Une goutte gelée tombe et perce le manteau de neige. Puis une autre, et encore une autre …
Ce sont des gouttes salées, amères. Elles tombent sans discontinuer depuis des heures.
Dans les hautes montagnes qui font fièrement face à IronForge, un elfe, recroquevillé sur lui-même, comme si son ventre le faisait atrocement souffrir. Et il pleure.
De temps en temps un cri lugubre perce le silence de la nature enneigée, dérisoire, il se perd dans l’immensité déserte des neiges éternelles. Un cri de désespoir, inutile et inhumain. Un mélange de rage et de douleur si forte que … le corps lui-même semble se déchirer. Il voudrait mourir. Sur le champs.
Le teint est blafard, le visage semble comme détruit, décomposé par les longues heures de tristesse qui le marque. Le froid, la peur, la haine, la colère mais surtout, le doute. Son cerveau est en feux et il voudrait qu Elune abrège ses souffrances, ou alors … elle, comme pour ce sanglier innocent et inconscient.
Oui, peut être qu’elle pourrait « Abreger » ces souffrances à lui aussi. Comment croire que depuis si longtemps il était aveugle et sourd. Voilà des mois et des mois qu’ils vivaient ensembles et il n’avait rien vu, rien senti. Tellement aveuglé par son image qu’il n’avait pas laisser son esprit ouvert. Aujourd’hui il paye, sa crédulité, ou son courage. La peau de ses mains craque sous la morsure du froid, et de petites gouttes de sang gèlent à peine sorties.
Des heures durant il à marcher. Des heures durant il à escalader. Bravant les crevasses, les falaises et les surplombs, hurlant sa peine au vent, en espérant qu’Elune l’entende et le soulage. Il savait bien pourtant. Il savait. Apres quelques chutes pourtant la douleur physique était devenue trop forte, alors il décida que c’était là, le bon endroit. Le vent la glace ou les animaux auraient bien raison de lui. Diminué et brisé, il attendait.
Pourquoi vouloir devenir plus forte que les dieux eux même. Pourquoi vouloir décider de qui doit vivre ou mourir. A quoi bon posséder le pouvoir qui au final, détruit celui qui croit le tenir à sa portée. Ce sanglier pourtant ne voulait pas mourir, pourquoi l’avoir tuer, il ne souffrait même pas. Et tu voulais de moi l’amour et la sincérité, la naïveté et la confiance. Tout ce qu’en toi-même tu rejettes car ces choses sont faiblesses et doutes.
Une litanie s’élève du sol, une étrange mélopée, une chanson, une prière. Une prière dans la foi des hommes et des dieux protecteurs. Une prière pour que le Panthéon apaise sa souffrance mais surtout, pour qu’il la sauve et lui rende l’esprit que là haine a corrompu. La mort d’un père, la souffrance d’une solitude, l’envie d’être autre chose, d’être forte, d’être une déesse qui décide de vie ou de mort. Quelle folie.
Voilà des heures qu’il souffre et pleure, et pourtant ni la glace ni le froid ni les animaux ne semblent vouloir l’apaiser. Péniblement il ouvre les yeux, le reflet de la lune dans la neige éclaire d’une lueur encore plus pale son visage blanchi. Et soudain un sourire triste, c’est la lune qui le lui arrache. Levant les yeux au ciel, il prononce quelques mots qui lui déchirent les lèvres.
* Toi tu ne fera rien n’est ce pas, même pas me rappeler a toi, tu me regarde ...*
S’ensuit un long silence dans lequel il retient les cris de douleurs que voudrait lui arracher la peau de ces lèvres. Alors il décide tant bien que mal de regagner la vallée, retenant ces cris. Suivre sa route … suivre la route … encore.
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