Premier Tableau : Belle Nowel
Le jour se lève sur l'île de Nowel et, comme toujours, le soleil ne prend pas la peine de toquer avant d'entrer. Le réveil est difficile... Après m'être longuement étirée, je sautais du lit et agitais vigoureusement mes ailes pour les défroisser. Sorcière de l'île de Nowel... Elles n'ont rien trouvé de mieux pour me mettre à l'écart... Nortic Tebros, sorcière de l'île de Nowel... Non franchement... ça fait pitié... Tout ça parce que je suis la plus jeune. Tout occupée à m'étirer et bailler que j'étais, je me souvins subitement d'un détail... Et quel détail, prise d'un doute je me jetais sur mon premier placard de provision, évidemment, comme je le suspectait, à moins de digérer le bois il était irrémédiablement vide de nourriture, c'est le message. Quand le placard d'une sorcière se vide en une nuit, ça veut dire que c'est son tour d'aller chercher le lailait mentholé et les gâteaux secs pour la prochaine réunion... Je fouillais alors dans mon armoire à potions et autres immondes mixtures quand je la trouvais: une vieille potion de cité Brâkmarienne, après avoir soigneusement vissé mon choipo sur mon crâne, je buvais le flacon d'une traite.
Comme toujours la téléportation fut horriblement désagréable. Mais comment font les xelors et les fecas pour utiliser un sort similaire sans vomir à chaque fois? Je m'écrasai soudain sur... un monceau de cadavres visiblement massacrés sous un prétexte festif la veille, après avoir maudit la téléportation une fois de plus et m'être dépêtré, je commençai mon exploration, les murs de la cité étaient comme les rues, mal entretenues et surtout kitch au plus haut point, sait à peine si ça pouvait arracher un cri d'effroi à un enfant, ah oui, évidemment les cadavres en putréfaction à tous les coins de rue et les gardes menaçants compensaient. Je puai la mort à présent mais à Brâkmar, ça passerait inaperçu. Enfin, au bout de quelques minutes d'investigations j'aperçus la place ou se tenait le marché, bruyante et abondamment surveillée.
"M'dame la sorcière! J'ai besoin d'aide! Mon mari est malade!"
Je me retournais au son de cette voix rauque pour découvrir la plus horrible coupe de cheveux du monde, c'était immense, bleu, il y avait de quoi fournir un perruquier pour au moins dix ans, je mis quelques instants à me ressaisir ce qui me permit de constater non sans surprise qu'il s'agissait d'une femme au teint exagérément jaune... Peut être les vapeurs de souffre. Quoiqu'il en soit j'acceptai de faire mon travail et la suivait jusque chez elle, après tout, je n'étais pas pressée. Son mari était couché, le teint de l'homme était tout aussi jaune mais au vu de son crâne dégarni il avait dû donner ses cheveux à sa femme, il puait la bière, c'en était affreux, j'enfilai un masque recouvrant le nez, c'était pire que les cadavres.
"Vous allez l'opérer?
- Non, c'est juste pour l'odeur
- Ah, mais qu'est ce qu'il a?
- Rien de bien grave, il a simplement trop bu, dis-je après l'avoir examiné quelques instants. Un peu poudre d'eniripsa dissoute dans l'eau devrait le remettre sur pied, à l'avenir je lui conseille la bière d'amakna, on peut en boire beaucoup sans grand risque d'être ivre.
- Je vous dois combien?
- 2 oeufs de tofu feront l'affaire.
Le mari se réveilla subitement, releva le buste comme si on venait de lui donner un coup dans l'estomac et demanda d'une voix d'ahuri:
"- C'est remboursé par la sécu?
- Non désolée
- DOH!"
Je décidais de partir au plus vite de cette maison et fini par atteindre le marché. On a pas idée du nombre de tasse de lailait mentholé et de gâteaux sec que peuvent ingurgiter ces vieilles peaux en une nuit de discutions mouvementées autour du feu. C'est plutôt impressionnant, elles finissent même par ne faire que ça. Au fur et à mesure que j’avançais parmi les étals exhalant des odeurs qui n'avaient rien à envier à celle des cadavres en putréfaction, je laissais flâner mon esprit quand je me souvins d’un détail, un ridicule détail, dans l’autre maison de fou, il y avait un xelor installé dans un coin, je ne l’avais pas vraiment remarqué sur le coup mais il était là, j’occupais mon esprit à conjecturer le pourquoi de sa présence pour oublier les cris des marchands ventant la fraîcheur de leurs crabes sourimi pêchés d'il y a 3 mois. Finalement, je parvins à terminer mes achats, et décidai de rentrer directement chez moi. Sérieusement, je pense que si poètes et écrivain savaient vraiment ce que sont les réunions de sorcières, on en entendrait beaucoup moins parler. Pis surtout ils leur auraient pas donné le nom ridicule d' "Hécatides"...
[HRP] Il ne s'agit pas d'un background de personnage IG, juste d'un p'tit récit comme ça[/HRP]
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