-« Elma, je veux voir ma fille… »
Le vieillard, allongé tout près de la cheminée, vivait ses dernières heures. Il avait passé sa vie à défendre la terre d’Albion. Son corps, criblé de blessures, semblait être le seul témoignage d’une vie courageuse. Il aurait tant aimé mourir au combat, comme ses compagnons de fortune, mourir en chevalier, en héros… Mais le sort en avait décidé autrement.
L’on frappa soudain à la porte. Une jeune femme entra en compagnie d’Elma:
-« Maître je vous laisse avec votre fille »
La servante claqua la porte.
-« Léana, ma fille, tu es si belle… »
La jeune femme tentait en vain de retenir ses larmes, après quelques secondes elle se jeta dans les bras de son père en sanglot. Le vieil homme posa ses mains sur le dos de sa fille :
-« Ne pleure pas mon enfant, ne pleure pas… »
De sa main fragile, il indiqua un vieux coffre au centre de la pièce.
-« Mon enfant, à ma mort, tu ouvriras ce coffre, il est mon unique bien et le seul présent que je peux te faire avant de quitter ce monde. »
La jeune fille regarda son père dans les yeux :
-« Père j’ai tant à vous dire, mais je ne trouve les mots…Je vous aime comme jamais je n’ai aimé… »
Le cœur du vieil homme, à cet instant, cessa de battre. Son visage semblait s’être apaisé, son corps, délivré de toutes les souffrances…
La jeune fille se dirigea vers le coffre et l’ouvrit, son regard se porta sur une lettre :
"Léana.
Si tu lis cette lettre, c’est que la mort m’a emporté et que je suis pour l’éternité auprès de ceux qui ont trépassés avant moi. Tu es mon seul enfant et tu m’as rendu heureux. Je n’ai jamais su te dire et te prouver tout l’amour que j’éprouve pour toi et je le regrette tant. J’ai passé ma vie au front à défendre nos terres et je meurs comme un lâche, au chaud dans un lit près du feu, sans honneur ni aucune reconnaissance… Porte mon nom ma fille, porte ce nom que je te donne en héritage, tant de guerriers l’ont acclamé à l’époque, tant d’ennemi l’ont redouté…
Prends cette armure et cette épée, elles sont le témoignage d’une vie de dévouement. Arbore les fièrement et ne recules jamais devant l’ennemis, ne commet pas ne serait-ce qu’une fois ma plus grande erreur…Ne recul jamais…J’ai reculé une foi mon enfant, et cette unique fois a fait de moi un lâche et ce sentiment m’a torturé bien plus que mes blessures…"
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