Il n'y a rien d'étonnant à comprendre a posteriori que ce qu'on a vécu était plus grave que ce qu'on pensait. Metoo et balancetonporc, ça a justement été l'occasion où de nombreuses personnes ont pris conscience de ce qu'elles avaient vécu que ce soit parce qu'elles le refoulaient ou parce que l'avaient pas verbalisé par exemple.
Et dans le cas de Dunham, on parle quand même d'un mec qui a profité que la fille soit complètement soûle, défoncée au xanax et à la cocaïne pour ensuite lui faire l'amour chez elle. On peut effectivement douter du consentement d'une personne sous xanax, cocaïne et alcool et trouver que le comportement du mec est plus que douteux.
Quant à la définition du viol, elle évolue. En Suisse, seul une femme peut être violée, un homme ne le peut pas :
Celui qui, notamment en usant de menace ou de violence, en exerçant sur sa victime des pressions d'ordre psychique ou en la mettant hors d'état de résister, aura contraint une personne de sexe féminin à subir l'acte sexuel, sera puni d'une peine privative de liberté de un à dix ans.
Changer la définition du viol, c'est peut-être juste la mettre en concordance avec la vision de la société sur le sujet et non un objectif d'augmenter le nombre de victimes. Les victimes, elles sont déjà là. C'est juste le regard de la société qui diffère et les prend en considération alors qu'elle ne le faisait pas avant.
Le code civil excusait le meurtre de la femme par le mari en cas d'adultère. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Il s'agit simplement d'un changement de vision de la société. Si le gouvernement décide de considérer comme un viol le fait d'avoir une relation sexuelle avec un mineur de moins de X ans. Ca ne changera rien à la réalité des faits. Ce sera juste une adaptation du droit par rapport à ce que la société estime acceptable ou non.
La reconnaissance du viol des hommes date de 1980 en France d'un point de vue judiciaire si j'en crois wikipedia. Tu tiens le même discours en disant qu'en ayant changé la définition en 1980, on cherchait à augmenter le nombre de victimes ? Ou alors, c'est juste la société,
suite au crime commis en 1974 sur deux femmes, qui se sont battues pendant des années pour faire reconnaître l'horreur de ce qui leur été arrivé, qui a fait évoluer son opinion sur le sujet touchant d'ailleurs plus largement que le seul cas de ces femmes. C'est la loi de 1980 qui a reconnu le viol comme tout acte de pénétration.
Décembre 1980, en France. Le viol, considéré comme un délit jusque-là, devient un crime, passible de 15 ans de réclusion. Une avancée majeure pour les femmes alors que deux ans plus tôt se jugeait «le procès du viol». Sur le banc des victimes, Anne Tonglet et sa compagne Araceli Castellano, deux jeunes femmes belges qui ont été violées par trois hommes pendant plusieurs heures en août 1974 alors qu'elles campaient dans les Calanques de Marseille. Pendant leurs interrogatoires, leurs violeurs ont nié les faits, affirmé que leurs victimes étaient consentantes...Ils seront finalement poursuivis pour coups et blessures.
Durant des années, Anne Tonglet et Araceli Castellano se sont battues pour que justice leur soit rendue. Lorsque l'avocate et militante féministe Gisèle Halimi -qui avait assuré la défense d'une adolescente poursuivie pour un avortement après un viol à Bobigny en 1972- s'est emparée du dossier, le tribunal d'Aix-en-Provence s'est déclaré incompétent pour juger l'affaire, qui a été envoyée aux assises. Une première victoire pour les deux victimes et une première tout court en France. Le 3 mai 1978, un des trois violeurs est condamné à 6 ans de réclusion criminelle, les deux autres à 4 ans.
L'une des scènes les plus dures du film se déroule dans un hôpital. Quelques heures après leur agression, Nicole et Malia choquées tremblantes sur des lits, subissent l'examen gynécologique d'étudiants en médecine et d'un médecin -tous des hommes- qui conclue que «ce n'est pas bien grave tout ça»
Le droit évolue et s'adapte à l'évolution de nos sociétés. Rien d'étonnant. Elle n'est pas figée dans le marbre absolument. Que certains militent pour le faire aller dans un sens spécifique est absolument normal, c'est le fondement de nos sociétés démocratiques de pouvoir faire évoluer la loi.
C'est le droit de chacun de contester ces évolutions tout autant cela dit. Cependant les ramener à une simple volonté d'augmenter le nombre de victimes me semble un peu facile.