Juste pour donner un aperçu de la tentative d'histoire que j'écris en ce moment. Je compte pas tout mettre, car j'en ai déjà 23 pages word, et elle commence à peine ...
Ah oui, il y a des passages en italique, mais j'ai la flemme des les refaire
Chapitre I: Thingal
Gardûm alimentait le feu, tandis que la nuit tombait peu à peu sur Ornae. La lumière des flammes faisait danser les ombres naissantes sur les silhouettes de ses trois compagnons. La discussion allait bon train, une certaine tension semblait monter. Gardûm n’y entendait pas grand-chose, il n’était qu’un Orfanc fugitif, et parfois, cela l’arrangeait bien. Bien plus grand qu’un humain, il était aussi plus bestial. Des rumeurs folles couraient sur ce peuple dont on ne savait quasiment rien. Les Orfancs n’aimaient pas s’éloigner trop de leurs terres, à cause de leur réputation. Gardûm était roux, et ses yeux noirs ne laissaient que peu passer ses émotions. Son teint mat trahissait une vie au grand air, et bien qu’il soit imposant, ses réflexes en surprenaient plus d’un en combat. Il n’aimait guère parler, ayant toujours peur des réactions des gens. Il était toujours vêtu de la même façon, une chemise sans manches et d’un pantalon de cuir. Il aimait surtout se battre, mais depuis que Kaerth l’avait sauvé d’une mort certaine, il le suivait et lui obéissait aveuglément.
-Vous allez cesser de chipoter. Vous n’êtes jamais venus ici. Il n’y a que moi, et je vous assure qu’on doit se trouver à côté de l’entrée. C’est vrai, il y a une barrière magique qui nous empêche d’y parvenir, il suffit que je me souvienne comment on la franchit.
La voix de Kaerth était ferme, et teintée d’exaspération. Il ressemblait à s’y méprendre à un humain, n’aurait été ses tatouages qui en faisaient un Imryl. Comme tous les Imryls, il possédait un tatouage sur le front, qui, pour tous les autres, ressemblait à tous les tatouages Imryls. Celui-ci était fait de divers entrelacs, dont les couleurs variaient d’un Imryl à un autre. En réalité, seul eux étaient capables de voir les différences minimes qui pouvaient exister entre deux tatouages. En temps normal, Kaerth avait un certain charisme, mais pour le moment, il semblait las. Brun aux yeux gris, il avait toujours l’air grave, comme rongé par une question sans réponse. Ses parents, qui faisaient partie des seigneurs Imryl, s’en lamentaient d’ailleurs, aussi le laissaient-ils faire ce à peu près tout ce qu’il voulait. Il semblait jeune, mais il avait déjà un siècle d’existence derrière lui, ce qui n’était pas grand-chose sur l’échelle de temps Imryl. En ce moment même, il commençait à douter de ses souvenirs, mais il savait que pourtant, ils empruntaient le bon chemin.
Agacé, il finit par se lever :
-Ne vous inquiétez pas, nous trouverons l’entrée ! Et maintenant, dormons, voulez-vous ?
Aenae, une jeune humaine espiègle, lui rétorqua du tac au tac :
-Mais chéri, ça fait déjà trois jours que nous tournons en rond ! A chaque fois que l’on essaye d’entrer dans cette maudite forêt, on se retrouve ici sans savoir comment !
Elle était blonde, petite et menue. Jeune archère, elle était douée. Coquette, elle s’était faite faire une armure de cuir légère qui moulait ses formes, qu’elle portait lors de ses voyages. Elle avait un air mutin, et ses boucles accentuaient ce sentiment. Ses yeux verts avaient déjà fait craquer plus d’un homme, et de ce fait, elle était sûre d’elle-même et du pouvoir qu’elle exerçait sur eux. Malgré cela, Kaerth lui échappait. Peut-être était-ce parce que justement il l’avait toujours rejetée qu’elle s’accrochait autant à lui. Aussi aimait-elle à le titiller sans relâche, dans l’espoir qu’un jour il baisse sa garde.
-Je t’ai déjà dit que je n’étais pas ton chéri. Et reposons-nous, nous y verrons plus clair demain. Je ferais le premier tour de garde, et je ne veux plus rien entendre !
Son ton était sans réplique, aussi tous décidèrent qu’il valait mieux lui obéir.
Minru, regarda Kaerth, pensif. Il avait les cheveux noirs et de beaux yeux bleus. Il avait décidé de suivre Kaerth dans sa quête, car après de nombreuses batailles en tant que mercenaire, il avait décidé de s’assagir, et de suivre ce que son cœur lui dictait. Plus petit que Kaerth, il était un peu plus massif, et avait gardé de son passé de mercenaire quelques cicatrices. Bourru par nature, il voyait pourtant clairement dans le cœur des gens. Il s’allongea en grognant quelque chose d’incompréhensible, mais le regard noir que lui envoya Kaerth lui ôta toute envie de velléité.
Ils se trouvaient à l’orée d’une forêt, tournant en rond depuis trois jours, cherchant à y pénétrer mais se retrouvant toujours à leur point de départ, ce qui mettait leur moral à mal. La forêt semblait les narguer, leur refusant ce droit de passage dont ils avaient un besoin vital. Ornae s’enfonçait de plus en plus dans la nuit, Kaerth pouvait entendre la rivière non loin murmurer ses secrets. Plus il réfléchissait au moyen de rejoindre Thingal, moins il comprenait comment il y était parvenu auparavant. Thingal, joyau parmi les joyaux, hantait son esprit. Il avait eu ce sentiment, étrange et diffus, qu’une partie de ses réponses s’y trouvaient. Il faisait déjà nuit noire, lorsque brusquement il bondit sur ses pieds, silencieux et aux aguets. Il secoua Minru, qui étonné, le regarda en se demandant si c’était déjà à son tour de monter la garde, mais il s’aperçût que Kaerth filait déjà. C’est alors qu’il entendît des bruits de combat : il réveilla en hâte ses compagnons de route, afin d’aller aider Kaerth.
Celui-ci arrivait sur les lieux, mais il s’arrêta, cloué au sol par la surprise. Là, entre les arbres, une Imryl, car seule une Imryl était capable de se battre ainsi, faisait face à une vingtaine de Markroms. Ceux-ci étaient des mi-hommes mi-bêtes, vindicatifs et violents, qui agissaient bien souvent par instinct. Il était néanmoins très rare de les voir se déplacer en grosse troupe. Sans se poser plus de questions, il sauta au milieu du combat, afin d’aider l’Imryl. Minru fût le seul à pouvoir profiter du spectacle qui s’offrit à lui lorsqu’il déboula dans la clairière : il voyait les deux Imryls dos à dos, combattant chacun avec deux lames à la fois, tout en incantant plusieurs sortilèges qui faisaient briller leurs tatouages. De leur lame courte, ils paraient, avant de laisser l’épée longue s’enfoncer dans la chair des Markroms. Ils sautaient, esquivaient, sans jamais se gêner, portant des coups d’une rare précision. Ils semblaient tourner l’un autour de l’autre, tandis que le nombre de Markroms diminuait de façon inexorable. Parfois des éclairs ou des langues de feu, invoqués par les deux Imryls, venaient frapper les Markroms, les jetant à terre. Minru ne pensa pas à les rejoindre tant leur osmose le subjuguait. Ses compagnons, lorsqu’ils arrivèrent, ne purent contempler que les cadavres des Markroms qui gisaient à terre.
Tous alors se tournèrent vers l’Imryl, emplis de questions … mais ils furent stupéfaits de voir que son visage était recouvert par un masque entièrement blanc sur lequel les yeux peints en noir ressortaient étrangement. De taille moyenne, celle-ci ne portait qu’une armure de cuir légère, à moitié cachée par une chemise bouffante. Ses longs cheveux noirs lui arrivaient jusqu’à la taille. Ses armes avaient mystérieusement disparu, et elle se tenait devant eux, sûre d’elle. Comment peut-elle voir quoi que ce soit, s’interrogea Kaerth ?
-Cela fait déjà deux jours que je vous cherche, je ne pensais pas que vous tourniez en rond. Sa voix, douce mais ferme, leur redonna tout à coup espoir :
-Vous venez de Thingal ? demanda Kaerth. J’y suis déjà allé, et je pensais pouvoir retrouver le chemin seul, mais impossible d’y arriver…
-Oui, c’est normal, l’entrée est cachée.
Ses yeux faisaient le tour de la petite compagnie, lorsqu’elle s’arrêta sur Gardûm.
-Un Orfanc ! Vous en porterez-vous garant ?
-Il me suit, et m’est fidèle. Mais j’aimerais savoir à qui je parle.
Kaerth la scrutait, sentant au fond de lui une étrange sensation, comme le début d’une réponse qu’il avait longtemps cherché.
-C’est vrai, j’oubliais. Je suis Mÿnrae, fille des seigneurs de Thingal, longtemps absente de ces terres. Mes parents m’ont demandé de vous ouvrir le passage, je vous mènerai jusqu’à eux.
Elle ne leur posa pas de questions sur leur présence en ces lieux, comme si elle savait déjà ce qu’il y avait à savoir.
-Aidez-moi, s’il vous plait, à nettoyer la clairière. Je ne veux pas que la forêt soit souillée.
Ils rassemblèrent les corps, et firent un grand bûcher. Kaerth vit Mÿnrae arracher soudainement un pendentif d’un des corps, avant de mettre le feu à l’ensemble.
-Qu’est-ce que c’est?
Elle semblait observer le pendentif attentivement, mais elle répondit en secouant la tête :
-Rien.
Enfin, une fois cette tâche accomplie, ils retournèrent au campement. Mÿnrae eût alors un sourire qu’aucun ne fût capable de distinguer.
-Vous êtes juste à côté d’une des entrées de mon pays, expliqua-t-elle en riant.
-Je le savais, s’écria Kaerth !
-Bien que ceux qui ont besoin de repos le prennent maintenant, car ensuite nous devrons encore marcher deux jours avant d’arriver sur place.
Kaerth s’installa sur une pierre, et s’occupa du feu. Aenae, troublée par la présence de la jeune Imryl, s’assit, et décida de faire la conversation :
-Mÿnrae, pourriez-vous me parler des Imryls ? Kaerth n’en parle jamais beaucoup… Je m’intéresse en particulier à vos tatouages. Que signifient-ils ? Quand apparaissent-ils ?
-Nous sommes un peuple plutôt secret, non ? Mÿnrae rit. C’est je suppose, notre apanage de susciter les questions. Nos tatouages peuvent apparaître au fil des dix milles ans de vie qui nous sont accordés. Un tatouage pour marquer notre nom, un pour notre vie antérieure, un pour la magie, et un pour les armes … chaque entraînement que nous subissons, que ce soit pour un métier, de l’art, ou autre, fait qu’un tatouage apparaît quand on le maîtrise. Ils peuvent se modifier aussi, selon notre degré de maîtrise. Les différentes significations des tatouages ne peuvent être comprises que par les Imryls, pour toute autre personne, cela ressemblera à des dessins, bien souvent des dessins exactement semblables. Chacun d’entre nous a ses propres tatouages, il n’en existe que très rarement deux semblables. Les premiers tatouages apparaissent à la naissance, mais ils ne font que révéler celui que nous sommes, et celui que nous serons. C’est par la suite que les tatouages s’affinent. En général, nous avons quatre ou cinq tatouages, mais il arrive que certains en aient plus, bien que cela reste rare. En général, ce sont des esprits anciens d’Imryls, selon les circonstances ils peuvent en avoir une bonne dizaine. Certains sont minuscules, presque invisibles.
Mÿnrae tendit alors ses paumes pour que tous les voient :
-Par exemple, j’en ai un sur chaque paume, pour ma maîtrise du combat, et ma maîtrise des sorts. Mais ils sont presque invisibles, seul un Imryl peut les voir briller.
Kaerth restait silencieux, en repensant au début du combat qu’il avait vu. Lui seul avait pu la contempler en pleine action, et il avait vu, et su, ce qu’aucun d’entre eux ne pouvaient savoir. Il avait vu, pour la première fois, quelqu’un le surpasser dans l’art du combat et de la magie. Ne pas voir ses tatouages dans les mains lui paraissait impossible, tellement leur éclat était grand en combat. Maintenant, ils étaient presque invisibles, mais il savait que les tatouages devenaient vraiment brillants lorsque les Imryls les utilisaient. Il avait été, jusqu’à présent, le plus doué et le plus fort des Imryls. Sans aucun conteste possible, et sans s’en vanter. Mais elle, qui était-elle, pour le surpasser d’autant ? Et puis, il n’y avait pas que ça. Il n’osait la fixer, par peur de ne pouvoir détacher son regard jusqu’à avoir eu toutes les réponses aux multiples questions qui se précipitaient dans sa tête. Et puis ... quelque chose de plus sombre, de plus pesant, qui semblait revenir d’un très lointain passé. Il secoua la tête en grommelant :
-Et si vous dormiez, au lieu de papoter ?
Il sentit le regard de Mÿnrae se poser sur lui, tandis qu’elle répliqua, à son grand étonnement :
-Je n’ai pas besoin de dormir, je monterais la garde. Reposez-vous.
Aenae sortit alors d’un air nonchalant :
-Chéri, viens donc dormir à mes côtés !
-Je ne suis pas ton chéri !
Etonnée, elle le regarda : pour la première fois, alors qu’elle lui disait cela à longueur de journée, le ton de sa voix était monté… était-ce dû à la présence de la jeune Imryl ? Elle fronça les sourcils, mais décida d’en prendre son parti, et de rire en expliquant à Mÿnrae :
-Je lui dis ça tout le temps, comme ça, un jour, il comprendra qu’il est fait pour moi ! Et ça lui paraîtra tout naturel que je l’appelle ainsi !
Elle lui lança un clin d’œil amusé.
-Quelles drôles de manières vous avez, vous, les humains …
Minru, assis à côté de Kaerth, se balançait d’avant en arrière, l’air méditatif. Le combat qu’il avait eu l’occasion d’admirer était bien au-delà de ses cordes. Il ne pouvait empêcher son esprit d’y repenser, et de se repasser chaque passe, chaque esquive, chaque sort. Il s’endormit tout en se promettant de questionner Kaerth dès qu’ils auraient cinq minutes de tranquillité. Il n’avait pas envie de réveiller la jalousie d’Aenae, même si celle-ci était mal placée.
Finalement, la compagnie sombra peu à peu dans le sommeil, tandis que Mÿnrae maintenait le feu éveillé.