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Moi, Ranald le Sombre m’engage à remplir aussi souvent que possible ce journal afin d’écrire peut-être (et je l’espère) mes mémoires durant mes vieux jours.
Commençons par le début. Nous sommes le 7 avril de l’année du Bouclier (1367)
Suite à mon retour de Bérégost et après avoir quitté mon compagnon de voyage Amstard, un brave homme, bien que trop honnête pour moi, j’ai décidé de fonder ma guilde dans ma ville natale, La Porte de Baldur. Celle-ci serait couverte par une taverne, excellent moyen pour attirer du monde, avoir vent de rumeurs et peut-être trouver de nouveaux adeptes de la guilde. Pour l’emplacement, j’avais une préférence pour les Docks, les tavernes (et les patrouilles de gardes) y étant rares et les dockers, cherchant à se débarrasser de leur paie, très courants. J’ai donc inspecté les horizons et ai trouvé un entrepôt à vendre, l’adresse d’une taverne indiquée. Je fus à ce bar en quelques bonds. Ce n’était pas une mauvaise taverne, tout compte fait. Enfin… J’ai demandé au barman de m’indiquer le propriétaire de l’entrepôt dont je ne me souviens plus du nom. Celui-ci, après avoir dégrisé m’a vendu son entrepôt pour 100 PO. Peu confiant, je l’ai forcé à rédiger un contrat de vente. Suite à ça, je lui ai donné son dû et suis sorti de la taverne. Naturellement, une rixe débuta dès ma sortie… je plains le barman… enfin, les affaires sont les affaires. J’ai donc passé la nuit dans ma nouvelle acquisition.
Le 8 avril, année du Bouclier
Le matin venu, j’inspectais plus précisément mon entrepôt : un grand bâtiment de 30 mètres de long, 20 m de large et une douzaine de haut. Les seules fenêtres du bâtiment se situent à 6 ou 7 m de hauteur, et c’est mieux ainsi, empêchant quelque curieux de regarder à l’intérieur à moins que celui-ci soit un géant… et même, des géants de 6m de haut… Et enfin, la dernière partie du bâtiment mais pas la moins importante : la cave. Celle-ci mesure 20m sur 15m et a une hauteur de 3m.
Cependant, la construction du bâtiment, en bois et tôle ne me satisfaisait pas, j’ai donc contacté un maçon, très sérieux, voire trop. Il m’a demandé les papiers de propriété, l’autorisation de construction de la mairie ainsi que d’autres papiers dont je n’ai jamais entendu parler. Pour m’en débarrasser, je lui ai demandé le prix et lui ai dit que c’était trop cher. J’ai donc contacté une entreprise moins cher et moins regardante sur l’officialité du bâtiment. Pour 80 PO, les maçons ont recouvert tout le bâtiment de chaux et ont bâti les cloisons que j’avais demandées. Deux semaines après, tout était prêt. Les commandes que j’avais passées sont arrivées à savoir : 12 tables, 60 chaises, 6 tabourets, 18 tonneaux, 10 grands coffres et un comptoir. Ainsi que 2 tonneaux de bière et 2 de vin. J’ai installé à l’entrée une pancarte : « La Rascasse Ivre », le nom du bar. Après avoir aménagé les locaux (guilde et bar), j’ai passé une annonce : « Recherche barman, gardes, hommes de main. S’adresser à la taverne de la Rascasse Ivre » .
Le 22 avril, année du Bouclier
J’ai eu plusieurs réponses. Pour le bouleau de barman, un ex-collecteur des impôts (foutus fonctionnaires… ), un jeune couple et un guerrier déçu par l’aventure. Le choix a été vite fait. Le seul problème, c’est que le guerrier ne connaissait pas le jargon des voleurs, je lui fais donc prendre des cours du soir… Puis, pour les gardes et hommes de main, 4 gars : un guerrier, un guerrier amateur et 2 soi-disant guerriers. Le guerrier expérimenté a tout de suite senti le coup et est parti. L’amateur se fiche pas mal de la guilde, tant qu’il est payé : il reçoit donc 5 PA par soir. Les 2 autres, après une brève conversation sont venus pour la guilde (l’appellation « hommes de main » était assez claire). Mes deux futurs et premiers collègues s’étaient spécialisés au vol à la tire, mais j’ai atteint une maîtrise parfaite dans ce domaine. Je leur ai alors conseillé de se recycler dans la détection de piège (mon seul et unique point faible) et le crochetage de serrures.
Le premier, bien que pas très malin, s’est révélé être très convaincant et charismatique. Le second, débutant, n’a aucune caractéristique particulière mis à part le fait qu’il se surestime… enfin bon, tant pis… Ce sont de bonnes recrues à mon avis. Les conditions et le règlement de la guilde leur convient parfaitement. L’ouverture de la taverne a lieu ce soir-même. Le barman nettoie son comptoir une ultime fois. Je vérifie avec le barman les tarifs : 5 PC la chopine (0.5 L) de bière, 1 PA la chope (1 L), 3 PC la chopine de vin et 5 PC la chope. Quelques minutes après l’ouverture, déjà toutes les tables sont occupées. Un brouhaha emplit rapidement la salle. J’ai remarqué un gnome seul habillé en noir, une aura de mystère l’enveloppant, à une table en train de boire sa chopine de bière. Je m’approche et lui demande en jargon des voleurs s’il est des nôtres et il me répond que non, en jargon… Pour le moins étrange. Sinon, le reste de la nuit se passe correctement jusqu’à ce qu’une bagarre éclate à une table de 3 hommes et un demi-ogre. Les tables se renversent, les insultes fusent. L’humain crie au demi-ogre d’aller se battre dehors. Dès que cet homme se retourne, un coup de masse lui explosa le crâne. Naturellement, la masse se trouvait dans la main du demi-ogre. La rixe fut courte et expéditive : les 3 humains furent littéralement laminés par le demi-ogre. Celui-ci, s’apprêtant à quitter la taverne reçut de plein fouet 2 projectiles magiques qui eurent raison de lui. Ces derniers venaient d’être envoyé par le gnome.
Après avoir jeté les corps à l’eau, tâche facilitée par la proximité des quais, je partis remercier le gnome en lui offrant une choppe de bière. Celui-ci m’affirma qu’il est toujours prêt à buter des races maléfiques. Il semble qu’il puisse devenir un allié, bien que passif. Jusqu’à la fermeture, tout se passa bien. La recette fut de 5 PO, 4 PA et 3 PC. Je laissai la totalité de la recette au barman sans prélever mes 50%. Puis, mes 2 acolytes et moi-même sommes sortis et nous crochetâmes le verrou de l’entrepôt voisin, un entrepôt alimentaire. Après avoir récupéré quelques tonneaux de poisson et de lard salé, nous refermâmes le tout et repartîmes dans notre guilde.
Le 23 avril, année du Bouclier
Nous avons décidé d’aller nous faire la main dans le parc des hauts-quartiers tout en cherchant armureries et bijouteries isolées. Après mûre réflexion, je décidai de plutôt cambrioler une armurerie (ce qui ne devrait pas poser de problèmes) afin de mettre mes partenaires en confiance. Arrivé au parc, j’observais la technique de mes 2 amis. Le premier, sombre 2 (c’est son nom de code), romantique et charismatique à souhait s’assis à coté d’une jeune dame à un banc.
Une dizaine de minutes plus tard, il revint avec les anneaux de cette dernière et son collier. Sombre 3, bien qu’inexpérimenté, il se révéla efficace. Feintant une chute, il en profita pour subtiliser le sac d’un gentilhomme. La recette de ces maigres larcins fut plus élevée que je ne le pensais : nous réussîmes à refiler les anneaux et le collier auprès d’un bijoutier véreux. Il aurait été dangereux de vouloir vendre deux de ces anneaux, portant une marque particulière, sûrement l’insigne de la famille des nobles auxquels nous les avons subtilisés. Le total des bénéfices se monte à 97 PO. Pas mal… Nous avons également repéré une petite armurerie sympathique et isolée, qui semble être la cible de notre cambriolage le soir-même. La nuit tombée et la patrouille de garde passée, nous nous dirigions vers cette armurerie. Sombre 3 se plaça à l’opposé de la rue et était censé faire la garde. Sombre 2 et moi-même (Sombre 1) nous occupions de crocheter le verrou de la porte d’entrée. Celle-ci s’ouvrit sans le moindre bruit. La pénombre présente dans la pièce nous empêchait de voir ce qui nous attendait. Au moment où je franchis le palier de la porte, un bruit sourd se fit entendre. Sentant venir le piège, je sautais mais malheureusement, si je n’avais rien fait, la flèche me serait passé au-dessus grâce à ma petite taille. Mais ma tête se trouvait sur la trajectoire du carreau, envoyé par une arbalète située à l’opposé de la salle.
Un bruit de chair déchiré se fit entendre alors que je m’effondrais, dans une flaque de sang grandissante. Sombre 2 était horrifié. Il se pencha sur moi, et commença à essayer de me réanimer. Je voyais ses lèvres remuer mais sa voix me paraissait lointaine. Le carreau d’arbalète s’était logé juste entre mon crâne et mon oreille droite, faisant pendouiller lamentablement la partie supérieure de mon oreille. Je me relevais avec l’aide de Sombre 2, repris mes esprits, ôtai mon gant, le plaça dans ma bouche et serrais les dents tandis que je cassais l’extrémité du carreau et le retirai de mon oreille (du moins ce qu’il en restait). Je déchirais ma pèlerine noire et me fit un garrot pour éviter de perdre trop de sang. Nous entrâmes tout de même, Sombre 2 et moi dans l’échoppe. De nombreuses armures y étaient entreposées, allant du cuir à la cotte de mailles. Nous prîmes 3 armures de cuir, les cottes de mailles étant trop bruyantes. Je saisis un casque et me l’équipa. Puis nous nous dirigeâmes vers le comptoir. Après avoir inspecté les tiroirs, nous avons décidé de laisser tomber le comptoir, celui-ci étant protégé par plusieurs pièges (je ne comptais d’ailleurs pas perdre un autre bout d’oreille dans la même soirée). Nous nous préparions à monter à l’étage avec toutes les précautions que cela nécessitait quand Sombre 3 défonça la porte d’entrée, dans un vacarme fracassant, une large entaille sur la poitrine.
Vacillant, il nous hurla de nous enfuir avant de s’écrouler. Le temps que nous comprenions, 2 gardes du poing enflammé firent irruption dans l’armurerie. Sombre 2 profita de la surprise générale pour attraper mon bras et me tirer jusqu’aux escaliers. Je compris rapidement en regardant ses yeux qu’il avait un plan. Je le suivis et nous montâmes jusqu’au 2° étage tout en déversant des chausse-trappes. Puis, une porte fermée à clé nous arrêta. Je sortis mes rossignols et en moins de 5 secondes, j’ouvris la porte (je crois que je n’ai jamais ouvert aussi rapidement une serrure…) tandis que Sombre 2 ralentissait les gardes en leur envoyant ses bottes. Nous sautâmes à la première fenêtre venue et nous rattrapâmes à un toit tandis que les gardes tentaient de nous suivre. Nous courûmes sur les toits lorsque, regardant derrière moi, j’aperçut Sombre 3, les armures de cuir sous le bras, s’échappant par la porte de l’armurerie. Nous descendîmes à la première gouttière d’un toit et décidâmes des suivre les gouttelettes de sang semées par notre confrère. Nous le retrouvâmes dans un coin d’une allée, dans une mare de sang, les armures de cuir à ses pieds. Il fallait lui donner des soins très rapidement. Il réussit à me dire : « Ah, je croyais que j’allais crever dans cette ruelle… Conduisez-moi au temple de Mask … Je vous guiderais ». Sombre 2 le prit sur ses épaules alors que je faisais de même avec les armures de cuir. Nous descendîmes dans les égouts grâce à la première bouche que nous vîmes. Il était logique que le temple de Mask ne pouvait pas se trouver autre part que dans les égouts, cette religion étant interdite dans tout l’Amn. Ce temple était d’ailleurs situé juste en dessous de la mairie de la ville, respectant bien l’idée de narguer les autorités, chère au culte de Mask. On nous accueillit. Le prêtre supérieur de ce petit temple pourtant fort bien décoré fit allonger Sombre 3 et lui appliqua des soins magiques. J’ôtai mon casque et il vit ce qui était arrivé à mon oreille. Il m’expliqua, qu’il fallait couper la partie supérieure de celle-ci pour que la plaie ne s’infecte pas. Il s’exécuta et cicatrisa la plaie avec un soin magique. Puis il me dit en souriant et en brandissant le bout de mon oreille: « Vous y étiez très attaché, vous voulez le garder ? ». Je lui répondis que non (je ne voyais pas vraiment ce que je pouvais encore en faire …). Nous passâmes la nuit dans le temple.
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