Nous vérifiâmes que la bête était bien morte. Je ressortis ma dague du dos de la créature et découpai dans la tête de dragon sa mâchoire. Je la partageai alors avec Séraphin. Puis j’enlevai les yeux de la créature avec un bonheur immense et un plaisir sadique (sans les montrer, bien sûr) et plaçait les yeux dans une des fioles que je possédai .
Puis, Séraphin et moi même prîmes le plus de cordages possibles et recommençâmes l’escalade de la montagne. Arrivés en haut, nous avançâmes dans la grotte jusqu’à arriver au trou central. Il devait faire environ une centaine de mètres de profondeur. Problème : nous n’avions que 70 mètres de cordes. Je proposai alors à Séraphin de me donner ses pitons.
Je descendis alors en premier et arrivé en bout de corde, j’enfonçai à mains nues (rendu possible par la potion qui faisait toujours effet) les pitons dans la roche, formant ainsi un réel escalier de prises. Arrivé un bas, un choc sensoriel m’assaillit : un odeur difficilement supportable mêlant cadavres en décomposition, excréments de la chimère, manque d’aération et humidité m’agressa les narines. J’eus du mal à ne pas tourner de l’œil à tel point l’odeur était immonde. Je surmontai cette petite faiblesse.
Cette partie de la grotte était circulaire. A ma droite se trouvait une montagne d’os. Plusieurs mètres cubes d’os blanchis entassés. Vu la forme du promontoire d’os, je devinai que la créature devait dormir dessus. Mais ce qui attira surtout mon attention est le tas d’objets métalliques à ma droite. Une quantité de pièces impressionnante recouvrait le sol. De nombreux objets étaient également présents : des armures de plates, des armures feuilletés, des cottes de mailles, des épées de tout genre, des bottes, une robe, des haches etc. Je cherchai alors les objets irradiant la magie.
Ce fut impossible à dire : il y avait tellement d’objets magiques ici que leurs rayonnements magiques résonnaient entre eux. Je me saisis alors de la robe, des amulettes et des bagues que je cachai dans mes vêtements. Parmi les amulettes, je reconnut la passe-monde, semi-enfoui dans l’or. Je récupérai alors quelques objets et me chargeai comme un mulet, profitant encore de ma force exceptionnelle due à cette potion. Je remontai la pente. Séraphin m’attendait en haut. Je lui décrivait tout ce que j’ai vu, omettant bien sûr les objets que j’avais cachés sur moi mais mentionnait cependant la présence du passe-monde. Il fut ravi pour moi. Nous fîmes plusieurs voyages pour remonter les objets mais nous délaissâmes l’or.
En dehors de cette cavité, je pus définir quels objets étaient magiques et ceux qui ne l’étaient pas. Nous laissâmes sur place les non-magiques mais emportâmes les objets magiques. En tout, les objets magiques furent : 1 cotte de mailles, 4 flèches, 1 armure feuilletée, 1 épée large, 1 casque, 1 écu, 1 pavois, 1 armure de cuir, 1 paire de bottes et certains des objets que j’avais cachés, à savoir la robe et une amulette
.
Nous reprîmes la route vers Bérégost après avoir récupérés nos chevaux respectifs, vivants mais faméliques.
Le 13 mai, année du Bouclier
Après un jour de voyage, Séraphin nous proposa de couper à travers la Forêt Acérée pour arriver chez Talanthyr plus rapidement. Nous empruntâmes le chemin principal qui traverse cette forêt. Après une quinzaine de minutes, un obstacle nous arrêta : un tronc d’arbre couché au milieu de la route, constellé de points de lances. Je compris tout de suite qu’il s’agissait d’une embuscade. Je hurlai « demi-tour » mais, c’était déjà trop tard. Une volée de flèche s’abattit sur nous.
Une d’elle m’arriva en plein dans le torse. Le choc fut tel que cela me désarçonna. Sombre 2 fut blessé mais sans gravité. Les autres restèrent indemnes. Après cette volée de flèches, de nombreux humains hostiles sortirent des bois : 5 de chaque côté de la route et 3 qui nous bloquaient le passage et donc une fuite éventuelle.
Je pris alors mon arbalète, engageant le combat et transperçant par la même occasion le brigand qui se trouvait devant moi. Puis je saisis ma barre-flind et me ruait au combat.
Trois minutes suffirent pour tous les exterminer. De notre côté, nous n’avons aucune perte à déplorer, sinon le nain qui était arrivé au seuil de la mort. Nous laissâmes donc tous ces cadavres à terre, sans sépultures et continuâmes notre route vers le domaine de Talanthyr.
Le reste du voyage se passa sans autre incident.
Arrivé à bon port, Talanthyr m’attendait devant son domaine. « Comme vous revenez, je devine que vous avez l’objet en question ? » me dit-il. Je lui tendis alors le passe-monde. Il le regarda avec joie, me félicita et m’annonça que je serai son futur apprenti. Je le remerciai puis lui racontai l’aventure que nous venions de vivre et lui demandai cependant de l’aide pour le transport de l’or et des objets laissés là-bas. Il me répondit qu’il s’en occuperait. Je lui tendais également les objets magiques qu’il devra identifier. Il nous dit alors de revenir le lendemain.
Séraphin s’approcha de moi et me confia qu’il allait partir vers les Vaux, et plus précisément à Valflute pour prendre une retraite paisible. Il ne souhaitai même pas rester pour le partage des objets, ni pour l’or. Je lui promis de lui rendre visite une fois mon apprentissage en magie terminé. Puis il prit son cheval et partit vers l’Est.
Je rendis visite à Sombre 3 pour qu’il ne s’en fasse pas trop quand à mon éventuelle disparition durant tout ce temps. Je toquai à la porte. Personne ne me répondit. J’entrai. La cabane était vide. Seule une lettre posée sur la table attira mon attention. Cette lettre, écrite par Sombre 3 expliquait en fait que des humains qui participaient à cette épreuve l’avaient menacé de mort s’il ne révélai pas l’endroit où se trouvait le passe-monde. Il leur a dit ce qu’ils voulaient savoir. Puis toujours dans cette lettre, il m’annonça qu’il n’était plus digne d’être mon élève et qu’il partait de Bérégost. La lettre me révéla également où il avait caché l’or que je lui avait confié.
Je fus réellement triste pour lui. Puis je compris pourquoi nous avons été attaqué dans les Bois Acérés : les humains, après avoir soutiré les informations à Sombre 3 sous la menace, ont payé des mercenaires pour nous tuer et donc rapporter le passe-monde pris sur mon cadavre à Talanthyr. Foutus nobles ! Qu’ils brûlent en enfer. Je jure devant Brandobaris que si je croise l’un de ceux qui a fait ça, je lui arracherai les yeux et les tripes et lui les ferais avaler ! Brandobaris, tu es témoin de ma promesse.
Sombre 3, où que tu sois, sache que je te pardonne. Puisses-tu te retrouver un jour sur ma route.
Le 14 mai, année du Bouclier
J’attendais avec la troupe de Sombre 2 devant le manoir de Talanthyr. Celui-ci nous demanda d’entrer. Il nous dit : « J’ai ramené l’or et les objets que vous aviez laissé là-bas. J’ai divisé les pièces en six parts égales. Il y avait en tout 10607 pièces de cuivre, 5822 pièces d’argent et 8563 pièces d’or. J’ai cependant fait un septième tas contenant les pièces n’ayant plus cours de nos jours. Je me suis servi dans ce tas : j’ai pris cinq pièces anciennes qui raviront un de mes amis numismates. Cela ne vous gêne pas ? ». Je lui répondis que non. Je proposai alors à la troupe de laisser les pièces anciennes à Talanthyr. Il acceptèrent avec joie. Talanthyr nous remercia et nous affirma que l’étude de ces pièces sera passionnante pour lui.
Puis, Talanthyr nous révéla la vrai nature des objets magiques.
Passage uniquement pour les adeptes de AD&D. Les profanes risquent de ne pas comprendre grand chose.
Il y avait une cotte de mailles +1 +1 en sagesse, une épée longue +1 +3 contre les gobelenoïdes, une épée large +1, un écu +1 +25% de résistance au feu, un pavois +1, des bottes nordiques, une armure de cuir +1, 4 flèches tueuses (une d’orc, une de doppleganger, une de génie et une d’ettercap). Puis il révéla la nature magique des objets que j’avais mis à part (à savoir, ceux que j’avais subtilisé) : une robe d’utilité, une dague +2 longue-dent et une amulette de protection +1 qui donne une fois par semaine et pendant 5 round un bonus de +4 à la CA contre les projectiles).
Le passage uniquement pour les non-profanes est maintenant terminé. Vous pouvez reprendre une lecture normale
Il restait cependant un casque qu’il n’avait pas eu le temps d’identifier.
Pour le partage, je pris les bottes nordiques, le casque et l'armure de cuir. Le reste ne m’intéressait pas, je le laissai donc aux membres du groupe de Sombre 2. Pour les pièces de monnaie, je pris ma part et laissai la part de Séraphin à ces jeunes aventuriers.
Je leur fis à nouveau mes adieux, sachant que j’allai passer mes prochaines années à étudier les arcanes magiques avec Thalantyr.
Tout commence demain à l’aube.