[Cassandra Kishiro]

Pour donner envie, peut-être, aux nouveaux de tenter l'aventure de Néocron, j'ai ressorti de mes archives les petits textes que j'avais écrits quand j'ai débuté.

Sans prétention, juste histoire de faire partager mes sensations du début

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Cliquetis...
Lents grincements des mâchoires hydrauliques.
Les portes de la cité s'ouvrent... Je peux distinguer l'extérieur.
Non, ce n'est pas ça... Ce n'est pas encore l'extérieur. Je vois juste un rectangle d'extérieur.
Depuis l'ombre salvatrice de la ville, je cligne des yeux pour appréhender l'infini du monde, au-delà des murs de Neocron. L'air est soudain plus âcre. Déjà, je suffoque. Odeur de caoutchouc brûlé. Vent venimeux qui s'engouffre dans le grand sas dont je ne veux pas partir.
Adam me pousse en avant : " Cassandra, on traîne pas, faut arriver à Jeriko avant la nuit !"
Morgan hoche la tête et sort sans rechigner.
Moi, j'obéis la mort dans l'âme.

Dehors, c'est pire.
Même plus le cadre de la porte pour délimiter juste un morceau de vide. L'extérieur infini m'avale et me terrifie. A perte de vue, une terre brune saupoudrée de verdure malade. Mon esprit enfiévré pense au bouillon génétique qui s'engouffre dans mes poumons à chaque inspiration. Partout, du poison. Et au-dessus de tout ça, couvercle gluant de ce cloaque sans fin, le ciel glisse sans relâche. Le Ciel ! Immense. Nauséeux. Gorgé de pluies acides, pissant des radiations au rythme du vent. Le ciel sans limite. Je recule instinctivement vers la chaleur et la sécurité de la ville. Je veux retrouver les angles et les lignes sèches de mon monde. Ici, tout est courbe, mou, vague, flou. Hostile.

Adam revient vers moi, sourit : "Ne t'inquiètes pas, ça fait souvent ça la première fois. On s'y habitue."
Derrière son filtre, Morgan ricane à son tour en armant son fusil : " Ouais, on alors on meurt !"

Le bruit familier de son arme me rappelle à mes devoirs. L'entraînement reprend le dessus. Je saisis mon Tangent B1, déverrouille la sécurité, vérifie le compteur de charge. Je suis prête. Nous partons.

[...]

Maintenant, je suis assise à ma console, occupée à écrire ces lignes.
De ma première aventure dans les terres extérieures, je ne dirai rien de plus ce soir. Il y a eu quelques balles gaspillées, le
ronronnement inquiétant de deux-roues ennemis, des créatures efflanquées rôdant dans les ruines fracturées de villages sans nom. Mais rien d'aussi terrifiant que ces premières minutes qui m'ont vue, insecte humain cloué par la lumière, chercher en vain à me réfugier dans les interstices de ma cité.

Il est tard. Par les fenêtres, je regarde le monde à nouveau dompté, réduit à l'état rassurant de portions de ciel.
Et je tremble de devoir encore affronter son immensité.

[Kytama]

a cette heure tardive je me contentrai d'un excellent pour ce texte