Un très grand poète et chanteur nous a quitté; ses chansons resteront; autant que notre civilisation je pense; et peut être au delà s'il y a encore des gens capable de les lire.
Moi ma préférée c'est "The stranger song"
Elle réveille en moi des échos étranges, des expériences de jeunesse.
Si vous ne comprenez pas ce qu'il dit, vous pouvez écouter la traduction très fidèle de Graeme Allwright
C'est Graeme Allwright, chanté et joué autour des feux de camp, qui m'a fait découvrir Léonard Cohen.
Ensuite j'aime beaucoup un de ces grands tubes, "Bird on the wire"
Cette chanson exprime beaucoup de la philosophie de Léonard Cohen. Comme il dit (en français) dans son introduction parlée sur son album "Songs of the room".
"Comme l'oiseau sur la branche
Comme l'étoile dans le coeur de la nuit
J'ai essayé dans ma vie
D'être libre"
Le titre de la chanson est "L'oiseau sur le fil"; l'oiseau, image de la liberté, est tributaire du fil, et c'est cela qui va être développé tout au long de la chanson dont je vous livre une traduction toute personnelle.
Comme un oiseau
Sur un fil
Comme un ivrogne
Dans le sanctuaire du coeur de la nuit
j'ai essayé
Dans ma vie
D'être libre
Comme un ver
Sur un hameçon
Comme un chevalier
Des vieux livres de légendes
J'ai rassemblé
Toutes mes déchirures
pour TOI (NDLT: j'ai mis en maj car Léonard Cohen utilise "thee", qui veut vraiment dire "toi" et qui est donc emphasique car archaïque ou réservé à Dieu)
Si j'ai
Si j'ai été inqualifiable
J'espère que tu as su
Me dire "Dégage !!!"
Si j'ai
Si j'ai été infidéle
J'espère que tu sais
Que cela n'a jamais été
A TOI
Comme un bébé
Mort-né
Comme une bête
Avec ses cornes
J'ai déchiré
Tous ceux
Qui m'ont touché
Mais je jure
Par cette chanson
Et par tout
Ce que j'ai fait de mal
Que je rebâtirais
Tout pour TOI
Soudain je vis un mendiant
Qui me disait du haut de sa croix de bois
"Tu ne dois pas demander autant !!"
Et une joli femme
Me suppliait de sa porte sombre
"Hé !?? Pourquoi tu ne demandes pas plus !!?"
Comme un oiseau
Sur un fil
Comme un ivrogne
Dans le sanctuaire du coeur de la nuit
j'ai essayé
Dans ma vie
D'être libre
Nous voyons aussi apparaitre dans cette chanson un grand thème qui sous-tend toute l'oeuvre de Léonard Cohen: la religion.
La chanson où à mon avis cela parait le plus - et que j'aime beaucoup - c'est "Story of Isacc".
Cette chanson raconte pour les deux premiers couplet l'histoire biblique d'Isaac, fils d'Abraham. Abraham à une vision de Dieu (Ibrahim à l'époque, le dieu vengeur) qu'il doit sacrifier son fils. Pour les deux couplets suivant, Cohen fait un parallèle avec l'époque moderne (sans doute la guerre du viet-nann, vu les protest-songs de l'époque) .
Là aussi je vous mets ici une traduction toute personnelle
La porte s'ouvrit lentement
Mon père entra
J'avais neuf ans.
Il se tient debout si grand devant moi
Ses yeux bleus étaient brillant
Sa voix très froide.
Il dit :"J'ai eu une vision
Et tu sais combien je suis fort et pieux
Je dois faire ce qui a été dit".
Aussi nous partîmes pour la montagne,
Je courrais, il marchait,
Et sa hache était faite d'or.
Les arbres étaient devenus tout petits,
Le lac un miroir de dame,
Nous nous arrêtâmes pour boire un peu de vin.
Déjà il jetait la bouteille dans le vide,
Elle se brisa une minute plus tard,
Alors il mit sa main sur la mienne.
Soudain je vis un aigle,
Mais il me sembla un vautour,
Je n'ai jamais pu décidé.
Alors mon père bâtit un autel,
Il mit sa main sur mon épaule,
Il sut que je ne me cacherais pas.
Toi qui bâtit les autels maintenant,
Pour sacrifier ces enfants,
Tu ne dois pas faire ce qui n'est plus.
Un schéma n'est pas une vision,
Et tu n'as jamais été tenté,
Par un démon ou un dieu
Tu te tiens debout devant moi
Avec ta hachette émoussée et sanglante
Tu n'étais pas là avant !!
Quand nous escaladions la montagne
La main de mon père était tremblante
Avec la beauté - hoo! la beauté du monde
Et si tu m'appelle frère maintenant
Oublie moi si j'ai voulu
Juste accorder nos projets
Quand tout tombe en poussière
Je te tuerais si je le devais
Je t'aiderais si je le pouvais
Quand tout tombe en poussière
Je t'aiderais si je la devais
Je te tuerais si je le pouvais
Et pitié, pitié pour nos uniformes,
Homme de paix ou homme de guerre,
Le paon déploie sa queue.
Je me suis toujours interrogée sur le dernier ver: c'est une image de la vanité bien sûr, c'est une ellipse rapportée dans ce texte c'est sûr. Mais elle veut dire quoi ? J'ai entendu d'autres versions de la chanson ou Léonard Cohen dit distinctement "Le paon déploie sa queue paternelle" ("the peacock spreads is daddy fan) : du coup cela me parait se rapportait à l'oncle Sam. Mais c'est une interprétation toute personnelle.
Nous trouvons aussi un thème cher à Léonard Cohen, qui parait aussi dans "Bird on the wire": celui du devoir et du pouvoir.