Provient du message de Dwahim
pour ceux que ca intéresse:
Y a-t-il du Pascal dans Bruckner?
par Christian Makarian
Et si l'hédonisme et la quête du bonheur qui nous animent n'étaient que griserie ou grisaille? Avec L'Euphorie perpétuelle, le nouvel ordre moral en prend un sacré coup
Je hais les journalistes / philosophes qui utilisent cette expression ô combien nullissime.... Le "nouvel ordre moral" .... ?? Il y a un nouvel ordre moral actuellement ? Je n'étais pas au courant.
Avoir eu 20 ans en Mai 68 n'est pas forcément un cadeau.
Avoir 20 ans de nos jours ne l'est pas forcément non plus....
Au tournant du siècle, la génération qui pensait «jouir sans entraves» n'échappe pas au bilan.
Mais alors
! Comme si tout le baby boom était descendu dans les rues en 68, arf arf arf ........ "LA génération" qui gnagnagna ..... Bon le cliché, bon ....
Celui que dresse Pascal Bruckner dans son nouvel essai, L'Euphorie perpétuelle, est du genre sévère.
'Tention ça va chier .......
Il traite directement du bonheur. «Une idée neuve», a osé dire Saint-Just, grand ami de la guillotine. Ce contre quoi Bruckner s'insurge en dénonçant la volonté de bonheur, dernière dictature de l'Occident surdéveloppé. «Par devoir de bonheur, explique-t-il, j'entends cette idéologie propre à la deuxième moitié du XXe siècle et qui pousse à tout évaluer sous l'angle du plaisir et du désagrément, cette assignation à l'euphorie qui rejette dans la honte ou le malaise tous ceux qui n'y souscrivent pas.»
Pourquoi, est-on censé souscrire au bonheur ? Ah non, il a fallu attendre M. Bruckner, pour dénoncer la "dictature" du bonheur ( .....
désolé, j'en ris encore ) .... De nos jours, il est mal vu de dire qu'on est pas heureux ? Mais on ne doit pas vivre dans le même monde, Bruckner et moi .......... A part les abrutis du Loft et de la villa et de la Star Ac', pour qui l'émission, "c'est que du bonheur", je ne vois pas qui d'autres peut se sentir concerner par une "dictature du bonheur" ...... Non mais vraiment ....
Toutes les modes ou névroses de l'époque sont passées au crible: la vogue du corps,
C'est vrai que le prix d'une intervention de chirurgie esthétique a baissé.
Faudra me dire où et pourquoi.
la méditation transcendantale, le bouddhisme et le dalaï-lama,
Oui, des pratiques très répandues en France, et pratiqués par des millions et des millions de personnes .... Mais quel étalage de clichés !!!!
le refus de la souffrance et la peur de la mort,
Depuis que l'Homme existe, il refuse la souffrance et la mort, à part les stoïciens et les épicuriens peut-être ... Je ne vois pas en quoi cette idée est "à la mode" ....
les idéologies gauchisantes, Internet... même la météo!
C'est vrai : les gens de gauche regarde la météo sur le net. Quelle bande de geeks.
Ne vous battez pas, il y en aura pour tout le monde...
Ah ben zut, le déballage de Lapalissade n'est pas terminé.
«Le bonheur, s'emporte le séducteur, ne constitue pas seulement, avec le marché de la spiritualité, la plus grande industrie de notre époque, il est aussi et très exactement le nouvel ordre moral. Rien d'étonnant si la dépression s'installe dès que cet hédonisme est un tant soit peu malmené par les réalités de la vie.»
Donc d'après Bruckner, si je me lève du pied gauche, que le petit fait caca au lit, si je rate mon train et mon métro, si ma femme a décidé de rien foutre le même jour ( ou mon homme ), si je me fais engueuler au boulot, si je n'arrive pas à poser les jours de vacances que je veux, si la baraque brûle, si ..... etc ..... Dans la même journée, ma quête de "l'hédonisme" sera foutue à jamais ?? Quel malheur de se laisser emporter par un quotidien de dépressif ..... N'importe quoi.
Et de s'en prendre aux marchands de plaisir ainsi qu'aux grands prêtres du devoir de banalité.
Qui sont-ils ?
Après un brillant développement consacré au vide laissé tant par l'effacement du paradis chrétien que par la sécheresse normative des Lumières, la démonstration s'empare de notre époque. «Bonne et mauvaise nouvelle du retrait divin, écrit l'auteur. Chance pour l'indépendance humaine de se déployer sans tutelle mais aussi poids du quotidien qu'il faut porter à bout de bras... Au sublime médiéval succède le trivial moderne, au grand absolu, le petit relatif. Terrible vertige d'un homme soudain délesté de ses entraves et qui subit moins un désenchantement qu'une désorientation; il se retrouve libre mais pygmée... Avec cet affranchissement naît aussi la banalité, c'est-à-dire l'immanence totale de l'humanité à elle-même.»
Auteur occidental, qui écrit pour des occidentaux ( et encore, pas les italiens ou les espagnols, ou encore même les portugais ). Bruckner a tendance à oublier que la France n'est pas le monde, et que des milliards de gens sont croyants.
Le résultat en est l'émergence d'une transcendance «horizontale», qui se traduit par une recherche perpétuelle du plaisir. Ce fameux plaisir, qui emprunte deux voies principales: «La griserie, quête éperdue de l'intensité, ou la grisaille, jouissance paradoxale du fade sous les mille formes qu'il peut prendre.» Nous voici au cœur du livre.
Pour faire plus simple, il aurait pu dire que l'Homme devient un Dieu pour l'Homme. Au delà du fait que les Lumière nous avait déjà mises sur cette voie, ce thème de réflexion a été déjà abordé, notamment par Luc Ferry dans son livre " l'Homme Dieu "( éd. du Seuil je crois ).
Pour ce qui est de la griserie, sus à Gide, qui lance le sensualisme militant, futur credo de 1968, dès la publication des Nouvelles Nourritures terrestres, en 1935! «Une somme de bonheur est due à chaque créature, écrit le grand André, selon que son cœur et ses sens en supportent. Si peu que l'on m'en prive, je suis volé.» Voilà le drame qui se noue, selon Bruckner. Il suffit que je ne jouisse pas tout mon saoul pour que je rate ma vie. Ce qui a deux conséquences tragiques. Premièrement, le malheur commence à l'instant même où cesse le bien-être.
Si l'on n'a pas le bien-être, qu'a-t-on alors ? Le neutre-être ? Entre bonheur et Bruckner ?
Deuxièmement, puisque l'enchantement dépend de notre seule jouissance, nous nous estimons coupables de nos revers. Puis vient la grisaille. «Je connais un Anglais, disait Goethe, qui avait déjà tout compris à ce qui se tramait, qui s'est pendu pour ne pas avoir à renouer sa cravate chaque matin.» Bruckner, avec une sincérité déchirante, qui trahit l'expérience vécue, décortique nos cortex. «Le quotidien compose un néant agité: il nous épuise par ses contrariétés, nous dégoûte par sa monotonie. Il ne m'arrive rien mais ce rien est encore trop: je m'éparpille en mille tâches inutiles, formalités stériles, vains bavardages qui ne font pas une vie mais suffisent à m'exténuer. C'est cela qu'on baptise le stress, cette corrosion continue à l'intérieur de la léthargie qui nous grignote jour après jour.» Rosolino Coella nous avait déjà prévenus: «La vie s'en va par le cerveau et les nerfs...» Pour combattre cette vacuité, on recourt à mille expédients. C'est là que Bruckner se montre le plus cruel. S'inquiéter de la météo - «pédagogie de la diversité minuscule» (s'il ne nous arrive rien, il arrive au moins qu'il pleuve ou qu'il vente) - tomber malade - avoir quelque chose à dire sur soi qui sorte de l'ordinaire, «qui nous pourvoie d'une histoire» - céder à l'envie ou à la jalousie sociale - pour se convaincre qu'il y a des ennemis et, donc, un enjeu - tels sont les revers de notre civilisation d'abondance.
Ca c'est pas mal, et un peu vrai ...... Tu vois Bruckner, quand tu commences à dire du mal des gens, tu deviens intéressant ....
Mais l'essayiste réserve ses meilleures flèches aux souffleurs de fadaises, ceux qui vantent les sucreries spiritualisantes dont tant d'esprits faibles sont friands. «La thérapie par le sourire, ricane Bruckner, c'est l'avantage incontestable, en termes de marché, des bouddhistes sur les chrétiens.»
Belle boutade.
Voilà pourquoi le Bouddha séduit désormais les riches de l'hémisphère Nord, tandis que le Christ console encore les pauvres des tropiques. Dure vérité, qui fera mal à nombre d'intellos parisiens fascinés par les vapeurs d'encens, les coups de cymbale et le zen tibétain.
Mais on va devenir potes si ça continue !!!!! Excellent
Il y a plus vache encore. A destination des gentils philosophes qui distillent de la sagesse sous forme de best-sellers. «Ce qui rend les traités du bonheur en général si plats, fouette le pamphlétaire, c'est qu'ils délivrent un seul et même message: contentez-vous de votre sort, modérez vos envies, désirez ce que vous avez et vous aurez ainsi ce que vous désirez. Sagesse aussi résignée qu'insipide...» Nul n'est cité, mais, à propos de «consolateurs officiels», le lecteur paraît invité à refermer le Petit Traité des grandes vertus, d'André Comte-Sponville, ou bien La Sagesse des Modernes, dû au même auteur associé à Luc Ferry.
Ah non ! Pas Luc !!! On avait dit qu'on l'aimait bien lui ! :bouffon:
Conclusion? «On rate le bonheur à force de croire qu'il n'est pas le bon.» Qu'on nous laisse donc être nous-mêmes, drôles ou tristes selon les jours et les humeurs, car «il n'y a rien de pire que ces gens éternellement gais, en toutes circonstances, qui ont accroché une grimace radieuse à leur face». Il y a peut-être bien du Pascal dans ce Bruckner...
Bon la conclusion est aussi plate que le début. Le Bruckner pamphlétaire est bon, le philosophe, on oublie, hein ....
En ce qui concerne le bonheur, il y a quelques temps j'ai trouvé
ce lien qui regroupe quelques grandes tendances philosophiques du bonheur , et est donc assez pratique pour avoir une fiche complète sur ce sujet.
L'avantage de cette fiche (de 17 pages, tout de même ), c'est que les jours où je ne suis pas heureux, je cherche une théorie à la hauteur de mon désespoir .......