Une voix de femme, stridente, retentit : « Bonjour, les pitits n"enfants, ça va bien ? ».
Les Losts aperçoivent une frêle silhouette bariolée, un maquillage vert sur un teint blafard, une perruque rouge, et un vague costume violet constellé de larges trous.
Du gaz remplit la pièce, asphyxiant les squatteurs, et bloquant toute visibilité. Les Losts se ruent vers les sorties, et se retrouvent bloqués par une toile poisseuse qui bloque tous les passages. Quelqu’un a condamné la maison !
Clic ! une goupille tombe à terre. Frraaaooouuutttcchhhhh ! Un torrent de flammes se déverse dans le squat. Des hurlements retentissent.
La silhouette rentre alors en action. Une tornade verte et mauve crache un déluge de métal sur le gang. Les balles pénètrent dans les corps, aussi facilement qu’une lame dans une gorge. Puis elles explosent, laissant place à l’horreur. Les Losts ont peur. Ooooh oui, ils ont peur.
Car la silhouette n’est pas la pour les tuer, elles les amènent en enfer.
Poum Tzim Boum . . .
Mes yeux sont révulsés, mais mon esprit voit. On me maquille. Un clown me maquille à l’acide, me sculpte avec un couteau, puis me crucifie sur le mur du salon. Pas cool le clown ! Cela dit, accroché au mur, je vois tout. Une femme est pendu au lustre, elle me ressemble. Heu . . . C’est toi, maman ! Tu n’est pas au restaurant avec papa ? Vous auriez pu nous emmener, mon frangin s’ennuie tout seul. J’ai un drôle de goût dans la bouche.
Oh mon Dieu, comment est-ce possible ! Que nous arrive t’il ? Pourquoi ? Que nous veulent t’ils ? Pourquoi mes parents m’ont appelé Amandine ?
Mon père nage dans une piscine rouge, mon petit frère joue à cache-cache, et Maman nettoie le lustre. C’est d’un banal.
Ça picote, on m’électrocute ?
Je sais ! Mes parents sont scientifiques, c’est ce qui intéresse ces monstres. Mais tout est bien caché, ils ne trouveront rien. Il faut avoir vu les étoiles en spirale pour trouver la cachette.
Et très peu de clowns les ont vu . . . En fait, un seul clown a spiralé les astres. Juste une seule petite clownesse !
Un carnage bien orchestré, pur et simple. Une oeuvre d’art. Le chef des Losts apprécie en connaisseur, lui même est un expert. La toile poisseuse ne peut retenir ce colosse inhumain. Le monstrueux clown sort du squat transformé en succursale de la géhenne.
Il se dirige vers le vieux mange-disque jaune fluo, qui crache en braillant, cette horripilante musique de cirque, et l’écrase avec le pied.
Boouummmm ! Mine anti-personnel, ses deux jambes sont arrachées.
Le clown gît à terre, dans une mare de sang, mais sa constitution modifiée le maintient en vie, malgré l’horrible douleur.
Il entend des pas, à travers les flammes et les hurlements.
Une silhouette féminine se dessine dans la clarté de l’incendie.
Un visage blafard peinturluré de vert lui sourit. Ce qu’il aimerait pouvoir oublier ce sourire. Et ces yeux . . . Des yeux vairons, un vert, un bleu, les pupilles dilatées, aucun battement de cils.
Un horrible cri s’échappe de la bouche du clown lorsque la silhouette lui enfonce lentement, très lentement, une lame de couteau jusqu’à l’os. Puis la silhouette décide de raccourcir encore le clown, au couteau, jusqu’a en faire un gigantesque homme tronc.
Poum Tzim Boum . . .
Héhé, ils sont partis, ils n’ont pas trouvé les inventions de mes parents. Je rampe jusqu’à la cachette. Je me vide de mon sang. Pas grave, je le remplacerai. J’esquive au passage deux tortues. Et voila, le travail de la science : des gadgets, des armes, de la nanotechnologie, des nains dans des machines. Des nains me réparent, dans mon corps, me rendent plus fort, injection de nanomachines ! Je suis défiguré, ça doit être l’acné. Du maquillage et on n’en parle plus. Ce vert est magnifique sur mes yeux.
Il y a des flingues, des grenades, des robots, un raton laveur, et une perruque rouge. Non. Délire !
Je sors dans la nuit. Sublime kaléidoscope de couleurs artificielles. Je vois un gars dans la rue. Je vais lui demander mon chemin. Le cirque le plus proche. Celui avec le plus gros clown. Je ne veux pas faire peur au gars . . .
Je lui fait mon plus beau sourire.
La silhouette enfonce le canon de son gigantesque flingue dans la bouche du clown.
- « C"est l"histoire de deux fous qui veulent s"échapper d"un asile. Ils sont sur le toit de l"établissement, et un seul saut leur permettrait d"être libre. Le premier saute sur le toit voisin, mais le deuxième hésite. « N"ai pas peur, lui dit le premier, je sais quoi faire. Je vais allumer ma lampe torche, et tu n"aura qu"a marcher sur le faisceau lumineux pour me rejoindre ». Mais le deuxième refuse, et lui dit alors « tu me prends pour un fou, lorsque je serai à mi chemin, tu éteindra la lampe ! »
Poum Tzim boum . . .
(C'était la présentation de mon personnage, the Joke. La blague finale est a attribuer à Mr Alan Moore, génie de son état. Elle est tirée d'un comics originellement intitulé Killing Joke, scénario par Alan Moore et dessin par Brian Bolland.)
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