Il y a cette année où je suis née, depuis je vole, survole, épie la vie. De jour comme de nuit, à la lueur d’un réverbère ou d’une chandelle.
Toutes ces années où j’ai vu ce que j’ai voulu voir, défendu ce qu’il y avait a défendre, ou je n’ai posé les pieds au sol que pour sourire et pleurer, sans passion ni frivolité.
En fait de tout ça, je n’ai jamais aimé…
Jamais accepté ce pourquoi j’atterrissais, aller toujours plus loin, toujours plus en avant, sans but, ni moyen d’y parvenir.
Les légères senteurs matinales m’ont prises au dépourvu, et je me suis posée.
Au coin de cette rue, à l’aube de nos amours, j’ai décroché ma lune. Une inattention attentive puisque je le fit en t’attendant.
Une lune, qu’est ce quand on les compte par centaines, milliers en se languissant de cette arrivée ?
Le soleil s’était hâté de prendre la place de mon butin, de mon cadeau, et postée à mon angle d’asphalte, je souhaitais te reconnaître.
Je rêvais d’être de ta partie, de suivre tes émotions et de palper tes erreurs. Je voulais vivre de ton action et mourir de tes pleurs.
Ta vie serai ma force, et tes faiblesses feraient naître mes sourires.
La sincérité de mon regard plongé dans le tien, la fidélité de nos cœurs entrelacés, de nos âmes sans équivoques aucunes, sans manières ou dédain.
Je serai toi, tu serai moi, nous serions vivant et humains, j’aurais troqué mes ailes de fuites contre les jambes qui avanceraient pour toi.
J’aurais échangé mon cœur et mon âme sans finalités contre tout.
Dans le miroitement sombre de mon ombre sur le béton, je vois perler un léger sourire, je suis heureuse.
Le jour se lève et mon cœur resplendit, je ne sais pas si tu viendras, si dans mon ardeur je te reconnaîtrais alors je patiente et ferme les yeux.
Quelques minutes et je sens en moi monter l’ivresse d’Aphrodite, je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux, je sais…
Miss M
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