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Provient du message de Grenouillebleue
Si Dieu n'est pas marié, pourquoi parle-t-on de sa grande Clémence ?
C'est peut-être sa canadienne, puisqu'on dit dit toujours qu'il est dans sa grande Clémence... et que - PAS DE MESSAGES PORNOGRAPHIQUES
Sinon il y a quelque tempss j'ai tapé le Réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen, celui justement où Desproges démontre qu'on peut(doit) rire de tout, mais pas avec tout le monde :
Françaises, Français
Belges, Belges
Extrémistes, extrémistes
Mon président français de souche
Mon émigré préféré
Mesdames et messieurs les jurés
Mademoiselle Le Pen, Mademoiselle Le Pen, Mademoiselle Le Pen, Madame Le Pen
Public chéri mon amour
Comme j'ai eu l'occasion de le démontrer ici-même récemment *baillement exagéré tout en marmonnant "n'ai marre" * avec un brio qui m'étonne moi-même malgré la haute estime en laquelle je me tiens depuis que je sais qu'il coule en mes veines plus de 90 pourcents de -vous allez rire- plus de 90 pourcents de sang aryen et moins de 3 grammes de cholestérol *rires* les débats auxquels vous assistez quotidiennement mesdames et messieurs ne sont pas ceux d'un vrai tribunal. En réalité, je le répète : ceci est une émission de radio. Qui pis est, une émission de radio dite "comique", ou au moins qui tente de l'être. ALors le rire, parlons-en, et parlons-en aujourd'hui alors que notre invité est Jean-Marie Le Pen. Car la présence de Monsieur Le Pen en ces lieux voués plutot à la gaudriole para-judiciaire pose probleme. Les questions qui me hantent, avec un 'H', comme dans "Halimi" *courte pause pendant les rires* les questions qui me hantent sont celles-ci : premièrement "Peut-on rire de tout?" deuxièmement "Peut-on rire avec tout le monde?".
A la première question je répondrai "oui" sans hésiter, et je répondrai même "oui" sans les avoir consultés pour mes correligionnaires en subversion radiophonique Luis Régo et Claude Viller. S'il est vrai que l'humour est la politesse du désespoir, s'il est vrai que le rire sacrilège, blasphématoire, que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s'il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles alors oui, à mon avis, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère, et de la mort. Au reste, est-ce qu'elle se gène, la mort, elle, pour se rire de nous? Est-ce qu'elle ne pratique pas l'humour noir, elle, la mort? Regardons s'agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants, boursoufflés de leur importance, qui vivent à cent à l'heure. Alors ils se battent, ils courent, ils caracolent derrère leur vie, et tout d'un coup ça s'arrête, sans plus de raison que ça n'avait commencé. Et le militant de base, le pompeux PDG, la princesse d'opérette, l'enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu'au bout de ton cancer. Tous, tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les Droits de l'Homme s'effacent devant les droits de l'asticot. Alors je vous le demande, mesdames et messieurs les jurés, quel autre échappatoire que le rire, sinon le suicide, poil aux rides.
Donc on peut rire de tout, y compris de valeurs moins sacrées comme par exemple le grand amour que vit actuellement le petit roi inamovible de la défense passive ici présent, son grand amour qui s'appelle Marika, c'est la seule aryenne au monde qui peut le supporter, ce qu'on comprendra aisément quand on saura qu'il s'agit de la poupée gonflable en peau de morue suédoise que sa tata Rodriguez lui a envoyé de Lisbonne en paquet-fado.
Deuxième point : peut-on rire avec tout le monde? *courte pause dramatique* c'est dur. Personnellement il m'arrive de renacler à l'idée d'inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C'est quelquefois au-dessus de mes forces dans certains environnement humains. La compagnie d'un stalinien pratiquant, par exemple, me met rarement en joie. Près d'un terroriste hystérique, je pouffe à peine. Et la présence à mes côtés d'un militant d'extrême-droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie, dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les jurés, de vous imposer la présence inopportune, au-dessus de la robe austère de la justice, sous laquelle... je ne vous raconte pas. Attention, ne vous méprenez pas sur mes propos, mesdames et messieurs les jurés. Je n'ai rien contre les racistes, c'est le contraire. Comme dirait mon charmant ami le brigadier Georges Rabol, qui joue du piano ici tous les jours, et qui, je le précise à l'intention des auditeurs qui n'auraient pas la chance d'avoir la couleur, est presque aussi nègre que pianiste. Dans "Une journée particulière" le film d'Ettore Scola, Mastroiani, poursuivi jusque dans son 6e par les gros bras mussoliniens, s'écrie judicieusement à l'adresse du spadassin qui l'accuse d'antifachisme : "Vous vous méprenez messieurs, ce n'est pas le locataire du sixième qui est anti-fachiste, c'est le fachiste qui est anti-locataire du sixième".
Les racistes sont des gens qui se trompent de colère, disait avec mansuétude le président Senghor, qui est moins pianiste, mais plus nègre que Georges Rabol.
- "Claude Viller" Mais Rabol est français, lui.
- "Pierre Desproges" *riant* Oui, c'est toujours ça *rires*
Pour illustrer ce propos je ne résiste pas à l'envie de vous raconter une histoire vraie monsieur Le Pen, cela nous changera des éventuelles élucubrations névropathiques inhérentes à ces regrettables réquisitoires.
Je sortais récemment d'un studio d'enregistrement, accompagné de la pulpeuse comédienne Valérie Mairesse, avec qui j'aime beaucoup travailler non pas pour de basses raisons sexuelles mais parce qu'elle a des nichons magnifiques. Nous grimpons dans un taximètre sans bien nous soucier du chauffeur, un monotone quadragénaire de type romorantin, couperosé de frais et poursuivons une conversation du plus haut intérêt culturel tandis que le taxi nous conduit vers Le Chatelet. Alors que rien ne le laissait prévoir, et sans que cela aie le moindre rapport avec nos propos, qu'il n'écoutait d'ailleurs pas, cet homme s'écrie soudain :
- Ah ben moi les arabes, j'peux pas les saquer.
Ignorant ce trait d'esprit sans appel, ma camarade et moi continuons notre débat. Pas longtemps. trente secondes plus tard, ça repart :
- Ah bah moi les arabes, vous comprenez, c'est pas des gens comme nous. Moi qui vous parle, j'en ai eu comme voisins de palier pendant trois ans, et ben merci bien. Ah les salauds. Alors leur musique à la con, merde. Alors vous me croirez si vous voulez , hein : c'est le père qui a dépucelé la fille aînée. Ah ça c'est comme ça, c'est les arabes.
Alors ce coup-ci je craque un peu, je me retourne et je dis :
- Monsieur, je vous en prie, mon père est arabe.
- Ah bon... remarquez votre père je dis pas, hein. Y en a des instruits, hein. Pis vous on voit bien qu'vous êtes propre et tout, d'ailleurs j'vous ai vu à Bellemare.
A l'arrière, brinqueballés entre l'ire et la joie, nous voulons encore l'ignorer. Hélas, la pause est courte :
- Euh oui votre père je dis pas, hein. Mais alors les miens d'arabes, pardon, hein. Ils avaient des poulets vivants dans l'appartement monsieur, et vous savez c'qu'ils leur faisaient? Ils leur arrachaient les plumes rien que pour rigoler. Et la cadette j'suis sûr qu'c'est lui aussi qui l'a dépucelée, hein. Ca j'suis sûr... ça s'entendait, alors... mais votre père je dis pas, hein. Pis de toutes façons les arabes c'est comme les juifs, ça s'attrape que par la mère.
Cette fois je craque vraiment :
- Ma mère est arabe, monsieur.
-Ah bon, euh... halala la Concorde, à c't'heure-là, y a pas moyen, hein. Hola hé t'avances, hé connard, c'est vert mais il est con, hé retournes dans ton 77 hé connard! Euh, voyez-vous monsieur, reprend-il à mon endroit, voulez-vous qu'j'vous dise? Y a pas que la race. Y a l'éducation. C'est pour ça que votre père et votre mère, je dis pas. D'ailleurs je le dis parce que je l'pense, vous n'avez pas une tête d'arabe. Et ça, croyez-moi, c'est l'éducation. Remarquez, vous mettez un arabe à l'école : hop il joue du couteau. Et il empêche les français de bosser, hein... Bon alors voilà, 67 rue de la Verrerie, ça nous fait 32F.
Je lui donne 32F.
- Ah bah vous êtes pas généreux vous alors, et l'pourliche?
- Ah, c'est comme ça, me vengeai-je enfin, je ne donne pas de pourboires aux Blancs, jamais.
Alors cet homme, tandis que nous nous éloignions vers notre sympathique destin, baisse sa vitre et me lance :
-Crève donc, hé, sale bicot!
A moi, à moi qui ai fait ma première communion à la Madeleine... Voilà. Voilà, mesdames et messieurs les jurés, voilà un homme qui se trompait de colère. Le temp qui m'est imparti, socialiste, mais pas national, c'est toujours ça de pris *rires* le temps qui m'est imparti ainsi que la crainte de quitter mon nez rouge pour sombrer dans la démonstration politico-philosophique m'empêche de me poser la question avec vous de savoir si ce chauffeur de taxi était de la race des bourreaux, ou de la race des victimes, ou plus simplement, de la race importune, et qui partout foisonne, celle dénoncée par Georges Brassens, des imbéciles heureux qui sont nés quelque part.
"Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part"
Aussi bien laisserai-je maintenant la parole à mon ami Luis Régo, qui poussa naguère ici même le plus troublant des cris d'alarme. Luis Régo a dit ici "Les chiffres sont accablants : il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde"
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