près de moi et m’empêcha sans grand mal de me relever, m’expliquant que je devais reprendre des forces avant tout. Sans chercher à comprendre, je pris le maigre repas qu’elle m’offrit, un repas probablement adapté à un gnome, mais sûrement pas à une demi-elfe extrêmement affamée comme je l’étais.
Je restai alité durant plusieurs jours, sans que jamais les deux gnomes, Greta et Lübert ne m’interrogèrent sur ce qu’il s’était passé sur la route, peut-être comprenaient-ils dans mon regard que je me posais suffisamment de question à moi-même sans qu’ils en aient à rajouter. Ce n’est qu’au quatrième levé du soleil que je décidais à les abandonner … Ils ne me demandèrent rien, et je ne pus ne leur offrir que mes plus profonds remerciements, tout en cherchant au loin le regard d’Agnar sur la route que j’allais prendre. Il était clair dans mon esprit que je ne rentrerais pas au pays. Le poids de la mort de tous ces hommes par ma faute auraient été trop dur à porter, mais pire encore, plusieurs fois durant ma convalescence je me pris à penser ce village sans avenir, les hommes furent nombreux à mourir au combat. La famine frapperait certainement cette terre pour laquelle je n’ai jamais voulu régner … Ainsi ais-je décidé de prendre la route vers l’aventure, comme l’eut autrefois fait Idiego…
Faisant une dernière prière à Agnar, j’entamais m’a traversée des terres inconnues, deux idées m’interpellant sans cesse, me venger, et protéger un grand nombre de villages des attaques de ces barbares. Mais mon début de voyage fut bouleversant. Il me donna l’impression d’être aussi inculte qu’un enfant. J’appris ainsi que le monde été séparé en deux, entre Light et Dark, les premier comptant dans leur rang un grand nombre de braves, ce qui ne pouvait me conduire qu’à la conclusion qu’il fallait purger ces pauvres light de la vermine autoproclamée « brave » ! Ainsi m’a route me conduisit vers le nord vers le territoire Dark, où l’ont me contait que nombre de royaumes auto proclamés existaient. Qu’ils se faisaient régulièrement la guerre. Mais qu’ils feraient sûrement de bons alliés. Bien mal m’en appris de croire que j’allais, moi, simple barde, tenter de les rallier pour affronter la vermine brave et libérer les peuples Lights opprimés par ceux ci.
Cela faisait bien deux mois que mon voyage avait commencé, allant de taverne en taverne. Gagnant ma vie des quelques sagas que m’avait fait apprendre par cœur Idiego dans ma jeunesse. Agnar ne m’avait heureusement pas abandonné. Je n’eut point de mal à obtenir les deniers nécessaires à ma survie. Ainsi apparu devant mes yeux le premier royaume Dark que j’allais traverser, dans la dernière ville on m’avait annoncé le nom de Silmaris. Un royaume fort belliqueux et adepte d’une religion impie, il me fallait en avoir le cœur net. Arrivé à la première ville sans encombre je ne put déceler quoi que ce soit de différent par rapport aux autres villes, hormis une police affilié au « royaume » qui n’en est en fait pas un de par sa taille, cela serait plus qu’improbable.
Tout se déroula bien et je décidais en raison de l’heure tardive de prendre le chemin d’une taverne afin de gagner ma pitance du soir. Et là, la soirée tourna au drame, apparemment indisposés par l’une de mes sagas jusqu’à lors très populaire j’eus une altercation avec deux manants de la ville. Promptement expulsé de la taverne par leur soin, menacé de plus d’une torture je croyais ma vie perdue. Mais Agnar daigna poser son regard une fois encore sur moi. Et intervint un jeune Demi-Elfe apparemment respecté dans la région. Celui ci les mis rapidement en fuite, d’une manière plus que simple. Il me pris sous son aile durant quelques temps, se présentant sous le nom de Lucator, membre important et influant de Silmaris. Grâce à ce Demi-Elfe je put apprendre bien plus que je ne l’espérais, notamment sur les braves qui ne dominent pas les Lights mes qui en sont parti intégrante au même titre que les autres. Et cela ne pouvait manquer d’attiser ma colère, non pas à l’encontre des Braves mais bien des Lights dans leur ensemble, responsables de la mort de la majeure partie de mon village …
Mais le village s’effaça peu à peu de mon esprit, voyant apparaître dans mon esprit cet idée nouvelle d’appartenance à une communauté plus que conviviale. Très loin des termes barbare dont elle fut affublé, j’entendais à l’époque dans de mauvais propos sur Silmaris qu’il fallut bien plus que la pugnacité de certains, mais bien l’implication de tous pour me convaincre du bien fondé de cette utopie proprement atteinte dans ce royaume.
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