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Nous sommes plusieurs. Un sadida, un osamodas, un écaflip, un xélor, et même un sacrieur. Je ne vous le cache pas, nous sommes accoudés au comptoir de la taverne. Nous ne savons pas si c'est l'effet de l'alcool ou de notre passé, mais nous avons l'impression d'avoir changé d'univers. Vous savez, comme quand on arrive à incarnam, rejoindre nos amis, pour finalement nous apercevoir que, eh bien, ils sont aussi sur incarnam, mais dans un autre univers. Nous voulons vous raconter notre histoire.
Mon compagnon xélor, dont je ne me souviens plus du nom, m'a laissé la parole pour commencer notre histoire ; après tout, nous sommes arrivés dans ce monde à peu près au même moment, à la création (Big Bang ?) de "Raval". Je m'appelle slikti, sadida.
A cette époque, nos amis pandawas n'existaient pas. Il n'y avait pas incarnam, et encore moins la forgemagie. Les dragodindes, non plus, n'existaient pas. Je nous vous parle même pas des îles telles qu'otomaï, nowel, et autre frigost. Je ne pouvais pas m'aventurer en dehors de ma contrée d'origine, astruub et ses proches alentours. Mais je m'y plaisais.
En effet, autour de moi, de nombreuses autres classes étaient dans mon cas, et ça ne nous dérangeait nullement. Les combats que nous faisions ne se différenciaient que peu, par rapport aux ennemis combattus, mais je faisais des rencontres agréables. La classe, la puissance, le niveau, l'alignement, ou nos équipements, ce n'était pas important, je m'amusais, je rencontrais des gens, je nouais des amitiés, voire plus si affinités. Je me développais socialement. Puis, nous avons été invités à sortir d'astruub, découvrir le monde qui nous entourait. Quel surprise vous imaginez, devant tant de paysages différents. Mais aussi devant les monstres auxquels on devait faire face ! Des abeilles géantes, des moutons belliqueux, des loups enragés, des arbres vivants même ! Et des pierres ! Les craqueleurs, comme nous les appelons, ont été sauvagement attaqué pendant des mois, d'abord pour gagner un peu d'expérience, puis ensuite parce qu'une fois moi, on pouvait trouver des diamants dans les creux de leurs articulations ! Vous vous rendez compte ?
Pour ma part, ces moutons belliqueux appelés bouftou me faisaient bien rigoler, et puis, les gens qui se trouvaient là-bas étaient agréables ! J'y ai même rencontrée une écaflipette avec qui j'ai passé de bons moments, mais la pudeur m'empêche d'en raconter plus.
Parfois, j'allais rejoindre aux craqueleurs, en dessous du "zaap -2/0" retrouver un ami qui m'est resté très fidèle alors que nos chemins se sont séparés. C'est là que je vais en venir. J'ai commencé à grandir, et notre nouvelle grande passion, à cette écaflipette appelée justine et moi-même, fut de détruire les arbres qui marchaient ; nous avons donc passé le plus clair de notre temps à taper de l'abraknyde.
J'avais une panoplie entière abraknyde, et mon amie une panoplie scarafeuille. Nous nous valions à peu près, mes 8 PA contre ses 3 PM, c'était agréable. Puis est arrivé le temps où les agressions entre joueurs se sont intensifiées. Je ne suis sorti que rarement de chez moi depuis, mais mon neveu, slikti-osa, va vous le raconter.
Merci, tonton. Bien le bonjour à tous. Il s'est arrêté peu de temps après ma venue au monde. Désormais le monde a changé. Le "peu importe l'alignement" n'est plus valable, les anges commencent à ne plus aimer les démons. Enfin, un peu d'adaptation ne peut pas faire que du mal. J'ai ainsi passé le plus clair de mon temps à lancer sur des parfaits inconnus mes invocations toujours plus nombreuses. Pour les plus bavards et gentils de mes ennemis, j'avais le droit à un bonjour, voire un bravo à la fin du combat. Heureusement, les gens, qui comme moi, étaient ange, me parlait avec moins de retenue.
Puis, le temps passant, de nouveaux équipements ont été découvert. Nous devions gagner un maximum d'expérience, pour les porter, simplement pour survivre, ou pour avoir la possibilité d'engager le combat avec d'autres personnes. L'équipement n'avait donc plus aucune importance. Et puisqu'il fallait gagner de l'expérience rapidement pour prendre un peu de plaisir, rester à astruub n'était plus possible, à part bien sur en cachant nos convictions, nos ailes, même avec nos proches ! Intolérable !
De fil en aiguille, le niveau avait pris de l'importance ; en effet, dans un optique d'augmenter rapidement son niveau, il fallait être en combat avec des gens d'au moins sont niveau. Je n'ai donc plus eu tellement de discussions avec les gens plus forts que moi. Et les traques sont arrivées. Une sorte de lutte intense et sans fin entre le bien et le mal, dans laquelle participer était le signe d'aucune pitié, et ne pas y participer nous faisait passer pour de piètres combattants, et donc ne pas être appréciés, autant par les anges que les démons. A ce moment, je suis allé rejoindre mon oncle, étant moi-même le parrain d'un sacrieur à qui on réservait un grand destin ! Il vous racontera la suite.
Bonsoir à tous. Je m'appelle Gasteropod, et malgré mon parrain et son oncle, qui étaient contre, le but de ma vie a été la destruction pure et simple de l'adversité. L'écaflipette avec qui mon oncle avait passé le plus clair de sa jeunesse avait abandonné, et l'ami que nous avions gardé de générations en générations, ne venait nous voir que très rarement, puisqu'il était d'un niveau bien supérieur au notre, et donc n'avait rien à gagner en passant du temps avec nous. Ainsi, je sais tout juste parler. Je n'en ai pas besoin. Quand la différence de puissance entre mon adversaire et moi est trop grande, je me fais insulter. Quand j'essayais de dire bonjour à quelqu'un, j'avais une réponse que si l'autre pensait avoir un avantage sur moi. Dire à un ennemi qu'il avait bien joué à la fin du combat amenait aussi à des insultes. J'ai donc progressivement perdu l'usage de la parole, que les bierres d'aujourd'hui ont visiblement rétabli.
A la grande désolation de ma famille, je n'avais ni ami, ni proche, aucun respect pour les autres combattants qui ne m'en témoignaient pas non plus. Mais je n'avais pas le choix. J'avais de belles ailes, une puissance énorme, mais, au fond, ma vie était vide, creuse. Je sortais de chez moi le matin parce que j'en avais pris l'habitude, et non pas parce que ça me plaisait.
Dans la période où que je vous raconte, tout existe désormais : la forgemagie, incarnam, les îles, sauf frigost, je me promène en dinde, si on peut appeler ça une promenade...
Les gens en général ne se parlent plus. Les faibles ne sont pas considérés comme moins forts, mais comme minables, moins que rien. Le meilleur équipement est de rigueur, et toute extravagance est punie directement. Le temps où plusieurs équipements se valaient pour un même personnage orienté sur une caractéristique donnée est révolu.
Mes parents ne se faisaient pas à ces évolutions, et donc nous sommes partis en vacances. En revenant, visuellement, le monde avait changé. Mais peu importe, étant fait pour ça, les combats m'avaient manqué. Et en partant, j'étais plus que bon. Pour ma puissance, les équipements n'avaient que peu changés, et donc, aucune raison pour que ça change. J'ai donc recommencer à me battre. Ou plutôt j'ai commencé à me faire battre. A tous les combats. Moi, l'ancien roi des agressions, perdais tous mes combats. Tous, sans exception. Mes ennemis avaient pourtant les mêmes équipements, mais modifiés. Avoir moins de 10PA et 10PM était une énorme preuve de faiblesse. Avant, seuls certains pouvaient posséder des équipements de cette puissance. Désormais, tout le monde en possède. Les équipements de base n'ont plus aucune signification. Etre fier d'avoir obtenu un bon équipement n'est rien, puisque de toute façon, même un mauvais peut se transformer en équipement monstrueux. Un soir, rentrant ensanglanté, à moitié mort, j'ai pensé à la retraite. Nous nous sommes retrouvés là !
Voilà notre histoire. Elle est longue. Et triste. Nous avons l'impression d'être passé d'une époque où le niveau et l'équipement n'avait pas d'importance, tant qu'on vivait en s'amusant, à un monde fait pour les plus riches, les plus puissants, sans laisser de place aucune à l'amitié, au respect, et au "jeu". Et nous aurions besoin de savoir si vous aussi, qui avaient pris la peine de lire, ressentez la même chose...
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