Dans les archives secrètes trouvées dans le donjon de Baargrabanaziel, démon des hurlements sinistres et des foies fendus, situé au fin fond du trente troisième cercle des Enfers Ecarlates, un petit groupe d'aventuriers trouva au fond du Codex Maleficarum Daemonis, cette vieille légende albano-samie que seuls les plus courageux osent évoquer au coeur de la nuit, quand les démons dorment.
Je vais ici vous la conter car il me semble qu'elle n'est pas sans liens :
A l'heure actuelle avec un capital géré entre 4500 et 5000 milliards de dollars (et quand on a un ordre d'imprécision concernant sa fortune de 500 milliards de dollars, c'est qu'on est en bonne voie), les fonds de pension américain sont les Mike Tyson de la finance, les T Rex des marchés boursiers, bulldozer implacable auquel rien ne peut résister.
Ils fondent l'ensemble de leur richesse sur un mythe :
Il faut payer X milliards à nos retraités, nous avons donc le choix de : - Faire payer ces X directement par des prélèvements sur les profits de chacun (revenus capitalistes et salaires).
- Ou bien faire payer ces X indirectement, par des prélèvements de capitalisation et des revenus capitalistes qui viennent directement des poches des consommateurs, donc des salariés.
Je la refais au ralenti. Je dois donner 48 milliards d'euros à mes retraités. Solution 1 - Je fais la quête (en fait non, puisque je ne leur demande pas leur avis), et je demande à tout le monde de me filer un petit peu, c'est le système français actuel, par répartition.
Solution 2 - Je place beaucoup d'argent en bourse. Comme je suis un financier qui y croit, j'attends une bonification de 15% de ce capital. J'ai donc besoin d'environ 15 % de moins que par la répartition, grâce à la magie boursière. Mais l'argent que je vais dégager par l'actionnariat d'où vient il ? deux sources : soit les produits et les services sont vendus à un prix qui génère un bénéfice substantiel auquel cas, ce sont donc les consommateurs qui fournissent le bénéfice. Soit je diminue les coûts et donc je paye moins mes salariés que je ne le pourrais, ce qui revient exactement au même que si je leur prélevais de l'argent.
Mais ces grands prestidigitateurs avaient réussi à convaincre les riches et les plus puissants, ce qui n'est pas surprenant, puisqu'il n'y a qu'eux que ce mode de gestion avantage.
Mais ce mode de gestion a un autre type d'avantage (pour ceux qui les gèrent), c'est quand les gens y adhèrent, on a rien à leur verser jusqu'à ce qu'ils doivent partir à la retraite. Ce qui veut donc dire que quand un fond de pension ouvre ses portes, il a environ 40 ans de tranquillité. Or justement, cela fait quelques années que les plus anciens fonds de pension américain ( autour de 1950) se trouvent confrontés à une réalité déplaisante : ils doivent payer, chose déplaisante si il en est.
Qu'à cela ne tienne ! ils n'ont qu'à investir le paysage européen et venir de nouveau récolter de l'argent pendant une quarantaine d'années afin de nourrir leurs actionnaires américains, et quand viendra le moment de les payer, ils trouveront bien un moyen d'aller vampiriser plus loin. Après tout, "Après moi le déluge" semble être la stratégie la plus en vogue en ce moment dans le monde des affaires.
Mais voilà, les baladins avaient beau venir agiter leurs jolis foulards brillants devant les français, rien ne se passait. Ils avaient beau leur promettre monts et merveilles, les français refusaient de céder à leurs sirènes. Certains voulaient bien, mais la plupart payaient déjà pour une retraite, alors bon...
Il fallait donc désintégrer le système des retraites, les rendre si misérables que tous seraient obligés de se tourner vers la capitalisation. Il fallait donc infiltrer un ennemi. Alors du fond de leurs sombres grimoires, ces mages noirs invoquèrent une abominable créature et la jetèrent sur le modèle social français en lui disant : "va, repais toi, appelle tes amis à la curée, et prépare la table pour tes maitres, bientôt, notre règne viendra ! mwouhahahahahahahahahahaha !!!! "
Voilà. Cette légende me glace le sang. D'autant plus qu'elle n'est qu'à peine fictive (je n'ai pas de preuves formelles que Raffarin soit une créature invoquée) et que l'avenir me semble bien sombre. Bah, comptons sur la gourmandise du gouvernement pour s'attaquer bille en tête à la Sécu à la rentrée et provoquer une belle flambée sociale.
Quand on table sur l'avidité de ceux qui ont déjà trop, on est rarement déçus.
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L'inconvénient avec les courses de rat, c'est que même quand on gagne, on est toujours un rat.
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