Prélude à la bataille

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« … Il ouvrit paresseusement les yeux, le visage léché par une fraiche brise provenant de la fenêtre entrouverte . Au dehors, malgré l’heure matinale résonnaient déjà les coups de marteaux de son père sur l’enclume, le caquètement des poules et les piaillements des vendeurs de produits frais du marché . Tant de bruits si anodins et tellement communs, mais qu’il aimait par-dessus tout, et dont il serait bien triste de se passer, même si un jour, cela arriverait forcément, c’était inévitable .

Un jour, il devra s’éloigner de la nouvelle Koraelia, pour chercher aventure, combats et pour aller aider les fiers chevaliers en armures et les puissants mages se battant chaque jour sur le front pour défendre Istaria des attaques des créatures mortes – vivantes .

Il se leva, pantelant légèrement, les jambes encore engourdies par le lourd sommeil d’une nuit sans rêves . Galahad, du haut de ses vingt ans, était un jeune homme robuste . Il possédait de sa mère la stature élancée et fière des elfes, ainsi que son doux regard bleu . Il avait hérité de son père le goût pour les armes et leur fabrication, même si il était loin de posséder le talent de ce dernier dans ce domaine ; il concevait des armes pour sa propre utilisation, pour les gens du village ainsi que pour quelques uns de ses amis, mais aussi pour son plaisir personnel, tout en sachant pertinemment, que pour assouvir ses ambitions de grandes batailles et de chevauchées épiques, il devrait se procurer des armes auprès de grands maitres, plus doués encore que ne l’était son père . Celui ci c’était lancé à corps perdu dans la forge depuis plusieurs années . Il y consacrait ses journées et une partie de ses nuits depuis le décès de sa femme, qu’il avait aimé passionnément et sans limites . Surement une façon d’oublier ses démons et d’exorciser sa peine, de penser a autre chose .

Galahad n’avait que peu de souvenirs de sa mère : un visage fin et des yeux d’un bleu envoûtant, une silhouette svelte et élancée, elle incarnait la beauté elfique, et Galahad la comparait souvent à une fée lorsqu’il était enfant . Mais le bonheur de la petite famille s’interrompit brutalement par un froid soir d’hiver, lorsque Lundae, puisque c’est ainsi qu’elle se prénommait, sortit dans la foret toute proche du village pour y recueillir quelques baies et herbes pour assaisonner le repas du soir . On ne la revit jamais, malgré les nombreuses battues organisées par les hommes du village pendant plus d’un mois . Que c’était t’il passé ? Galahad n’avait aucune réponse à apporter à cette question, et cela le torturait . Tuée par une horde de zombies ? Devorée par des loups rodant à la lisière de la foret ? Enlevée ? Finalement, il n’avait cure de la raison ; tout ce qui pourrait menacer la vie humaine et le bonheur des gens d’Istaria, Galahad c’était promis de les passer par le fil de son arme, de faire retourner à la Grande Faucheuse tous ces morts vivants qui n’auraient jamais du la quitter . Chaque fois qu’il abattait une de ces créatures, il honorait le souvenir de sa mère et soignait un peu plus les profondes plaies de son cœur . La vengeance guidait son bras, et, même si il avait conscience d’avoir beaucoup a apprendre avant de maitriser les techniques de combat, il n’en desesperait pas moins de devenir un jour un grand guerrier au service d’ Istaria .

Il fit quelques pas pour sortir de sa chambre, lorsque le soleil refléta sur son arme et l’éblouit un court instant ; c’était un lourd marteau a deux mains qu’il avait lui – même forgé, certes pas une arme d’exception, mais tout de même de belle facture et fort équilibrée . Il avait toujours préféré les armes contondantes, massues, masses, marteaux, fléaux d’armes, aux épées et autres haches, sûrement parce qu’il préférait le bruit lourd du crane bientôt défoncé d’un zombie au sifflement d’une épée s’apprêtant à mordre et a déchirer la chair, pensa t’il en son for intérieur, non sans se dégoûter un peu lui-même en imaginant les cranes fracassés de ces créatures, qui n’avaient pas grand-chose d’attrayant .

Il prit le temps d’enfiler quelques habits légers avant de sortir de la chaumière, et fit quelque pas au dehors, lorsqu’un bambin du village en train de jouer le percuta sans s’excuser . Galahad lui tira doucement l’oreille en lui souriant pour lui apprendre les bonnes manières, puis le laissa repartir, repensant nostalgiquement a l’époque ou il jouait aussi dans les rues de sa ville, courant entre les étals des marchands et les terrains d’entrainement des guerriers et autres scouts . Le soleil du matin lui piquait les yeux, encore un peu fermés à cause du réveil récent .

Si le soleil réchauffait son visage, une autre chaleur bien plus douce avait envahi tout son être depuis quelques temps, et le jour ou il avait rencontré une douce et jeune femme pour laquelle son cœur avait immédiatement battu . Elle écrivait des formules magiques pour de puissants sorciers, et Galahad se sentait bien ridicule face à son immense savoir . Si son cœur n’était pas atteint par la peur et le désarroi face a des morts vivants, il se sentait aussi dépourvu et faible qu’un enfant aux jambes flageolantes lorsque son regard croisait celui de cette Dame . Ils appréciaient leurs compagnies mutuelles, et , qui sait, peut etre lui demanderait t’il un jour sa main si il en trouvait le courage . Il avait même songé a se mettre aux choses de la magie pour pouvoir l’approcher plus régulièrement, après tout c’est une arme aussi, voire plus puissante qu’un gros marteau, se dit ‘il, souriant .

La main fermement serrée sur le manche de son arme, il se dirigea vers la foret pour s’y entrainer un peu, d’autant plus que son maitre guerrier lui avait demandé de lui ramener dix doigts de zombies pour lui prouver sa valeur … Et cet entrainement lui servirait sûrement très bientôt, Galahad en avait tout à fait conscience … »
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