Mémoires d'un Clerc – ( Crépuscule d’une vie -2- )
Je n’avais presque pas fermé l’œil de la nuit, ces parchemins m’hantaient chaque instant… Mon esprit semblait apte à les comprendre sans que je sache vraiment pourquoi ou comment.
Je ressentais ces mots, je m’en nourrissais de plus en plus… J’avais une mémoire extraordinaire depuis toujours, j’étais capable de fixer les choses, les instants, les mots, les visages..
Enfin la lueur du jour….. Je dévalais les marches du premier étage de la demeure de mes parents et cachait ma masse sous mon plastron de cuir.. Je passais en vitesse devant mes parents leur signifiant les grâces du matin et m’envolais dehors pour un entraînement hors du commun… Mon premier entraînement de clerc. Je n’en connaissais toujours pas l’exacte signification.
Vérifiant que nul ne me regardait et surtout mon père, je sortais ma masse de dessous mon plastron et la regardais avec passion et possessivité.
C’est alors qu’apparu un brigand à l’horizon… Je pris peur immédiatement et décidais de courir alerter les gardes près du pont du château d’Adribard. C’est à ce moment que la masse se mit légèrement à briller laissant apparaître le sceau de l’église d’Albion sur son pommeau d’un vert émeraude fantastique..
Ceci m’interpella et me figea. Et si je n’avais besoin de personne pour châtier ce mécréant et l’occire grâce à cette masse surpuissante ?
Je me retournais, gonflais mes poumons d’air et reprit une respiration plus douce, plus calme, et m’avançais vers ce brigand… Ce voyou était bien équipé, tout en cuir de la tête au pied, un doute s’empara de moi à ce moment là !
Des mots, des phrases se mirent à tournoyer dans mon esprit, je reconnaissais ces mots, c’était ceux des parchemins, des mouvements de bras, de mains aussi je voyais.
Et si je pouvais les refaire vraiment ?
Je me décidais à tenter l’expérience et m’éloignais de ce brigand !
Ma main droite se mit à tournoyer puis redescendit pendant que ma main gauche elle s’adonnait à une sorte d’arabesque incompréhensible et je récitais en même temps ces mots que je revoyais sans cesse venant des parchemins.
Une lumière intense se mit à briller devant moi, une lumière comme je n’en avais jamais vu.
La lumière de Camelot ? Je n’en savais toujours rien !
Elle se mit à bouger et se rapprocha de moi puis vint tout d’un coup se jeter sur moi, sans heurt, sans que je ne puisse la ressentir du tout.. Par contre je la vis… Mon armure de facture brillait de mille feux.
D’autres mots, d’autres gestes se bousculaient dans ma tête, et ce furent tous les parchemins qui défilèrent devant mes yeux….
Ma deuxième incantation fut merveilleuse tant la lumière qui jaillit était d’un blanc d’une virginité absolue.. Elle s’empara de moi et je ressentis mon arme plus légère encore, une vraie plume.
Puis la dernière phrase qui elle passait devant mes yeux en rouge. Elle ne m’attirait pas, me faisait peur.
Je me rapprochais du brigand tentant de le surprendre par derrière.. Doucement, tout doucement je m’approchais, ma masse bien en main, lorsque je sentis mon pied écraser une branche d’arbre mort dans un bruit qui aurait réveiller tout le château d’Adribard si cela c’était produit dans la grande cuisine. Le Brigand se retourna violemment et me fixa un sourire sadique aux lèvres.
Il commençait à se ruer vers moi, et la phrase se mit à revenir sans cesse… Je démarrais l’incantation..
VADE RETRO … Un éclair jaillit de mes doigts montant au dessus du brigand et s’abattant sur lui avec une violence rare… Il tomba au sol immédiatement, tout comme moi d’ailleurs car la déflagration m’avait un peu .. fait peur…
Le Brigand se releva difficilement mais reprit son parcours et m’asséna un coup d’épée qui me pourfendit mon nouveau plastron magique… De rage un coup de masse en pleine tête le fit tomber définitivement au sol…. J’avais ressentis la colère, la colère divine….
Mes yeux se levèrent au ciel comme pour chercher quelque chose, un geste, une parole, une image… Rien et pourtant mes mots eux furent bien présent ce jour là..
Pardon, pardon d’avoir tué cet homme…
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