Bonjour, je suis Mamapoc. J’écris car aujourd’hui, mon fils Piquepoc est malade. Il revient d’un séjour au-delà de notre monde et il souffre. Je me permets donc de prendre la parole à sa place.
Il était parti dans un monde bienveillant que certains appellent vacances. Il ne pouvait donc participer à la vie de ses compagnons qu’il aime tant. Moi je suis sorti pour le chercher, et je l’ai trouvé.
Il était contre un arbre. Assis, la tête entre les mains. Je le connais bien mon fils, dans cette position il fait souvent semblant de réfléchir alors qu’il dort. C’est surtout depuis ces derniers temps d’ailleurs. Il paraît que les tavernes ne l’ont pas aidé à mieux réfléchir. Moi je l’aide à coups de baton. Il apprenait beaucoup plus vite dés que je le sortais. Mais là, il ne dormait pas. Je m’approchais de lui et pour une fois j’ai compris. Dans d’autres conditions, ma main serait venue s’écraser violemment derrière sa tête. Mais là je sentais que quelque chose n’allait pas.
Il portait une belle armure, toute en écaille. Il paraît qu’il en est fier. Il n’ose encore trop s’attaquer aux autres royaumes de peur de l’abîmer, mais il est beau là dedans. Il m’a dit que ce sont ses compagnons qui lui ont offert. Il n’ose prononcer leurs noms, mais il ne sait comment les remercier.
Cet arbre était tel qu’il les aime, gros et grand. Un peu comme lui, mais pour un Firbolg il est petit quand même. Vous connaîtriez son père. Enfin il était là, moi je l’avais trouvé. A ses cotés un elfe ne disait rien. On m’a dit qu’ils se voyaient plus souvent prés d’un puits mais là ils étaient prés de l’arbre. L’elfe était pâle. Il se tenait assis et silencieux. Je ne le connais pas trop mais moi je touche pas aux elfes.
Ils ne m’avaient pas encore vu, je suis resté mince pour mon age. Je vis l’elfe prendre mon Pique par les épaules. Le silence environnant était étrange. Comme si la nature avait compris que quelque chose n’allait pas. Puis le silence se rompis.
« Pique, remet toi. » L’elfe parlait d’une voix douce. Pique ne disait rien.
« Au moins cette quête est terminée. »
« Non. » Pique avait parlé, et je sentais dans sa voix un tremblement bien particulier. Oui, il pleurait.
« Je ne veux pas que cette quête se termine. Jamais. » Il pleurait comme jamais je ne l’avais vu.
« Mais tu ne peux rien y faire. Allons-nous en, trouvons d’autres compagnons. »
« Jamais, ce ne sont pas que des compagnons. Ce sont mes amis avant tout. C’est de ta faute, c’est toi qui m’as demandé de venir. »
« Pique, pardonnes moi. »
« Si toi aussi tu laisses tomber, jamais je ne pourrais te pardonner. Tu es comme moi malgré tes grands airs. Alors ne me dis pas ça. »
« Mais que veux-tu faire ? On ne peut rien à nous deux. »
« Si un jour je m’étais dis ça, je ne serais pas là aujourd’hui. Je serais resté dans ma forêt. Nous devons faire quelque chose. »
« Mais quoi ? Nous ne sommes pas assez puissant tous les deux. »
« La puissance n’est rien si le cœur n’y est pas. Et nous avons du cœur. Alors nous pourrons faire quelque chose. »
« Explique-moi alors ? »
« Je vais devenir ce qu’il faut pour ne pas voir mes compagnons devenir un simple nom dans une liste. »
« Que me dis-tu ? »
« Je ne veux pas que cette guilde disparaisse. Alors je deviendrai celui qu’il faut pour la faire vivre. »
« Mais tu n’as pas le temps, nous ne pouvons pas ! »
« Je le trouverai. Ce n’est pas du temps qu’il faut, c’est du cœur et de la volonté. Je ferais de cette guilde ce qu’elle a toujours été. »
« Mais nous ne pouvons en faire une grande guilde du royaume. »
« Ce n’est pas de ça que je parle. Peu m’importe d’être un grand. Cette guilde est comme une famille, un bonjour en arrivant, un au revoir en partant, et des amis avec qui parler. »
« Mais si ils ne veulent pas ? »
« Je me parlerai à moi-même, je m’en moque, ce sont mes amis c’est tout. Tu m’as confié la mission de voir si ils sont bien. Oui ils le sont. Alors moi je reste, rien que pour qu’un jour en me voyant certains disent que la lune noire est une guilde sympathique. »
« Mais tu ne pourras le faire seul ? »
« Tu es là toi, et ceux qui pensent comme moi resteront. J’en suis sur. »
« On ne pourra monter une grande guilde à nous deux ! »
« Qui parle de grande guilde ? Moi je parle d’amis qui aiment se retrouver même sans rester tout le temps ensemble. Je parle de convivialité et d’entraide quand on peut. Rien de plus. »
« Et ceux qui veulent plus ? »
« Je ne promets rien d’autre. Pas de richesse, pas de puissance. Juste de l’amitié. Ceux qui veulent plus, je les aiderai comme je le peux. »
Le dialogue entre mon fils et cet elfe durait encore. Pique semblait avoir perdu beaucoup. Mais il était prêt à tout donner pour garder ses amis. Il savait que des tas d’autres moyens existent, mais cette guilde lui était chère. Je m’approchais pour le consoler. Mais son visage me fis mal au cœur. Il était bouffi de larmes.
Il m’expliqua ce qu’il avait.
Il s’en voulait beaucoup d’avoir été absent. Il appris que ces amis quittaient la guilde pendant son absence. Il se sentait responsable. Pas de n’être pas là, mais de ne pas les avoir retenu. L’elfe lui expliquait qu’il n’aurait sûrement pas pu les retenir, mais lui disait que si. Je ne raconterai pas chacune des larmes qu’il a versées, mais il m’expliqua tout cela. Je suis sa mère, et même si je m’exprime plus souvent avec les mains dans sa figure que par les mots, je comprends sa peine. Il m’expliqua tout. Je n’étalerai pas ce coté obscure de sa vie, mais je sais ce que je dirais à ses compagnons si je les avais en face.
La Lune Noire survivra avec lui. Si ses amis veulent revenir juste pour avoir ce contact si sympathique qu’il y avait qu’ils viennent. Si ils veulent beaucoup plus, Pique ne promet rien. Lui veut des amis, pas devenir le plus grand du royaume. Il sait que tous resteront des amis malgré tout, mais il aime tant pourvoir leur parler simplement, sans avoir à choisir auquel il va parler en premier. Il pense pouvoir faire de cette guilde la guilde la plus sympathique du royaume, il sait que ses compagnons le peuvent aussi. Alors il garde la porte ouverte, mais en attendant, il pleure.
Voilà, je sais que ce n’est pas ce que Pique raconte en général comme histoire. Mais celle là il n’en parlera pas. Il est trop fier pour exprimer sa peine. C’est pour ça que je me suis permis. Mon fils deviendra peut être pas un grand du royaume, mais je sais que ceux qui le connaissent l’apprécient. Il ne demande rien d’autre.
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