Eomen retira son fléau des entrailles d’un pauvre paysan. Comment avait-elle pu en arriver-la ? Elle avait l’impression d’avoir vécu cette scène des milliers de fois et, en contemplant l’état d’usure de son arme elle se dit que c’était sûrement vrai…
Soudain, elle partit dans un fou rire, un rire sadique à faire trembler de peur même le plus hardi des guerriers.
Elle resta là longtemps en passant et repassant ses mains ensanglantées dans ses cheveux d’ébène…quand tout à coup une voix retentit :
« Ce n’est pas en tuant que tu trouveras la paix, il te faut affronter la réalité de ta vie et combattre les démons qui te hantent… »
La voix disparue. La jeune paladine leva un sourcil dubitatif, quel était encore ce tour de magie ? Sûrement un quelconque imposteur venu lui jouer un tour. Elle se leva aux aguets regardant à l’horizon.
A une centaine de mètres de là brillait un petit objet au sol. Elle ramassa ses affaires et se dirigea vers la source de lumière, ramassa l’objet lumineux. C’était une bague sertie d’une unique pierre noire. Machinalement elle la passa à son doigt… bizarre pensa t’elle car les bagues ne lui allaient jamais alors que celle-ci…. A ce moment elle tomba à genoux comme sous le poids d’un roc qui lui était tombé sur le dos !
« Eomen de Barwen! Je ne suis pas un mécréant venu te jouer un tour ! Pourquoi es-tu devenue une tueuse de grand chemin ? Pourquoi cette bague te fait elle penser à quelque chose ou plutôt à quelqu’un ? Tu trouveras les réponses là où tout à commencé ! »
La voix disparue et un petit parchemin tomba à terre sous les yeux effarés de la jeune femme. Se relevant à l’aide de son arme elle ramassa l’écrit et le déroula avidement. Elle lut :
Un jour naquit Slarindilon,
Un homme mauvais,
Ou plutôt bon démon.
Des enfers il sortit,
Personne ne le savait,
Il allait donner la vie.
A la ville il alla,
Sur une jeune fille il lorgnait,
Ce qui devait arriver, arriva.
De cette union naquit,
Un nourrisson ni beau, ni laid,
Mi-humain, mi-démon pour la vie…
Eomen effondrée reposa le parchemin. Son nom n’était nommé nul part mais elle savait… Elle venait de comprendre ses rêves ou plutôt ses cauchemars… Chaque nuit la même chose, un homme au rire diabolique massacrant et torturant des innocents au milieu de braises incandescentes. Son père ! C’était son père !
La voix lui avait conseillé de retourner ou tout avait commencé… mais où ? Sa mère vivait à LightHaven mais elle était morte depuis belle lurette… Eomen sourit à cette pensée car c’était elle qui l’avait éviscéré lors d’un de ses moments de folies, pourtant elle ne ressentait aucune peine…
Elle décida d’aller voir Lucius un de ses rares amis. Il étudiait les démons et toutes les monstruosité-es que le chaos et les enfers avait pu engendrer.
Elle arriva à Stonecrest avec le nom de son père pendu à ses lèvres. Elle se rendit d’un pas rapide à la maison de son ami car cette ville était bien mal famée la nuit. En chemin elle croisa Evil son mari. Il ne s’échangèrent même pas un regard… il était devenu distant dès qu’ils s’étaient mariés et Eomen pensait souvent au divorce…
Elle frappa à la porte et n’attendit même pas une réponse pour rentrer.
Son ami était plongé comme à l'accoutumé dans ses grimoires. Il ne l'avait pas entendu rentrer et poussa un hurlement quand il la vit sortir de l'ombre.
"Eomen ! Tu m'a fichu une de ces trouille ! Qu'est ce que tu fait ici à une heure si tardive ? lui demanda t-il visiblement contrarié par la présence de la paladine."
"Slarindilon" dit-elle simplement.
"Argh... ne répète pas le nom de cette engeance de catin haruspicienne ! Pourquoi vient tu me dire le nom de ce démon ?" répondit il en suffoquant.
"C'est mon père et je veux que tu me dises tout ce que tu sais sur lui ou je te réduis à la taille de l'éprouvette posée à coté de toi"
"Et bien...heu...tu sais...il est mort lors de la guerre du sang..." lacha t'il dans un soupir.
"C'est tout ? Tu sais bien autre chose j'en suis certaine ! Réponds !"
Elle était furibonde...Elle attendait beaucoup de son ami et il lui apprennait juste que son démon de père n'était plus de ce monde...si il l'avait déjà été...
"Puis je rentrer en contact avec lui grâce à un rituel ?" demanda t'elle pleine d'espoir.
Lucius regarda d'un air interrogateur les ailes blanches teintées de rouge de la jeune femme. Non ! Il ne pouvait pas ! En regardant l'éprouvette à coté de lui il se dit qu'il ne voulait pas finir sa vie aujourd'hui.
"Suis moi" dit il en prenant dans sa main la clef de la porte qu'il n'ouvrait qu'au solstice d'hiver....
La porte s'ouvrit dans un grincement horrible. Une pièce sombre de quelques mètres carrés seulement qui sentait le fauve mais surtout...la Mort.
Lucius suait...Il ne fallait pas, il ne fallait pas... Pourtant le regard noir de la paladine le poussa à aller chercher le grimoire recouvert de poussière qu'il cachait sous un meuble...
Il l'avait hérité de son père qui lui même l'avait hérité du sien et ainsi de générations en générations.
Il l'ouvrit avec difficulté en poussant un long soupir...Il n'osait même pas humidifier ses doigts pour tourner les pages tellement il avait peur de redonner vie aux atrocités que contenait ce grimoire.
Il arriva enfin à la page. Cette page qui contenait certes les clefs de l'existence de son ami mais aussi le risque qu'un puissant démon sorte de sa cage intemporelle.
Il lut en quelques secondes la double page concernant (...) car il la connaissait déjà. Il retourna dans l'autre pièce boire un peu d'eau de vie pour se donner un semblant de courage.
Il ouvrit le placard le plus au fond dans la pièce et en sortit quelques elixirs et autres poudres inconnues de la plupart des gens normaux.
Il traca dans le sol un pentagramme à l'aide d'un poudre blanche. Eomen restait sur le coté attendant en passant et repassant ses mains au milieu des piques acérés de son fléau.
Lucius continuait son enchantement, il lancait des pincées de poudre de tous cotés et, soudain, il ramassa un couteau et s'approcha d'Eomen, d'un geste vif il lui coupa une mèche de cheveux et d'un autre coup il lui fit une entaille dans le bras pour ramasser quelques gouttes de sang. Celle-ci se laissait faire car elle savait que le rituel avancait à grands pas.
Lucius se mit soudain au milieu du cercle et prononca des paroles incompréhensibles puis il s'ecarta vivement. Soudain des rires diaboliques retentirent et des braises apparurent sur le sol. Un ange aux ailes noirs venait d'apparaitre....
Un rire démoniaque retentit dans la pièce alors qu’Eomen et Lucius effarés attendait de voir l'ange maléfique s’avancer. Le nephillim s’avança dans la lumière…il possédait une épée enflammée qui semblait ouvrir une gueule remplie de flammes. Il était habillé tout de noir et portait une couronne ornée de joyaux ternis. Ses yeux d’ébène luisaient dans la pénombre et à chaque expiration un petit souffle de buée sortait de sa bouche comme s’il avait été recraché des enfers.
Soudain une voix retentit et se répercuta dans toute la pièce : « Eomen si tu m’as fais venir jusqu’à toi c’est que tu recherche les réponses à tes interrogations. Je suis à présent mort et mon souhait n’est pas de revenir hanter les vivants, ils ont déjà bien souffert de ma présence.
Je suis juste là pour te dire que même si tu as suivi la voie d’Artherk –le nephillim sourit ironiquement à ce mot- ton coté maléfique reviendra encore et encore et ton destin sera seulement de tuer dans l’ombre. Tout comme moi tu n’es pas faites pour la vie en communauté ni pour le mariage. J’ai eu des enfants et tu as été ma plus belle erreur mais tu n’es pas seule. Tu as un jeune frère Horas. Tout comme toi il ignorait mon existence mais par un procédé de magie profane il sait que je suis là et que toi aussi tu es présente. Retrouve le et prends en soin, c’est ta seule famille et la seule personne en qui tu peux réellement faire confiance car les humains sont tous des lâches et des faibles. Souviens-toi Eomen tu es De Barwen et c’est ce sang qui coule dans tes veines. Au revoir prends soin de toi. »
Un sifflement retentit et l’ange repartit comme il était venu. Eomen resta là alors que Lucius hagard rengeait déjà ses élements d’invocation.
Maintenant elle savait et son frère devait aussi connaître la vérité sur ce démon qui les avait mis au monde. Elle ramassa ses affaires en silence ouvrit la porte et partit dans la nuit enneigée qui serait bientôt tachée du sang des ennemis de sa famille déchue.
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