[Ex Libar 34] - Une terrible révélation - Les textes

Affichage des résultats du sondage: Pour quel texte votez-vous ?
Texte 1 : Les marcheurs de récolte 6 66,67%
Texte 2 : 33 tours 1/3 2 22,22%
Texte 3 : Héros malgré lui 0 0%
Texte 4 : Carton 1 11,11%
Texte 5 : Cette nuit là 0 0%
Votants: 9. Vous ne pouvez pas participer à ce sondage.

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Bonjour,

Le jour fatidique de la mise aux votes de ce 34-ième Ex Libar est enfin arrivé.

Merci aux courageux participants qui n'ont pas craint d'essuyer les critiques parfois acerbes des Bariens.
Ils sont cinq, bonne chance à eux !

Les titres :

Texte 1 : Les marcheurs de récolte
Texte 2 : 33 tours 1/3
Texte 3 : Héros malgré lui
Texte 4 : Carton
Texte 5 : Cette nuit là


Les textes :


Texte 1 : Les marcheurs de récolte
Citation :
Buke marchait dans les blés mûrs en affichant le sourire benêt caractéristique de tous les doux crétins issu d’une longue lignée de croisements consanguins, point commun des "gens de la terre". Il appréciait beaucoup ce moment précédant le dîner, quand le soleil commençait à raser la plaine en teintant les champs d’une couleur rose-or qu’aucune palette ne saurait reproduire. Mais ce spectacle majestueux n’était que confiture aux cochons. Buke chassait les insectes en ignorant totalement le panorama époustouflant qui s’étalait devant lui. Il courait après les nuées de moustiques de la démarche d’un grand chien en fin de vie, boitant à la manière de ceux qui ont hérité une faiblesse à la hanche à cause des débordements alcooliques d’une ribambelle d’aïeux tous plus assidus les uns que les autres à la bibine.


Sur la colline toute proche, une voix retentis de la maisonnette:
- "Buke ! À table ! Ramène ton gros cul boiteux !"
Non sans appréhension Buke se traina jusque la bâtisse. Le dîner était toujours l’occasion pour lui de se faire copieusement piétiner par le reste de sa famille. Il faut dire qu’il accomplissait l’exploit d’en être le membre le plus pourvu de tares. Même Yan, son frère, avec une jambe plus courte que l’autre, six doigts à la main gauche et des yeux vairons, paraissait presque normal à côté. Buke avait ce qu’on appelle dans la région un "bec eud’ lèvres" et c’était le principal objet d’amusement de sa famille à l’heure du repas.

Vu de dehors, la maisonnette était presque charmante, avec ses volets mignonnets et sa petite cheminée.
Dedans, c’était une vraie grotte : L’unique pièce était sombre malgré le feu vif de la cheminée. Une paillasse informe couverte d’une toile de jute maculée de taches diverses d’où émanait une odeur d’étable occupait un coin non loin de l’âtre. Au centre, autour d’une table massive, la famille bâfrait bruyamment un ragout local. Buke boita jusqu’à sa place, entre Lila, son aînée de 10 ans (environ car ici, on compte pas), nommé ainsi en raison de la tâche de vin violacée qui lui mangeait le visage de l’oreille jusqu’au nez et Yan son frère décrit plus haut. Son tabouret racla le sol quand il tenta s’assoir, blague quotidienne de Yan que Buke ne su jamais anticiper. Il s’affala sous des rires aussi gras que les murs.
- "Bwaahaha ! Crétin d’Buke ! Tous les jours y te tire ta chaise et tous les jours tu t’fais avoir comme eul crétin qu’t’es !" Lui lança son père John-Akim, patronyme peut usité dans cette région reculée (Akim étant le prénom de son père, personne ne savait pourquoi, et John étant celui de sa mère parce qu’elle avait de la barbe à la naissance).
- "Buke, t’as du vent ent’les oreilles" dis Yan goguenard "t’es tell’ment con qu’t’oublies pourquoi qu’t’as mal au cul chaq’matin…"

Mais Buke le savait lui, pourquoi il avait mal au cul : Il n’avait pas l’honneur de dormir sur la paillasse avec les autres : Il passait la nuit adossé au mur assis sur son tabouret pour fuir le froid du sol. Et bien trop accoutumé à ces railleries quotidiennes, il avait appris à la fermer. De tout façon, son "bec eud’lèvres" lui interdisait toute répartie : S’il tentait de parler, on se foutait encore plus de lui. Il entreprit donc d’ignorer le monde et se tourna vers son auge… Mais sa famille n’avait d’yeux que pour lui.
Magdalla, la mère de Buke, rompit le silence :
- "Dis donc John-Akim, y a une des vaches qu’est p’tetre bein grosse : Elle gonf’ a vu d’yeux."
- "La peste ! Va ‘core d’voir m’lever au mieux d’la nuit pour faire vêler. Comme si qu’j’ai pas assez d’vache à m’occuper" Répondis John-Akim en empoignant d’une main une des mamelles gargantuesque de Magdalla qui ne bronchait pas.
Buke profitait de la diversion pour discrètement picorer son repas.
- "Y a Buke qu’a commencé !" Cria Boba, un de ses nombreux frère.
Les têtes se tournèrent, les visages s’éclairèrent, et en un instant l’air fut rempli par l’odeur fétide des gorges déployées.
Hilare, Yan balança une grande claque dans le dos de Buke qui cracha son ragout en plein sur le visage de John-Akim.
Les rires stoppèrent net.
John-Akim ne bougea pas mais ses yeux sombres ne laissaient rien entrevoir de bon. Il était le genre d’homme à se croire supérieur, et comme tous les con²vaincus, la moindre humiliation, même fortuite, était synonyme d’un crachat au visage qu’il fallait laver à grands coups de ceinture. En l’occurrence, c’était bien un crachat. Il s’essuya lentement avec sa manche de chemise, se leva et déssangla la boucle grossière de son ceinturon.
Buke, connaissait trop bien le cuir pour avoir envi d’en tâter. D’une promptitude étonnante pour un handicapé, il bondit de son tabouret pour s’enfuir.
- "CHOPPEZ MOI LE CE P’TIT BATARD" Hurla John-Akim.
Et toute la smala tomba sur Buke qui termina couché sur la paillasse, le nez planté sous l’aisselle huileuse du nauséabond Jaba, son oncle gras, qui le maintenait difficilement sur la paillasse à l’aide d’une clé de bras normalement destinée à la capture des veaux.
John-Akim s’approcha d’un pas lent, faisant claquer sa ceinture en y prenant apparemment un plaisir malsain. Alors qu’il la dressait pour "viser les guibolles" comme il disait souvent en prétextant que ça finirait bien par "lui redresser le fion", Buke hurla :
- "‘ON ‘I’EUH’LAIT [non s’il te plait]"
John se figea, si peu accoutumé à l’entendre moufter.
- "A’ete ! ‘as fffait kspré ! é à ‘aute à Yan ! [Arrête, j’ai pas fait exprès, c’est la faute à Yan]"
- "T’oses accuser Yan !" vociféra John "T’OSES ACCUSER YAN ?"
Tout cela ne disait rien qui vaille à Buke : il opta pour le silence.
- "Toi, p’tit batard, t’oses accuser Yan alors qu’t’es moins qu’rien. Tu crois qu’t’es qui batard ? Moi j’te nourri, j’te loge et toi tu m’crache au visage ! toutes façons, t’es pas…"

- "NON !" l'interrompit Magdalla. "dis rien…"
John-Akim bavait de rage, il avait le souffle court et sa voix déformée par la colère évoquait le raclement d’une pelle sur du parquet.
- "Buke…. Je suis pas ton père…" dit-il, le souffle rauque.
Buke était con, mais il ressenti quand même quelque chose se briser en lui.
- "‘AAAOOOOOOOOOOOOON ! [naaaooooooooon]"
John-Akim Cropwalker semblait indifférent à la douleur du jeune Buke. Ce dernier avait beaucoup de force en lui mais il ne luttait même plus pour se dégager de l’emprise de l’immonde Jaba. Yan était retourné s’assoir pour entamer un Solo de guimbarde, sa manière à lui de manifester sa délectation de voir enfin son père révéler le terrible secret. Magdalla, resta silencieuse, stoïque telle une princesse. Lila, elle, presque aussi stupide que Buke et sourde comme une brique poursuivait son repas, aussi impassible que si elle avait de la merde posée sur les oreilles.
- "T’es l’batard de Yan et Lila." asséna John. "Y z’ont baisé dans l’étable quand y z’avaient à peine du poil. Lila est d’venue grosse et t’es v’nu au monde. Fallait pas qu’ca s’sache pasqu' c’est cont’ nature y parait. Alors avec Magdala on a fait comme qu’si qu’c’était nous qu’on t’as fait."

Buke laissa rouler une larme qui alla mourir à contrecœur sur la commissure de son vilain museau.
- "S’pour ça qu’t’es si con, Buke… s’pour ça qu’t’as toujours voulu "marcher dans les étoiles" au lieu d’t’occuper des bêtes comme un vrai fils... et dieu sait qu’y a guère des étoiles qui voudraient d’ton gros cul." l'acheva John-Akim Cropwalker.

The End

Fakedit : Il y a bien longtemps, dans un trou du cul lointain, très lointain…

Texte 2 : 33 tours 1/3
Citation :
Belle et dévouée, elle s’active de bon matin, termine son ménage et prépare le petit déjeuner. Théo la regarde bouger, pour elle, pour lui. Les traits tirés de son visage, ses cheveux noirs et usés. Virginie dispose les deux bols en terre cuite sur la table de la cuisine, son enfant est encore en retard, il devrait être à l’école depuis dix bonnes minutes. Avant de s’asseoir, elle marque un temps d’arrêt car elle sait. Nul besoin de le regarder, de lui faire comprendre, elle sait juste quelle question son fils va lui poser ce matin :

« Il manque un bol maman, pourquoi tu laisses que deux bols ? »

Le sourire de Virginie est sincère, embarrassé, mais sincère. Ôtant les mains de son bol chaud, elle caresse frénétiquement les cheveux hirsutes de Théo. Ce dernier éclate de rire, comme tous les matins. Il se laisse faire et attend, à son tour, la réponse habituelle :

« Ton papa travaille loin de chez nous, je garde son bol pour son retour »

L’heure tourne, le petit Théo se laisse bercer par la danse interminable de sa maman. Il faut débarrasser la table, préparer les affaires et faire le voyage en voiture. Une cinq places, spacieuse et confortable. Les affaires de Théo se rangent et se dérangent sur la banquette arrière, il a le besoin de toujours faire crier sa maman qui l’abandonne quelques minutes plus tard devant son école :

« Bonne journée Théo, tu dois bien travailler !»


Une réponse énergique, un regard usé et triste que l’écolier peut observer dans le rétroviseur. Après tout, la journée est belle, Théo aime bien l’école et, qui sait, son papa sera peut-être chez lui à son retour.



Belle et dévouée, elle s’active une fois de plus de bon matin, termine son ménage et prépare le petit déjeuner. Théo la regarde encore bouger, pour elle, pour lui. Les traits tirés de son visage, ses cheveux noirs et usés au fil du temps. Virginie dispose les deux bols en terre cuite sur la table de la cuisine qui commence à accuser le coup, son enfant est encore en retard, il devrait être à l’école depuis vingt bonnes minutes. Avant de s’asseoir, elle marque un temps d’arrêt car elle sait, et ça la ronge. Nul besoin de le regarder, de lui faire comprendre, elle sait juste quelle question son fils va lui poser ce matin, et sur quel ton :

« Il manque un bol maman, pourquoi tu laisses que deux bols ? »

Le sourire de Virginie est sincère, embarrassé, mais sincère. Fermant les yeux, ôtant les mains de son bol chaud, elle caresse frénétiquement les cheveux hirsutes de Théo. Ce dernier éclate de rire, comme tous les matins. Il se laisse faire et attend, à son tour, la réponse habituelle, tout en espérant qu’aujourd’hui, les choses changent :

« Ton papa travaille loin de chez nous, je garde son bol pour son retour »

L’heure tourne, le petit Théo se laisse bercer par la danse interminable de sa maman qu’il devine anxieuse. Il faut débarrasser la table, préparer les affaires, faire le voyage en voiture et apprendre à lui mentir. Une cinq places, spacieuse et confortable, mais le vide est pesant. Les affaires de Théo se rangent et se dérangent sur la banquette arrière, il a le besoin de toujours faire crier sa maman, d’attirer son attention, elle l’abandonne quelques minutes plus tard devant son école :

« Bonne journée Théo, tu dois bien travailler !»

Une réponse forcée mais énergique, un regard usé et triste que l’écolier peut observer dans le rétroviseur. Après tout, la journée est belle, Théo aime bien l’école et, qui sait, son papa sera peut-être chez lui à son retour.



Pendant encore dix ans.

Les secrets les plus lourds ne sont pas ceux qui viennent vous frapper avec force, sur l’instant, sur un seul moment. Non, sincèrement. Ceux qui n’en sont pas, ceux qui vous rongent car la vérité, vous la connaissez, mais elle tarde à sortir de la bonne bouche. J’ai eu tort de l’attendre si longtemps pour pouvoir enfin espérer vivre.

Texte 3 : Héros malgré lui
Citation :
Cela faisait maintenant 46 jours que le cauchemar avait commencé, et chaque jour avait droit à son lot de surprises. Pourtant, d’après les bribes de souvenirs qui remontaient lorsqu’il essayait de se remémorer ses dernières "aventures", c’était plus ou moins la même rengaine, le premier réveil avait été des plus difficiles pour Steven.

Tiré de sa torpeur par un cri, ébloui par la lumière du jour devenue quasi aveuglante dont il tentait de se cacher derrière son bouclier, la bête lui était apparue, gigantesque, un reptile qui menaçait de le réduire en charpie d’une simple bouchée, en fait, il n’était même pas sûr de pouvoir remplir sa dent creuse. Le combat s’était alors déroulé, puis le néant, jusqu’au lendemain.

Puis ça avait été une succession de combats, tous plus féroces les uns que les autres, contre des ennemis des plus exotiques, et chaque jour, tout se déroulait de la même façon, un cri, une lumière aveuglante, une créature toujours plus hideuse, perverse, sortie de ses pires cauchemars lui faisait face, prête à le découper en rondelles, ou en faire son menu, puis de nouveau le noir total.

Aujourd’hui, alors qu’il reprenait conscience après sa routinière "nuit de repos", un homme en armure de cuir lui faisait face. Le plus surprenant était son épée absolument démesurée, heureusement, Steven pouvait compter sur son bouclier réputé jusque là indestructible. Comme mû par une force invisible et irrépressible, la rage et l’appel du combat de plus en plus envahissantes, les deux guerriers foncèrent l’un sur l’autre et le combat s’engagea, rapide, brutal, puis ce fut de nouveau le néant.

Toujours ce cri, presque un piaillement d’impatience, caractéristique d’une nouvelle journée qui s’annonce, un nouveau combat, de nouvelles questions se posent, l’adversaire d’aujourd’hui sera-t-il de nouveau humain, ou plutôt une monstruosité sortie droit des enfers ? diable, que m’arrive-t-il, suis-je condamné à combattre jusqu’à la fin des temps ? Steven ne savait quelles réponses donner à ses questions, si tant est qu’il voulait vraiment les connaitre…

Ses yeux s’habituant à la lumière, il distingua son adversaire, encore un reptile, il prit de l’assurance, ayant déjà affronté plusieurs de ces créatures les derniers jours, jusqu’à remarquer que la créature avait ses ailes repliées sur ses flancs, un dragon! Le combat s’annonçait des plus difficiles et le risque était total. Le souffle de ces créatures pouvait fondre n’importe quel métal, mise à part son bouclier, mais derrière le bouclier se tenait tout de même un homme.

Bientôt la crainte du souffle de la bête ne fût plus qu’une terreur dérisoire, pris dans ses serres, il se sentit léviter, la bête l’amena à des hauteurs vertigineuses, avant de simplement le lâcher, la chute sembla durer une éternité, jusqu’au moment fatidique où son corps paru exploser littéralement.

C’est alors qu’une chose pour le moins surprenante se produit, une voix caverneuse retentit, le sol en trembla, la voix ordonna quelque chose d’incompréhensible, et avec un corps en lambeau, mais vivant, il avait d’autres occupations que déchiffrer ce que cette voix semblait lui ordonner, tout ce qu’il pu retenir fût "Émilie" "Dépêche toi ". Puis avant que le néant l’engloutisse à nouveau, il distingua une forme absolument immense au dessus de lui, le rassurant de sa douce voix : "T’en fais pas Cap’tain America, je te réparerai ce soir ! De toute façon t’es en plastique, papa il me prêtera de sa colle."

Texte 4 : Carton
Citation :
Boum boum, boum boum, boum boum.
Le cœur qui pompe inlassablement, qui cogne contre ma cage thoracique, prêt à éclater, à se frayer un chemin entre mes côtes.
J’ai couru plusieurs minutes dans cette réalité lointaine, déformée. La nuit, les arbres, les rochers, le chemin qui longe la falaise sont les éléments d’un décor étranger qui me donne la gerbe. Je m’arrête là, face au vide, loin de toute agitation. En bas la ville qui clignote en jaune sur noir, en vert, rouge, en touches de bleu. Lignes droites, Jean Jaurès, Alsace Lorraine.
Cette vie est comme un rêve. Un cauchemar duquel on ne peut pas se réveiller. Je touche mon visage, mes doigts me semblent immenses, disproportionnés, leur contact sur ma peau me fait tressaillir.
Un regard à nouveau vers ce gouffre qui scintille, laissé là béant comme un appel. Boum. Boum. Boum. Les coups qui martèlent mon crâne, me propulsent m’expulsent de ce mince monde.
La chute comme une ultime échappée belle avant l’obscurité totale.


Lucie. C’est comme cela qu’elle s’appelle. Lucie m’a regardé et je serais devenu son chien sur le champ si elle l’avait voulu. Mais elle a joué à me séduire, à me fuir un peu et à devenir mienne, totalement, absolument.
Son odeur de bonbon restait cachée dans la pièce longtemps après qu’elle soit partie le matin, et je humais l’air, les rideaux, les draps en quête de ces fragments vaporeux qu’elle daignait me laisser derrière elle.
C’était comme de s’enfoncer au petit matin dans l’eau profonde d’un lac que d’entrer dans la vie avec elle. Revigorant, apaisant, limpide comme un rire. C’était découvrir à chaque instant que l’on peut être un peu plus libre, un peu plus heureux, un peu plus loin de la morosité des jours, des hommes, des lois, des grandes architectures de nos sociétés, que l’on peut être deux spectres désinvoltes, invincibles dans leur fuite euphorique. J’aimais son regard qui s’obscurcissait comme un ciel d’orage quand elle était en colère, qu’elle me jetait tout l’appartement à la figure en me traitant de tous les noms, et la tendresse et la force avec laquelle elle me serrait contre elle les yeux encore rouges de larmes et de rage.
Lucie a façonné ma vie. Elle m’a offert son ventre comme un asile, à moi et à ceux qui nous survivront. Nos morceaux d’être qui ont poussé sous nos yeux et qui, déjà, possèdent leur propre existence. Je me rappelle, presque avec envie, du coup de vieux que j’ai pris quand Clara a quitté la maison la première. Mais le temps a passé, encore, à l’agitation de leur jeunesse a succédé cette période de calme, de vide un peu, et le silence s’est installé dans la maison. Sans les enfants, on retrouvait un peu de cet avant, de notre bonheur impertinent des premiers jours. Je voyais Lucie à nouveau, comme si, pendant vingt cinq ans, elle m’avait échappé. Des retrouvailles tardives, en somme, et le désir fougueux de rattraper un temps égaré, déposé sur le bord de la route depuis longtemps. Et après…
Vieillis. Vieillies nos mains, quatre parchemins qui racontent la même histoire. Vieillis nos visages tournés dans la même direction, à contre courant des années qui ne cessent, elles, de renaître.

A l’orée de ma vie, dans les grands yeux bruns de Lucie, je contemple le néant docile. J’écoute, tranquille, le vide expulsé dans mes artères. Une inspiration. Un souffle.

BOUM.

BOUM.




BOUM.
Une inspiration brusque et douloureuse. Un souffle. Haletant. Boum boum boum boum font les caissons de basses, inlassablement. Inlassablement les bras tendus vers le son, les pupilles comme deux grands trous sans fond. Secoué, secoué, et un son lointain qui résonne, s’étouffe, revient et rugit,
«*Putain*! Putain j’ai cru pendant une seconde que t’étais en train de nous lâcher*! Tu tiens le coup*? Ça va*? Ça va*?!*»
Ça va, Ça va, Ça va… murmure l’écho.
Nulle réponse. La main serrée contre la poitrine. Les ongles enfoncés dans la peau. Ses lèvres s’ouvrent à peine*:
«*C’est pas vrai… C’est pas vrai…*»
La foule animale qui le touche, les oreilles écorchées, le corps qui flotte et titube dans un liquide amniotique fait d’air, de chaleur et de transpiration. Le lieu se déforme, tourbillonne, zigzague, se replie, se reforme.
«*Ma vie… Ma vie, où est ma vie*?*»
S’arracher.
Il se met à courir, à déchirer les parois de ce monde étranger. S’éloigner.

S’éloigner au plus vite du bruit, des autres. Disparaître dans la nuit avant que la réalité ne le rattrape.

Texte 5 : Cette nuit là
Citation :
Baptiste rentrait chez lui, après une nuit entière de travail, il n’avait qu’une hâte, s’allonger dans son lit avec son livre de chevet, et laisser le sommeil venir à lui. Il était sur sa moto, fonçant sur l’autoroute à la lueur de l’aube, il lui restait quelques minutes de trajet. Seul sur la route, il se sentait bien et décida de prolonger son trajet, il laissa passer une sortie, puis une autre, et il finit par rentrer chez lui. Il avait bien mit une heure de plus qu’à habitude et tomba donc dans un sommeil profond.

Il ne fût réveillé que neuf heures plus tard, par la sonnerie de son téléphone, qui le sortit du monde onirique. Il décrocha, c’était son ami et collègue qui le pressait de le rejoindre, une grande découverte selon lui. Baptiste était à peine réveillé, il se pressa avant de remonter sur sa moto. Il n’avait que quelques minutes avant d’arriver au centre spatial, s’il se dépêchait.
Il n’eut que le temps d’enlever son casque avant que Louis ne lui sauta dessus, entamant un monologue :
« On a trouvé une nouvelle forme de vie, dans la constellation du Scorpion, il y a une planète partageant énormément de points communs avec la Terre, et il y a de l’eau sous ses trois formes, on pense avoir trouvé une forme animal habitant cette planète, et vu la distance, elle doit être bien plus évoluée à l’heure actuelle. Viens, le mieux étant que tu vois par toi-même ! »

Baptiste suivit donc Victor, se laissant entraîner dans le centre ou la propreté régnait, tout était d’un blanc immaculé et il se surprenait toujours dans cet univers qui lui paraissait étranger malgré le fait qu’il y travaillait depuis plusieurs années. Il était sceptique face aux affirmations de son ami, il refusait de croire à une vie extérieure depuis longtemps, il croyait que seul le hasard avait permis à la vie d’exister et que le hasard ne frappait jamais deux fois. Il avait peur, d’arriver devant la vérité, de voir ses convictions s’effondrer, ce sur quoi il basait sa conception de la vie. Il entra donc à la suite de Victor dans une salle remplie d’écran, avec un gigantesque télescope réglé vers cette planète qui contiendrait la vie, d’autres personnes le saluèrent, mais ils restaient intensément fixé sur leurs écrans, paramétrant la moindre chose pour pouvoir découvrir la vérité cette nuit, ou la visibilité serait parfaite.

Le temps passa, très lentement aux yeux de tous, Baptiste le trouva long, rongé intérieurement par la peur ,alors que le reste de l’équipe était impatient. On avait convoqué tout le personnel qui travaillait dans cette station, afin de découvrir la vérité. Si cette planète existait, cela aurait des conséquences mondiales, la France, les Etats-Unis, la Chine, le Japon … Tout le monde voudrait découvrir les êtres qui habitent en ce moment cette planète, et des milliards d’euros serait dépensés afin de trouver un moyen de les rejoindre, ce qui mettrait le monde dans une situation financière bien pire qu’actuellement, mais cela, seul Baptiste semblait y penser. Sans compter le temps de voyage, les risques d’une planète hostile. Mais tout le monde était rivé sur les écrans, particulièrement celui qui donnerait l’image vu par le télescope. Il était plus de minuit, la visibilité était parfaite, les écrans s’allumèrent et tout le monde put observer cette planète, qui semblait contenir des végétaux, ressemblant à de l’herbe, on voyait des points noirs, marchant ou courant sur ce végétal inconnu, cette planète était donc habitée, par des choses inconnues jusqu’aujourd’hui , et cela était la pire chose qu’il pouvait arriver au monde en ce moment, pour Baptiste en tout cas. Mais il savait que tout le monde s’en rendrait compte, dans quelques années, quand la population sera encore plus pauvre et affamée que maintenant. Il était effondré devant le manque de compréhension des autres, alors il les laissa partir, par grappes. Il savait qu’ils iraient tous fêter leur victoire dans un bar, il décida donc de modifier les réglages du télescope et d’effacer toute image de cette planète dans les données du centre spatial. Pour lui, la planète n’était pas prête à subir cette révélation, qui venait de détruire toutes ses croyances, et surtout, toutes ses convictions religieuses.
Hypsipylae
[Modéré par Selty.]

(je vote pour le modo qui a la + grosse.)
Les gars c'est Aiina qui a écrit le texte 1.
Votez pour le 2 de Datass.

Edit : Non je déconne l'écriture c'est sacré, c'est pas un random plat de lentilles.
Je vote 1 aussi, et si le 1 gagne, je ressortirai une vieille prophétie de derrière les fagots.
Les bureaux de votes viennent de fermer, c'est l'heure du comptage sous le regard inquiet des différents candidats :

Texte 1 : Les marcheurs de récolte proposé par Datass
Texte 2 : 33 tours 1/3 proposé par Atergo
Texte 3 : Héros malgré lui proposé par Laevras
Texte 4 : Carton proposé par Kanlay
Texte 5 : Cette nuit là proposé par Cerbardus

Citation :
C'est donc Datass qui remporte cette 34-ième édition de l'Ex Libar.
Il gagne l'insigne honneur de choisir le thème de la future édition et la lourde responsabilité de son organisation.

Merci encore à tous les participants et bravo à Datass.


Hypsipylae
Merci =)

Du coup je veux bien connaître la prophétie de derrière les fagots.

Fakedit :
Citation :
Publié par Hypsipylae
et la lourde responsabilité de son organisation
Euh... on en est sûr de ça ?
Citation :
Publié par Datass
Merci =)

Du coup je veux bien connaître la prophétie de derrière les fagots.
Elle raconte qu'un jeune champion armé de sa plume gagnât un grand tournois organisé jadis. Il ne pût pécho la princesse du fait de sa basse naissance et l'eut dans l'os comme on dit. Il ne devint donc pas roi et retourna avec ses guenilles dans sa ferme cultiver ses champs boueux, et a défaut de princesse saillit vigoureusement son ami le boeuf qui l'aidait quotidiennement à tirer sa charrue.

Mais néanmoins il organisera un second tournois et postera moultes pixz de sa meuf, sa génitrice et sa girlfriend sur le Bar, car tel est la volonté des Dieux.

Vôla, c'est la grand prophétie de derrière le tas de bois de la chaumière dans le marais


Citation :
Publié par Datass
Euh... on en est sûr de ça ?
Qui es-tu donc pour oser douter de ce qui est écrit dans les étoiles ?


Truedit : Félicitation pour cette glorieuse victoire.
Dans l'ordre, ma meuf et ma mère :

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Pour le thème et pour l'organisation, je veux bien mais je crois pas pouvoir atteindre le degrés de ponctualité militaire dont a fait preuve Hypsipylae.
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