Alors qu'elle sortait de l'auberge, la panse remplie d'une volaille rôtie à point (et ses pommes de terre nouvelles), elle tomba nez à nez avec une vieille connaissance.
Nicaus, le puissant mage, se tenait là, face à elle, un grand sourire traversant son visage.
- Qui voilà donc ? Une fière sarrasine en goguette dans le nouveau monde, si je m'y attendais !!
- NICAUS !!!
Pure se jeta dans les bras que lui tendait son vieil ami. Le temps avait coulé, mais ils se retrouvaient comme aux premiers jours. Pourtant les nouvelles n'étaient pas bonnes.
- Tu n'aurais pas dû franchir les océans petite sœur. Ici la guerre a redoublé d'intensité, et la survie nous a imposé des choix ...
Notre guilde est ... enfin, nous avons dû nous séparer, et rejoindre des formations plus efficaces, meilleures en stratégies, en force de frappe. Banos et moi sommes "Spartiates" dorénavant, nous avons dû évoluer avec la réalité du champs de bataille.
Et elle n'est pas belle la réalité, les hordes ennemies sont plus nombreuses et plus sournoises de jours en jours, laissant peu de place à la chevalerie, à l'honneur. Je suis désolé, mais les Fulmines Dei sont restés dans l'ancien monde et c'est peut-être mieux ainsi ...
Abasourdie par ce récit, Pure garda le silence quelques instants. Ses espoirs s'effondraient, mais les épreuves de la vie ne l'avaient pas épargné jusque là. Dans sa jeunesse, les drames lui avaient forgé un solide caractère. Malgré tout ce qu'elle venait d'entendre, elle était heureuse de revoir Nicaus, et tranquille quant à son avenir.
Du moins voulait-elle s'en convaincre ...
- Je comprends mon ami, et ne sois pas triste. Tu connais mes dispositions à la survie, ici comme ailleurs, je saurais toujours panser mes blessures et revenir plus forte encore. Je vais partir à la découverte de ces nouvelles terres qui ressemblent étrangement à celles que nous foulions ensemble à l'époque. Peut-être trouverais-je à nouveau une famille. Et nous nous recroiserons sans doutes. A bientôt sur le champ de bataille.
Après un bref adieu, elle disparut car c'était encore ce qu'elle savait faire de mieux. L'émotion qu'elle avait voulu contenir la submergeait à présent, entre joie et peine, mais l'héritière de l'empire des assassins n'avait jamais laissé qui que ce soit la voir dans un instant de faiblesse ...
Demain serait un autre jour.
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